Contestation au Canada: un pont frontalier stratégique rouvert à la circulation, impasse à Ottawa

La fermeture du pont a entraîné des perturbations pour l'industrie automobile des deux côtés de la frontière. (Photo, AFP)
La fermeture du pont a entraîné des perturbations pour l'industrie automobile des deux côtés de la frontière. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 février 2022

Contestation au Canada: un pont frontalier stratégique rouvert à la circulation, impasse à Ottawa

  • Il a fallu deux journées à la police canadienne pour parvenir à évacuer ce pont, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit,
  • La police a indiqué qu'entre 25 et 30 protestataires avaient été arrêtés

WINDSOR : Le pont Ambassador, axe stratégique entre les Etats-Unis et le Canada, a rouvert après sept jours de blocage, une issue très attendue par Washington, mais les manifestants anti-mesures sanitaires poursuivaient lundi leur occupation de la capitale Ottawa.

"Le pont Ambassador est maintenant entièrement ouvert, permettant à nouveau la libre circulation du commerce entre les économies canadienne et américaine", a indiqué la société exploitante du pont dimanche soir.

Quelques minutes plus tard les services frontaliers canadiens confirmaient dans un Tweet: "les opérations frontalières normales ont repris au pont Ambassador. Les voyages non essentiels sont déconseillés".

Il a fallu deux journées à la police canadienne pour parvenir à évacuer ce pont, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit, bloqué depuis lundi dernier par des manifestants anti-mesures sanitaires.

La police a indiqué qu'entre 25 et 30 protestataires avaient été arrêtés.

En fin d'après-midi, quand les manifestants avaient été évacués et qu'il ne restait que des vérifications à effectuer avant la réouverture, une conseillère du président Joe Biden avait exprimé la reconnaissance de Washington "pour les efforts résolus déployés par les forces de l'ordre (canadiennes) le long de la frontière pour parvenir à la levée complète des blocus".

Les Etats-Unis avait fait pression sur le gouvernement canadien en lui demandant il y a quelques jours d'employer "les pouvoirs fédéraux" pour mettre fin à un blocage ayant des "conséquences sérieuses" sur l'économie américaine.

Le maire de Windsor, Drew Dilkens, s'est réjoui que la "crise économique nationale au pont Ambassador (ait) pris fin aujourd'hui", allusion au lourd coût financier du blocus.

La fermeture du pont a en effet entraîné des perturbations pour l'industrie automobile des deux côtés de la frontière.

Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont. Plus de 40 000 personnes l'empruntent chaque jour, notamment des infirmières canadiennes qui travaillent dans les hôpitaux de Detroit.

Troisième semaine

Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Ce dernier a indiqué dans un tweet dimanche soir que son gouvernement "continue d'agir de toute urgence – pour protéger les emplois, la sécurité publique, nos quartiers et notre économie".

Des défilés ont eu lieu pendant le week-end dans plusieurs villes canadiennes, dont Ottawa, Toronto et Montréal samedi, et d'autres passages frontaliers demeurent bloqués dans les provinces du Manitoba et d'Alberta.

Cette contestation a inspiré d'autres initiatives similaires dans le monde. En France quelque 1.300 véhicules participant aux convois anti-pass venus de toute la France ont fait escale dimanche soir près de Lille (nord), avant un rassemblement prévu lundi à Bruxelles, malgré l'interdiction des autorités belges. 

Des milliers d'opposants au pass sanitaire ou au président Emmanuel Macron avaient convergé vers Paris pour y manifester la veille, baptisant leur mouvement "convois de la liberté", comme au Canada.

Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche, le mouvement n'a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier.

De nombreux manifestants se trouvaient toujours dans le centre d'Ottawa dimanche. "On s'acharne avec des mesures pour une maladie qui n'est pas si terrible que ça" déplore auprès de l'AFP Charles Beliveau. Il comptait quitter Ottawa dimanche soir mais entend bien revenir.

Pour sa tante Jessy Beliveau, perruque bleue et robe fabriquée avec des masques jetables, "les gens meurent de tristesse, pas de maladie". "La Covid, ça existe, oui, c'est une grippe", ajoute-t-elle en réclamant la fin des mesures sanitaires dans un pays où plus de 35 000 personnes sont mortes de la Covid.

Témoignant de l'exaspération croissante des résidents face à l'occupation du centre-ville, le week-end a aussi été marqué par des contre-manifestations. Certains se sont ainsi efforcés d'arrêter un convoi de protestataires dimanche. Au Canada, 90% de la population est vaccinée.

Une lueur d'espoir est toutefois apparue pour les résidents: la mairie d'Ottawa a fait état d'un accord possible avec Tamara Lich, l'une des organisatrices des protestations pour dégager les camions des zones les plus résidentielles.

Le ministre de la Protection civile Bill Blair s'est montré très critique à l'égard de la police d'Ottawa, jugeant "inexplicable", dans une interview à la chaîne CBC, que la police de la ville ne soit pas capable de rétablir l'ordre. "La police doit faire son travail" et "faire appliquer la loi dans cette ville", a-t-il martelé.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.