BOULOGNE-SUR-MER : Un Irakien installé en Allemagne a été condamné mercredi par le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer à un an de prison avec sursis pour avoir aidé au passage de migrants vers l'Angleterre en transportant du matériel vers le littoral.
Cet homme de 26 ans, arrêté au petit matin le 13 septembre à Wimereux (Pas-de-Calais) et jugé en comparution immédiate, est également interdit de territoire français pendant trois ans, pour aide à l'entrée ou au séjour irréguliers.
Il a été interpellé lors du déchargement de matériel de son véhicule, à proximité immédiate de plages d'où des centaines de migrants tentent de rallier le Royaume-Uni à bord d'embarcations de fortune.
Les policiers ont trouvé deux gilets de sauvetage dans son véhicule. En garde à vue, l'homme a expliqué avoir également transporté deux valises, contenant une embarcation pneumatique et son plancher.
Les données de son téléphone révèlent qu'il a effectué en juillet deux trajets identiques entre l'Allemagne et la Côte d'Opale.
A la barre, il a expliqué s'être vu proposer 400 euros par trajet.
"Lorsque vous avez les passeurs au-dessus de vous et qu'on vous promet une somme d'argent contre un dépôt de matériel, on ne pense pas forcément aux conséquences", a plaidé son avocate, Me Bachira Hamani-Yekken, soulignant "le diplôme, le travail et le casier judiciaire vierge" de son client.
Le prévenu a expliqué être endetté et vouloir payer l'arrivée de sa femme en Europe. "Je vais me faire virer de mon travail, et je suis sûr que ma femme va me quitter. J'ai honte de moi. Je suis désolé" a-t-il déclaré, en pleurs.
"Évidemment que ce n'est pas lui qui a organisé tout ceci", a concédé la procureure. "Mais en mettant (ces bateaux) à disposition de ces personnes migrantes sur la plage, il leur permet de partir en mer", a-t-elle poursuivi, jugeant "totalement suicidaires" ces traversées.
Considérant le prévenu comme un "maillon de la chaîne", elle a requis 10 mois de prison avec maintien en détention et une interdiction du territoire de trois ans.
Les traversées et tentatives de traversées de la Manche à bord de petites embarcations n'ont cessé d'augmenter depuis 2018, pour atteindre des records cet été, portant à quelque 15 400 les migrants impliqués entre le 1er janvier et le 31 août.
Selon le préfet de la Manche et de la mer du Nord, depuis 2018, elles ont coûté la vie à 11 personnes et fait trois disparus.