Les fruiticulteurs australiens face au casse-tête de la récolte

Cette photo prise le 11 novembre 2021 montre un travailleur inspectant des cerises dans une ferme de cerises située dans la ville rurale de Nashdale, dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud, à quelque 212 km (131 miles) de Sydney. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 11 novembre 2021 montre un travailleur inspectant des cerises dans une ferme de cerises située dans la ville rurale de Nashdale, dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud, à quelque 212 km (131 miles) de Sydney. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Les fruiticulteurs australiens face au casse-tête de la récolte

  • Selon une étude réalisée en 2018 par le médiateur du travail équitable auprès de plus de 8 000 exploitations horticoles, 56% d'entre elles sous-payaient une partie de leurs travailleurs
  • «Les cerises ont une fenêtre d'environ cinq jours à une semaine, si vous avez de la chance, explique-t-il. Donc si vous n'avez pas les cueilleurs, elles peuvent finir par se gâter sur l'arbre»

NASHDALE, Australie : Dans des conditions presque parfaites, grâce à des pluies abondantes et à des arbres en bonne santé, le verger de cerises du fruiticulteur australien Michael Cunial semble prêt à donner une récolte exceptionnelle. Il n'a qu'un seul problème: la récolte. 

Comme de nombreux agriculteurs australiens, il fait appel, pendant les récoltes, à des travailleurs saisonniers, dont beaucoup ont été exclus du pays depuis la fermeture de ses frontières internationales en mars 2020, afin d'enrayer la propagation de la pandémie de coronavirus. 

Dans sa ferme de 50 hectares, Curinya Orchards, à Nashdale, à environ quatre heures de route de Sydney, M. Cunial engage habituellement environ 50 travailleurs saisonniers pour la récolte annuelle et les paie à la pièce. Mais les règles pourraient être sur le point de changer. 

"Le système de rémunération à la pièce est en général cohérent", estime ce producteur de fruits. "Si vous êtes motivé, vous pouvez gagner beaucoup d'argent. Mais si vous êtes nul, très peu".

Mais le système a été condamné par la Fair Work Commission, le tribunal australien des relations industrielles car il ne garantit pas le salaire minimum pour de nombreux travailleurs.

Sous le salaire minimum

Statuant sur une plainte déposée par l'Australian Workers Union, la Fair Work Commission a déclaré que les travailleurs agricoles saisonniers devraient recevoir le salaire horaire minimum de 25,41 dollars australiens (16,29 euros).

"L'ensemble des éléments de preuve montre que les travailleurs à la pièce du secteur de l'horticulture sont nettement sous-payés par rapport au taux horaire minimum autorisé", selon la commission.

Les fédérations agricoles, qui s'opposent à ce constat, ont jusqu'au 26 novembre pour faire appel.

Selon une étude réalisée en 2018 par le médiateur du travail équitable auprès de plus de 8 000 exploitations horticoles, 56% d'entre elles sous-payaient une partie de leurs travailleurs.

Travailler dur n'est pas toujours suffisant. Victor, un jeune Français qui a préféré ne pas être identifié par son nom complet pour protéger ses perspectives d'emploi, a dû travailler 88 jours dans l'agriculture pour être autorisé à rester une deuxième année, une condition du visa vacances-travail.

"J'ai travaillé dans les vignobles. Je devais enrouler les branches autour de fils de fer. Nous étions payés 11 cents par branche. Je faisais partie des 10% les plus performants et je n'ai quand même obtenu que 9 dollars australiens de l'heure, soit moins de la moitié du salaire minimum", a-t-il déclaré.

Cédric Gestin, un autre travailleur français qui en est à sa troisième année en Australie, dit qu'il a toujours préféré les fermes qui payent à l'heure.

Après avoir travaillé trois ans à temps plein dans la cerisaie de Cunial, Rémy Genet gère les travailleurs saisonniers. "J'ai des gars qui peuvent remplir 60 caisses de fruits, gagner 700 dollars australiens en une journée, et d'autres qui ne peuvent remplir que neuf caisses. La différence, c'est la motivation", dit-il.

"Bien sûr, il y a des fermes où même les bons ne gagnent jamais assez d'argent parce qu'il n'y a pas assez de fruits ou que la ferme est mal gérée. Mais là où certaines personnes peuvent gagner de l'argent, tout le monde peut en gagner."

Prime de fidélité

M. Cunial dit s'inquiéter de la perspective de licencier les travailleurs qui ne cueillent pas assez de fruits si l'on passe à une rémunération à l'heure.

Il s'attend cette année à des cerises "vraiment grosses" qui seront probablement prêtes à récolter entre le début et la mi-décembre. 

"Les cerises ont une fenêtre d'environ cinq jours à une semaine, si vous avez de la chance, explique-t-il. Donc si vous n'avez pas les cueilleurs, elles peuvent finir par se gâter sur l'arbre."

A ce défi s'ajoute un autre: il a du mal à recruter depuis la fermeture des frontières. Le nombre de jeunes présents en Australie avec un visa vacances-travail a chuté de près de 120 000 en décembre 2019 à 39 000 en 2020.  

La pénurie de main-d'œuvre coïncide avec une production agricole record attendue, dont la valeur devrait atteindre 73 milliards de dollars australiens, toutes cultures confondues, pour la saison 2021-2022, en hausse de 7% par rapport à l'année précédente. 

Pour attirer les travailleurs saisonniers dans son exploitation, M. Cunial a augmenté ses tarifs de 5 à 10% l'année dernière. 

Cette année, il devra peut-être aller plus loin. "Nous envisagerions probablement une prime de fidélité", a-t-il déclaré, qui permettrait d'offrir jusqu'à 10% de plus aux travailleurs qui restent pour la saison. 


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.