CANNES : Après son excursion espagnole avec "Everybobdy knows", le réalisateur iranien Asghar Farhadi, revient en compétition à Cannes avec "Un héros", l'histoire d'une rédemption empêchée par une société iranienne rongée par la méfiance et la manipulation.
Après deux expériences internationales - "Le passé" (2013) et Everybody knows" (2018) - qui n'ont pas convaincu la critique, le cinéaste revient dans son pays et à ses thèmes de prédilection : le recensement des maux qui rendent l'émancipation et le bonheur en société impossibles, avec un nouveau long-métrage de deux heures.
Le film raconte l'histoire de Rahim, emprisonné pour dettes à la suite d'une plainte de son ex-beau-frère. Par un coup du destin, il se voit proposer par sa compagne de rembourser son prêt avec les pièces d’or d’un sac qu’elle a trouvé dans la rue.
Tenté, Rahim est finalement rattrapé par sa conscience et va tout faire pour retrouver la propriétaire du sac. Informé de son geste, le directeur de la prison, qui cherche à faire oublier la vague de suicides dans la prison, va médiatiser l'affaire.
Seulement voilà, le héros et sa famille vont être rattrapés par les réseaux sociaux qui mettent en doute la véracité de l'histoire. En quelques instants, Rahim passe du statut de héros à menteur.
Critique des réseaux sociaux, de la peine de mort, du système carcéral, de la bureaucratie... Le film dénonce les rouages d'une société iranienne qui empêche ses citoyens, dont Rahim, d'avancer.
"Il y a deux façons d'aborder ces thèmes: ou on critique de façon directe, ou on examine et critique la société" à travers une histoire. "Pour certains, critiquer la société ne veut pas dire critiquer le système. Or, tout est lié", a-t-il ajouté lors de la conférence de presse de présentation du film.
"Je ne suis pas quelqu'un qui va s'exprimer à travers des brûlots. Je préfère susciter la réflexion, le questionnement à travers mes films. C'est mon choix, c'est le mode d'expression que j'ai choisi", a-t-il aussi dit, assurant au passage que son film n'était pas une critique des réseaux sociaux.
Asghar Farhadi a accédé à la célébrité grâce à "Une séparation" (2011) chronique d'un divorce et d'une fillette ballotée entre ses deux parents, le film a reçu une moisson de récompenses, dont l'Oscar et le Golden Globe du Meilleur film en langue étrangère, le César du Meilleur film étranger et l'Ours d'Or du Festival de Berlin.