Loin de Gaza, l'angoisse de chrétiens en quête de nouvelles de leurs proches

Des diacres chantent pendant le service de la veille de Noël à l'église catholique romaine de la Sainte Famille dans la ville de Gaza, le 24 décembre 2022. (Photo Mahmud Hams AFP)
Des diacres chantent pendant le service de la veille de Noël à l'église catholique romaine de la Sainte Famille dans la ville de Gaza, le 24 décembre 2022. (Photo Mahmud Hams AFP)
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Publié le Samedi 23 décembre 2023

Loin de Gaza, l'angoisse de chrétiens en quête de nouvelles de leurs proches

  • Le pape François a déploré que «des civils sans défense (soient) la cible de bombardements et tirs», après la mort le 16 décembre de deux femmes réfugiées dans l'église de la Sainte-Famille
  • «Il y a de la nourriture, de l'eau et de l'électricité mais seulement pour quelques jours donc ils essayent d'économiser», indique le père Ibrahim Nino, du patriarcat latin à Jérusalem

JÉRUSALEM : Khalil Sayegh vivait dans l'angoisse pour sa famille réfugiée dans la sécurité toute relative des églises de Gaza en guerre, où aucun endroit ne semble épargné par les combats. A quelques jours de Noël, il a appris le décès de son père.

M. Sayegh vit aux Etats-Unis. Lundi, ses parents et une de ses soeurs avaient pris abri dans l'église catholique de la Sainte-Famille de la ville de Gaza, celle-là même où une mère et sa fille avaient été tuées samedi dernier par des tirs israéliens, d'après le patriarcat.

Jeudi, M. Sayegh a appris que son père était décédé dans l'église, faute de médicaments et de suivi médical, le système sanitaire étant à terre surtout dans le nord de la bande de Gaza, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Je l'ai appris par un proche à Ramallah (en Cisjordanie occupée), informé par un prêtre», dit au téléphone l'homme de 29 ans, qui n'a pas pu parler directement avec les autres membres de sa famille.

Les nouvelles en provenance de Gaza sont particulièrement difficiles à obtenir depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Les télécommunications sont largement coupées, tout comme l'approvisionnement en électricité.

«Il se passe des jours entiers sans que nous ayons des nouvelles. Nous vivons dans la peur et l'incertitude, on ne sait pas s'ils sont vivants ou non, s'ils ont faim ou s'ils sont nourris, s'ils ont de l'eau», se désole M. Sayegh.

Selon le gouvernement du Hamas au pouvoir à Gaza, plus de 20.000 personnes ont été tuées en deux mois et demi dans des frappes israéliennes menées en représailles à l'attaque sanglante du mouvement islamiste, qui a fait environ 1.140 morts, d'après les autorités israéliennes.

Environ 85% de la population de Gaza, soit 1,9 millions, est déplacée, d'après l'ONU.

- «Souffrances inimaginables» -

Le pape François a déploré que «des civils sans défense (soient) la cible de bombardements et tirs», après la mort le 16 décembre de deux femmes réfugiées dans l'église de la Sainte-Famille. Israël a affirmé que des guetteurs pour le compte du Hamas se trouvaient dans le secteur.

Une autre soeur de Khalil Sayegh et sa famille sont réfugiées dans l'église Saint-Porphyre de la ville de Gaza, touchée par une frappe le 19 octobre. Elle a donné naissance à un garçon, Khader, pendant la trêve d'une semaine ayant pris fin début décembre et donné un peu de répit à la population.

«Je n'ai pas vu de photo. Tout ce que je sais c'est qu'il existe», dit Khalil Sayegh à propos de son neveu.

Selon des responsables chrétiens à Gaza, ils ne seraient plus qu'un millier à vivre aujourd'hui dans le territoire palestinien, la plupart orthodoxes, contre plus de 7.000 avant 2007 et la prise de pouvoir du Hamas suivi d'un blocus israélien.

A Washington, la vie de Khalil Sayegh semble s'être arrêtée.

«Je ne peux pas travailler normalement, à 100%. La seule chose qui me fait avancer c'est de parler de ce qui se passe, me rappeler que les gens de Gaza n'ont pas de voix», confie à l'AFP cet analyste politique.

«L'espoir semble loin et hors de portée», ont regretté les patriarches et chefs d'Eglises à Jérusalem jeudi dans leur message de Noël. «Depuis plus de deux mois et demi, la violence de la guerre a conduit à des souffrances inimaginables pour littéralement des millions de personnes dans notre chère Terre sainte».

- Noël -

Tous les trois, quatre jours, une religieuse du Saint-Rosaire de Jérusalem parvient à s'entretenir avec deux consoeurs de sa communauté, réfugiées dans l'église de la Sainte-Famille.

«Tout ce qu'elles disent c'est qu'elles vont bien, qu'il faut prier pour elles», dit-elle, préférant taire son nom.

«Personne n'a pris de douche depuis deux semaines. La situation est misérable», se désole-t-elle toutefois.

«Il y a de la nourriture, de l'eau et de l'électricité mais seulement pour quelques jours donc ils essayent d'économiser», abonde le père Ibrahim Nino, du patriarcat latin à Jérusalem.

Malgré tout, les déplacés «célébreront la messe de Noël», dit-il.

Khalil Sayegh, lui, n'a pas le coeur à la fête.

«Tu penses à (Noël) et tu rappelles que ta famille vit un moment très difficile. Je me sens vidé et épuisé».

«Je me réjouis seulement du fait que Dieu soit parmi nous», dit-il. «Il sent la douleur du peuple, de tous, pas que des chrétiens mais de tous les gens à Gaza qui connaissent faim, mort et destruction».


Washington annonce avoir arrimé la jetée à Gaza, prête à recevoir de l'aide

Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
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  • Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël
  • Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation

JERUSALEM: Les Etats-Unis ont annoncé avoir achevé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer plus d'aide dans le territoire ravagé par sept mois de guerre et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.

Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Commandement, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.

Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".

Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.

Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'Etat américain, Vedant Patel, a indiqué que les Etats-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".

Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".

"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."

A terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.

Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des Etats-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.

Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.

Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70% ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.

La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.

Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76.000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.

Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage -Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.

L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.

Depuis, l'Egypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.

Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
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  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien s’entretient avec des dirigeants arabes en marge du sommet de Manama

Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
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  • Le prince héritier a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne
  • Il a souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne»

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré plusieurs dirigeants arabes en marge du Sommet de la Ligue arabe, qui se tient aujourd’hui à Manama.

Le prince héritier s’est entretenu avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, le roi Abdallah de Jordanie, le président syrien, Bachar al-Assad, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le sommet portait essentiellement sur la guerre entre Israël et le Hamas. Le prince héritier a déclaré dans son discours que le Royaume «insistait sur la nécessité d’une collaboration continue pour faire face à l’agression brutale contre la Palestine».

Il a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne et en garantissant l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

Le prince héritier a également souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne sur la base des résolutions légitimes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe, garantissant ainsi le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com