PARIS: Un réseau mis en place en France par des Pakistanais qui aurait permis de blanchir "plusieurs millions d'euros" pour alimenter des entreprises du nettoyage ou du bâtiment travaillant au noir, a été démantelé, a appris l'AFP auprès de la police.
Un Pakistanais, tête de pont du réseau, dirigeait plusieurs entreprises à l'activité réelle dans le nettoyage et le bâtiment tout en ayant recours à des sociétés dites "taxi", c'est-à-dire fictives et uniquement destinées à faire transiter des fonds.
"Il transférait les fonds via des fausses factures de sous-traitance pour régler en espèces les salaires des ouvriers sans qu'aucune cotisation ne soit versée et ainsi baisser ses coûts et rester compétitifs auprès de ses clients, notamment Veolia et Engie", a détaillé à l'AFP le commissaire Julien Bataille, adjoint à la cheffe de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière.
Des fonds étaient par ailleurs transférés sur des comptes dans différents pays d'Europe, comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Pologne ou la Lituanie.
L'enquête avait démarré en septembre à la suite d'un signalement d'un dirigeant d'une société de conseil spécialisée dans les démarches administratives pour créer des entreprises, installé en région parisienne.
"Il avait été démarché à plusieurs reprises par un individu d'origine pakistanaise pour immatriculer différentes sociétés et ouvrir des comptes bancaires associés", dit le commissaire. "Ce témoin s'est aperçu que les photos d'identité des futurs gérants étaient recyclées et correspondaient à des ressortissants italiens, espagnols ou belges, déjà présentés sous d'autres noms", poursuit-il.
Les investigations ont permis de recenser 37 fausses sociétés dans toute la France. 85 comptes bancaires professionnels et 107 comptes particuliers, attribués à des salariés, ont été ouverts par des gérants de paille avec des faux papiers, issus de la communauté pakistanaise et rémunérés 1 000 euros par mois en moyenne.
Entre 2020 et 2021, le chef du réseau a estimé lors de son audition avoir blanchi 500 000 euros avec seulement six de ces sociétés fantômes. "On peut donc supposer que sur les 37 fausses sociétés, le blanchiment portait sur plusieurs millions d'euros", selon le commissaire.
Le 15 décembre, le chef de l'organisation a été placé en détention provisoire et trois de ses associés ou complices sous contrôle judiciaire. Tous les quatre sont mis en examen pour blanchiment aggravé, et trois pour association de malfaiteurs, selon une source judiciaire.
Au total, 335 000 euros en espèces ou sur des comptes bancaires ont également été saisis et les comptes ouverts à l'étranger vont être gelés.