LA MECQUE : Pour certains amateurs de voitures, collectionner des voitures est bien plus qu'un passe-temps. Beaucoup d'entre eux souhaitent ainsi préserver des objets qui semblent figés dans le temps.
Toute voiture classique représente un chapitre d'un livre qui retrace une histoire. Il ne s'agit pas d'une automobile, mais de l'histoire de son concepteur, de son fabricant et de la personne qui l'a achetée.
Mais c'est aussi une histoire de survie: cela fait des décennies que l'industrie automobile produit des voitures plus rapides, moins chères et plus économiques, sans que celles-ci ne possèdent les particularités des véhicules classiques.
Les voitures classiques ont été créées à l'ère analogique, à l’époque où les concepteurs se servaient de crayon et de papier pour dessiner des silhouettes élégantes et des lignes fluides. Ces créations sont difficiles à reproduire dans le monde du design informatisé dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Le Dr Nasser Al-Massari est un universitaire saoudien à la retraite. Il a transformé son amour et sa passion pour les voitures classiques en un musée privé dans sa maison de Riyad. Il y expose avec fierté une collection de 36 véhicules classiques provenant des quatre coins du monde, pour une valeur de 6,7 millions de dollars.
Dans un entretien accordé à Arab News, il raconte que sa plus ancienne voiture remonte à 1929, et que la plus nouvelle a été fabriquée en 1979. Ses voitures sont pour la plupart de fabrication américaine. Il les répare et les restaure lui-même, et accueille chaque semaine les amateurs de voitures classiques de Riyad, la capitale du Royaume.
Sa passion pour les voitures classiques remonte à l'année 1978. Cette année-là, il n'avait que 19 ans et il dirigeait l'entreprise de son père à Florence, en Italie. Là-bas, il a assisté à la célèbre course Mille Miglia de voitures classiques et anciennes. Et là, coup de foudre!
FAITS MARQUANTS
- Sa plus ancienne voiture remonte à 1929, et la plus nouvelle a été fabriquée en 1979. Ses voitures sont pour la plupart de fabrication américaine. Il les répare et les restaure lui-même, et accueille chaque semaine les amateurs de voitures classiques de Riyad, la capitale du Royaume.
- Sa passion pour les voitures classiques remonte à l'année 1978. Cette année-là, il n'avait que 19 ans et il dirigeait l'entreprise de son père à Florence, en Italie. Là-bas, il a assisté à la célèbre course Mille Miglia de voitures classiques et anciennes. Et là, coup de foudre!
- M. Al-Massari évoque avec humour son passe-temps comme étant « la folie de la chasse aux voitures de luxe », qui l'a amené à se servir du garage de son voisin pour entreposer les véhicules qu'il achetait et ce, pendant son séjour à Los Angeles.
« La beauté des voitures était exceptionnelle ; leurs silhouettes et la finition étaient incroyables. Elles possédaient une beauté particulière », explique-t-il.
En 1983, M. Al-Massari se rend aux États-Unis après avoir obtenu une bourse de l'université du roi Saud pour préparer sa maîtrise à San Diego, en Californie. Un an plus tard, il achète sa première voiture au prix de 4 600 dollars : une Cadillac série 62 de 1946. Il a conduit cette beauté depuis Denver, dans le Colorado, jusqu'à San Diego.
En 1989, il obtient un doctorat et un diplôme de l'université de Californie à Los Angeles. Il peut développer sa collection de voitures grâce à son séjour à Los Angeles au début des années 1980; à l’époque, cette ville passait pour le terrain de jeu des acteurs et des stars d'Hollywood et un centre commercial et industriel. M. Al-Massari évoque avec humour son passe-temps comme étant « la folie de la chasse aux voitures de luxe », qui l'a amené à se servir du garage de son voisin pour entreposer les véhicules qu'il achetait et ce, pendant son séjour à Los Angeles.
« Aux États-Unis, les boursiers ont toujours des passe-temps en dehors de leurs études. Certains aimaient faire de la natation, de la randonnée, de la course à pied et bien d'autres sports. Ma passion était de collectionner les voitures classiques, et cette passion l'emportait sur tous les sports ou passe-temps », explique-t-il.
Cela fait plus de 30 ans que M. Al-Massari achète et vend des voitures pour étoffer et renouveler sans cesse sa collection. Il a toutefois gardé 36 véhicules particulièrement exclusifs et rares, parmi lesquels figurent des voitures qui sont les dernières à survivre d'une flotte ou d'une série.
« Impossible de dire quelle voiture je préfère. C'est comme si vous me demandiez lequel de mes enfants j'aime le plus. Mais si je dois choisir une seule voiture de ma collection, je choisirais la Cadillac Boattail Speedster de 1929. Il en reste une seule au monde, et elle n'est pas à vendre », précise-t-il avant d'ajouter que « c'est la crème de la crème des automobiles ».
« J'avais 15 ans lorsque j'ai acheté ma première voiture et je m'y suis attaché. Je n'hésitais pas à réparer le moindre dysfonctionnement ; c'est de là qu'est née cette passion, à mon avis ».
Dr. Nasser Al-Massari
Si le dessus du panier de la collection de M. Al-Massari n'est autre que la Cadillac à deux places de couleur bleu étain et bleu marine, son parc de voitures qui trône dans un garage spacieux de 2 000 m² abrite aussi un assortiment impressionnant de Buick, Willys, Fiat, Chrysler, Chevrolet et Corvette. Parmi les voitures remarquables figurent également une Ford Thunderbird rose de 1956 et une Cadillac Séville, qu'il a achetée à Grandeur Motorcar Company, en Floride, et dont il n'existe que 20 exemplaires.
Sa collection laisse entrevoir sa préférence pour la Cadillac. « Comme j'ai vécu aux États-Unis pendant de longues années, je peux dire que la Cadillac est la Rolls Royce des voitures américaines, c'est une voiture formidable », explique M. Al-Massari.
Retraité au terme d'une longue carrière universitaire, il se passionne pour les pièces rares, mais aussi pour les détails fascinants qui caractérisent chaque véhicule. Comme la plupart des objets modernes, les voitures contemporaines ne suscitent pas forcément un intérêt personnel chez lui.
En effet, les voitures modernes utilisent de plus en plus le numérique, elles sont fabriquées en grand nombre et comportent des pièces que l'on ne peut pas retravailler, ce qui déplaît à M. Al-Massari.
« Plus la voiture est rare, mieux c'est. Je raffole de regarder sous le capot, de bricoler et de réparer les voitures, s’il le faut. J'aime leur redonner la splendeur d'antan, les entretenir et coopérer avec une équipe. J'aime retrousser mes manches et travailler moi-même. Il est parfois difficile de trouver les pièces de rechange – plus le modèle est ancien, plus elles se font rares – mais grâce aux bases de données, aux communautés, aux sociétés, aux groupes et aux clubs qui sont disponibles un peu partout sur Internet, vous trouverez tôt ou tard les pièces souhaitées », affirme-t-il.
« J'avais 15 ans lorsque j'ai acheté ma première voiture et je m'y suis attaché. Je n'hésitais pas à réparer le moindre dysfonctionnement ; je crois que c'est de là qu'est née cette passion ».
Même s'il a acheté un nombre infini de voitures classiques rares, M. Al-Massari raffole toujours d'acheter une belle voiture de collection.
Il confie à Arab News qu'il guette sans relâche les ventes aux enchères de voitures dans le monde entier et surveille de près la fluctuation des prix. Il souhaite par ailleurs convertir sa collection en un véritable actif, à l'instar de l'immobilier et des actions. L'objectif de M. Al-Massari est aujourd'hui de posséder 50 voitures, à condition qu'elles fassent partie des voitures les plus rares au monde. Toutefois, il se heurte à une concurrence acharnée.
« Acheter des voitures de collection rares représente une concurrence ardue, notamment avec les amateurs de voitures aux quatre coins du monde, sans oublier les commerçants et les riches. Des voitures qui valent 500 000 dollars sont susceptibles de passer subitement à plus de 2 millions de dollars en raison de la concurrence », précise-t-il.
Par ailleurs, M. Al-Massari envisage de transformer son garage en un musée officiel une fois qu'il aura obtenu les autorisations requises. Depuis 2014, les personnes qui se rendent au marché de Granada à Riyad ont la chance de contempler les plus belles voitures de la collection d'Al-Massari ; avec un groupe de passionnés de voitures classiques du nom de « Cars and Coffee », il présente ses belles voitures au marché tous les vendredsi matin.
Je fais toujours un tour avec mes voitures une fois par semaine. Les voitures sont faites pour qu'on les conduise, pas pour qu'on les expose », dit-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.