Un nouveau face-à-face entre Biden et Trump inéluctable après le «Super Tuesday»

L'ancien président américain et candidat à la présidentielle de 2024, Donald Trump, salue lors d'un rassemblement au Greater Richmond Convention Center à Richmond, en Virginie, le 2 mars 2024 (Photo, AFP).
L'ancien président américain et candidat à la présidentielle de 2024, Donald Trump, salue lors d'un rassemblement au Greater Richmond Convention Center à Richmond, en Virginie, le 2 mars 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 mars 2024

Un nouveau face-à-face entre Biden et Trump inéluctable après le «Super Tuesday»

  • L'ancien président Trump (2017-2021), candidat à l'élection de novembre, a raflé quasiment tous les Etats - 14 sur 15 - en jeu mardi lors de cette grande journée électorale
  • Parmi eux figurent la Californie, la Caroline du Nord, le Texas et l'Alaska

WASHINGTON: L'Amérique va tout droit vers une présidentielle qui ne l'enthousiasme guère, après que Donald Trump et Joe Biden, déjà grandissimes favoris de leurs primaires respectives, ont achevé de faire le vide autour d'eux mardi lors du "Super Tuesday".

Seule encore en lice dans la primaire républicaine face à l'ancien président, l'ancienne ambassadrice à l'ONU Nikki Haley va annoncer mercredi qu'elle met fin à sa campagne, selon plusieurs médias américains.

Donald Trump, qui a occupé la Maison Blanche de 2017 à 2021, a raflé quasiment tous les Etats - 14 sur 15 - en jeu au cours de la grande journée électorale de mardi.

Le républicain, cerné de poursuites judiciaires qui n'entament ni la ferveur de sa base, ni son emprise sur le parti conservateur, devrait déclarer victoire au plus tard le 19 mars, après des primaires notamment en Géorgie et en Floride.

Joe Biden, qui ne fait face à aucune opposition sérieuse, l'a emporté dans tous les Etats qui votaient mardi.

Le démocrate de 81 ans comme son rival républicain de 77 ans devront attendre les conventions de l'été pour être investis par leurs partis - sauf surprise ou accident de santé.

Mais ils ont déjà les yeux rivés sur le 5 novembre.

«Soirée formidable»

Entouré de ses partisans réunis dans sa luxueuse résidence de Floride, Donald Trump a salué mardi "une soirée formidable".

L'ancien magnat de l'immobilier, qui se présente en homme providentiel face au "déclin" généralisé de l'Amérique, a consacré toutes ses attaques sur Joe Biden, en matière notamment d'immigration et d'économie.

Ce dernier a repris son thème principal de campagne, assurant mardi que Donald Trump était "déterminé à détruire notre démocratie".

A en croire les sondages, ce duel entre un septuagénaire et un octogénaire n'enthousiasme guère les électeurs.

Pour l'emporter, dans une Amérique polarisée à l'extrême, Joe Biden comme Donald Trump devront à la fois mobiliser leurs bases et séduire le plus possible d'électeurs indépendants dans une poignée d'Etats indécis.

Que feront, par exemple, les partisans de la républicaine Nikki Haley?

Selon la presse américaine, dans un discours mercredi à 15h00 GMT à Charleston (Caroline du sud), l'ancienne ambassadrice à l'ONU n'appellera pas à voter pour l'ancien président.

Indépendants

L'équipe de campagne de Joe Biden s'efforcera de puiser dans ce réservoir de voix - écrasée par Donald Trump, Nikki Haley a toutefois séduit certains électeurs conservateurs, et même remporté l'Etat montagneux et peu peuplé du Vermont (nord-est).

Joe Biden "ne s'est jamais vraiment préoccupé des autres candidats de son parti ni du parti républicain", explique Todd Belt, politologue à l'université George Washington, qui s'attend à ce que "les attaques (contre Donald Trump) s'intensifient".

Le président fait face à une cote de popularité obstinément anémique, à des inquiétudes persistantes sur son âge, et à la colère de certains électeurs contre sa ligne de ferme soutien à Israël.

Mais Joe Biden reste persuadé d'être le meilleur candidat face à Donald Trump: "Je suis le seul qui l'ait jamais battu. Et je vais le battre à nouveau", affirme-t-il dans un entretien publié lundi par le New Yorker.

Quatre choses à retenir du «Super Tuesday»

Duel Trump-Biden inexorable

Comme attendu, le "Super Tuesday" s'est conclu par une série de victoires éclatantes de Donald Trump aux scrutins républicains, lui assurant une avance presque insurmontable pour l'investiture de son parti en vue de la présidentielle de novembre.

Incertitudes pour Nikki Haley

Seule candidate républicaine encore en lice face à l'ultra favori, l'ancienne gouverneure de la Caroline du Sud Nikki Haley n'a remporté mardi qu'un seul des Etats en jeu: le Vermont.

L'ex-ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU accumule un retard considérable sur son opposant, qui a jusqu'ici remporté l'immense majorité des délégués en jeu lors des scrutins. Ces derniers se rendront à l'été à la convention nationale du Parti républicain pour désigner le candidat officiel pour l'élection de novembre.

Dans ces conditions, continuera-t-elle la course? La candidate, qui ne s'était jusqu'à présent pas projetée publiquement après le "Super Tuesday", n'a pas directement réagi dans la soirée, laissant planer le doute sur son avenir.

Trump devra encore rassembler

Si Donald Trump l'emporte mardi haut la main quasiment partout, des éléments suggèrent qu'après les primaires, le nécessaire élargissement de sa base électorale ne sera pas aisé.

Dans la poignée d'Etats disputés qui décideront en novembre du résultat de l'élection, Donald Trump aura besoin de récolter les voix des républicains modérés et des indépendants, au-delà de ses très fidèles partisans.

Des sondages de sorties des urnes mardi montrent l'ampleur de la tâche pour l'ex-président.

En Caroline du Nord par exemple, 66% des électeurs de Nikki Haley pensent que le milliardaire n'est pas apte, mentalement ou physiquement, à être président, selon un sondage de CNN. Et 81% d'entre eux affirment qu'ils ne soutiendraient pas automatiquement le gagnant des primaires de leur parti.

Cette part d'électeurs n'est pas négligeable: ils comptent pour environ 30% des voix républicaines. Donald Trump, cerné par les procès, "devrait s'inquiéter de l'unification du Parti républicain", analyse Karl Rove, consultant républicain.

Biden gêné par une mobilisation pour Gaza

Joe Biden, président candidat à sa réélection, n'affronte aucun concurrent sérieux côté démocrate, mais la guerre à Gaza s'est immiscée dans la campagne.

Mardi, une initiative visant à lui demander d'agir pour instaurer un cessez-le-feu immédiat dans le territoire palestinien a de nouveau affecté son score dans un Etat.

Après le Michigan la semaine passée, plus de 40 000 personnes ont glissé mardi dans le Minnesota un bulletin blanc. Des militants ont appelé les électeurs à manifester ainsi leur mécontentement afin d'exhorter le gouvernement Biden à cesser de soutenir Israël.

Le Minnesota, l'un des Etats avec la plus grande part de la population musulmane du pays, a ainsi voté à environ 20% blanc, selon des résultats partiels dans la nuit de mardi à mercredi -- une "victoire" pour ce mouvement, selon la responsable de l'association "Uncommitted Minnessota", Asma Nizami.

Par ailleurs, plus anecdotique: au beau milieu du Pacifique, Jason Palmer, un illustre inconnu, a battu le président Biden dans les Samoa américaines avec... 51 voix contre 40.

Il aura jeudi une tribune de premier choix pour essayer d'en convaincre les Américains: son discours annuel sur l'état de l'Union, face au Congrès et à des millions de téléspectateurs.

«Point de bascule»

"Le plus important sera de montrer qu'il a envie de se battre contre les républicains sur les sujets cruciaux comme l'économie, la sécurité à la frontière, la santé, et les droits individuels. C'est une lourde tâche pour n'importe quel président, et je pense que ce discours pourrait être un point de bascule" dans la campagne, analyse la politologue Wendy Schiller.

La manière dont Joe Biden livrera cette longue allocution - plus de 70 minutes l'an dernier - comptera autant que son contenu: l'Amérique guettera tout signe de fatigue ou de confusion de la part de son président.

L'âge de Donald Trump ne suscite pas les mêmes réticences de l'électorat américain.

Mais l'ancien président fait face à un autre défi: jongler entre une campagne et un calendrier judiciaire surchargé, avec ce que cela implique de déplacements et de pharaoniques dépenses.

Son premier procès au pénal débute le 25 mars, à New York.

Le républicain assure être "bien plus populaire" depuis qu'il a été inculpé au pénal à quatre reprises mais nombre d'enquêtes d'opinion montrent que le soutien à sa candidature s'effriterait considérablement s'il était condamné.


Les forces nucléaires russes sont toujours prêtes au combat, prévient Poutine

Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays
  • Plus de 9 000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part

MOSCOU: Les forces nucléaires stratégiques russes sont "toujours" prêtes au combat, a souligné jeudi Vladimir Poutine lors de son discours pour célébrer la victoire soviétique contre Hitler, en pleines tensions liées au conflit en Ukraine.

Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays. Plus de 9.000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part.

"La Russie fera tout pour éviter un affrontement mondial. Mais, dans le même temps, nous ne permettrons pas que l'on nous menace. Nos forces (nucléaires) stratégiques sont toujours en alerte", a déclaré le président russe.

Il a récemment ordonné des exercices nucléaires tactiques impliquant des troupes stationnées près de l'Ukraine, face à des "menaces" occidentales.

Jeudi, Vladimir Poutine a affirmé que Moscou, qui se considère comme un contrepoids à l'influence anglo-saxonne, rejetait "la prétention à l'exclusivité" de tout gouvernement ou alliance.

Puis il a réaffirmé que la Russie vivait une "période difficile". "Le destin de la patrie et son avenir dépendent de chacun de nous", a-t-il lancé, en saluant les "héros" qui combattent pour Moscou sur le front.

Vladimir Poutine, 71 ans, présente l'assaut contre Kiev comme un conflit existentiel et promet à chaque occasion la "victoire" à ses concitoyens dans un combat contre un gouvernement ukrainien accusé d'être "néo-nazi".

Le chef du Kremlin mobilise de longue date la mémoire de la Seconde Guerre mondiale - qui a fait 27 millions de morts côté soviétique - pour se présenter en héritier de la puissance de l'URSS et légitimer son propre pouvoir.

Frappe ukrainienne à 1 200 km

Le défilé est au cœur de l'éducation patriotique du Kremlin, dénoncée comme militariste par l'opposition.

Elena Melikhova, 44 ans, venue voir la parade à Moscou avec son fils, a affirmé à l'AFP que ces commémorations sont "très importantes pour les générations futures": "C'est très touchant et très excitant. Et aussi très effrayant."

Le défilé sur la place Rouge de Moscou, n'a toutefois pas échappé aux retombées sécuritaires et diplomatiques de l'assaut contre Kiev.

Vladimir Poutine, isolé sur la scène internationale, n'a été entouré jeudi que de quelques chefs d'Etat alliés.

Parmi eux, les dirigeants du Bélarus, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizstan ou du Turkménistan, selon le Kremlin, ainsi que les présidents du Laos, de Cuba et de la Guinée-Bissau.

Certains défilés ont aussi été annulés pour des raisons de "sécurité", notamment dans des régions frontalières de l'Ukraine, régulièrement touchées par des frappes.

Au moins onze personnes ont ainsi été blessées dans la nuit de mercredi à jeudi dans une attaque ukrainienne sur la ville russe de Belgorod et ses environs, a annoncé le gouverneur régional.

L'Ukraine a par ailleurs revendiqué jeudi une frappe contre une raffinerie russe dans la région du Bachkortostan, à une distance record de 1.200 kilomètres de sa frontière, une attaque qui, selon les autorités locales, n'a pas fait de victimes.

Avancées sur le front

Contrairement à la même période l'année dernière, l'armée russe est en bien meilleure position sur le front: elle a bien subi d'importantes pertes et ne parvient pas à réussir de véritable percée sur le front en Ukraine, mais elle a enchaîné récemment les gains territoriaux face à des troupes ukrainiennes en difficulté.

La contre-offensive de Kiev a échoué et l'Ukraine craint désormais que son adversaire, qui dispose de plus d'hommes, d'équipements et d'une industrie militaire plus puissante, ne lance une opération d'ampleur à l'arrivée de l'été.

Lors d'une rencontre avec des combattants en Ukraine, diffusée jeudi, M. Poutine a demandé que les armements russes aient "toujours une longueur d'avance", reconnaissant également que Moscou parvenait à obtenir des technologies à usage militaire sur le marché international, malgré les sanctions occidentales.

Parallèlement, sur le plan intérieur, le pouvoir de Vladimir Poutine est plus incontesté que jamais. La répression a écrasé toutes les voix dissidentes. Son grand opposant, Alexeï Navalny, est mort mi-février en prison dans des circonstances floues.

Le président russe vient d'être réinvesti à la tête du pays jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.

 


Sénégal : 11 blessés dans l'incident d'un Boeing, fermeture de l'aéroport de Dakar

Une vue générale de la tour de contrôle de l'aéroport international Blaise Diagne de Diass le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
Une vue générale de la tour de contrôle de l'aéroport international Blaise Diagne de Diass le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • L'avion de type B737/300, affrété auprès d'une compagnie privée, Transair, en partance pour Bamako, a fait une sortie de piste lors de sa phase de décollage
  • Cet incident survient alors que la compagnie Air Sénégal est, depuis plusieurs mois, visée par des critiques sur la qualité de son service

DAKAR: Onze personnes ont été blessées jeudi, dont quatre grièvement, au décollage d'un Boeing affrété par la compagnie Air Sénégal, qui est sorti de la piste, entraînant une fermeture de l'aéroport international de Diass, près de Dakar, a annoncé son gestionnaire.

L'avion de type B737/300, affrété auprès d'une compagnie privée, Transair, en partance pour Bamako, "a fait une sortie de piste lors de sa phase de décollage ce jeudi 9 mai 2024 vers 01H00 du matin", a indiqué dans un communiqué le service de communication du groupe gestionnaire de l'aéroport.

L'incident a fait "onze blessés, dont quatre graves" parmi les 78 passagers, indique le gestionnaire qui précise que l'aéroport est "pour le moment fermé en attendant que les dispositions prévues soient prises".

Six autres passagers ont été admis en observation dans les services médicaux de l'aéroport, selon la même source.

"La réouverture de l’aéroport est annoncée dans les prochaines heures", a ajouté le groupe gestionnaire LAS, formé d'un trio comprenant le groupe turc Limak, l'Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD, public) et Summa, une autre société turque.

L'appareil "s'est immobilisé" hors de la piste explique LAS dans le communiqué. "Le plan d’urgence a été déclenché par les autorités aéroportuaires dès que l’information leur a été communiquée. Ainsi, tous les services d’urgence de l’aéroport ont été mobilisés pour l’évacuation des passagers et leur prise en charge tel que prévu".

Une enquête ouverte

Le gestionnaire a en outre indiqué que "les circonstances exactes de l'incident restent à déterminer, mais une enquête est déjà en cours pour établir les causes de la sortie de piste".

"Des spécialistes de l'aviation, ainsi que des représentants de la compagnie aérienne concernée (Air Sénégal), sont sur place pour examiner de près les données de vol et interroger les membres d'équipage" a-t-il ajouté.

Cet incident survient alors que la compagnie Air Sénégal est, depuis plusieurs mois, visée par des critiques sur la qualité de son service. Des passagers s'offusquent régulièrement des retards accusés par les vols domestiques et internationaux de la compagnie contrôlée par l’État sénégalais et qui a débuté ses liaisons aériennes en mai 2018.

De son côté, Boeing traverse également une passe difficile après plusieurs incidents, dont deux cette semaine, et le lancement d'une enquête visant trois de ses modèles d'avions commerciaux par l'Agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA).

Mardi, un 787-900 d'Air France qui assurait un vol Paris-Seattle a été dérouté vers un aéroport canadien à la suite de "l'apparition d'une odeur de chaud ressentie en cabine".

Puis, mercredi, un Boeing 767 cargo de la compagnie Fedex a effectué un atterrissage sur le fuselage, à l'aéroport d’Istanbul, son train d'atterrissage avant ne s'étant pas ouvert. L'incident, spectaculaire, n'a cependant fait aucune victime.

Air Sénégal a été créée juste après la faillite en avril 2016 de Sénégal Airlines, qui avait elle-même remplacé, en 2009, Air Sénégal International, propriété des États sénégalais et marocain.

Le lancement de cette compagnie est l'un des trois volets d'un plan visant à faire de Dakar un "hub" aérien régional, avec l'aéroport international, inauguré en décembre 2017, et la réhabilitation des aéroports de province.

L'aéroport Blaise Diagne, situé à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, qui porte le nom du premier député africain élu au Parlement français (1872-1934), remplace l'aéroport international Léopold-Sédar-Senghor (AILSS), en proche banlieue de la capitale, reconverti en aéroport militaire.

 

 


La mobilisation pour Gaza gagne les universités britanniques

Des étudiants tiennent des pancartes et scandent des slogans lors d'un rassemblement dans un camp pro-palestinien installé sur le campus de la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres, le 8 mai 2024. (Photo par Benjamin Cremel AFP)
Des étudiants tiennent des pancartes et scandent des slogans lors d'un rassemblement dans un camp pro-palestinien installé sur le campus de la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres, le 8 mai 2024. (Photo par Benjamin Cremel AFP)
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  • L'université de Warwick, dans le centre de l'Angleterre, a démarré en premier avec un «campement de solidarité pour Gaza» le 26 avril
  • A Cambridge, des tentes orange sont soigneusement alignées aux abords du King's College, fondé en 1441

LONDRES : La mobilisation étudiante pour Gaza gagne le Royaume-Uni: une poignée de tentes, accompagnées de drapeaux palestiniens et de slogans appelant à un cessez-le-feu sont apparues cette semaine sur la pelouse de la SOAS university de Londres (Ecole d'études orientales et africaines).

Des étudiants, dont nombre d'entre eux sont masqués, s'asseyent en cercle sur une toile bleue tandis que d'autres ont accumulé des provisions.

Selon Yara, une ancienne étudiante de 23 ans, plus d'une vingtaine d'étudiants prennent part au mouvement dans cet établissement.

D'autres campements ont vu le jour sur nombre d'universités britanniques, comme sur les campus américains.

Le but, dit-elle à l'AFP, est de «faire pression sur l'administration pour qu'elle adhère aux demandes des étudiants», soit dévoiler les liens avec des entreprises complices de ce qu'elle appelle «l'économie de colonisation illégale d'Israël et le commerce des armes».

- «Campement de solidarité» -

L'université de Warwick, dans le centre de l'Angleterre, a démarré en premier avec un «campement de solidarité pour Gaza» le 26 avril.

Les tentes ont ensuite essaimé aux abords des universités de Newcastle, Edimbourg, Manchester, Cambridge et Oxford.

A Edimbourg, un groupe d'étudiants a entamé une grève de la faim pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza.

A Cambridge, des tentes orange sont soigneusement alignées aux abords du King's College, fondé en 1441.

L'université a dit dans un communiqué respecter la liberté d'expression et le droit de manifester, ajoutant qu'elle ne tolèrerait pas «l'antisémitisme, l'islamophobie et toute autre forme de haine raciale ou religieuse».

Les manifestations aux Etats-Unis ayant parfois donné lieu à des violences, et des étudiants juifs exprimant des inquiétudes quant à leur sécurité, le Premier ministre Rishi Sunak souhaite éviter de telles scènes au Royaume-Uni.

Il a convoqué jeudi les dirigeants des universités pour évoquer la sécurité des étudiants juifs, et a dénoncé «l'augmentation inacceptable de l'antisémitisme» sur les campus.

Le Community Safety Trust, association qui assure notamment la sécurité de lieux de la communauté juive, a évoqué «un niveau d'antisémitisme sans précédent» depuis les attaques du Hamas le 7 octobre et la réponse d'Israël.

Plus de 1.170 personnes, principalement des civils, ont été tuées dans les attaques initiales, selon un bilan établi par l'AFP sur la base de chiffres officiels israéliens.

La riposte militaire israélienne a fait quelque 35.000 morts, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les étudiants de la SOAS ont reçu mercredi le soutien de l'ancien chef du parti travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn.

Il a souligné que l'université devrait «reconnaître que les étudiants ont des opinions fortes, légitimes, valides».

Suspendu du parti travailliste, Jeremy Corbyn a été accusé d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme au sein du Labour, lui qui avait dans le passé qualifié le Hamas et ses alliés du Hezbollah d'«amis».

- «Peu importe» -

Yara, sur le campement depuis son installation il y a trois jours, souligne que les étudiants prévoient de rester «aussi longtemps qu'il le faudra» pour que l'université accepte leurs demandes.

«La première nuit était vraiment pluvieuse, humide et boueuse», raconte-t-elle.

«Mais honnêtement, peu importe l'inconfort de camper dehors pour les étudiants, c'est juste une fraction des conditions que subissent les Palestiniens à Gaza», ajoute-t-elle.

Un étudiant en droit et développement international de 19 ans, qui jusqu'alors n'avait participé qu'à des manifestations, assure vouloir rejoindre le campement ce week-end.

«Je ne crois pas que je puisse attendre jusqu'à l'obtention de mon diplôme, parce que les gens meurent», explique l'étudiant, qui ne souhaite pas divulguer son nom. «J'ai dit que je serai là parce qu'ils ont besoin de monde. J'en suis».