LONDRES : Le Royaume-Uni compte parmi les pays à risque en termes d'attaques d'extrémistes islamistes à la suite du retrait des forces étrangères d'Afghanistan, a averti mercredi le Directeur général du MI5.
Ken McCallum estime que l'Afghanistan pourrait devenir un foyer de camps d'entraînement et une base pour les extrémistes dans le but de lancer des attaques meurtrières, un scénario qui s’est déjà produit dans le passé. Selon lui, cette menace est prise au sérieux par les forces de sécurité.
Le directeur explique que le retrait des troupes britanniques et américaines, ainsi que des forces alliées locales sera exploité dans la propagande des groupes extrémistes en victoire. Ceci pourrait «inspirer» les musulmans britanniques à s'y rendre, via le Pakistan, pour s'entraîner et mener des attaques.
«À la veille du vingtième anniversaire du 11 septembre, nous sommes toujours confrontés à un risque énorme, qui survient souvent plus rapidement et de manière plus imprévisible», dit McCallum. «Chaque semaine, la police et moi, informons le ministre de l'Intérieur des menaces à la vie (humaine) les plus immédiates auxquelles nous sommes confrontés. Ceci requiert forcément une vigilance constante».
La semaine dernière, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé que la plupart des forces britanniques ont déjà quitté l'Afghanistan, parallèlement à l’échéancier qui prévoit un retrait intégral en septembre du personnel militaire américain.
McCallum affirme que si la présence militaire occidentale en Afghanistan a réussi à briser l'infrastructure d'Al-Qaïda et d'autres groupes extrémistes, les organisations terroristes se «réorganiseront» probablement après le départ des troupes étrangères.
«Pendant que nous cherchons à mettre en lumière les menaces potentielles et à prendre des mesures perturbatrices, nous n'aurons ni l'avantage ni les risques d'avoir nos propres forces sur le terrain», ajoute-t-il.
Les groupes terroristes vont souvent utiliser les zones non contrôlées pour faire progresser leurs plans et établir des installations d'entraînement, un scénario récurrent.
Ce n’est pas un scénario automatique, selon lui, «qu'ils mènent des attaques terroristes contre le Royaume-Uni, mais c’est toujours une possibilité que nous devons envisager et prendre en compte», indique-t-il.
Le Royaume-Uni et ses alliés occidentaux doivent être conscients que les camps d'entraînement des terroristes risquent de retrouver leur essor antérieur au 11 septembre 2001. Ils devront alors lutter contre les conséquences, mais sans troupes sur le terrain, a averti McCallum.
«Le voyage d'extrémistes installés au Royaume-Uni vers l’Asie du Sud, le Pakistan ou l’Afghanistan a donné lieu à des risques très graves et à d'horribles tragédies au Royaume-Uni, et ce n'est pas quelque chose qui est pris à la légère» a-t-il ajouté.
«Cette forme de contre-terrorisme n'est pas nouvelle pour nous. C'est ainsi que nous avons toujours fonctionné, en Somalie par exemple, mais d'après cette expérience, nous réalisons maintenant que c'est un vrai défi».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com