Cinquante ans après, le douloureux anniversaire du «Bloody Sunday»

De jeunes émeutiers catholiques lancent des projectiles à Londonderry sur des soldats britanniques lors d'un rassemblement protestant contre le meurtre du 30 janvier, le 2 mars 1972. (Photo, AFP)
De jeunes émeutiers catholiques lancent des projectiles à Londonderry sur des soldats britanniques lors d'un rassemblement protestant contre le meurtre du 30 janvier, le 2 mars 1972. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 27 janvier 2022

Cinquante ans après, le douloureux anniversaire du «Bloody Sunday»

  • L'épisode, immortalisé par U2 dans la chanson «Sunday Bloody Sunday», reste l'un des épisodes les plus dramatiques des Troubles ayant opposé jusqu'à l'accord de paix de 1998
  • L'armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs des «terroristes» de l'IRA (Armée républicaine irlandaise)

LONDONDERRY : Un demi-siècle après le "Bloody Sunday", l'Irlande du Nord commémore dimanche l'un des épisodes les plus sanglants des violences qui ont opposé pendant trois décennies républicains, surtout catholiques, et unionistes en majorité protestants, dans un contexte mouvant pour la province britannique.

Pour John Kelly, dont le frère Michael a été tué par un soldat britannique lors de la manifestation du 30 janvier 1972 à Derry, appellation préférée par les républicains au nom officiel de Londonderry, cet anniversaire marque "une étape majeure sur le chemin que nous avons parcouru depuis toutes ces années".

Dimanche matin, il marchera comme il l'avait fait avec son frère il y a 50 ans, avant que celui-ci ne soit abattu à l'âge de 17 ans. Ce jour-là, les parachutistes britanniques ont tiré sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant 13 morts. Un autre blessé est mort plusieurs mois plus tard, d'une tumeur.

Michael était un jeune homme "calme", "plein de vie", "blagueur", respectueux de ses parents, qui avait demandé la permission d'aller à la manifestation pour la défense des droit civils des catholiques, explique John Kelly, qui travaille au musée du Free Derry.

Un amateur de chocolat aussi, pour qui sa mère avait ce jour-là acheté un Mars, que John Kelly conserve précieusement depuis.

L'épisode, immortalisé par U2 dans la chanson "Sunday Bloody Sunday", reste l'un des épisodes les plus dramatiques des Troubles ayant opposé jusqu'à l'accord de paix de 1998 républicains favorables à une réunification avec la République d'Irlande et unionistes farouchement attachés à l'appartenance à la Couronne britannique, avec l'implication de l'armée britannique.

Le Bloody Sunday est "un jour tragique dans notre histoire", a déclaré mercredi le Premier ministre Boris Johnson, l'un "des plus sombres" des Troubles.

L'armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs des "terroristes" de l'IRA (Armée républicaine irlandaise).

Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il faudra attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l'innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.

Dans les bras de l'IRA

"Je suis fière que nous en soyons là", après ces années de "dissimulation", "mensonges", "retards", souligne Kate Nash, dont le frère William a été tué à 19 ans.

Pour Denis Bradley, témoin des faits et prêtre à l'époque, le Bloody Sunday a sonné le glas du mouvement des droits civils et précipité de nombreux jeunes catholiques dans les bras de l'IRA.

C'est le chemin qu'a suivi Tony Doherty. Il avait 9 ans quand son père a été tué d'une balle dans le dos par un soldat britannique.

"Ce massacre était complètement injustifiable, le processus qui a suivi a ajouté le travestissement à la tragédie, et a eu des effets à long, long terme sur des gens qui, comme moi, ont grandi à Derry à l'époque", explique-t-il à l'AFP.

Loin de s'apaiser, la colère de l'enfant puis la révolte de l'adolescent ont conduit Tony Doherty à poser une bombe quelques années plus tard.

L'engin n'a pas explosé et le jeune homme, 18 ans alors, a été arrêté et a passé quatre ans en prison, de 1981 à 1985.

«Cette île est trop petite»

Ces derniers mois, les effets du Brexit ont souligné la fragilité de l'équilibre de l'accord de paix de 1998.

Les décriées dispositions douanières destinées à éviter toute frontière terrestre avec l'Irlande -mais en établissant une maritime de facto avec la Grande-Bretagne- font actuellement l'objet d'intenses négociations entre Londres et Bruxelles. Elles ont ravivé les tensions communautaires: lors d'émeutes à Belfast au printemps, les "murs de la paix" séparant quartiers catholiques et protestants ont été enflammés.

Des élections locales en mai s'annoncent déterminantes pour l'avenir, avec un recul des unionistes au point qu'une victoire des républicains est jugée possible -- un potentiel bouleversement du fragile équilibre politique en place.

Dans le quartier du Bogside, les fresques rappellent à chaque coin de rue le passé douloureux que les proches des victimes racontent jour après jour aux visiteurs.

Au musée, John Kelly commence la visite une balle de calibre 7.62 entre les doigts, comme celle qui a tué son frère, devant un groupe de jeunes à peu près du même âge.

Dehors, sur les lieux mêmes où son père a été tué d'une balle dans la tête, tirée dans le dos, Paul Doherty - frère de Tony - raconte le Bloody Sunday aux visiteurs pour qu'ils aient "la vraie histoire" de la bouche de "ceux qui ont été directement affectés par le massacre".

Quant à l'avenir, les proches des victimes du Bloody Sunday espèrent voir une Irlande pacifiée et unifiée.

"J'espère le voir", dit John Kelly, "cette île est trop petite pour être divisée".

«C'est un massacre»: la mémoire vive du «Bloody Sunday»

Alors jeune prêtre, Denis Bradley se trouvait le 30 janvier 1972 à la manifestation pour les droits civiques au cours de laquelle des soldats britanniques ont tué 13 personnes, le "Bloody Sunday".

Les pierres volent. "Rien d'extraordinaire", se souvient ce septuagénaire au regard vif, qui a quitté l'Eglise catholique à la fin des années 1970 et avait, alors âgé de 26 ans, déjà témoigné auprès de l'AFP dans les heures qui avaient suivi ce bain de sang.

Peu enthousiaste à l'idée d'entendre des discours dont il connaît à l'avance la teneur, Denis Bradley, installé à Derry - une appellation que les républicains préfèrent au nom officiel britannique de Londonderry - depuis 18 mois, s'apprête à rentrer chez lui.

"Tout à coup, j'ai entendu des tirs, ça m'a surpris. Puis beaucoup de gens en train de courir". "Et je me souviens d'un groupe de jeunes portant un corps": "un jeune homme très grièvement blessé, qui s'était fait tirer dessus, c'était clair".

"Alors que je disais une prière vers cette jeune personne qui était en train de mourir", d'autres tirs ont retenti, "beaucoup de panique". "Un groupe a emmené le jeune garçon vers une maison un peu plus loin", raconte-t-il. "Je me suis agenouillé à ses côtés", "pour essayer de dire quelques prières".

"Les gens couraient partout", "ça tirait sans arrêt", "je me souviens de la couleur du visage de cette jeune personne", une sorte de gris "qui accompagne la mort".

"A cette époque, j'avais vu des gens mourir, mais pas tant que ça. On était tôt dans les +Troubles+", qui ont secoué trois décennies durant l'Irlande du Nord.

Soldats à l'allure «féroce»

Sur cette scène dominée alors par de hauts immeubles, "je pouvais voir beaucoup de soldats qui tiraient", "qui visaient", se souvient l'ancien prêtre.

Il décrit le sang, le tiraillement entre aller ou non auprès de ces corps au sol: "Si j'y vais, je vais me faire tuer. Si je n'y vais pas, je ne vais pas me sentir bien avec moi-même".

"J'ai fait une tentative", avant d'être dissuadé de continuer, "je suis resté avec un groupe de personnes qui se sont abritées ici", raconte-t-il dans le quartier catholique du Bogside.

Puis les parachutistes se sont rapprochés, des soldats à l'allure "féroce". L'un d'eux "continuait à tirer, je ne sais pas où il tirait, mais il tirait".

Alors que les militaires s'apprêtaient à embarquer le groupe d'une vingtaine de personnes avec lequel Denis Bradley se trouvait, "ils ont vu mon col de prêtre", l'un des officiers a dit: "laissez-le partir".

Chemin faisant, en direction de la cathédrale, Denis Bradley rencontre un aumônier de l'armée britannique, qui lui demande: "ça va?"

"Je lui ai dit +c'est un massacre+, je me rappelle de ces mots +c'est un massacre+, il m'a dit +je ne sais pas ce qui c'est passé, mais disons une prière+".

«Il n'était pas armé»

Alors âgé de 16 ans, Jimmy Toye n'a pas oublié quant à lui les bruits des véhicules de l'armée, les détonations. "J'ai commencé à courir, les gens couraient, se bousculaient. "L'un des gars qui couraient, à ma gauche, il s'est fait tirer dessus dans le dos", explique-t-il, croyant alors que les tirs provenaient d'un ou deux "fou(s) furieux" chez les soldats britanniques.

Il se souvient de Barney McGuigan, abattu par "le soldat F", ainsi désigné dans l'enquête qui a reconnu l'innocence des victimes et conduit aux excuses officielles du Premier ministre David Cameron en 2010.

"Avec les mains en l'air, son mouchoir blanc, et il lui a tiré une balle dans la tête", raconte Jimmy Toye.

"On voyait clairement qu'il n'était pas armé, il n'y avait aucune menace", "M. McGuigan était en face de moi, je ne vais pas le décrire mais c'était... horrible..."

"Ils voulaient nous donner une leçon et nous mettre à terre, mais, heureusement, ça a eu l'effet inverse. La semaine suivante, il y a eu une autre marche, il y avait 40 000 personnes", poursuit Jimmy Toye.

"Vous voyez le monument avec ces noms?", lance-il, désignant la stèle qui rend hommage aux victimes. "Ils vivront pour toujours".


L'émissaire américain Witkoff est en Russie, selon le Kremlin

Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
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  • Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine
  • "Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain

MOSCOU: Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine.

"Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain.

Interrogé sur la possibilité d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, M. Peskov a répondu: "si c'est le cas, nous le dirons".

La raison de la visite de Steve Witkoff n'a pas été communiquée.

Cet ami proche de Donald Trump a été impliqué dans des discussions autour du conflit en Ukraine, mais il est aussi l'émissaire du président au Moyen-Orient.

Il est attendu samedi au sultanat d'Oman pour des pourparlers inédits avec l'Iran, pays proche de Moscou mais avec lequel Washington n'a plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Ces discussions visent à négocier un nouvel accord sur le nucléaire iranien.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces accusations.

La Russie est un proche partenaire de l'Iran, et le Kremlin s'était dit en avril favorable à des négociations directes entre Washington et Téhéran.

Trump "furieux" 

La visite de Steve Witkoff intervient également au lendemain d'un échange de prisonniers entre Washington et Moscou et d'un round de discussions sur le fonctionnement de leurs missions diplomatiques, pour la deuxième fois depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.

Le président américain veut se rapprocher de la Russie, dont les Occidentaux se tiennent à l'écart depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine en 2022.

Donald Trump cherche à mettre fin au plus vite à ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Cette détermination fait craindre à Kiev d'être contraint par son puissant allié à accepter d'âpres concessions. D'autant que le tempétueux Donald Trump envoie des signaux contradictoires.

Il a multiplié les piques à l'encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, et critiqué l'aide que son pays a apportée à Kiev.

Mais Donald Trump a aussi menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne consentait pas à la paix.

Il a dit fin mars à la chaîne NBC être "très énervé" et "furieux" contre Vladimir Poutine, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une "administration transitoire" en Ukraine, impliquant le départ du pouvoir de Volodymyr Zelensky.

Pas de cessez-le-feu 

Steve Witkoff a lui fait l'éloge de Vladimir Poutine. Il avait estimé dans une interview, le mois dernier, que le président russe n'était pas "un mauvais type".

L'émissaire américain l'a déjà rencontré à deux reprises. En mars, il s'était rendu en Russie pour discuter d'une proposition américaine d'un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine.

Mais Vladimir Poutine n'avait pas été convaincu, et cette proposition de trêve de 30 jours, acceptée par l'Ukraine, ne s'est pas concrétisée.

Donald Trump a seulement réussi à obtenir de son homologue russe un moratoire des frappes sur les infrastructures énergétiques, que l'Ukraine comme la Russie s'accusent depuis de violer.

Washington avait aussi annoncé fin mars une trêve limitée en mer Noire, aux contours flous.

Lundi, le Kremlin, accusé par Kiev et des capitales occidentales de faire traîner les discussions, avait estimé que de nombreuses questions restaient à régler en vue de conclure un accord de cessez-le-feu global avec l'Ukraine.

Le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a, lui, affirmé vendredi que les discussions entre Moscou et Washington allaient se poursuivre concernant "différentes thématiques", notamment celle de potentiels échanges de prisonniers.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.