En mer, le poids du Covid-19 sur la vie d'une frégate française

 Des membres de l'équipage militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne travaillent sur le pont lors d'un exercice dans les eaux de la mer Noire au large de Constanta le 20 décembre 2021.(AFP)
Des membres de l'équipage militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne travaillent sur le pont lors d'un exercice dans les eaux de la mer Noire au large de Constanta le 20 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Jeudi 30 décembre 2021

En mer, le poids du Covid-19 sur la vie d'une frégate française

  • L’entrée des carrés, du gel et un peu partout, des panneaux invitant à la vigilance
  • Sur ce bâtiment ultra-moderne de 140 mètres de long sur lequel vivent environ 110 marins, le soldat lutte contre un virus sournois avec pour obsession de poursuivre sa mission

A BORD DE LA FRÉGATE AUVERGNE : Habituellement, il faut accepter l'éloignement prolongé, la promiscuité, les horaires interminables. Désormais, il y a aussi les contraintes sanitaires. A bord de la frégate Auvergne qui croise en mer Noire, l'équipage aura passé les fêtes sous l'épée de Damoclès du Covid-19.

La parole du militaire est plutôt policée. Mais un membre d'équipage finit par lâcher à l'AFP: "c'est chiant...". Autour de lui, des masques impeccablement vissés sur le visage. Dans les coursives, devant les ordinateurs, au self, les gestes barrières sont respectés. A l'entrée des carrés, du gel. Un peu partout, des panneaux invitant à la vigilance.

 Des membres de l'équipage militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne écoutent lors d'un exercice dans les eaux de la mer Noire au large de Constanta le 20 décembre 2021.(AFP)
 Des membres de l'équipage militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne écoutent lors d'un exercice dans les eaux de la mer Noire au large de Constanta le 20 décembre 2021.(AFP)

Sur ce bâtiment ultra-moderne de 140 mètres de long sur lequel vivent environ 110 marins, le soldat lutte contre un virus sournois avec pour obsession de poursuivre sa mission. La second-maître Tatiana, du bureau des ressources humaines du navire, se souvient des repas en quinconce, des carrés détente fermés, de l'interdiction de découcher en escale. "Parfois, on a dû manger entre nous sur le quai", raconte-t-elle.

Mais le spectre d'une contamination est lourd : "il suffit qu'il y en ait un ou deux qui le chopent et on est soumis à une septaine en rentrant avant de retrouver la famille".

Le capitaine de frégate Pierre-Alban (seul son prénom est publiable), commandant-en-second de l'Auvergne, supervise ce combat indispensable. Au briefing quotidien avec les officiers, il le martèle sèchement: "on fait attention et on le rappelle aux équipes". 

« Continuer à travailler »

"On est garant de la défense de la France, on doit faire en sorte que le bâtiment soit disponible", explique-t-il à l'AFP. "On est censé pouvoir mourir un jour pour la France. Il ne faut pas trop se regarder le nombril. C'est plus dur pour les mères ou pères de famille, qui travaillent et sont seuls avec les enfants" à terre.

Son expérience sur le dossier est riche. Début 2020, il embarque sur le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre, direction l'Océan indien. "On passe (le canal de) Suez et ça commence à exploser en France", se souvient-il. "On devait faire une dizaine d'escales, tout a été chamboulé".

De son propre aveu, il devient alors "un extrémiste du Covid". Un marin de métropole se réjouissait de revoir son fils resté à la Réunion. Mais lors de l'escale, il a été soumis aux "mêmes règles que les autres: un mètre de distance entre l'enfant et lui, derrière une grille".

 Un militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne regarde la frégate quitter le port de Constanta lors d'un exercice avec l'armée roumaine et italienne dans les eaux de la mer Noire le 20 décembre 2021.(AFP)

Un militaire de la Marine nationale française de la frégate Auvergne regarde la frégate quitter le port de Constanta lors d'un exercice avec l'armée roumaine et italienne dans les eaux de la mer Noire le 20 décembre 2021.(AFP)

Depuis, l'officier supérieur n'a plus lâché ce dossier qui, comme à terre, évolue en fonction des connaissances scientifiques de la maladie et des variants qui rythment la pandémie.

Sa première mission après son déclenchement s'est déroulée sans sortie à terre. Lors de la seconde, une "bulle sanitaire" a été mise en place aux escales via la privatisation de plages, d'hôtels ou de musées. La troisième, sur l'Auvergne, est encore différente: le personnel est vacciné. 

"L'idée aujourd'hui sur les bateaux n'est pas de minimiser les choses, mais de prendre vite les mesures nécessaires et de continuer à travailler comme si de rien n'était. Il y a deux ans, on rentrait à quai", rappelle-t-il.

« Garder de l'humour »

A chaque navire ses contraintes: sur certains, les marins dorment dans des cabines à 30 ou à 40. Et sur la plupart, de conception plus ancienne, il est impossible d'isoler la ventilation des espaces comme peut le faire l'Auvergne.

Partout, les procédures sont cadrées entre le Service de santé des armées (SSA), le commandant de la zone maritime concernée et la direction du navire. Un processus mis en place notamment après la contamination controversée, en 2020, des deux-tiers de l'équipage du porte-avions français Charles-de-Gaulle.

Mais il y a le cadre et il y a les marins. La règle et la réalité. Et lorsque le Dr. Diane, médecin-en-chef de la frégate, décrit son quotidien, elle évoque d'elle même la psychologie, l'équilibre mental, le registre du discours.  

"Le vaccin est faussement rassurant parce que psychologiquement, ça incite les gens à relâcher les mesures barrières", constate-t-elle. Et en mer, l'attention aux gestes barrières diminue progressivement. "C'est normal, c'est humain".

Du coup, les rappels à l'ordre sont finement dosés. "Il faut garder de l'humour, de la distance. La culpabilité peut marcher, mais ça pèse sur les marins" estime-t-elle. "Il faut arriver à ce que (le militaire) adhère aux mesures de prévention qu'on lui propose".

Au moment des fêtes, l'équipe se focalise sur des détails. Une attention, un sourire, une conversation. Et ce cadeau qui, à terre, passerait inaperçu. "Je suis enfermée ici. Si je reçois une boite de chocolat de la part de mon mari, c'est grand-chose", explique Tatiana, la Wallisienne. 

"A bord d'un bateau, les petites choses comptent vraiment".


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.