Lorenzo Vidino : « Les gouvernements européens doivent comprendre que les Frères Musulmans sont une entité problématique »

Affrontement entre partisans et opposants des Frères Musulmans en Egypte, où le groupe est actuellement interdit. (AFP)
Affrontement entre partisans et opposants des Frères Musulmans en Egypte, où le groupe est actuellement interdit. (AFP)
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Publié le Mardi 01 septembre 2020

Lorenzo Vidino : « Les gouvernements européens doivent comprendre que les Frères Musulmans sont une entité problématique »

  • Le nouveau livre du Dr Lorenzo Vidino, « Le Cercle Fermé », fait la lumière sur une organisation secrète qui « nie jusqu’à sa propre existence »
  • Dans une interview exclusive, il affirme que les gouvernements européens ne devraient pas considérer le groupe comme représentant les musulmans

ROME: Les gouvernements européens ne doivent pas tomber dans le piège des Frères Musulmans qui tentent d’être considérés comme les représentants des musulmans, explique le Dr Lorenzo Vidino, expert de l’islamisme en Occident. Pour lui, ils constituent «une entité problématique au sein de la communauté musulmane » dont l'influence est « dangereuse. »

Définir l’importance de la confrérie en Europe est « très difficile » car « contrairement au Moyen-Orient… il n'y a dans aucun pays européen de groupes ou d'individus qui se reconnaissent ouvertement membres de la confrérie » précise l’expert, directeur du Programme sur l’extrémisme à l’Université George-Washington, et auteur du récent ouvrage The Closed Circle : Joining and Leaving the Muslim Brotherhood in the West (Le Cercle Fermé : rejoindre et quitter les Frères Musulmans en Occident).

L’adaptation en Europe

Les Frères Musulmans ont été fondés en Égypte en 1928 par Hassan al-Banna et ont cherché à établir un califat islamique mondial. Ils ont influencé les mouvements islamistes dans le monde avec leur modèle de militantisme politique associé à des œuvres caritatives. On estime qu’à la fin des années 40, le groupe comptait 500 000 membres en Égypte, et que ses idées s'étaient répandues dans le monde arabe.

Selon Lorenzo Vidino, à partir des années 1960, des individus et des organisations ayant des liens avec la confrérie dans le monde arabe se sont déplacés vers l'Occident et « ont créé dans toute l’Europe des réseaux qui sont maintenant assez indépendants du Moyen-Orient.

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Dr. Lorenzo Vidino.(Photo Fournie)

Ils adoptent l'idéologie de la confrérie, mais sont pour la plupart libres de choisir leurs tactiques et leurs stratégies » affirme Vidino, dont les recherches se sont concentrées sur la dynamique de mobilisation des réseaux djihadistes en Occident, et sur les activités des organisations issues des Frères Musulmans.

Ces réseaux ont pu exercer une influence bien supérieure à leur petit nombre, selon le chercheur, pour lequel ils sont « particulièrement problématiques » en raison de leur impact sur la cohésion sociale et l'intégration en Europe. « Le message qu'ils font passer, au moins en interne au sein de la communauté musulmane, est très polarisant. Il crée un état d’esprit de ‘nous’ et ’eux’, avec un processus de victimisation constante, qui met en avant l’idée que l’Occident en veut aux musulmans et qu’il est contre l’Islam. Cela crée évidemment une société conflictuelle, qui empêche le processus d'intégration, et empoisonne les relations entre les communautés », explique à Arab News Lorenzo Vidino, qui a occupé diverses fonctions au Belfer Center for Science and International Affairs de la Harvard University, à la Kennedy School of Government, à l’US Institute of Peace, ainsi qu’à la RAND Corp. et au Center for Security Studies à Zurich.

Les opposants aux Frères Musulmans affirment qu'ils sont devenus un terreau fertile pour les terroristes. A titre d’exemple, Ayman Al-Zawahiri, le dirigeant d'Al-Qaïda, a rejoint la confrérie dans les années 60, alors qu'il avait quatorze ans. Dans un entretien à Arab News l'année dernière, le Dr Hamdan Al-Shehri, analyste politique saoudien, avait affirmé qu’il « faut se rappeler que des organisations terroristes comme Al-Qaïda et Daech se sont inspirées des idéologues des Frères Musulmans. »

Les réseaux soutenus par le Qatar

Dans un article de 2015 intitulé « Les Frères Musulmans au Royaume-Uni », le Dr Vidino avait nommé trois catégories d'individus et d'organisations opérant à l’intérieur du Royaume-Uni, pouvant être considérés comme appartenant à la mouvance des Frères Musulmans. « Ils opèrent à différents degrés décroissants: il y a les Frères eux-mêmes, ceux qui leur sont affiliés et les organisations influencées par les Frères Musulmans. »

Le Dr Vidino ajoute qu’une « attention particulière est portée aux activités des membres de la branche égyptienne de la confrérie vivant à Londres. Ce petit groupe d'une poignée de hauts dirigeants et de jeunes militants est actif dans les médias déploie des efforts au niveau légal ainsi qu’auprès des groupes de pression afin de contester le régime égyptien actuel. »

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Le gouvernement égyptien a déclaré les Frères Musulmans groupe terroriste en décembre 2013, après les avoir accusés d'avoir mené une série d'attentats à la bombe au Caire. Le groupe étant contraint à la clandestinité en Égypte et dans un certain nombre d'autres pays arabes, nombre de ses membres et de ses partisans ont trouvé refuge en Turquie et au Qatar.

Un livre publié l'année dernière par deux journalistes d'investigation français, Georges Malbrunot et Christian Chesnot, a révélé les détails de généreux versements effectués par le Qatar aux organisations des Frères Musulmans à travers l'Europe. Intitulé « Qatar Papers - Comment l’État finance l’Islam en France et en Europe », l’ouvrage serait basé sur des documents officiels et des témoignages qui mettent en lumière le vaste financement de Doha pour promouvoir l’idéologie des Frères Musulmans sur le continent. Le livre fait état de preuves de chèques et de transferts d'argent du Qatar ayant été utilisés pour financer des projets liés à la confrérie à travers l'Europe.

Vidino, qui a témoigné devant le Congrès Américain et d'autres Parlements à travers le monde et a conseillé aux responsables du monde entier d’appliquer la loi, affirme que les Frères Musulmans en Occident sont « une organisation tellement secrète qu’elle nie jusqu’à sa propre existence. C'est pourquoi j'ai pensé que l'un des meilleurs moyens d'obtenir des informations sur elle et sa structure, sur ce qu'elle pense et veut, était d'interroger des personnes qui font partie de cette organisation en Occident », affirme t-il à Arab News.

Le chercheur a rencontré des « expériences différentes » lors des interviews qu’il a réalisées pour son livre, mais assure que « tous ont été recrutés après un très long processus. Ils sont devenus une partie de ce qu'ils ont décrit comme étant un mécanisme très sophistiqué dans chaque pays. Ils avaient tous quelque chose en commun: ils ont tous constaté une corruption au sein de l'organisation et un manque de démocratie interne. Ils en sont tous arrivés à voir la confrérie comme trompeuse. Ils y ont vu beaucoup d'hypocrisie, et une utilisation de la religion à des fins purement politiques. »

L’ombre de la Turquie

Les personnes qui quittent le groupe sont « ostracisées ». Elles perdent une grande partie de leurs relations, « parce qu'être membre de la confrérie est une expérience très absorbante. Il est évidemment difficile pour toute personne qui y a consacré dix ou vingt ans de sa vie de se dire qu’elle a eu tort, et que l’organisation et l’idéologie auxquelles elle a consacré sa vie étaient fausses. Cela demande beaucoup de courage intellectuel. »

Certains ont manifestement le courage intellectuel nécessaire. A titre d’exemple, un récent compte-rendu dans les médias allemands faisait mention de la divulgation de documents confidentiels qui font la lumière sur l'utilisation par le Qatar de sa richesse et de ses œuvres caritatives pour financer et infiltrer des mosquées, activer les réseaux des Frères Musulmans et accroître son influence dans toute l'Allemagne.

Les documents révèlent que la Qatar Charity a puisé dans ses fonds pour financer au moins 140 mosquées et centres Islamiques à travers l'Allemagne depuis le début de sa campagne - pour un coût estimé à 72 millions d'euros. Rien qu'en 2016, l'association caritative a dépensé environ cinq millions d'euros pour divers projets de construction dans les grandes villes allemandes, notamment Berlin et Munich.

Non loin derrière le Qatar se trouve la Turquie, qui a soutenu sous diverses formes les Frères Musulmans, notamment en accordant l'asile politique aux membres recherchés de la confrérie, et en les équipant de chaînes de télévision et de radio satellitaires. Dans un article récent intitulé « L'influence d'Erdogan en Europe: une étude de cas suédoise » dans le Fikra Forum du Washington Institute For Near East Policy, Magnus Norell, chercheur, écrit que « le leadership politique de la Turquie semble profondément investi dans un certain nombre de petits partis européens qui s'alignent sur la propre vision politique d'Erdogan mise en œuvre en Turquie. »

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Le gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan a grandement soutenu les Frères Musulmans. (AFP)

Norell explique qu'Erdogan avait clairement explicité sa politique à la télévision albanaise en juin 2017, déclarant qu'il n'y avait rien de mal à soutenir des partis politiques dans les Balkans et d'autres pays européens partageant une idéologie similaire à celle de son AKP islamiste, et que « personne ne devrait être dérangé par cette démarche. »

Faisant référence à leur présence en Europe, Vidino décrit les Frères Musulmans comme « un groupe élitiste. Pour eux, l’important n’est pas le nombre. On n’en fait pas facilement partie. Ils sont très sélectifs dans leurs choix, confie t-il à Arab News. Nous ne parlons pas de très grands nombres de personnes. Nous parlons peut-être de quelques centaines de personnes dans un pays comme l'Italie, peut-être de 1 000 dans des pays comme la France ou l'Allemagne. Leur pouvoir réside dans leur capacité à mobiliser d'autres personnes, à influencer la communauté musulmane, à influer sur l'élaboration des politiques en Occident… Ils ont une grande capacité d’adaptation à leur environnement. »

Les membres des Frères Musulmans veulent être considérés par « le pouvoir, les gouvernements et les médias occidentaux comme les représentants des communautés musulmanes et, en fait, devenir ceux qui façonnent l'Islam en Italie, en Allemagne, en Suède, en Belgique et dans d’autres pays. »

En conclusion, l’expert déclare qu’il « est du ressort des gouvernements européens de comprendre que les Frères Musulmans ne sont pas les représentants de la communauté musulmane, et qu'ils sont, le cas échéant, une entité problématique au sein de la communauté musulmane, qui est la preuve du danger qu’ils représenteront. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com

 


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.