France : les diplomates, un corps en voie d'extinction

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne cache pas non plus ses réserves. «Ce n'était pas ma vision», a-t-il concédé dans un courrier aux agents du ministère daté du 9 novembre. (AFP)
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne cache pas non plus ses réserves. «Ce n'était pas ma vision», a-t-il concédé dans un courrier aux agents du ministère daté du 9 novembre. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

France : les diplomates, un corps en voie d'extinction

  • Michel Duclos met en garde contre une «diminution de l'expertise à un moment où on en a plus que jamais besoin»
  • Les deux catégories de diplomates concernés par la réforme - 700 conseillers des Affaires étrangères et 200 ministres plénipotentiaires - auront aussi un «droit d'option»

PARIS: "On est en train d'enterrer un outil précieux au service de la France" : le Quai d'Orsay, haut-lieu d'ordinaire si feutré de la diplomatie française, est en effervescence depuis la réforme annoncée de la haute fonction publique.


Conséquence inéluctable de cette tectonique voulue par le président Emmanuel Macron et programmée pour 2022, le corps diplomatique, qui a donné des générations d'ambassadeurs à la France, est appelé à disparaître.


Les hauts fonctionnaires des Affaires étrangères vont entrer dans un pot commun d'administrateurs de l'Etat, qui auront vocation à évoluer d'un ministère à un autre tout au long de leur carrière. "On ne s'improvise pas diplomate. C'est vraiment un apprentissage qui s'acquiert sur le terrain, au gré des affectations", s'insurge un ambassadeur en poste à l'étranger.


Le métier requiert des connaissances linguistiques, une maîtrise des usages internationaux, de dossiers parfois très complexes et in fine un carnet d'adresses et des réseaux, plaide-t-il. "Si vous nommez un secrétaire général de préfecture consul général à Buenos Aires, il aura peut-avoir du mal à être opérationnel tout de suite. De même si vous m'envoyez comme directeur départemental de la Sécurité civile dans les Landes !".


Aux yeux de ses artisans, la réforme vise pourtant à dynamiser les carrières en puisant dans un plus large vivier de candidats et en passant "d'une logique de statut à celle d'emploi".

«Nominations politiques»

"Les fonctionnaires, pas plus que les salariés du secteur privé, ne sont interchangeables", réplique un collectif de diplomates réuni sous le nom de Théophile Delcassé, le ministre des Affaires étrangères qui a imposé le concours d'entrée dans la carrière diplomatique, jusque-là un privilège de la noblesse, au début du 20è siècle.


Aux yeux de leurs détracteurs, les diplomates souffrent parfois d'une image de "rois fainéants", abonnés des soirées mondaines et des discussions de salon, attachés à leurs privilèges. Ce que l'ambassadeur récuse, écartant tout "réflexe corporatiste".


Au-delà de ces questionnements très concrets, c'est l'idée même que la France se fait de sa représentation à l'étranger qui est en jeu, estiment les détracteurs de réforme.


"Quand vous avez des ambitions diplomatiques et militaires, vous avez un outil diplomatique et militaire", martèle Olivier Da Silva, permanent syndical CFDT au Quai après une longue carrière qui l'a conduit à Madrid, Londres et Brasilia.


Michel Duclos, ancien ambassadeur de France en Syrie et conseiller spécial à l'Institut Montaigne, met en garde contre une "diminution de l'expertise à un moment où on en a plus que jamais besoin" avec la multiplication des crises dans le monde.


"Les rares gouvernements qui se sont risqués à cela ont été obligés de faire machine arrière, comme au Canada. Il n'y a pas un seul grand pays qui n'ait pas un corps diplomatique professionnel", fait observer le diplomate, auteur de "La France dans le bouleversement du monde".


C'est aussi "la porte ouverte à des nominations politiques (d'ambassadeurs) injustifiées", s'inquiète-t-il, pointant également le risque de perte "d'attractivité" du métier et la difficulté future à recruter les "meilleurs".

«De profundis»
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne cache pas non plus ses réserves. "Ce n'était pas ma vision", a-t-il concédé dans un courrier aux agents du ministère daté du 9 novembre.


Lors d'une rencontre lundi avec les syndicats, il a esquissé un certain nombre de pistes pour préserver un "outil diplomatique performant, professionnel et attractif". Il a notamment annoncé le maintien du Cadre d'Orient, voie de recrutement spécifique du Quai d'Orsay axée sur des compétences en langues rares (russe, persan, chinois, arabe, swahili...).  


Les deux catégories de diplomates concernés par la réforme - 700 conseillers des Affaires étrangères et 200 ministres plénipotentiaires - auront aussi un "droit d'option". Ils pourront rejoindre le corps des administrateurs ou conserver leur statut actuel, avec des perspectives de carrières "comparables".


"Pour l'instant, on est sur des (promesses) extrêmement verbales", pointe Olivier Da Silva. "Il faut qu'on trouve un moyen" pour sauvegarder une filière diplomatique.


Sinon, "ce ne sera plus l'Etat profond mais l'Etat de profundis", ironise l'ambassadeur en poste à l étranger. Une référence à une expression utilisée par Emmanuel Macron pour dénoncer les résistances envers certains de ses choix diplomatiques.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.


Livre de Bardella: MediaTransports jugé «fautif» pour son refus de la campagne publicitaire

 La justice a déclaré la régie publicitaire ferroviaire MediaTransports fautive d'avoir refusé la campagne d'affichage du livre de Jordan Bardella, "Ce que je cherche", publié par les éditions Fayard. (AFP)
La justice a déclaré la régie publicitaire ferroviaire MediaTransports fautive d'avoir refusé la campagne d'affichage du livre de Jordan Bardella, "Ce que je cherche", publié par les éditions Fayard. (AFP)
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  • Le tribunal des activités économiques (ex-tribunal de commerce) de Paris a conclu à une "inexécution fautive du contrat" de diffusion publicitaire pour le livre du président du Rassemblement national
  • MediaTransports, qui exploite les panneaux publicitaires pour le compte de la RATP et Gares et Connexions (filiale de la SNCF), avait justifié la rupture du contrat par la nature du livre

PARIS: La justice a déclaré la régie publicitaire ferroviaire MediaTransports fautive d'avoir refusé la campagne d'affichage du livre de Jordan Bardella, "Ce que je cherche", publié par les éditions Fayard, a appris mercredi l'AFP.

Le tribunal des activités économiques (ex-tribunal de commerce) de Paris a conclu à une "inexécution fautive du contrat" de diffusion publicitaire pour le livre du président du Rassemblement national, estimant que si les gares doivent "respecter une neutralité politique", "les contraintes" qui pouvaient émaner d'une campagne d'un homme politique étaient connues, selon un jugement rendu mardi et consulté par l'AFP.

MediaTransports, qui exploite les panneaux publicitaires pour le compte de la RATP et Gares et Connexions (filiale de la SNCF), avait justifié la rupture du contrat par la nature du livre.

Mais, à l'exception du visuel, "tous les autres éléments de cette campagne, en particulier le nom de l'auteur et le contexte dans lequel ce livre était publié étaient connus des signataires du contrat" en octobre 2024, a également estimé le tribunal.

"Ce jugement vient renforcer la protection des droits et la liberté d'expression", a déclaré Fayard dans un communiqué.

Le tribunal a toutefois débouté Hachette Livre, maison mère de Fayard, de sa demande d'exécution de la campagne sous peine d'amende et a dit ne pas statuer sur une campagne de substitution, comme avancé par l'éditeur à l'audience.

"Le principe de neutralité politique dans les gares est conforté" et "le tribunal rejette la demande d'exécution de la campagne", a réagi auprès de l'AFP Alexandra Lafay, directrice déléguée communication de MediaTransports, estimant que "la condamnation ne porte que sur la procédure" liée à ce refus.

"Ce que je cherche" est le premier livre d'un responsable du Rassemblement national à être publié par une grande maison d'édition.

Fayard est une filiale du numéro un français du livre, Hachette Livre, qui appartient à Lagardère et donc à Vivendi, groupe du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.

Cette maison d'édition, l'une des plus anciennes de France encore en activité, a porté à sa tête en juin Lise Boëll, éditrice qui a fait du polémiste d'extrême droite et journaliste du Figaro Éric Zemmour un auteur à succès dans les années 2010.