Centenaire de l'Irak: l’appel d'Al-Kazimi à l'unité nationale émeut le peuple

«Cela ne veut pas dire que l’Irak n’était pas un État depuis cent ans. La terre sur laquelle se tiennent fermement les Irakiens d’aujourd’hui est la premier État que l’humanité ait connu», a dit le Premier ministre irakien le 11 décembre 2021. (Twitter)
«Cela ne veut pas dire que l’Irak n’était pas un État depuis cent ans. La terre sur laquelle se tiennent fermement les Irakiens d’aujourd’hui est la premier État que l’humanité ait connu», a dit le Premier ministre irakien le 11 décembre 2021. (Twitter)
Célébrations du centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Twitter)
Célébrations du centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Twitter)
Le Premier ministre irakien Mustafa Al-Kazimi rencontre le personnel militaire lors d'une cérémonie marquant le centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Photo fournie)
Le Premier ministre irakien Mustafa Al-Kazimi rencontre le personnel militaire lors d'une cérémonie marquant le centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Photo fournie)
Célébrations du centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Twitter)
Célébrations du centenaire de la fondation de l'État irakien moderne. (Twitter)
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Publié le Mardi 14 décembre 2021

Centenaire de l'Irak: l’appel d'Al-Kazimi à l'unité nationale émeut le peuple

  • L'Irak moderne a été créé en 1921, mais les exploits de la civilisation mésopotamienne remontent à des millénaires
  • L'Irak a connu 60 ans de bouleversements depuis que sa famille royale a été assassinée lors du coup d'État de 1958

DUBAÏ: L'Irak était un berceau de la civilisation bien avant d'être établi comme un État-nation moderne il y a exactement 100 ans, a déclaré le premier ministre du pays, Mustafa Al-Kazimi, lors d'un discours prononcé samedi à l'occasion du centenaire du pays.

S'adressant à l'opinion publique irakienne dans un message télévisé, il a indiqué que cette occasion spéciale était une opportunité idéale pour évaluer le pays de façon objective, se féliciter des exploits qui y ont été réalisés et reconnaître les erreurs qui y ont été commises.

Bien que l'État irakien tel que nous le connaissons aujourd'hui ait été officiellement établi par les Britanniques lors de la conférence du Caire en 1921, «cela ne signifie pas que ce n'était pas un pays depuis cent ans», a affirmé Al-Kazimi.

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Un tramway tiré par des chevaux se fraie un chemin dans une rue de Bagdad sur cette photo datant de 1925.. (AFP)

 

«Le pays actuel des Irakiens est le premier que l'humanité a connu. C’est l’image de la première loi qui a organisé la vie humaine, le premier gendarme qui se doit de protéger le peuple, et le premier soldat militaire qui a défendu les frontières et s’est sacrifié.»

«Ici même, sur cette terre gardée par les âmes de vos parents et de vos ancêtres, ont été établies la première organisation économique pour préserver les droits, la propriété, la vente et l'achat, ainsi que les premières peines pour les violateurs des droits de l'Homme.»

«C’est là où sont apparus l'art, la poésie, la culture, la première base des mathématiques, et le premier moment de la révélation et de la prophétie.»

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Le jeune roi Fayçal II d'Irak prête serment à l'âge de 18 ans, devant le Parlement, le 5 mai 1953 à Bagdad. (Intercontinentale/AFP)

 

En effet, l'humanité doit plusieurs de ses premières réalisations dans un certain nombre de domaines – dont l'agriculture et l'astronomie – aux civilisations qui ont prospéré dans l'ancienne Mésopotamie, la terre entre deux fleuves, il y a plus de cinq millénaires.

Depuis le temps des Acadiens et les Assyriens jusqu'aux débuts de la civilisation islamique, les peuples qui ont habité cette région ont créé une grande partie des premières institutions gouvernementales connues, des systèmes d'écriture et de calcul et des œuvres littéraires épiques.

Dans son discours du centenaire, Al-Kazimi a affirmé que tous les Irakiens, quelle que soit leur appartenance politique, devaient reconnaître cet héritage, le transmettre aux générations futures et le protéger de ceux qui cherchent à le manipuler à leurs propres fins.

«Il est temps que nous regardions notre pays d’un œil objectif, que nous soyons fiers de ses réalisations et que nous reconnaissions ses erreurs", a-t-il ajouté. «Nous irons de l'avant, armés de notre héritage et des capacités de notre peuple pour nous unir à tous les autres pays prospères.»

Des dirigeants arabes ont félicité le peuple irakien à l'occasion de cet anniversaire, notamment le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane qui s'est entretenu avec Al-Kazimi par téléphone dimanche, selon le bureau de presse du Premier ministre irakien.

Dans son propre message de soutien, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a, lui, décrit le centenaire comme étant un moment important dans l'histoire commune du monde arabe.

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Une photo qui date de 1957 montre le roi Fayçal II (C) avec le président libanais Camille Chamoun (D) et l'oncle du roi Fayçal, Abdel Illah, lors de la visite du roi au Liban. Abdel Ilah est devenu un régent du trône après la mort du roi Ghazi, père du roi Fayçal, le 6 avril 1938. (AFP)

 

«Cent ans se sont écoulés depuis la conférence du Caire en 1921, qui a lancé l'établissement de l'État irakien en tant qu'extension d'une ancienne civilisation enracinée dans les profondeurs de l'histoire», a-t-il dit.

«Ces cent ans ont été témoins de nombreux événements marquants dans le parcours de l'Irak, de la nation arabe et du monde entier. Je félicite, au nom du peuple égyptien, l'Irak, pays frère, en cette précieuse occasion, et souhaite à son grand et honorable peuple la paix, la sécurité et la stabilité, en espérant que l'Irak sera toujours un atout pour la nation arabe.»

Après avoir obtenu son indépendance du mandat britannique établi après la Première Guerre mondiale, le royaume d'Irak a été fondé en 1932 sous le règne de Fayçal Ier, membre de la dynastie hachémite, né en Arabie saoudite.

Il a régné pendant 12 ans, sous une monarchie constitutionnelle imposée par les Britanniques, jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque à l'âge de 48 ans. Le fils de Fayçal, le roi Ghazi, lui a succédé mais est mort six ans plus tard dans un accident de voiture à Bagdad. Le titre de roi est donc revenu à Fayçal II, qui n'avait que 3 ans, et son règne a ainsi commencé sous la régence de son oncle, le prince héritier Abdallah.

Doté d’une intelligence incomparable et dirigeant un pays très riche en ressources naturelles, Fayçal était résolu à consolider les bases que son père et son grand-père avaient déjà établies lorsqu'il a pris le trône, à l'âge de 18 ans, en 1953. À l'époque, l'Irak prospérait: les revenus du pétrole affluaient et le pays connaissait une industrialisation rapide.

Mais la marée s’est aussitôt retournée contre le royaume. Les relations étroites de l'Irak avec les Britanniques – une politique que Fayçal II avait maintenue – sont devenues source d'une hostilité croissante, exacerbée par la crise de Suez en 1956.

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Le leader irakien Saddam Hussein (2G), le ministre français de la Défense Yvon Bourges (3G), Bernadette Chirac (4G), épouse du Premier ministre, et le maire des Baux-de-Provence M. Tuillier (1G) applaudissent lors d'une corrida organisée par la municipalité en l'honneur du leader irakien le 7 septembre 1975 aux Baux-de-Provence, dans le sud de la France. (AFP)

 

Le 13 juillet 1958, lorsque deux brigades de l'armée reçoivent l'ordre de se rendre en Jordanie pour aider à apaiser une crise au Liban, Abdel Karim Kassem, un officier déloyal à la tête de l'une des unités, saisit l’occasion et envoie des troupes au palais Qasr Al-Rihab à Bagdad. Tôt le lendemain matin, ceux-ci avaient encerclé la résidence royale avec des chars et avaient ouvert le feu.

Peu après 8 heures du matin, le roi Fayçal II, son oncle le prince héritier et d'autres membres de la famille royale ainsi que leur personnel ont reçu l'ordre de sortir du palais par une entrée arrière et ont été tués.

De nombreux Irakiens pensent que cet incident a marqué le début du déclin de la nation. Bien qu'elle ait duré moins de quatre décennies, la monarchie constitutionnelle est considérée par beaucoup comme un âge d’or de l'histoire irakienne. L'exécution du roi a laissé place à une république tumultueuse, puis à la dictature brutale de Saddam Hussein.

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Photo non datée du président irakien Abdel Karim Kassem, qui a renversé le roi Fayçal II par un coup d'État le 14 juillet 1958. Kassem a ensuite lui-même été renversé par un coup d'Etat le 8 février 1963 et exécuté le lendemain. (AFP)

 

Plus de 60 ans plus tard, l'Irak se redéfinit et réaffirme sa souveraineté. Le jeudi 9 décembre, des responsables irakiens ont annoncé que les États-Unis avaient officiellement mis fin à leur mission de combat en Irak, réattribuant à toutes les troupes restantes un rôle de formation et de conseil. Les forces américaines étaient retournées en Irak à la demande du gouvernement de Bagdad pour aider à combattre le groupe extrémiste Daech qui s'était emparé de territoires dans le nord-ouest du pays et en Syrie voisine durant l'été 2014.

La présence permanente des forces étrangères en Irak constitue depuis longtemps une source de désaccord politique à Bagdad. De nombreuses factions nationalistes et pro-iraniennes en exigent un retrait total.

«Dans quelques jours, nous assisterons au retrait de toutes les forces de combat de la coalition internationale d'Irak dans le cadre de l'accord stratégique avec l’Amérique. Leur rôle sera désormais réduit aux domaines de conseil. Cela montrera la capacité de l’ensemble des forces irakiennes de préserver la sécurité de l'Irak, de stabiliser son peuple et d’assurer son développement continu», a déclaré Al-Kazimi.

Toutefois, le Premier ministre a surtout voulu lancer, à travers son discours, un appel aux Irakiens afin qu’ils reconnaissent ce qui les unit plutôt que ce qui les divise, pour le bien commun du pays.

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Une photo datant de 1976 montre l'ancien président irakien Ahmad Hassan Al-Bakr (D) assis aux côtés du vice-président de l'époque, Saddam Hussein, à Bagdad. Al-Bakr a pris le pouvoir en juillet 1968 après l'éviction du général Abdul Rahman Aref et a quitté ses fonctions en juillet 1979 pour des raisons de santé. (AFP)

 

«Bien que les dernières élections aient engendré des défis politiques, soyez sûrs que nous ne les laisserons pas nuire à votre sécurité ni à votre stabilité», a-t-il affirmé.

«Malgré les différences, les pouvoirs politiques et les nouveaux courants, les indépendantistes et les élites restent les fils de ce pays et ils tiennent à lui et à sa sécurité.»

«Les différences de points de vue et d'orientations n’ont pas d’importance si chacun de nous perçoit l'Irak comme son foyer. Porter atteinte au pays ou à son avenir est simplement inadmissible.»

«Cet Irak est le vôtre et celui de l'humanité entière. Il est de votre devoir de le préserver.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.