Dans l'ouest de la France, des migrants ballottés depuis des mois réclament un toit

La pédiatre française Céline prend en charge un enfant dans un gymnase occupé par une centaine de migrants réclamant une solution d'hébergement temporaire décente, le 17 janvier 2022.(AFP)
La pédiatre française Céline prend en charge un enfant dans un gymnase occupé par une centaine de migrants réclamant une solution d'hébergement temporaire décente, le 17 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

Dans l'ouest de la France, des migrants ballottés depuis des mois réclament un toit

  • Derrière de larges tapis de gymnastique noirs dressés comme des paravents, des dizaines de familles tentent de préserver leur intimité et d'organiser leur vie
  • Tamaria, Géorgienne de 26 ans et mère de trois enfants, ne comprend pas pourquoi « personne n’aide après six mois passés de campement en campement »

RENNES : "Ma tête ne marche pas, je n'arrive pas à dormir et les enfants me demandent pourquoi on n’a pas de maison". Comme Ramzan, une centaine d'exilés occupent depuis samedi un gymnase à Rennes, dans  l'ouest de la France, pour réclamer un toit pérenne après des mois, voire des années d'errance.

Derrière de larges tapis de gymnastique noirs dressés comme des paravents, des dizaines de familles tentent de préserver leur intimité et d'organiser leur vie. Demandeurs d'asile, déboutés ou primo-arrivants, la plupart viennent de Géorgie, Tchétchénie ou Albanie.

"Beaucoup étaient déjà là l'été dernier, dans le campement du parc des Gayeulles, à Rennes. En octobre, les Eclaireurs de France (un mouvement de scoutisme associatif, ndlr) les ont accueillis près de Rennes, mais la date butoir pour quitter les lieux était le 15 janvier", explique à l'AFP Yann Manzi, co-fondateur de l'association d'aide aux migrants Utopia 56.

Ramzan a fui la Tchétchénie avec sa femme il y a dix ans. Aujourd'hui père de quatre enfants, il raconte "être dehors" depuis 2017. "J'ai mal au coeur pour les enfants. A l'automne, on a dormi quatre mois dans une voiture", lâche-t-il. "On stresse en permanence, le petit pleure toujours et me dit +Papa, ne sors pas+. Il a vu comment la police m'a attrapé pour m'emmener au centre de rétention", poursuit le trentenaire, débouté de l'asile, qui compte sur ses années de présence en France pour régulariser sa situation.

Assis sur les gradins, Elisée, Congolais de 49 ans, tend son avant-bras, barré par une cicatrice. "On m'a tiré dessus, il y avait des massacres, j'ai été emprisonné pour mes opinions religieuses mais j'ai réussi à m'évader et à venir ici en 2018", raconte cet exilé qui espère "un toit", emmitouflé dans un blouson rouge.

« Sur le qui-vive »

Tamaria, Géorgienne de 26 ans et mère de trois enfants, ne comprend pas pourquoi "personne ne (l')aide après six mois passés de campement en campement". 

"Mon mari était soldat dans l'armée. On a tout quitté à cause de la situation politique et là on se retrouve à la rue. On ne peut pas se laver car l'eau est froide, on ne mange que du sucré, ce n'est pas normal pour des enfants", confie-t-elle. 

Au centre du gymnase, des enfants sautent sur un trampoline. Quelques livres pour enfants et peluches traînent, épars. 

"Ils ne sont pas dans un très bon état général", relève Céline Farges, une pédiatre qui les suit depuis plusieurs mois. "Ils sont globalement assez fatigués, très grognons, très agités, très peu accessibles aux apprentissages. Même en mettant des jeux devant les petits, on voit bien qu'ils ne savent pas jouer, qu'ils ne peuvent pas se concentrer, qu'ils sont sur le qui-vive et n'ont pas de cycle +je dors, je mange, je joue+, c'est assez terrible".

Alors que la gestion des flux d'immigration et l'intégration des migrants est un thème récurrent de la campagne présidentielle française en cours, mairies et associations pointent auprès de l'AFP la responsabilité de l'Etat. "Ca fait plus d'un an qu'ils sont trimballés de solution non pérenne en solution non pérenne, c'est le ping-pong permanent avec la préfecture qui ne veut pas les prendre en charge. L'Etat ne fait pas son boulot", dénonce Yann Manzi.

"On ne quitte pas un pays pour rien", poursuit-il. "Même s'ils ont un récit complètement atroce on leur dit +retourne chez toi mourir+".

Interrogées, les autorités départementales ont réitéré leur volonté de "trouver des solutions pérennes" et rappelé que l’État finançait chaque soir la mise à l’abri de 1.450 personnes en Ille-et-Vilaine.

"On héberge 950 personnes par jour aux frais de la mairie", explique de son côté David Travers, adjoint délégué à la Solidarité à la ville de Rennes. "Ce sont essentiellement des gens qu'on désigne affreusement sous le nom de +ni régularisables, ni expulsables+, un non statut insupportable qui les condamne à errer dans la précarité 5 à 10 ans avant de pouvoir prétendre obtenir une régularisation", ajoute-t-il.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.