Face à la recrudescence des attaques, l'Agence européenne de cybersécurité veille

En 2020, 949 incidents significatifs ont été dénombrés au sein de l'UE, dans des secteurs aussi variés que la santé, les transports, l'énergie. (Photo, AFP)
En 2020, 949 incidents significatifs ont été dénombrés au sein de l'UE, dans des secteurs aussi variés que la santé, les transports, l'énergie. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Face à la recrudescence des attaques, l'Agence européenne de cybersécurité veille

  • En seulement un an, entre 2019 et 2020, les incidents ont augmenté de 72%
  • Créée en 2004 pour faciliter l'échange d'informations entre Etats-membres de l'UE, l'agence a vu son budget passer de 17 à 23,5 millions d'euros de 2019 à 2021, et devrait encore être renforcé

ATHÈNES : Avec la recrudescence des cyberattaques en Europe, l'Agence européenne de cybersécurité (ENISA), basée à Athènes, est montée en puissance pour mieux repérer les menaces de plus en plus sophistiquées et répondre rapidement aux besoins grandissants en sécurité informatique.

Cyberattaques contre les parlements norvégiens et finlandais, contre l'Agence européenne des médicaments ou encore piratage des téléphones du président et d'au moins cinq ministres français avec le logiciel espion Pegasus... En seulement un an, entre 2019 et 2020, les incidents ont augmenté de 72%. 

"Face à cette augmentation des cyberincidents depuis 2019, il est nécessaire que nous prenions tous la cybersécurité plus au sérieux, que nous investissions, que nous augmentions nos capacités et nos possibilités", a déclaré le directeur général de l'Agence européenne de cybersécurité (ENISA), Juhan Lepassaar.

Autrefois basée en Crète, l'ENISA, composée de 119 experts et techniciens a déménagé dans une bâtisse néoclassique de la banlieue d'Athènes. Leurs anciens bureaux étaient devenus trop petits.

Créée en 2004 pour faciliter l'échange d'informations entre Etats-membres de l'UE, l'agence a vu son budget passer de 17 à 23,5 millions d'euros de 2019 à 2021, et devrait encore être renforcé. Les effectifs aussi ont été doublés en quinze ans.

"L'ENISA est identifiée comme un acteur et un partenaire clé notamment pour promouvoir l'adoption des premiers systèmes de certification en cybersécurité dans l'UE", explique une porte-parole de la Commission européenne.

Mais "dans l'ensemble, les investissements en cybersécurité au niveau européen ne sont pas si élevés" que cela, estime M. Lepassaar. 

Il espère que "non seulement les acteurs du secteur privé mais aussi ceux du public investissent davantage dans ce domaine". Car les entreprises européennes dépensent 40% de moins que les sociétés américaines en cybersécurité, assure-t-il.

«Comme se préparer à des incendies»

En 2020, 949 incidents significatifs ont été dénombrés au sein de l'UE, dans des secteurs aussi variés que la santé, les transports, l'énergie.

Par exemple, l'ENISA a dû faire face à l'attaque "SolarWinds" contre le gouvernement américain, mais aussi la Belgique, l'Espagne et le Royaume-Uni. Elle a aidé le gouvernement irlandais lorsque le 14 mai dernier une attaque au rançongiciel, un virus qui verrouille les ordinateurs et réseaux informatiques, a visé son service public de santé.

"C'est un peu comme lorsque vous faites des exercices pour vous préparer aux éventuels prochains incendies", explique Christian Van Heurck, expert à l'ENISA.

Les menaces auxquelles l'Europe doit faire face sont diverses: "Certaines ont des motivations politiques, d'autres proviennent d'acteurs qui veulent s'enrichir" ou usent de "désinformation pour influencer des campagnes électorales", précise M. Van Heurck.

L'UE prend au sérieux ces risques, "d'autant plus que ces groupes de pirates informatiques sont souvent liés à des Etats comme la Russie, la Chine ou la Corée du Nord qui peuvent interférer dans les processus démocratiques en Europe", souligne Raphaël Glucksmann, président de la commission du parlement européen sur l'ingérence étrangère dans les processus démocratiques de l'UE. 

Sanctions «insuffisantes»

Dans quelques mois, la commission qu'il préside doit soumettre ses recommandations aux Etats-membres: responsabiliser les plateformes pour qu'elles suppriment les faux comptes, financer le journalisme indépendant et renforcer l'éducation aux médias, prendre des sanctions plus sévères contre les hackers...

"Actuellement, ces pirates ne sont sanctionnés que par le gel de leurs avoirs en Europe, or en général, ils n'ont pas de comptes en Europe, et une simple interdiction de territoire...ce n'est pas suffisant!", proteste M. Glucksmann. 

"Le moment est venu pour l'Europe de passer à la vitesse supérieure" pour se "défendre contre les cyberattaques", avait exhorté en septembre la présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen.

La Commission veut créer, d'ici le 30 juin, une unité spéciale pour permettre aux agences nationales de cybersécurité de mieux lutter ensemble. "L'ENISA aura un rôle clé" dans cette création, selon la Commission. 

Mais certains Etats-membres restent réticents et veulent conserver leur compétence nationale. 

Or les experts de l'ENISA en sont persuadés, l'union fera la force face à la prochaine cybercrise.


Ukraine: la Russie a lancé une attaque nocturne record avec 188 drones, selon Kiev

Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 25 novembre 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à une réunion avec le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky par appel vidéo à Kiev. (AFP)
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 25 novembre 2024, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à une réunion avec le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky par appel vidéo à Kiev. (AFP)
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  • Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines, l'Ukraine ayant récemment tiré des missiles américains à longue portée sur la Russie et le Kremlin ayant lancé un missile hypersonique expérimental
  • "Malheureusement, des sites d'infrastructures essentielles ont été touchés" et "dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés"

KIEV: L'Ukraine a annoncé mardi avoir été la cible durant la nuit d'une attaque russe avec un nombre record de 188 drones de combat qui ont endommagé, selon Kiev, des immeubles résidentiels et des "infrastructures essentielles", mais n'a pas fait de victimes.

"Pendant l'attaque nocturne, l'ennemi a lancé un nombre record de drones de combat de type Shahed et non identifiés", ainsi que quatre missiles balistiques Iskander-M, a indiqué l'armée de l'air ukrainienne dans un communiqué sur Telegram.

Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines, l'Ukraine ayant récemment tiré des missiles américains à longue portée sur la Russie et le Kremlin ayant lancé un missile hypersonique expérimental sur une ville ukrainienne, menaçant également de frapper l'Europe et les Etats-Unis.

"Malheureusement, des sites d'infrastructures essentielles ont été touchés" et "dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés", a-t-elle ajouté. Selon les données préliminaires, l'attaque n'a pas fait de "morts ou blessés", a indiqué l'armée de l'air.

Vers le matin, la défense aérienne a réussi à abattre 76 drones dans 17 régions ukrainiennes alors que 95 de ses appareils sont probablement tombés en raison du brouillage électronique par l'armée ukrainienne, a ajouté le communiqué.

Cinq autres drones se sont envolés vers le territoire bélarusse, pays allié de Moscou situé au nord de l'Ukraine, selon la même source.

A Kiev, les journalistes de l'AFP ont entendu des explosions pendant l'alerte aérienne qui a duré plus de cinq heures. Selon l'administration militaire de la ville, "plus de 10 drones" russes visant la ville ont été détruits, sans causer de dommages cette fois-ci.


Borrell: Israël n'a «pas d'excuse» pour refuser un cessez-le-feu au Liban

"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements". (AFP)
"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements". (AFP)
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  • "Espérons qu'aujourd'hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu approuvera l'accord de cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis et la France", a affirmé Josep Borrell en marge d'une réunion du G7 près de Rome.
  • Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer mardi sur un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah libanais, les Etats-Unis affirmant qu'un  accord était "proche"

FIUGGI: Israël n'a "pas d'excuse" pour refuser le cessez-le-feu au Liban négocié par les Etats-Unis et la France, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

"Espérons qu'aujourd'hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu approuvera l'accord de cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis et la France", a-t-il affirmé en marge d'une réunion du G7 près de Rome.

"Plus d'excuses, plus de requêtes supplémentaires, arrêtez ces combats, arrêtez de tuer des gens, et commençons à penser à la paix", a-t-il martelé.

Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer mardi sur un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah libanais, les Etats-Unis affirmant qu'un  accord était "proche".

"Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches" d'un accord, a déclaré John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, tout en soulignant que rien n'était encore acquis et appelant à la prudence.

"Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd'hui", a affirmé mardi M. Borrell, s'inquiétant d'avoir "entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements".

"Un cessez-le-feu est absolument nécessaire si nous voulons que des centaines de milliers de déplacés puissent rentrer chez eux", a-t-il dit, déplorant que "tout le sud du Liban a été détruit".

Le 8 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié palestinien, cible d'une offensive destructrice à Gaza lancée par Israël en riposte à une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste contre son territoire le 7 octobre.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »