Un navire d'aide en route vers Gaza, les efforts s'intensifient pour empêcher la famine

Des personnes récupèrent des objets dans les décombres de la maison de la famille palestinienne al-Atrash, détruite par une frappe israélienne à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 mars 2024, alors que le conflit entre Israël et le groupe militant du Hamas se poursuit. (AFP).
Des personnes récupèrent des objets dans les décombres de la maison de la famille palestinienne al-Atrash, détruite par une frappe israélienne à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 mars 2024, alors que le conflit entre Israël et le groupe militant du Hamas se poursuit. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 14 mars 2024

Un navire d'aide en route vers Gaza, les efforts s'intensifient pour empêcher la famine

  • La distribution de l'aide à l'intérieur même de ce territoire palestinien demeure hasardeuse
  • Mercredi, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé que l'un de ses entrepôts à Rafah, dans le sud de Gaza, avait été touché par une frappe qui a tué au moins un de ses employés et blessé plusieurs autres

TERRITOIRES PALESTINIENS: Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres progresse lentement jeudi vers la bande de Gaza au moment où les efforts s'accélèrent pour tenter d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine.

La distribution de l'aide à l'intérieur même de ce territoire palestinien demeure hasardeuse. Mercredi, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé que l'un de ses entrepôts à Rafah, dans le sud de Gaza, avait été touché par une frappe qui a tué au moins un de ses employés et blessé plusieurs autres, le ministère de la Santé du Hamas évoquant lui quatre morts.

Après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, l'ONU craint une famine généralisée dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de personnes ont déjà été tuées et où les bombardements israéliens se poursuivent sans répit.

"L'attaque d'aujourd'hui sur l'un des rares centres de distribution de l'Unrwa encore opérationnels dans la bande de Gaza intervient au moment où la malnutrition, voire la famine dans certaines zones, s'étend", a souligné le dirigeant de l'agence, Philippe Lazzarini.

L'armée israélienne a annoncé avoir "éliminé" un cadre du Hamas dans une frappe ciblée à Rafah. Cet homme, Mohammad Abou Hasna, figure parmi les quatre morts recensés par le mouvement islamiste, qui l'a présenté comme un responsable chargé de la sécurité de l'entrepôt.

Tard mercredi, le ministère de la santé du Hamas a aussi fait état de sept morts et de nombreux blessés dans des tirs israéliens sur un rassemblement au rond-point "Koweït", carrefour au sud de Gaza City où ont lieu des distributions d'aides alimentaires.

Israël doit faire de l'aide humanitaire à Gaza sa priorité «  numéro un  », dit Blinken

Israël doit faire de la protection des civils et de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza sa priorité "numéro un", a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

"Nous attendons du gouvernement israélien qu'il fasse de cette question une priorité. Protéger les civils, apporter aux gens l'aide dont ils ont besoin, voilà ce qui doit être la priorité numéro un, même s'ils font ce qui est nécessaire pour défendre le pays et faire face à la menace posée par le Hamas", a déclaré M. Blinken à la presse.

Le chef de la diplomatie américaine s'exprimait à l'issue d'une réunion à huis clos sur l'aide à Gaza, regroupant Chypre, les Emirats, le Qatar et l'Union européenne, peu après s'être entretenu avec le Haut représentant de l'UE Josep Borrell, au siège du département d'Etat.

Ce dernier a dénoncé mardi l'utilisation de la faim "comme arme de guerre" à Gaza, ce à quoi le secrétaire d'Etat n'a pas souscrit, soulignant qu'Israël laissait "de la nourriture entrer".

La réunion de mercredi avait pour objet de finaliser les détails sur la construction d'une jetée sur les côtes de la bande de Gaza pour débarquer des cargaisons d'aide, a-t-il dit.

Un premier navire empruntant un couloir maritime entre Chypre et la bande de Gaza pour livrer de l'aide humanitaire est parti mardi vers le territoire palestinien.

Face aux quantités jugées insuffisantes de l'aide, la communauté internationale cherche à diversifier les voies d'acheminement via des largages aériens ou un couloir maritime depuis Chypre.

M. Blinken a insisté sur la nécessité "d'inonder la zone" avec de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par l'armée israélienne et où les conditions de vie se détériorent drastiquement au point que l'ONU y craint une famine généralisée.

"Il y a du mouvement, et c'est positif, mais cela reste insuffisant", a affirmé M. Blinken en citant les différents moyens d'acheminer de d'aide humanitaire, par la route, aérien ou encore maritime.

Mais, a-t-il dit, "Israël doit encore ouvrir autant de points d'accès que possible, et les maintenir ouverts pour s'assurer que les choses circulent de manière durable" dans la bande de Gaza, déplorant à cet égard "des restrictions qui ne sont pas nécessaires".

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

En représailles, Israël a lancé une offensive militaire qui a fait jusqu'à présent 31.272 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Terre et mer

L'aide par voie terrestre n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza, soumise au contrôle d'Israël qui a imposé un siège total au territoire depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi Chypre pour Gaza. Ce bateau de l'ONG espagnole Open Arms, qui remorque une barge, faisait route à petite vitesse jeudi matin au large d'Israël, selon le site spécialisé Marine Traffic.

Chypre, distante d'environ 370 kilomètres du territoire palestinien, a annoncé qu'un deuxième bateau était prêt à partir avec une cargaison plus importante.

Quatre bateaux de l'armée américaine ont par ailleurs quitté les Etats-Unis mardi avec une centaine de soldats et l'équipement nécessaire à la construction d'une jetée et d'un quai à Gaza pour débarquer l'aide d'humanitaire "d'ici 60 jours", selon les autorités américaines.

Ces efforts ne sont toutefois que des pis-allers, rappelle l'ONU selon qui ni les envois par mer ni les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre pour l'acheminement de l'aide, un constat largement partagée.

"Il n'y a pas d'alternative valable aux routes terrestres via l'Egypte et la Jordanie et aux points d'entrée d’Israël vers Gaza pour des livraisons d'aide à grande échelle", ont souligné les Etats-Unis, Chypre, les Emirats, l'UE et le Qatar dans une déclaration conjointe.

Ils ont par ailleurs jugé qu'une ouverture du port israélien d'Ashdod à l'aide humanitaire "constituerait un complément bienvenu et significatif" au dispositif.

Pour l'heure, l'aide par voie terrestre est principalement acheminée de la Jordanie ou de l'Egypte vers deux points de contrôle israéliens du sud de Gaza où les marchandises sont longuement inspectées.

Mardi, pour la première fois, l'armée israélienne a autorisé une entrée de camions du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le nord de Gaza, suscitant l'espoir d'une accélération des livraisons pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d'habitants du territoire.

Quelle opération pour Rafah ?

L'attaque du Hamas du 7 octobre a fait au moins 1.160 morts en Israël, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes. Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 32 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées ce jour-là.

En représailles, Israël a promis "d'anéantir" le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait 31.272 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du Hamas qui a fait état tôt jeudi de 79 morts dans des frappes israéliennes au cours de la soirée et la nuit.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de pousser l'opération terrestre jusqu'à Rafah, une ville jouxtant la frontière fermée avec l'Egypte et où sont massés, selon l'ONU, environ 1,5 million de Palestiniens, ce qui inquiète la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, principal allié d'Israël.

Israël doit faire de la protection des civils et de l'aide humanitaire à Gaza sa priorité "numéro un", a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Selon le site Politico, l'administration Biden a par ailleurs fait savoir à Israël qu'elle soutiendrait des frappes ciblées contre le Hamas à Rafah, mais pas une vaste opération militaire.

Washington tente toujours, avec le Qatar et l'Egypte, les deux autres pays médiateurs, d'arracher un accord pour une trêve de plusieurs semaines entre Israël et le Hamas. Dans la nuit, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a jugé qu'un accord était toujours possible, appelant Israël -- qui refuse un cessez-le-feu définitif et plaide plutôt pour une pause dans les combats tout en exigeant des preuves de vie de ses otages -- "à abandonner son intransigeance".


Le Hezbollah dit recourir à de nouvelles armes dans ses attaques contre Israël

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Short Url
  • Le Hezbollah, selon l'analyste militaire Khalil Helou, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars»
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël

BEYROUTH, Liban : Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d'exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l'Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d'Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

- Drones et missiles -

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d'exploser contre sa cible.

C'est la première fois que le mouvement annonce l'utilisation d'une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.

L'armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d'un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.

L'importance de cette arme, explique à l'AFP l'analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l'attaque depuis l'intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars».

- Missiles iraniens -

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des «drones d'attaque» contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d'Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C'est la première fois selon des experts qu'il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des «missiles guidés» et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Jihad Moughniyé, du nom d'un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d'utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichars russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.

- «Guerre d'usure» -

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d'atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n'avait «pas encore employé ses principales armes» dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d'attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais «ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s'agit d'une guerre d'usure» dans laquelle il tente de pousser l'armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de «lancer une attaque d'envergure au Liban».

 


Israël: tiraillements au sommet de l'Etat sur fond de «bataille décisive» à Rafah

Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
Short Url
  • La bataille de Rafah à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique»
  • Faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu, avertissent les experts

JÉRUSALEM : Des dissensions sont apparues au sommet de l'Etat israélien autour du scénario de l'après-guerre dans la bande de Gaza, au moment où le gouvernement affirme y mener la «bataille décisive» pour anéantir le mouvement palestinien Hamas.

En entrant dans le 8e mois de guerre, l'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol à Rafah, localité adossée à la frontière égyptienne à la lisière sud de la bande de Gaza, où se cachent, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.

Mais, la bataille à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique», s'opposant publiquement au Premier ministre qui peu avant avait écarté «toute discussion sur l'avenir de la bande de Gaza» avant que «le Hamas soit anéanti».

«Une alternative gouvernementale au Hamas va être préparée immédiatement», a martelé M. Gallant, indiquant clairement qu'il s'opposerait à ce que la bande de Gaza soit placée sous administration civile ou militaire israélienne et sommant M. Netanyahu de déclarer que ce ne sera pas le cas.

Ces propos ont suscité la colère de ministres du gouvernement, parmi lesquels les ministres des Finances Bezalel Smotrich et de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, chefs de deux petits partis d'extrême-droite, acteurs-clé de la coalition gouvernementale, qui ont appelé au départ de Gallant.

- «Prix à payer» -

«Avec les critiques de Gallant (...) des réelles fissures sont apparues au sein du cabinet de guerre israélien», estime sur X Colin P. Clarke, directeur de recherche au centre de réflexion Soufan Group.

Et, avertissent les experts, faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu.

«Sans alternative pour remplir le vide, le Hamas continuera de prospérer», indique à l'AFP Mairav Zonszein, analyste de l'International Crisis Group (ICG).

«Si le Hamas est laissé seul dans Gaza, bien sûr, il apparaîtra ici et là et l'armée israélienne sera contrainte de courir partout», abonde Emmanuel Navon, professeur à l'université de Tel-Aviv.

Les Etats-Unis, principal soutien militaire d'Israël, pressent aussi M. Netanyahu d'éviter d'être englué, après le conflit, dans une interminable campagne de contre-insurrection. Washington a estimé fin mars qu'une «Autorité palestinienne redynamisée» pouvait jouer un rôle pour «créer les conditions d'une stabilité à la fois en Cisjordanie et dans Gaza», territoires palestiniens toujours considérés comme occupés au regard du droit international.

Une idée balayée par M. Netanyahu, pour qui l'Autorité palestinienne (AP), chassée de Gaza en 2007 par le Hamas et qu'il accuse de «soutenir» et «financer le terrorisme», n'est «certainement pas» une option pour diriger la bande de Gaza.

Pour Yoav Gallant, «le +jour d'après le Hamas+ n'existera qu'avec des entités palestiniennes prenant le contrôle de Gaza, accompagnées par des acteurs internationaux».

«C'est, par dessus tout, dans l'intérêt de l'Etat d'Israël» car «l'administration militaire de Gaza deviendrait le principal effort militaire et sécuritaire» d'Israël ces prochaines années et «le prix à payer serait un bain de sang (...) ainsi qu'un lourd coût économique», a-t-il estimé.

- Combats «acharnés» -

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante menée par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Et alors qu'Israël dit avoir entamé la «bataille décisive» de Rafah, les soldats israéliens affrontent à nouveau depuis le 12 mai des combattants du Hamas dans le nord du territoire.

L'armée avait pourtant proclamé en janvier avoir «achevé le démantèlement de la structure militaire» du Hamas dans le nord. Elle admet désormais mener, à Jabaliya, ses combats «peut-être les plus acharnées» dans cette zone depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Un signe que «l'anéantissement» du Hamas, un des objectifs de la guerre, n'est peut-être pas si proche. Quant aux espoirs caressés d'une trêve négociée au Caire avec le Hamas, ils se sont évanouis avec le début des opérations dans Rafah.

L'accord de trêve «est dans une impasse totale» et «Israël fait semblant qu'il y a des progrès», explique Mme Zonszein. Les tiraillements au sommet de l'Etat, «plus les désaccords avec les Etats-Unis et le refus de l'Egypte de laisser passer de l'aide» depuis l'offensive israélienne à Rafah, «tout cela commence à faire beaucoup», ajoute-t-elle.

 


Des enfants parmi les victimes alors que les forces israéliennes intensifient leurs attaques contre le Hezbollah

Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Short Url
  • Le Sud-Liban est confronté à une « escalade de la violence », déclare un vétéran de l'armée à Arab News
  • L'ambassade des Etats-Unis se joint aux appels à élire un nouveau président libanais pour « unir la nation »

BEYROUTH : Deux enfants d'une famille de réfugiés syriens ainsi qu’un combattant du Hezbollah ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes ayant touché une zone située à plus de 30 km à l'intérieur de la frontière sud du Liban.

Les frappes israéliennes ont ciblé les villages de Najjariyeh et Addousiyeh, tous deux situés au sud de la ville côtière de Saïda, tuant des enfants et un combattant du Hezbollah qui conduisait un camion pick-up au moment de la frappe.

En riposte à ces raids, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes en direction de la Haute Galilée, la Galilée occidentale, du bassin de la Galilée et du Golan.

Les médias israéliens ont rapporté que 140 roquettes avaient été tirées vers le nord du pays.

CONTEXTE

Le Hezbollah a échangé des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes presque quotidiennement depuis l'attaque du Hamas au sud d'Israël, le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre à Gaza,depuis déjà  huit mois.

Les tensions entre les forces israéliennes et le Hezbollah ont atteint un niveau critique avec des attaques de drones menées en profondeur dans le territoire libanais et le nord d'Israël.

Le général à la retraite Khaled Hamadé de l'armée libanaise a mis en garde contre une « escalade vers des violences plus graves dans le sud du Liban ».

Le Hezbollah insiste pour conditionner un cessez-le-feu dans le sud du Liban à la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, aucune initiative n'est prise pour arrêter les affrontements entre Israël et le Hezbollah, selon Hamadé.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir visé la base logistique Tsnobar d'Israël dans le Golan avec 50 roquettes Katyusha en réponse à la frappe sur Najjarieh.

Selon les médias israéliens, des salves de roquettes ont visé des bases militaires à Katzrin et des zones au nord du lac de Tibériade.

Deux personnes ont été blessées dans des explosions de roquettes à Karam bin Zamra dans la Haute Galilée, ont ajouté les médias.

Les caméras de surveillance à Najjarieh ont capturé un drone israélien suivant un camion pick-up alors que le conducteur, nommé Hussein Khodor Mehdi, tentait de s’enfuir.

Le premier missile lancé par le drone a raté sa cible, mais un second a frappé le camion, le mettant en feu et tuant son conducteur. Trois passants ont également été blessés.

Le Hezbollah a déclaré que Mehdi, 62 ans, était un « martyr sur la route de Jérusalem ».

La radio de l'armée israélienne a affirmé que la victime était un commandant de haut rang dans l'armée de l'air du Hezbollah et que les chasseurs de l'armée avaient visé des infrastructures du Hezbollah à Najjarieh.

La deuxième frappe aérienne a touché une salle de congrès et une usine de ciment, blessant plusieurs membres d'une famille de réfugiés syriens. Deux enfants, Osama et Hani Al-Khaled, sont décédés des suites de leurs blessures.

Le Hezbollah a revendiqué avoir visé le site militaire d'Al-Raheb avec l'artillerie et les positions israéliennes à Al-Zaoura avec une salve de roquettes Katioucha.

Selon une source sécuritaire, les dernières cibles du Hezbollah comprenaient des ballons de surveillance près de Tibériade et à Adamit en Galilée.

Tôt vendredi, le Hezbollah a attaqué le nouveau quartier général du 411e Bataillon d'Artillerie au Kibboutz Jaatoun, à l'est de Nahariyya, à l’aide de drones en réponse à la mort de deux combattants du Hezbollah, Ali Fawzi Ayoub, 26 ans, et Mohammed Hassan Ali Fares, 34 ans, la veille.

Dans son sermon du vendredi, cheikh Mohammed Yazbek, chef du Conseil de la charia du Hezbollah, a déclaré que le groupe menait « sa guerre féroce dans le nord de la Palestine, pourchassant l'ennemi, aveuglant ses opérations d'espionnage et franchissant les lignes rouges, tout en traquant ses soldats dans leurs cachettes jusqu'à ce que la guerre à Gaza prenne fin ».

L'ambassade des États-Unis au Liban a lancé une mise en garde concernant le conflit à la frontière sud et la vacance présidentielle dans le pays.

L'élection d'un président est cruciale pour garantir la participation du Liban aux discussions régionales et aux futurs accords diplomatiques concernant sa frontière méridionale, a souligné l'ambassade.

Le Liban « a besoin et mérite un président capable d’unir la nation, de donner la priorité au bien-être de ses citoyens et de former une coalition large et inclusive pour restaurer la stabilité politique et mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires », a ajouté le communiqué.

Les ambassadeurs d'Égypte, de France, du Qatar, d'Arabie saoudite et des États-Unis au Liban ont publié cette semaine une déclaration mettant en garde contre « la situation critique à laquelle est confronté le peuple libanais et les répercussions difficiles à gérer sur l'économie et la stabilité sociale du Liban en raison du retard pris dans la mise en œuvre des réformes nécessaires ».