ROME: Les tragédies des migrants risquant leur vie en tentant d'atteindre l'Europe depuis l'Afrique du Nord et la Syrie ont été au centre de la journée inaugurale du 16ᶱ Festival du film de Rome, événement cinématographique annuel, ouvert jeudi par le président italien, Sergio Mattarella.
L'un des films projetés en ouverture du festival était Mediterraneo, du réalisateur espagnol Marcel Barrena, qui raconte le sauvetage des migrants en mer par l'ONG Open Arms. Le long-métrage, dans lequel joue notamment l’acteur Edouard Fernández, dresse le portrait du sauveteur espagnol Oscar Camps, fondateur de l’ONG.
Bouleversé par l'indignation qu'il a ressentie devant la photo d’Aylan Kurdi, un garçon syrien de trois ans qui a échoué sur une plage en Turquie, Camps a décidé de sauver des migrants en mer, en opérant depuis l'île grecque de Lesbos. Une destination touristique bien connue qui a accueilli un camp de réfugiés où des milliers de personnes vivaient dans des conditions insalubres, soumises aux intempéries et à une angoisse constante.
Rien qu'en 2015, plus de 450 000 personnes sont passées par Lesbos, une île d'à peine 85 000 habitants. En 2016, le pape François y a visité le camp de réfugiés de Moria, qui a ensuite été détruit par un incendie. Il a appelé la communauté internationale à aider «ceux qui risquent leur vie pour trouver un avenir meilleur et pour échapper à la guerre».
Des sources vaticanes ont indiqué à Arab News que le Pape pourrait retourner sur l’île grecque «dans un avenir proche». Un nouveau camp de réfugiés est en cours de construction sur l'île, entièrement financé par l'Union européenne.
Barrena a déclaré lors d'une conférence de presse du festival que son film, qui contient des images déchirantes de milliers de personnes risquant leur vie pour échapper à la guerre en Syrie, est «un cri de protestation et de douleur contre l'indifférence de l'Europe face au drame de l'immigration».
Le réalisateur, âgé de 39 ans, a évoqué les défis des conditions de tournage. Il a tourné en pleine mer, avec de vrais réfugiés et des milliers de figurants parlant différentes langues. La découverte de centaines de personnes flottant sur la mer, l'un des plus grands drames de l'histoire contemporaine européenne, fait partie des scènes les plus bouleversantes du long-métrage.
Le réalisateur a expliqué que son film n’était pas «politique». «Il s'agit d'amour pour les êtres humains. Vous ne pouvez pas choisir entre laisser une personne mourir dans l'eau ou la sauver. Je ne peux pas comprendre comment il est possible que des personnes ne soient pas émus par cela.»
Le hall principal de l'auditorium accueille Afghana, une exposition de photos prises dans la maternité de l'ONG Emergency à Anabah, dans la vallée du Panshir, en Afghanistan.
Les œuvres de la photographe Laura Salvinelli racontent l'histoire des médecins, des infirmières et des patients de cet établissement médical. On y découvre le visage souriant de Zarghona, qui a donné naissance à son premier fils ou de Kemeya, aux prises avec sa cinquième césarienne. On y voit aussi des femmes nomades Kuchi lors de l'un de leurs passages saisonniers à travers la Vallée, et le portrait d’Asouda qui, grâce au centre de maternité, a pu étudier et suivre une formation pour devenir sage-femme.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com