ALGER : Plus de la moitié des déchets ménagers et assimilés en Algérie finissent dans des décharges sauvages avec le risque de répercussions directes sur l'environnement, notamment une pollution des nappes phréatiques.
«Entre 55 et 60% des déchets ménagers en Algérie sont entreposés dans des décharges sauvages, contre 35 à 40% enfouis dans les centres d'enfouissement technique (CET)", mettait en garde en juin le président du Conseil national économique, social et environnemental, Cnese, Rédha Tir.
L'Algérie en produit en quantité croissante (13,5 millions de tonnes par an), à la faveur de l'expansion démographique, de l'urbanisation et du développement économique. Et leur gestion coûte de plus en plus cher au pays qui y a consacré 67,4 milliards de dinars (environ 430 millions d'euros) entre 2002 et 2016, pour moitié investis dans la construction de décharges.
Le pays dispose de 228 décharges contrôlées de déchets ménagers et assimilés, et 23 centres de tri, selon des données citées par les médias locaux.
Dans le secteur privé, il existe 13 incinérateurs et sept banaliseurs, qui désinfectent les déchets spéciaux avant leur broyage.
Selon Samira Hamidi, une membre du Cnese, "la part des déchets recyclés compte pour moins de 7% et le compostage moins de 1%".
Pourtant, selon une publication récente du centre de recherche CDER, "environ 45% des déchets, soit 6,1 millions de tonnes, seraient recyclables".
L'un des points noirs réside dans l'accumulation croissante de déchets plastiques en l'absence de textes de loi pour en interdire ou limiter l’usage.
"L'Algérie fait partie des grands consommateurs de sacs plastiques au niveau mondial avec près de 7 milliards par an", s'inquiétait en mars dernier l'ex-ministre de l'Environnement Dalila Boudjemaa, précisant que "60 à 80% des déchets plastiques terminent dans la nature, la mer et les oueds" (rivières).
Comme dans tous les pays du Maghreb, des centaines de chiffonniers du secteur informel effectuent un travail de collecte, et un premier tri.
Dans le pays le plus étendu d'Afrique, seules 247 microentreprises opèrent dans la récupération et valorisation des déchets, selon le CDER. Et à peine 5.000 personnes sont employées dans le recyclage, selon l'AND (Agence nationale des déchets) qui ne comptabilise que le secteur formel.