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L'Unicef célèbre la semaine prochaine le 77e anniversaire de sa création. Bien que l'organisation ait accompli des progrès significatifs et remarquables depuis sa création, il reste encore beaucoup à faire pour prévenir la violence contre les enfants et protéger pleinement les droits, la sécurité, le bien-être et la santé des enfants du monde entier.
L'Unicef a parcouru un long chemin. L'Assemblée générale des Nations unies a institué le Fonds international d'urgence pour les enfants le 11 décembre 1946, afin de fournir des secours, de la nourriture, des vêtements et un soutien aux enfants vivant dans les pays, notamment européens, dévastés par la Seconde Guerre mondiale. En 1953, le Fonds devient une agence permanente de l'ONU et son nom Fonds des Nations unies pour l'enfance, tout en conservant l'acronyme d'origine.
Près de vingt ans après sa création, le rôle de l'Unicef est passé de la simple distribution de nourriture et de secours aux enfants à la défense des droits de l'enfant et de l'éducation. L'Unicef a également joué un rôle clé dans la rédaction de la Convention relative aux droits de l'enfant, qui a ensuite été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Les trois piliers essentiels de la convention sont la protection des enfants contre tout type de discrimination, donner la priorité à l'intérêt supérieur de l'enfant et garantir les droits des enfants à la vie, au développement et à la survie.
L'Unicef a sauvé de nombreuses vies et soutenu des communautés dans plus de 190 pays et territoires.
Dr. Majid Rafizadeh
L'importance de cette convention réside dans le fait qu'elle élargit les droits de l'enfant, puisqu'elle inclut un large éventail de droits, allant des droits sociaux, culturels, éducatifs, politiques et civils aux droits économiques. Les droits de l'enfant comprennent également l'accès aux éléments essentiels tels que la nourriture, le logement, les soins de santé, l'éducation et l'eau potable, ainsi que la sécurité contre toute forme d'exploitation et la protection contre les préjudices physiques et émotionnels. Les enfants doivent également pouvoir exprimer leurs opinions et être traités avec respect pour leurs points de vue et leurs opinions.
L'agence a accompli beaucoup de choses au cours des années qui ont suivi sa création. L'Unicef a sauvé de nombreuses vies et soutenu des communautés dans plus de 190 pays et territoires. Ses projets dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène ont permis de réduire les maladies infantiles évitables et les décès. Ses campagnes d'éradication du pian, de la lèpre et du trachome ont été très efficaces. Des dizaines de milliers de centres de protection maternelle et infantile dans de nombreux pays reçoivent du matériel et une formation technique de l’Unicef. L'organisation a même reçu le prix Nobel de la paix en 1965 pour la « promotion de la fraternité entre les nations ».
L'Unicef a apporté une aide aux mères et aux enfants pendant les conflits, a joué un rôle dans la diminution des taux de mortalité infantile et juvénile, augmenté l'espérance de vie dans les pays en voie de développement et le pourcentage d'enfants scolarisés et bénéficiant d'une éducation. Il a été en première ligne dans la lutte contre le virus Zika en 2016 et a aidé près de 1,5 million d'enfants au Mozambique, au Malawi et au Zimbabwe qui se sont retrouvés sans maison, sans école et sans nourriture à cause du cyclone Idai en 2019.
L'Unicef est devenu l'une des plus grandes organisations de protection sociale au monde. Cette organisation propose des programmes de vaccination et de prévention des maladies, offre une aide d'urgence à la suite de catastrophes naturelles, promeut l'éducation et les droits de l'enfant et améliore la nutrition infantile et maternelle, ainsi que l'assainissement.
Néanmoins, l'une des faiblesses de l'agence est qu'elle a souvent échoué à protéger les enfants en temps de guerre, en partie parce qu'elle ne dispose d'aucun pouvoir d'exécution pour imposer le respect des règles, des lois et des droits. Or, ce sont les enfants qui subissent le plus les conséquences de la guerre.
L'une des lacunes de l'agence est qu'elle a souvent échoué à protéger les enfants en temps de guerre.
Dr. Majid Rafizadeh
En d'autres termes, malgré le travail de l'UNICEF et la Convention relative aux droits de l'enfant, des millions d'enfants sont toujours confrontés à la violence. Par exemple, l’Unicef a reconnu cette semaine que « l'escalade des hostilités dans la bande de Gaza a un impact catastrophique sur les enfants et les familles. Les enfants meurent à un rythme alarmant - plus de 5 000 auraient été tués et des milliers d'autres blessés. Plus de 1,7 million de personnes dans la bande de Gaza ont été déplacées dont la moitié sont des enfants. Ils n'ont pas suffisamment accès à l'eau, à la nourriture, au carburant et aux médicaments. Leurs maisons ont été détruites, leurs familles déchirées ».
La directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell, a évoqué la reprise des combats à Gaza après le cessez-le-feu temporaire de la semaine dernière : « La bande de Gaza est à nouveau l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. Après sept jours de répit par rapport à une violence effroyable, les combats ont repris. D'autres enfants en mourront certainement ».
Dans un autre pays touché par un conflit, le Soudan, les enfants subissent également les conséquences d'une guerre qui dure depuis plus de sept mois. Des millions d'enfants sont exposés à la violence, aux abus et à l'exploitation, tandis que plus de 1 200 enfants de moins de cinq ans sont morts dans neuf camps du pays à cause d'une combinaison mortelle de rougeole et de malnutrition.
Une autre tragédie est le recrutement d'enfants soldats au Soudan. « Le recrutement d'enfants par des groupes armés pour toute forme d'exploitation - y compris dans des rôles de combat - est une violation flagrante des droits de l'homme, un crime grave et une violation du droit humanitaire international », a déclaré Siobhan Mullally, rapporteur spécial des Nations unies sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants.
En conclusion, l’Unicef est passé du statut d'organisme de secours à celui de défenseur des droits de l'enfant et de l'éducation. Ses efforts humanitaires ont aidé des millions d'enfants et leurs familles dans le monde entier. Mais des millions d'enfants sont toujours confrontés à la violence et leurs droits sont violés quotidiennement. Comme l'agence n'a pas le pouvoir d'imposer le respect des règles, elle est souvent incapable de protéger les enfants en temps de guerre, comme c'est le cas aujourd'hui dans la bande de Gaza.
Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. X : @Dr_Rafizadeh
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com
