NICOSIE : Un énorme incendie qui a ravagé des pans entiers du massif forestier du Troodos à Chypre et fait quatre morts est "entièrement sous contrôle", ont annoncé lundi les autorités près de 48 heures après le déclenchement du pire sinistre depuis des décennies sur cette île méditerranéenne.
Le feu, déclenché samedi après-midi dans la localité d'Arakapas près de Limassol (sud) et attisé par la chaleur caniculaire et les vents, s'est propagé à huit autres localités, a indiqué le département des Forêts dans un communiqué.
"L'incendie a été totalement maîtrisé lundi à 08H00", a-t-il précisé, mais vu son ampleur, une importante présence de pompiers a été maintenue dans le secteur en cas d'une possible reprise des feux.
Quatre travailleurs égyptiens ont été tués, brûlés par les flammes alors qu'ils tentaient de prendre la fuite dans le village d'Odos, au nord de la région portuaire de Limassol. Des dizaines de maisons et de propriétés privées ont été détruites.
Un homme de 67 ans, soupçonné d'avoir involontairement provoqué l'incendie à côté du village d'Arakapas, a été interpellé et placé en détention pendant huit jours. Un témoin l'aurait vu quitter les lieux dans sa voiture au moment du déclenchement de l'incendie, selon la police.
Face à l'ampleur de l'incendie qualifié de "cauchemar" et de "tragédie", les autorités chypriotes ont appelé à l'aide des pays européens et Israël, pays dont les côtes sont distantes de quelque 200 km de Chypre.
Des bombardiers d'eau ont été envoyés par Israël et la Grèce, alors les forces britanniques stationnées sur deux bases souveraines dans l'île, ont participé aux opérations pour éteindre les flammes.
Enquête
Le feu a embrasé le flanc méridional du massif, principal poumon vert de ce petit pays membre de l'Union européenne qui connaît de fréquents feux de forêt durant la période de sècheresse estivale, et subit des canicules de plus en plus marquées.
Dans les zones où le feu a été maîtrisé, des troncs d'arbres calcinés chancèlent sur un parterre de cendres. Quelques nuages de fumée blanche s'élèvent encore au-dessus des foyers tout juste éteints.
Près du village d'Ora, non loin du lieu de déclenchement de l'incendie, un élevage de plus de 50 000 poulets a été décimé par les fumées, selon des employés qui habitent en face de l'exploitation du groupe Paradisiotis.
Dans le centre de gestion de crise dans le village de Vavatsinia, non loin d'Ora, le président Nikos Anastasiades a évoqué "une tragédie" et promis une enquête approfondie.
"C'était un cauchemar, un enfer. Les flammes cernaient tout le village", a dit Akis Giorgiou, 45 ans, resté dans son village d'Arakapas malgré le feu.
Ces derniers jours, les températures ont largement dépassé les 40 degrés celsius dans l'île, située dans le sud-est du bassin méditerranéen et où la période de sécheresse estivale court traditionnellement de juin à octobre, sous des températures caniculaires.
Flancs noircis
Un état des lieux et l'enregistrement des maisons et propriétés endommagées pour des indemnisations a déjà commencé, selon les autorités.
Du secteur du massif du Troodos, il ne reste que des cendres brûlantes et des arbres calcinés sur les flancs noircis des montagnes.
A Arakapas, les habitants sont revenus constater les dégâts.
"J'ai pleuré tout le long de la route en découvrant les paysages", a raconté dimanche Andria, 30 ans, originaire du village: "J'ai eu très peur et je suis toujours sous le choc."
Sur le trajet, le noir couleur charbon a remplacé le jaune des herbes sèches. De nombreux oliviers, emblématiques de l'île, ne sont plus que des squelettes.
Dans le village d'Ora, les habitants sont encore sous le choc. "Tout est devenu noir. On ne pouvait plus respirer. Le maire du village nous a dit +Partez, partez, partez+", a raconté en pleurs Elpida Papastylianou.