Le monde arabe amorce 2024 entre espoirs, tensions et appréhension

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Publié le Mardi 02 janvier 2024

Le monde arabe amorce 2024 entre espoirs, tensions et appréhension

  • Du Liban à Gaza en passant par la Syrie et le Soudan, les crises et les conflits risquent de se poursuivre 2024
  • Les succès commerciaux, touristiques et diplomatiques dans le monde arabe offrent cependant une lueur d’espoir en ce début d’année morose

ERBIL: Alors que l’année 2023 s’éloigne dans le rétroviseur, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord  abordent la nouvelle année avec un mélange d’espoir et d’appréhension.

Pour de nombreux habitants de la région, les douze derniers mois ont été tumultueux, marqués par des violences et des catastrophes naturelles parmi les plus graves depuis des années. Si plusieurs conflits risquent de se poursuivre en 2024, notamment à Gaza et au Soudan, la nouvelle année semble présenter quelques signes positifs.

Visa unifié pour le CCG

Dans le golfe Arabique, les voyageurs pourront bientôt demander un visa unifié pour le Conseil de coopération du Golfe (CCG).

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Le visa touristique unifié du CCG est la dernière mesure prise pour développer le secteur du tourisme dans le Golfe. (AFP)

Dévoilé en octobre par Abdallah ben Touq, ministre de l’économie des Émirats arabes unis (EAU), le visa unique permettra aux voyageurs de se rendre dans les six pays membres du CCG: le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les EAU.

Ce nouveau permis de voyage est considéré comme l’équivalent pour le Golfe du visa Schengen européen, et pourrait transformer les secteurs du voyage, du tourisme et de l’hôtellerie de la région.

Nouveaux membres des Brics

L’organisation intergouvernementale des Brics, qui compte cinq membres et qui est souvent présentée comme une rivale du G7, pourrait accueillir de nouveaux membres.

Lors du sommet de l’Union européenne en Afrique du Sud en août dernier, l’Arabie saoudite, les EAU, l’Égypte, l’Iran, l’Éthiopie et l’Argentine ont été invités à rejoindre le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud en tant que membres de l’organisation commerciale des économies émergentes.

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Une femme se tient près des drapeaux de l’Afrique du Sud, du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine lors du sommet 2023 des Brics au Sandton Convention Centre à Johannesbourg, le 24 août 2023. (Photo, AFP)

Au cours de cet événement, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, avait déclaré que le Royaume étudiait la proposition et pourrait devenir un membre de premier plan du bloc, compte tenu de ses vastes ressources et de l’importance de sa position stratégique.

Le groupe a pour objectif de créer un nouveau monde multipolaire, dans lequel les institutions financières et politiques ne sont plus dominées par une poignée de puissances occidentales. Cependant, Riyad n’a pas encore donné de réponse définitive, tandis que le nouveau gouvernement argentin a écarté la possibilité d’adhérer au groupe. L’avenir nous dira si les Brics accueilleront de nouveaux membres comme prévu.

Guerre Israël-Hamas

Israël mène une guerre sans précédent contre le Hamas dans la bande de Gaza depuis que des combattants palestiniens ont tué au moins 1200 personnes et en ont enlevé 240 autres le 7 octobre.

Les opérations de représailles israéliennes ont pulvérisé des pans entiers de Gaza, faisant plus de 20 000 morts et 50 000 blessés – dont 70% de femmes et d’enfants, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas – ce qui a provoqué une grave crise humanitaire.

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Des Palestiniens évacuent un site touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 décembre 2023. (Photo, AP)

Malgré les efforts déployés pour obtenir un nouveau cessez-le-feu temporaire, le conflit devrait se poursuivre en 2024. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a prévenu à plusieurs reprises que les opérations prendraient fin dans des «mois» et qu’Israël «ne s’arrêterait pas» tant qu’il n’aura pas atteint ses objectifs.

Par ailleurs, le Hamas a indiqué qu’il n’était pas disposé à négocier la libération d’autres otages tant qu’Israël ne cesserait pas ses opérations à Gaza.

Changements de dirigeants

L’attaque du 7 octobre menée par les combattants du Hamas a constitué un revers politique majeur pour le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui s’est longtemps présenté comme le gardien de la sécurité de la nation.

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Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, préside une réunion du cabinet à la base militaire de Kirya, qui abrite le ministère israélien de la Défense, à Tel Aviv, en Israël, le 24 décembre 2023. (Photo, AP)

Bien qu’il soit peu probable qu’il soit remplacé tant que la guerre à Gaza se poursuit, il est possible qu’il soit démis de ses fonctions une fois qu’elle aura pris fin. Selon un récent sondage, seuls 27% des Israéliens estiment que M. Netanyahou est apte à exercer les fonctions de Premier ministre.

Brièvement démis de ses fonctions en 2021, M. Netanyahou est revenu au pouvoir à la fin de 2022, à la tête du gouvernement israélien le plus à droite de l’histoire. Il a ensuite fait adopter une réforme judiciaire impopulaire qui a donné lieu à des manifestations massives en 2023 et à des menaces de désertion de la part du personnel militaire. Il est probable que 2024 soit la dernière année de son mandat.

Il se peut également que 2024 soit l’année où le Guide suprême iranien âgé de 84 ans, l’ayatollah Ali Khamenei, renonce au pouvoir dans la République islamique. Dans un contexte de tensions régionales croissantes, le pays pourrait se retrouver sous le contrôle de son fils, Mojtaba, âgé de 54 ans, afin d’assurer le maintien et la survie du régime des mollahs qui dirige l’Iran depuis la révolution de 1979.

Ouverture du Grand musée égyptien

Au premier trimestre 2024, l’Égypte espère enfin ouvrir le Grand musée égyptien tant attendu, situé près du complexe de la pyramide de Gizeh, dans la banlieue du Caire. Après vingt ans de planification et un milliard de dollars (1 dollar = 0,91 euro) de dépenses, le plus grand musée archéologique de la planète présentera plus de 100 000 objets de l’ancienne civilisation égyptienne, dont beaucoup n’ont jamais été exposés en public auparavant.

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Le Grand musée égyptien tant attendu, près du complexe des pyramides de Gizeh, dans la banlieue du Caire. (Photo fournie)

Détérioration de la situation au Soudan

Le Soudan est en proie à la violence depuis que des combats ont éclaté entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) le 15 avril.

Au total, 6,3 millions de personnes ont été déplacées depuis le mois d’avril, s’ajoutant aux 3,7 millions de Soudanais qui avaient déjà fui lors de conflits précédents et aux 1,1 million d’étrangers qui avaient déjà cherché refuge au Soudan.

Plus de 1,4 million de Soudanais se sont réfugiés dans les pays voisins depuis le début du conflit. Aucune fin n’étant en vue, le conflit au Soudan se poursuivra sans aucun doute en 2024, voire au-delà.

Le Soudan figure en tête de l’Emergency Watchlist de l’International Rescue Committee (IRC) des pays les plus menacés par une aggravation de la situation humanitaire en 2024, en raison de «l’escalade du conflit, des déplacements massifs de population, d’une crise économique et d’un quasi-effondrement des services de santé».

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Environ 6,3 millions de personnes ont été déplacées par la guerre au Soudan depuis le mois d’avril. (Photo, AP)

Temple hindou à Abu Dhabi

Le premier temple hindou dans la capitale des EAU, Abu Dhabi, devrait ouvrir ses portes en février. Le temple sera inauguré par le Premier ministre indien, Narendra Modi, après la consécration et la bénédiction de sept divinités lors de prières matinales spéciales.

M. Modi avait lancé le projet en 2018 en dévoilant la première maquette montrant un monument avec sept flèches pour refléter les sept émirats. Les travaux de construction ont commencé en 2020 et la forme particulière du temple ainsi que ses pierres roses sculptées se dressent désormais dans le paysage désertique.

L’édifice sculpté à la main est construit sur un terrain de plus de 5,4 hectares donné à la communauté indienne en 2015 par le président cheikh Mohammed ben Zayed lorsqu’il était prince héritier d’Abu Dhabi.

Règlement du conflit au Yémen

Il y a des espoirs que la trêve entre la milice houthie et la Coalition pour le rétablissement de la légitimité au Yémen devienne un accord de cessez-le-feu permanent en 2024.

Une trêve de deux mois négociée par l’ONU est entrée en vigueur entre avril et octobre 2022. Toutefois, les hostilités n’ont pas repris depuis.

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Un Yéménite se tient au milieu des ruines d’une école et d’un club de bowling touchés par une frappe aérienne dans la capitale Sanaa, le 12 février 2016. (AFP)

L’Arabie saoudite a salué les «résultats positifs» des négociations avec les Houthis en septembre, après la visite d’une délégation du groupe. Toutefois, depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, la milice houthie a intensifié ses attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge.

Ces attaques ont provoqué des tensions supplémentaires, mais on s’attend largement à ce que cela retarde plutôt que cela ne fasse capoter un accord de cessez-le-feu pouvant conduire à un règlement durable du conflit au Yémen.

Enrichissement nucléaire de l’Iran

L’avancement du programme nucléaire iranien est une autre question qui devrait se poursuivre en 2024. L’Iran a continué à stocker de l’uranium enrichi à 60% tout au long de l’année 2023, ce qui lui donne la capacité d’enrichir rapidement cette matière à 90%, soit à des niveaux permettant la fabrication d’armes.

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Une photo fournie par la présidence iranienne le 8 octobre 2021 montre le président iranien, Ebrahim Raïssi (D), accompagné du chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Mohammed Eslami, visitant la centrale nucléaire de Bouchehr, au sud-est de la ville du même nom. (Présidence iranienne / AFP)

En décembre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a qualifié d’«inutile» toute tentative de relancer l’accord sur le nucléaire de 2015, qui imposait des restrictions au programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions occidentales.

L’Iran a «augmenté sa production d’uranium hautement enrichi, annulant une réduction de la production prévue pour la mi-2023», a précisé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans un communiqué publié en décembre résumant un récent rapport confidentiel destiné aux États membres.

Eau et sécurité alimentaire

La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) continuera à être confrontée à des problèmes d’eau et de sécurité alimentaire en 2024, l’Irak étant particulièrement vulnérable.

Le changement climatique et les tensions régionales ont réduit le niveau de l’eau des rivières et des nappes phréatiques, en particulier dans le sud du pays, qui est plus aride. L’ONU considère l’Irak comme le cinquième pays le plus vulnérable au changement climatique.

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Des buffles pataugent dans les eaux usées qui s’accumulent sur le lit de la rivière Diyala asséchée en Irak, considéré comme le cinquième pays le plus vulnérable du monde au changement climatique. (Photo, AFP)

Le pays arabe le plus peuplé a été confronté à des problèmes croissants de sécurité alimentaire au cours des douze derniers mois, qui se prolongeront probablement jusqu’en 2024. L’Égypte est fortement tributaire des importations de blé, dont elle est devenue le premier importateur mondial ces dernières années, afin de nourrir sa population, en particulier les pauvres, qui dépendent des subventions.

Deux événements survenus en 2023 ont particulièrement aggravé les inquiétudes de l’Égypte en matière de sécurité alimentaire: le retrait de la Russie de l’initiative céréalière de la mer Noire, négociée par l’ONU et la Turquie, et la décision de l’Inde d’imposer des restrictions à l’exportation de variétés de riz non basmati et d’autres denrées alimentaires de base.

Divisions concernant le Gerd

L’Égypte et l’Éthiopie risquent de rester enlisées dans un conflit larvé au sujet du Grand barrage de la Renaissance éthiopien (Gerd). Des années de pourparlers interrompus sur la gestion partagée du Nil se sont révélées infructueuses, laissant entrevoir la possibilité d’un conflit ouvert.

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Vue d’ensemble du Grand barrage de la Renaissance éthiopien à Guba, en Éthiopie, qui constitue une source de discorde opposant l’Éthiopie à l’Égypte et au Soudan. (Photo, AFP)

L’Égypte s’oppose depuis longtemps au projet de barrage de l’Éthiopie en raison de ses inquiétudes concernant son approvisionnement en eau. Le Soudan, un autre pays situé en aval, a lui aussi exprimé des inquiétudes au sujet de la régulation de son propre approvisionnement en eau et de ses barrages.

L’Éthiopie, qui affirme exercer son droit au développement économique, a indiqué en septembre qu’elle avait achevé la dernière phase de remplissage d’un réservoir destiné à une énorme centrale hydroélectrique installée dans le barrage sur le Nil Bleu.

En décembre, l’Égypte a déclaré que les derniers pourparlers avaient également échoué, mais qu'elle continuerait à surveiller le processus de remplissage et d’exploitation du barrage.

Persistance du commerce de Captagon

Les nombreux défis posés par le commerce illicite du stimulant communément appelé «Captagon» devraient se poursuivre en 2024.

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La guerre civile effroyable en Syrie, qui a duré une décennie, a laissé le pays fragmenté et en ruines, mais une drogue traverse toutes les lignes de front: la fénétylline, connue sous le nom commercial de «Captagon». Ce stimulant a donné naissance à une industrie illégale de 10 milliards de dollars qui soutient non seulement le régime paria du président Bachar al-Assad, mais aussi plusieurs de ses ennemis. (Photo, AFP)

On estime que la Syrie produit environ 80% de l’offre mondiale de stupéfiants, qu’elle exporte dans tout le Moyen-Orient, en particulier sur le marché du Golfe. Selon les gouvernements occidentaux, les exportations de Captagon permettent à Damas, soumise à des sanctions, d’engranger chaque année des milliards de dollars de recettes indispensables.

Les gouvernements régionaux ont intercepté plusieurs cargaisons massives de cette drogue, saisissant souvent des centaines de milliers, voire des millions de comprimés.

Le 18 décembre, la Jordanie a lancé plusieurs raids aériens transfrontaliers contre la Syrie, visant des repaires de trafiquants de drogue.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hezbollah dit recourir à de nouvelles armes dans ses attaques contre Israël

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
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  • Le Hezbollah, selon l'analyste militaire Khalil Helou, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars»
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël

BEYROUTH, Liban : Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d'exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l'Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d'Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

- Drones et missiles -

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d'exploser contre sa cible.

C'est la première fois que le mouvement annonce l'utilisation d'une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.

L'armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d'un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.

L'importance de cette arme, explique à l'AFP l'analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l'attaque depuis l'intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars».

- Missiles iraniens -

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des «drones d'attaque» contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d'Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C'est la première fois selon des experts qu'il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des «missiles guidés» et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Jihad Moughniyé, du nom d'un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d'utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichars russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.

- «Guerre d'usure» -

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d'atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n'avait «pas encore employé ses principales armes» dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d'attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais «ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s'agit d'une guerre d'usure» dans laquelle il tente de pousser l'armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de «lancer une attaque d'envergure au Liban».

 


Israël: tiraillements au sommet de l'Etat sur fond de «bataille décisive» à Rafah

Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
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  • La bataille de Rafah à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique»
  • Faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu, avertissent les experts

JÉRUSALEM : Des dissensions sont apparues au sommet de l'Etat israélien autour du scénario de l'après-guerre dans la bande de Gaza, au moment où le gouvernement affirme y mener la «bataille décisive» pour anéantir le mouvement palestinien Hamas.

En entrant dans le 8e mois de guerre, l'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol à Rafah, localité adossée à la frontière égyptienne à la lisière sud de la bande de Gaza, où se cachent, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.

Mais, la bataille à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique», s'opposant publiquement au Premier ministre qui peu avant avait écarté «toute discussion sur l'avenir de la bande de Gaza» avant que «le Hamas soit anéanti».

«Une alternative gouvernementale au Hamas va être préparée immédiatement», a martelé M. Gallant, indiquant clairement qu'il s'opposerait à ce que la bande de Gaza soit placée sous administration civile ou militaire israélienne et sommant M. Netanyahu de déclarer que ce ne sera pas le cas.

Ces propos ont suscité la colère de ministres du gouvernement, parmi lesquels les ministres des Finances Bezalel Smotrich et de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, chefs de deux petits partis d'extrême-droite, acteurs-clé de la coalition gouvernementale, qui ont appelé au départ de Gallant.

- «Prix à payer» -

«Avec les critiques de Gallant (...) des réelles fissures sont apparues au sein du cabinet de guerre israélien», estime sur X Colin P. Clarke, directeur de recherche au centre de réflexion Soufan Group.

Et, avertissent les experts, faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu.

«Sans alternative pour remplir le vide, le Hamas continuera de prospérer», indique à l'AFP Mairav Zonszein, analyste de l'International Crisis Group (ICG).

«Si le Hamas est laissé seul dans Gaza, bien sûr, il apparaîtra ici et là et l'armée israélienne sera contrainte de courir partout», abonde Emmanuel Navon, professeur à l'université de Tel-Aviv.

Les Etats-Unis, principal soutien militaire d'Israël, pressent aussi M. Netanyahu d'éviter d'être englué, après le conflit, dans une interminable campagne de contre-insurrection. Washington a estimé fin mars qu'une «Autorité palestinienne redynamisée» pouvait jouer un rôle pour «créer les conditions d'une stabilité à la fois en Cisjordanie et dans Gaza», territoires palestiniens toujours considérés comme occupés au regard du droit international.

Une idée balayée par M. Netanyahu, pour qui l'Autorité palestinienne (AP), chassée de Gaza en 2007 par le Hamas et qu'il accuse de «soutenir» et «financer le terrorisme», n'est «certainement pas» une option pour diriger la bande de Gaza.

Pour Yoav Gallant, «le +jour d'après le Hamas+ n'existera qu'avec des entités palestiniennes prenant le contrôle de Gaza, accompagnées par des acteurs internationaux».

«C'est, par dessus tout, dans l'intérêt de l'Etat d'Israël» car «l'administration militaire de Gaza deviendrait le principal effort militaire et sécuritaire» d'Israël ces prochaines années et «le prix à payer serait un bain de sang (...) ainsi qu'un lourd coût économique», a-t-il estimé.

- Combats «acharnés» -

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante menée par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Et alors qu'Israël dit avoir entamé la «bataille décisive» de Rafah, les soldats israéliens affrontent à nouveau depuis le 12 mai des combattants du Hamas dans le nord du territoire.

L'armée avait pourtant proclamé en janvier avoir «achevé le démantèlement de la structure militaire» du Hamas dans le nord. Elle admet désormais mener, à Jabaliya, ses combats «peut-être les plus acharnées» dans cette zone depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Un signe que «l'anéantissement» du Hamas, un des objectifs de la guerre, n'est peut-être pas si proche. Quant aux espoirs caressés d'une trêve négociée au Caire avec le Hamas, ils se sont évanouis avec le début des opérations dans Rafah.

L'accord de trêve «est dans une impasse totale» et «Israël fait semblant qu'il y a des progrès», explique Mme Zonszein. Les tiraillements au sommet de l'Etat, «plus les désaccords avec les Etats-Unis et le refus de l'Egypte de laisser passer de l'aide» depuis l'offensive israélienne à Rafah, «tout cela commence à faire beaucoup», ajoute-t-elle.

 


Des enfants parmi les victimes alors que les forces israéliennes intensifient leurs attaques contre le Hezbollah

Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
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  • Le Sud-Liban est confronté à une « escalade de la violence », déclare un vétéran de l'armée à Arab News
  • L'ambassade des Etats-Unis se joint aux appels à élire un nouveau président libanais pour « unir la nation »

BEYROUTH : Deux enfants d'une famille de réfugiés syriens ainsi qu’un combattant du Hezbollah ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes ayant touché une zone située à plus de 30 km à l'intérieur de la frontière sud du Liban.

Les frappes israéliennes ont ciblé les villages de Najjariyeh et Addousiyeh, tous deux situés au sud de la ville côtière de Saïda, tuant des enfants et un combattant du Hezbollah qui conduisait un camion pick-up au moment de la frappe.

En riposte à ces raids, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes en direction de la Haute Galilée, la Galilée occidentale, du bassin de la Galilée et du Golan.

Les médias israéliens ont rapporté que 140 roquettes avaient été tirées vers le nord du pays.

CONTEXTE

Le Hezbollah a échangé des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes presque quotidiennement depuis l'attaque du Hamas au sud d'Israël, le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre à Gaza,depuis déjà  huit mois.

Les tensions entre les forces israéliennes et le Hezbollah ont atteint un niveau critique avec des attaques de drones menées en profondeur dans le territoire libanais et le nord d'Israël.

Le général à la retraite Khaled Hamadé de l'armée libanaise a mis en garde contre une « escalade vers des violences plus graves dans le sud du Liban ».

Le Hezbollah insiste pour conditionner un cessez-le-feu dans le sud du Liban à la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, aucune initiative n'est prise pour arrêter les affrontements entre Israël et le Hezbollah, selon Hamadé.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir visé la base logistique Tsnobar d'Israël dans le Golan avec 50 roquettes Katyusha en réponse à la frappe sur Najjarieh.

Selon les médias israéliens, des salves de roquettes ont visé des bases militaires à Katzrin et des zones au nord du lac de Tibériade.

Deux personnes ont été blessées dans des explosions de roquettes à Karam bin Zamra dans la Haute Galilée, ont ajouté les médias.

Les caméras de surveillance à Najjarieh ont capturé un drone israélien suivant un camion pick-up alors que le conducteur, nommé Hussein Khodor Mehdi, tentait de s’enfuir.

Le premier missile lancé par le drone a raté sa cible, mais un second a frappé le camion, le mettant en feu et tuant son conducteur. Trois passants ont également été blessés.

Le Hezbollah a déclaré que Mehdi, 62 ans, était un « martyr sur la route de Jérusalem ».

La radio de l'armée israélienne a affirmé que la victime était un commandant de haut rang dans l'armée de l'air du Hezbollah et que les chasseurs de l'armée avaient visé des infrastructures du Hezbollah à Najjarieh.

La deuxième frappe aérienne a touché une salle de congrès et une usine de ciment, blessant plusieurs membres d'une famille de réfugiés syriens. Deux enfants, Osama et Hani Al-Khaled, sont décédés des suites de leurs blessures.

Le Hezbollah a revendiqué avoir visé le site militaire d'Al-Raheb avec l'artillerie et les positions israéliennes à Al-Zaoura avec une salve de roquettes Katioucha.

Selon une source sécuritaire, les dernières cibles du Hezbollah comprenaient des ballons de surveillance près de Tibériade et à Adamit en Galilée.

Tôt vendredi, le Hezbollah a attaqué le nouveau quartier général du 411e Bataillon d'Artillerie au Kibboutz Jaatoun, à l'est de Nahariyya, à l’aide de drones en réponse à la mort de deux combattants du Hezbollah, Ali Fawzi Ayoub, 26 ans, et Mohammed Hassan Ali Fares, 34 ans, la veille.

Dans son sermon du vendredi, cheikh Mohammed Yazbek, chef du Conseil de la charia du Hezbollah, a déclaré que le groupe menait « sa guerre féroce dans le nord de la Palestine, pourchassant l'ennemi, aveuglant ses opérations d'espionnage et franchissant les lignes rouges, tout en traquant ses soldats dans leurs cachettes jusqu'à ce que la guerre à Gaza prenne fin ».

L'ambassade des États-Unis au Liban a lancé une mise en garde concernant le conflit à la frontière sud et la vacance présidentielle dans le pays.

L'élection d'un président est cruciale pour garantir la participation du Liban aux discussions régionales et aux futurs accords diplomatiques concernant sa frontière méridionale, a souligné l'ambassade.

Le Liban « a besoin et mérite un président capable d’unir la nation, de donner la priorité au bien-être de ses citoyens et de former une coalition large et inclusive pour restaurer la stabilité politique et mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires », a ajouté le communiqué.

Les ambassadeurs d'Égypte, de France, du Qatar, d'Arabie saoudite et des États-Unis au Liban ont publié cette semaine une déclaration mettant en garde contre « la situation critique à laquelle est confronté le peuple libanais et les répercussions difficiles à gérer sur l'économie et la stabilité sociale du Liban en raison du retard pris dans la mise en œuvre des réformes nécessaires ».