PARIS : La Commission Permanente Indépendante des Droits de l’Homme de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) a exhorté mercredi « les parties prenantes en Afghanistan à faire preuve de retenue et à protéger les libertés fondamentales de tous », alors que le pays traverse une période d’instabilité et de flou sur le plan politique et sécuritaire au moment où les talibans se sont emparés du pouvoir dimanche.
La Commission a également exhorté « au respect des droits de l’homme et des obligations humanitaires en toute circonstance », rappelant que près de « 50% de la population se trouve dans un besoin cruel » sur ce plan.
« La CPIDH-OCI surveille attentivement et de manière prudente l’évolution actuelle de la situation humanitaire et des droits de l’homme en Afghanistan », peut-on lire dans un communiqué. En effet, la communauté internationale, nombre d’afghans et plusieurs associations de défense des droits de l’homme craignent une régression sévère des droits humains dans le pays alors que les talibans prônent une application stricte de la « charia ».
Dimanche, les talibans se sont emparés du pouvoir après une offensive fulgurante qui leur a permis de contrôler en 10 jours quasiment tout le pays. Ces derniers ont profité du retrait des Etats-Unis, après près de 20 ans de présence militaire américaine.
«Normes universelles des droits de l'homme»
Dans ce contexte, la commission a insisté sur la « nécessité de contenir les conséquences de cette instabilité politique qui prévaut dans le pays afin d’éviter le chaos et davantage de violence, tout en œuvrant à la restauration de l’État de droit, des institutions démocratiques et des garanties constitutionnelles », estimant que cela « permettrait d’assurer la défense des libertés fondamentales et des droits de l’homme en toutes circonstances, et ce, conformément aux valeurs islamiques d’égalité et aux normes universelles des droits de l’homme ».
La Commission recommande en outre à la communauté internationale de « faciliter un dialogue inclusif au sein de la société afghane afin de protéger les droits de l’homme tout en assurant les besoins humanitaires du peuple afghan, toutes couches confondues », particulièrement aux populations les plus vulnérables.
«Besoin cruel»
De leur côté, les talibans ont multiplié les gestes d'apaisement à l'égard de la population. Mais pour nombre d'Afghans, la confiance sera dure à gagner. Du temps où ils étaient au pouvoir (1996-2001), les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.
Sur le plan humanitaire, la Commission a enfin « invité la communauté internationale à agir au plus vite afin de mettre à disposition l’assistance nécessaire » demandant pour ce faire de faciliter « la mise en place d’un accès sans entrave des travailleurs humanitaires et du personnel de santé aux zones touchées »
« Près de la moitié de la population afghane se trouve dans un besoin cruel par rapport à l’aide humanitaire » s'alarme la Commission, alors que le pays est frappé par une troisième vague de pandémie de coronavirus et une grave sécheresse.
Avec AFP