Le Festival du film de Toronto s'ouvre avec le chant du cygne de Miyazaki

L'animateur japonais oscarisé Hayao Miyazaki s'adresse à la presse à Tokyo le 13 juillet 2015. (Photo YOSHIKAZU TSUNO / AFP)
L'animateur japonais oscarisé Hayao Miyazaki s'adresse à la presse à Tokyo le 13 juillet 2015. (Photo YOSHIKAZU TSUNO / AFP)
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Publié le Vendredi 08 septembre 2023

Le Festival du film de Toronto s'ouvre avec le chant du cygne de Miyazaki

  • Les organisateurs de l'événement, tremplin pour de nombreux films primés aux Oscars, finalisaient une série de premières, de galas et d'émissions télévisées lorsque les acteurs ont entamé un mouvement social pour de meilleures rémunérations
  • Le cinéaste français Ladj Ly présentera "Les Indésirables", qui pose un regard sur les communautés marginalisées de la banlieue parisienne quatre ans après son premier long- métrage nommé aux Oscars "Les Misérables"

TORONTO: Le plus grand festival de cinéma d'Amérique du Nord s'est ouvert jeudi à Toronto avec le lancement de ce qui est vraisemblablement le dernier film du réalisateur japonais oscarisé Hayao Miyazaki, malgré deux grèves qui paralysent Hollywood, alors que les négociations entre studios et acteurs et scénaristes n'ont toujours pas repris.

Les organisateurs de l'événement, tremplin pour de nombreux films primés aux Oscars, finalisaient une série de premières, de galas et d'émissions télévisées lorsque les acteurs ont entamé un mouvement social pour de meilleures rémunérations et conditions de travail.

Le PDG du Festival international du film de Toronto (TIFF) Cameron Bailey a estimé auprès de l'AFP que la portée mondiale de la programmation et la capacité des cinéastes et acteurs à promouvoir des pièces indépendantes, même en pleine grève, témoignent de la "force du cinéma en ce moment".

Jeudi soir Duncan Crabtree-Ireland, qui mène les négociations avec les studios et les plateformes de streaming au nom des quelque 160.000 acteurs de cinéma et de télévision affiliés à la Screen Actors Guild (SAG-AFTRA), a fait le point sur le mouvement de grève à l'ouverture du festival.

"Les studios ne sont pas revenus autour de la table. Ils n'ont pas dit vouloir revenir. (...) Depuis maintenant 56 jours", a affirmé M Crabtree-Ireland venu assister à la première du long métrage de Hayao Miyazaki "Le Garçon et le Héron", probablement son dernier pour le célèbre Studio Ghibli, à 82 ans.

"Je Ies exhorte à revenir à la table des négociations pour conclure un accord équitable. C'est la seule manière de mettre un terme à la grève", a-t-il dit, alors que le syndicat des SAG-AFTRA interdit à ses membres de promouvoir les films pendant le mouvement.

Des dérogations ont toutefois été accordées, et par ailleurs, certains films projetés à Toronto ne sont pas soumis aux grèves car ils ont été produits de manière indépendante ou internationale.

Arborant un grand badge du syndicat SAG-AFTRA sur le tapis rouge, l'actrice et productrice Patricia Arquette, qui fait ses débuts en tant que réalisatrice avec "Gonzo Girl", dont Willem Dafoe est à l'affiche et qui est projeté dans la soirée de jeudi à Toronto, a déclaré : "Nous soutenons pleinement notre syndicat, c'est une grève très importante pour nous".

Venue pour dévoiler "North Star", le premier film réalisé par l'actrice Kristin Scott Thomas, la productrice Finola Dwyer a affirmé de son côté que les stars Scarlett Johansson, Sienna Miller, Emily Beecham et la réalisatrice "auraient beaucoup aimé" être présentes, mais étaient "fermement engagées" dans le mouvement.

Mme Arquette doit recevoir un prix dimanche pour souligner son rôle de femme de premier plan dans l'industrie, qui "défie constamment les conventions et élève le discours sur l'équité salariale", selon le PDG du festival.

Baromètre des Oscars

D'autres acteurs passés derrière la caméra pour réaliser leurs derniers films comme Taika Waititi, Anna Kendrick et Ethan Hawke, sont très attendus dans la plus grande ville du Canada jusqu'au 17 septembre.

Le cinéaste français Ladj Ly présentera "Les Indésirables", qui pose un regard sur les communautés marginalisées de la banlieue parisienne quatre ans après son premier long- métrage nommé aux Oscars "Les Misérables".

La première internationale du film "The Holdovers", du réalisateur Alexander Payne ("Sideways") est aussi au programme, comme le documentaire "Lil Nas X: Long Live Montero" de la pop star Lil Nas X, l'un des nombreux films musicaux à l'affiche, avec une première mondiale d'"In Restless Dreams: The Music of Paul Simon".

Avec Venise et Telluride, Toronto est une étape clé des festivals d'automne, où de nombreux prétendants aux récompenses américaines se dévoilent lors de premières millimétrées.

Le prix du public du TIFF s'est imposé ces dernières années comme un baromètre important dans la course aux Oscars: deux de ses lauréats, "Nomadland" et "Green Book: Sur les routes du sud", ont remporté l'Oscar du meilleur film après avoir été remarqués à Toronto.

Vendredi aura lieu la première de "Dumb Money", avec Seth Rogen et Paul Dano, qui revient sur la rébellion de milliers de boursicoteurs en 2021 pour faire monter l'action des magasins de jeux vidéo GameStop face aux fonds d'investissement pariant sur sa chute.

Samedi, Robert De Niro incarnera lui dans "Ezra" un père qui voit son fils revenir vivre sous son toit, après le naufrage de sa carrière et de son mariage.

Parmi les autres premières mondiales: "Knox Goes Away", de Michael Keaton, qui met en vedette Al Pacino.


Jean Paul Gaultier nomme Ameni Esseibi première ambassadrice régionale de sa gamme de parfums

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo,  fournie)
Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo, fournie)
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  • «Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué
  • Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris

DUBAÏ: La marque de luxe française Jean Paul Gaultier a annoncé que la mannequin tunisienne Ameni Esseibi a été nommée pour la première fois ambassadrice régionale de la gamme de parfums de la marque.

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient, a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne, en portant divers ensembles.

Parmi ces ensembles figurait une robe bleue moulante ornée de motifs floraux roses. Sur un autre cliché, elle est vêtue d’une combinaison de la même couleur, avec des imprimés géométriques jaunes, orange, violets et roses.

Elle a également revêtu une robe noire ainsi qu’une robetransparente beige et or superposée sur une simple base noire.

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Ameni Esseibi a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne. (Photo fournie)

«Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué. «C’est un peu comme une famille. Son identité incarne tout ce que je représente: la rébellion, la force, l’audace, l’intrépidité, la sensualité et une touche de scandale.»

«En grandissant, le parfum préféré de ma mère était de la marque Jean Paul Gaultier, ce qui en fait un élément précieux de ma vie. Je suis très honorée d’entrer dans l’Histoire en tant que première ambassadrice arabe dans la région et cette marque fera toujours partie intégrante de ma carrière», ajoute-t-elle.

Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris.

Elle a ensuite travaillé avec plusieurs marques réputées, dont H&M, et elle a figuré dans les pages de nombreuses publications.

En 2022, l’Arab Fashion Council, une organisation à but non lucratif représentant l’industrie de la mode au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a nommé la mannequin basée à Dubaï comme ambassadrice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Algérie: entre hockey et croquet, un jeu traditionnel pour fêter le printemps

Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
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  • Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye
  • Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la «Fatiha» est récitée avant chaque partie

BLIDA: Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères.

"Nous l'avons hérité de nos ancêtres, il y a longtemps. Il est pratiqué par nos tribus berbères. Nous y jouons chaque année à l'arrivée du printemps, sept fois pendant le mois de mai", raconte fièrement à l'AFP Ahmed Yettou, 22 ans, un jeune villageois.

Il se joue avec le "medjghaf", mot berbère pour désigner la crosse en bois et une balle ("thakourth") balle taillée dans le bois dur de bruyère.

Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye. Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la "Fatiha" est récitée avant chaque partie.

"Ce jeu, nous l'avons appris de nos pères et grands-pères dès notre enfance. Aujourd'hui nous cherchons à le faire connaître à la nouvelle génération", confie Rabeh Zaghmim, 68 ans, un joueur de thakourth.

Extension de la nature 

"Nous préparons manuellement les +Medjghaf+, ces bâtons utilisés pour jouer (de taille différente) selon les âges et (qui restent) légers afin que tout le monde puisse jouer confortablement. Si Dieu le veut, eux (les jeunes) et leurs proches continueront à s'entraîner et à jouer", explique M. Zaghmim.

"Nous préférons les petits troncs car ils sont faciles à manipuler, contrairement aux grands", explique Omar Darbal, 50 ans, un autre joueur, qui fabrique "six ou sept balles (par saison) selon le nombre de semaines de jeu".

Le but du jeu, qui se pratique avec une équipe se trouvant à l'est d'un terrain et l'autre à l'ouest, est de ramener la balle dans le camp adverse. Il exige une grande force physique pour courir et frapper fort avec le "Medjghaf" dans la balle en bois.

Le contact direct est interdit mais il est possible de frapper la crosse de l'adversaire. Si un joueur parvient à faire s'envoler la balle et à l'attraper pour l'envoyer dans le camp adverse, son équipe marque le point. Ainsi de suite jusqu'au score de sept points.

"Ce jeu est une extension de la nature, il symbolise l'accueil et la joie à l'arrivée du printemps", souligne l’historienne et chercheuse en patrimoine, Radhia Beljedoui.

Le jeu peut aussi servir à résoudre des problèmes entre des gens "qui passent parfois un an sans se voir", souligne Omar Hamadouch, 76 ans.


Le film Everybody Loves Touda, présenté à Cannes, est un brillant exemple du travail de Nabil Ayouch

Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
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  • La projection du film s’est terminée par une standing ovation
  • Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur

CANNES: Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire, Touda (Nisrin Erradi), qui estime que «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir».

Dans la petite ville dans laquelle elle habite, elle apporte de la musique et de la gaieté, et ses danses répandent la bonne humeur parmi son public. Cependant, elle fait bientôt l'objet d'une attention non désirée.

La projection du film s’est terminée par une standing ovation et la quatrième participation de M. Ayouch au festival a semblé susciter bien plus d'intérêt de la part du public que les années précédentes. En 2012, son drame Les Chevaux de Dieu, acclamé par la critique, a été présenté dans la section «Un certain regard», deuxième en importance après la compétition principale et largement considérée comme une plate-forme pour le cinéma expérimental. Mais Nabil Ayouch a également présenté un film dans la section «En compétition» pour la très convoitée Palme d’or : sorti en 2021, son long-métrage Haut et Fort, le premier film marocain depuis 1962 à concourir pour cette distinction, a fait sensation.

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Maryam Touzani et Nabil Ayouch lors de la séance photo du film Everybody Loves Touda au 77e festival de Cannes. (Getty Images)

Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur. Bien que M. Ayouch ait écrit le scénario avec Maryam Touzani (Le Bleu du caftan), afin probablement d’adoucir son histoire, Touda se caractérise par une détermination exceptionnelle. Cherchant à s’installer à Casablanca, où son fils sourd aurait une meilleure scolarité et où elle pourrait elle-même trouver de meilleures opportunités, Touda se met à chanter dans les boîtes de nuit des villages, supportant avec un sourire le regard lubrique des hommes ivres d’illusion.

Ce n’est pas la première fois que Nabil Ayouch dépeint les femmes dans des situations aussi précaires. Son film Whatever Lola Wants, sorti en 2008, raconte les épreuves d’une employée des postes à New York qui rêve de devenir danseuse orientale en Égypte. Quant à Much Loved (qui a été présenté dans la section «La Quinzaine des cinéastes»), il a déclenché un tollé en raison de son exploration de la prostitution au Maroc.

La musique du film, composée par Flemming Nordkrog, est très entraînante, mais Touda chante aussi des chansons folkloriques sur la libération et sur d’autres formes de droits de la femme. La performance captivante de l’actrice fait briller le récit: Nisrin Erradi a une présence remarquable à l’écran, ce qui rend le film particulièrement agréable à regarder.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com