Le caftan, un pilier vestimentaire du ramadan ?

Reem Al Kanhal, modèles de la collection capsule "Chameleon" (photo reemalkanhal.com)
Reem Al Kanhal, modèles de la collection capsule "Chameleon" (photo reemalkanhal.com)
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Publié le Dimanche 23 avril 2023

Le caftan, un pilier vestimentaire du ramadan ?

  • L’ampleur de la coupe caractéristique du caftan se prête à des effets de broderie sophistiqués qui en accentuent le caractère précieux
  • Sans verser dans le folklore, de jeunes créateurs s’approprient désormais cette tenue traditionnelle si pleine de potentiel et la remettent au goût du jour

BEYROUTH : Durant le ramadan, mois sacré où le port de vêtements amples contribue au confort du jeuneur, le caftan se présente comme la tenue idéale, chez soi comme aux iftars et souhours les plus mondains.

Lors d’un iftar donné au Liban, l'épouse d'un homme politique a accueilli ses invités vêtue d’un somptueux caftan noir à broderies dorées qui a suscité un débat. S’agissait-il d’un cas d’appropriation culturelle ? Le caftan fait-il d’ailleurs partie des traditions musulmanes levantines ? Cette tempête dans un verre d’eau aura finalement mis en avant un détail intéressant : le port -routinier ou formel- du caftan, était à l’origine plus courant dans les pays du Golfe et de l’Afrique du Nord que dans ceux du Levant. Il ne s’y est normalisé qu’au début des années 2000, à la faveur de l’émigration croissante des Levantins dans les Émirats.

Coupe ample et broderies d’exception

L’ampleur de la coupe caractéristique du caftan se prête à des effets de broderie sophistiqués qui en accentuent le caractère précieux. Si le patron en est simple, les ornements en sont parfois d’une éblouissante richesse.

Il est intéressant de rappeler ici que le talli, broderie artisanale traditionnelle pratiquée dans diverses régions des Émirats arabes unis, a été inscrit en 2022 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.  « La demande de talli est particulièrement forte avant les fêtes religieuses (l’Aïd) et la saison des mariages en été », souligne l’Unesco. « Également connu sous le nom d’Alseen, le talli est généralement créé avec une combinaison de six fils de coton séparés par un fil d’argent au milieu », explique la commission du patrimoine culturel immatérielle, détaillant que « ces fils sont habilement tissés en formes colorées ayant une signification symbolique liée à la vie dans le désert et en mer ». « Le talli est un artisanat laborieux qui se transmet de manière informelle de mère en fille, mais aussi de manière formelle par le biais de cours et d’ateliers organisés dans les écoles, les universités et les centres pour le développement du patrimoine. La pratique est également promue lors de manifestations culturelles, de festivals et de concours. Le rassemblement des femmes dans les maisons et les quartiers résidentiels pour tresser le talli a une dimension sociale, car il offre une occasion d’interaction sociale et d’échange de connaissances sur l’élément. Ces rassemblements servent également de forums culturels pour le partage des contes populaires, des proverbes et d’autres formes verbales du patrimoine culturel immatériel du pays », souligne également l’Unesco.

A la fois confortable et spectaculaire, le caftan est adapté aux grandes chaleurs du jour comme au grand froid de la nuit, à la routine quotidienne comme aux moments exceptionnels. Lors des réceptions du mois sacré, il devient un incontournable vêtement d’apparat.

Caftans de la nouvelle vague 

Sans verser dans le folklore, de jeunes créateurs s’approprient désormais cette tenue traditionnelle si pleine de potentiel et la remettent au goût du jour. Deux designers saoudiens, Reem Al Kanhal et Hatem Alakeel portent aujourd’hui le flambeau de cette nouvelle vague.

Hatem Alakeel :  « Pourquoi nous faut-il toujours imiter l’Europe ? »

L’un des premiers créateurs saoudiens à placer le thobe dans des points de vente tels que Harvey Nichols, Saks Fifth Avenue et Boutique 1, Hatem Alakeeel est le fondateur de la marque Toby ainsi que d’Authenticté, une agence de conseil et de production créative spécialisée dans le rapprochement de la culture et de la vision saoudiennes avec le reste du monde. Trois fois lauréat des prix Esquire du meilleur designer régional, il a également été l’un des premiers à créer du contenu, des films de mode, des séances photo célébrant la tradition saoudienne avec une touche internationale.

Ayant grandi entre la Suisse, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, Hatem Alakeel souligne dans une interview sur Fashion News Arabia : «Pourquoi nous faut-il toujours imiter l’Europe et l’Amérique ? Ils ont leur style, nous avons le nôtre. Nous devrions changer notre manière de penser. Il faudrait que les labels saoudiens puissent cohabiter avec n’importe quelle grande marque internationale ». Le créateur, qui a habillé des célébrités comme le prince William, Snoop Dog ou Christian Louboutin, se concentre spécialement sur la modernisation du vêtement arabe masculin. Le haut du thob, toujours décalé, se distingue par des cols d’influence occidentale. Gilets ou calligraphies brodées, dont l’une des plus remarquables se retrouve dans la collection Zebra, rehaussent la sobriété de l’habit. On retrouve aussi dans les créations de Hatem Alakeel des influences japonisantes qui contribuent à leur universalité.

Revers de col brodé d'une calligraphie en forme de zèbre, créé par Hatem Alakeel (Photo, Instagram @tobyhatemalakeel )
Revers de col brodé d'une calligraphie en forme de zèbre, créé par Hatem Alakeel (Photo, Instagram @tobyhatemalakeel )

Reem Al Kanhal, sarouels, pampilles et les Saoudiennes d’Asir

Née et élevée en Arabie saoudite, Reem Al Kanhal a commencé à expérimenter la mode en tant qu'étudiante. Celle qui savait depuis son plus jeune âge que sa vie serait à jamais liée à la mode possède un sens profond de ce qu’elle a à faire pour connecter avec pertinence sa culture saoudienne avec les grands courants internationaux. Formée à l'Art&Skills Institute de Riyad, où elle développe ses connaissances en matière de confection de vêtements, elle fonde sa marque éponyme en 2010. Dès le départ son style s’exprime en un prêt-à-porter modulable et singulier, tant au niveau des coupes que des coloris et du style. Comme elle se fournit auprès des meilleurs fabricants de tissus et de garnitures à travers le monde, elle s’attache à livrer une mode intemporelle et durable. Elle souhaite par-dessus tout que ses clientes s’approprient le vêtement, le stylisent à leur manière et s’associent à sa création. Ses clientes les plus fidèles deviennent des muses pour lesquelles elle crée des modèles uniques adaptés à leurs personnalités respectives. Dans ses collections, toujours à la croisée de la tradition saoudienne et de la modernité globale, elle fait souvent référence aux femmes saoudiennes de la province d'Asir. Broderies traditionnelles, pampilles, jupons en tulle, robes à capuches amples, robes thoub, farwa (ou vêtement d’extérieur mi-long à manches longues), tout s’associe et se marie en une somptueuse harmonie.

Robe caftan en coton à revers contrastés, Reem Al Kanhal (photo, reemalkanhal.com)
Robe caftan en coton à revers contrastés, Reem Al Kanhal (photo, reemalkanhal.com)

 


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com