RABAT: Le refrain Chefchaouen Ya Nouara («Chefchaouen la fleur»), du compositeur et chanteur populaire marocain Nouamane Lahlou, est connu de tous les amoureux de la petite ville pittoresque de «Chaouen». La célèbre mélodie berce les jours tranquilles de la «perle bleue du Maroc».
Perché à 600 mètres d’altitude sur la chaîne du Rif – dans l’axe Tanger-Tétouan-Al Hoceïma –, Chefchaouen se distingue par son esthétique, avec ses ruelles, les murs de ses maisons et ses intérieurs en bleu de smalt. Son décor et ses paysages dignes d’un tableau font la popularité de cette petite ville. Destination particulièrement prisée des Instagrameurs, qui n’hésitent pas à faire d’interminables files d’attente pour se prendre en selfie au milieu des ruelles et des portes les plus photogéniques. Des marques de luxe ont utilisé les décors de la ville pour y présenter leurs collections, notamment Louis Vuitton à l’occasion de sa collection printemps-été 2020.
Comment expliquer ces nuances de bleu qui recouvrent la ville? Il reste difficile d’avoir des détails précis, mais selon la petite histoire racontée par ses habitants, l'établissement de la première communauté juive serait à l’origine de ce choix. D’autres justifient l’utilisation de cette teinture pour repousser les insectes, notamment les moustiques. Pour certains, ce bleu permettrait de garder les habitations fraîches pendant les mois de l’année les plus chauds, ou encore de rendre hommage à l’unique source d’eau naturelle autour de laquelle la ville a été construite.
Si d’ordinaire Chefchaouen attire des visiteurs du monde entier, cette année, et en raison de la pandémie de Covid-19, ce sont surtout des Marocains de tout le pays qui viennent y séjourner, au grand bonheur des touristes locaux qui peuvent profiter plus paisiblement de la beauté de sa médina, où il est désormais plus facile de circuler. En outre, les hôtels, même en période estivale, n’affichent pas complet, et les prix des nuitées ont considérablement baissé.
Une activité touristique en berne
Si les touristes s’en réjouissent, les commerçants ont vu leurs chiffres d’affaires baisser. «Ils ont tout fermé, Chefchaouen était comme une ville sous les verrous. Personne ne pouvait entrer, et peu de personnes pouvaient en sortir», déplore Ayoub, un serveur dans l'un des restaurants de la place de la Médina, habituellement très fréquentée par les touristes. Il évoque un confinement strict imposé en août 2020 – comme dans de nombreuses autres villes marocaines – qui a rendu très compliqué l’accès à la ville.
Le Maroc ne fait pas exception, puisque en raison de la pandémie, de nombreux pays ont pris les mêmes décisions, et la plupart des villes touristiques à travers le monde ont connu le même sort.
«Nous avons reçu un gros coup sur la tête, mais nous sommes restés solidaires. Les habitants de notre région ont de la patience. On prie Dieu que les choses reprennent…», ajoute Ayoub. «Dans d’autres villes, les personnes peuvent travailler de chez elles, et il existe une économie en dehors du tourisme, pas à Chefchaouen», poursuit-il.
Témoignant de cette chute des arrivées touristiques, le camping municipal surplombant la ville était quasiment déserté en juillet dernier. À la veille de la pandémie, ce même camping affichait complet.