«Au-delà des différences», Arab News en français célèbre trois années de présence en ligne

Arab News en français célèbre ce 14 juillet 2023 son troisième anniversaire (Photo fournie).
Arab News en français célèbre ce 14 juillet 2023 son troisième anniversaire (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 14 juillet 2023

«Au-delà des différences», Arab News en français célèbre trois années de présence en ligne

  • Partageant avec Arab News une ligne éditoriale fidèle à des valeurs d’inclusivité, d’impartialité et de vérité, Arab News en français s’est donné pour slogan «Au-delà des différences»
  • L’idée des fondateurs était de jeter des ponts entre le monde arabe et la France en contribuant à faire circuler l’information dans les deux sens

DUBAÏ: Le 14 juillet 2020, tandis que, à Paris, la tour Eiffel se parait des feux d’artifice de la fête nationale française, sur le Burj Khalifa de Dubaï apparaissait le logo d’Arab News en français.

Ce jeune site d’information francophone rejoignait Arab News, l’un des vétérans de la presse saoudienne, fondé en 1975. Partageant avec ce grand frère une ligne éditoriale fidèle à des valeurs d’inclusivité, d’impartialité et de vérité, Arab News en français s’est donné pour slogan «Au-delà des différences».

L’idée des fondateurs était, dans la foulée des grands projets de modernisation menés tambour battant par l’Arabie saoudite avec la Vision 2030 de son prince héritier, Mohammed ben Salmane, de jeter des ponts entre le monde arabe et la France en contribuant à faire circuler l’information dans les deux sens. Abattre les obstacles de l’ignorance et des préjugés devenait pour Arab News en français, au-delà de l’information, une mission.

Le 14 juillet 2020, sur le Burj Khalifa de Dubaï apparaissait le logo d’Arab News en français (Photo, AFP).

L’épreuve du feu

À peine lancé, ce jeune média passait un mois plus tard son épreuve du feu avec la terrible double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Une couverture de terrain, qui proposait tous les angles possibles, prouvait la rapidité d’adaptation des équipes nouvellement formées à toutes les situations.

Très vite, bénéficiant du partenariat d’Arab News avec l’institut de sondage YouGov, Arab News en français partageait avec son audience, outre les intentions de vote des citoyens arabes des États-Unis à la veille de l’élection présidentielle ou les marques préférées sur la scène industrielle arabe, un sondage sur l’intégration en France: «Comment les Français d'origine arabe sont-ils perçus?» Ce sondage, qui lui a valu un record d’audience, était suivi d'une table ronde d'experts intitulée «L'Intégration en France: problème de perception ou crise systémique? L'avis des experts». Ces couvertures offraient déjà au lecteur étranger une vision interne de la sensibilité des sociétés arabes, du politique à l’économique, en passant par la culture.

Ainsi, dès janvier 2021, Arab News en français couvrait en direct la révolte des jeunes Tunisiens, dans un contexte d’économie en panne, contre le pouvoir du président, Kaïs Saïed, qui ne parvenait pas à tenir ses promesses. Cette couverture intensive et précise a valu à notre site d’information une explosion d’audience en Tunisie.

En octobre 2021 était assassiné en France, à Conflans-Sainte-Honorine, le professeur Samuel Paty. Tué à l’arme blanche et décapité par un intégriste tchétchène, cet enseignant avait montré à ses élèves, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, des caricatures offensantes du prophète Mahomet parues dans Charlie Hebdo. Une fois de plus, Arab News en français jouait, que ce soit à travers la couverture de cet événement ou derrière la signature de ses éditorialistes, son rôle de médiateur, donnant la parole à toutes les opinions.

La double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020 (Photo, AFP).

La France et l’Arabie saoudite, une histoire d’amitié

En décembre de la même année, Arab News en français assurait la couverture de la visite-événement du président français, Emmanuel Macron, en Arabie saoudite, premier pas d’un nouveau parcours d’amitié et de coopération entre les deux pays, sous le signe de la culture et de l’économie notamment. La France, présente depuis longtemps sur le terrain des fouilles archéologiques d’AlUla, est en première en ligne pour le développement touristique et culturel de cette oasis antique de la dimension de la Belgique. Cette ville morte et chargée d’histoire, important carrefour sur la route de l’encens il y a plus de deux mille cinq cents ans, est le site d’un projet pharaonique qui s’inscrit dans le cadre de la futuriste Vision 2030 du Royaume.

Dès lors, Arab News en français reflétera pas à pas l’évolution de la relation bilatérale, notamment la vision commune des deux pays face au changement climatique, avec le développement des énergies propres, comme on l’a vu récemment avec la signature conjointe, le 9 juillet 2023, de la feuille de route de coopération franco-saoudienne sur l’hydrogène et l’énergie renouvelable.

Présence et diversité

Le 1er février 2022, un accident tragique, survenu à Chefchaouen, au Maroc, allait occuper le monde entier et le monde arabe en particulier. Un enfant de 5 ans, Rayan Aourram, qui jouait devant sa maison, tombe dans un puits profond destiné à la collecte d’eau de pluie. Après cinq jours d’efforts des secouristes, l’enfant est retrouvé mort. Arab News en français avait suivi heure par heure les progrès des secours.

La longue crise de la Covid-19; l’élection présidentielle en France, en avril 2022; l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre et ses répercussions mondiales qui s’ensuivent, depuis février 2022; la visite du président Emmanuel Macron en Algérie en août 2022 et les efforts de réconciliation franco-algériens; la Coupe du monde de football au Qatar sous l’angle français et maghrébin, en novembre 2022; le conflit au Soudan, déclenché en avril 2023, éclairé par Arab News en français à travers des interviews exclusives, et jusqu’aux récentes manifestations en France en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nantes suite à un refus d’obtempérer… Autant d’événements qui ont permis à ce site d’information de prouver sa capacité à aller «au-delà des différences» en n’ayant de cesse de proposer des liens entre le monde arabe, la France et l’ensemble du globe et en donnant la parole aux opinions les plus diverses.

La culture a été depuis le départ un pilier de la mission d’Arab News en français, notamment grâce à un partenariat privilégié avec l’Institut du monde arabe (IMA), basé à Paris. Avec près de trois cent mille francophones recensés en Arabie saoudite grâce aux efforts de l’ambassade de France au Royaume et son ambassadeur, Ludovic Pouille, véritable moteur de cette dynamique, Arab News en français a gagné en Arabie saoudite même un grand nombre de lecteurs. Il a aussi bien couvert les Mois de la francophonie que les événements du 14-Juillet sous le ciel d’Arabie. Du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) au Festival de Cannes, en passant par le Festival international du film de Marrakech et par celui de la mer Rouge, nos plus brillants journalistes étaient présents pour réaliser des interviews avec les décideurs ainsi qu’avec les créateurs, faisant part de la richesse de productions artistiques situées à la croisée des cultures.

AlUla est le site d’un projet pharaonique qui s’inscrit dans le cadre de la futuriste Vision 2030 du Royaume (Photo, AFP).

Un trait d’union

Sur le site d’Arab News en français, l’économie, trait d’union entre les États et base des principaux accords de coopération, tient une place à part. Des articles de fond permettent de suivre au plus près les grands mouvements des marchés, les répercussions des événements climatiques et géopolitiques ainsi que les perspectives à court ou long terme.

Enfin, Arab News en français s’est efforcé d’apporter une valeur ajoutée avec des tribunes rédigées par des personnalités importantes, des interviews d'experts, des angles originaux ainsi que des interviews de personnalités politiques et officielles, d'artistes, de réalisateurs, de commissaires d'exposition, en France comme dans l’ensemble du monde arabe.

Après trois ans, le résultat est une audience en croissance exponentielle, en France et dans les pays francophones principalement arabes. Voilà qui montre qu’il est possible de renforcer les ponts entre l’ensemble de ces pays, de ces sociétés et de ces cultures au-delà des différences, avec la langue française en guise de magnifique catalyseur.


Décès de Jean-Claude Gaudin, longtemps maire et incarnation de Marseille

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
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  • S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées
  • Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues

MARSEILLE: Jean-Claude Gaudin, ancien maire de Marseille, la deuxième ville de France qu'il a incarnée et dirigée pendant 25 ans, et longtemps figure de la vie politique à droite, est décédé dimanche à l'âge de 84 ans.

"Jean-Claude Gaudin n'est plus. Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l'accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues (quartier du sud de Marseille, ndlr) s'était hissé aux plus hauts postes de la République qu'il a servie. Je pense à ses proches et aux Marseillais", a écrit le président Emmanuel Macron sur le réseau social X.

L'ancien maire a été victime d'un arrêt cardiaque dans la matinée dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie et n'a pu être ranimé par les pompiers, a indiqué à l'AFP une source de son entourage, précisant que Jean-Claude Gaudin était "fatigué" mais que "rien ne laissait présager" son décès soudain.

Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues, a précisé cette source.

Les drapeaux de la mairie centrale de Marseille, sur l'emblématique Vieux-Port, ont été mis en berne, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ancien sénateur, député et ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration sous Jacques Chirac entre 1995 et 1997, Jean-Claude Gaudin a surtout été maire de Marseille, la ville où il est né, de 1995 à 2020.

S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées pour leur "immobilisme" par ses adversaires, et même certains alliés, et marquées par la tragédie de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres d'un quartier populaire du centre - dont un propriété de la Ville - s'effondrent. Huit personnes meurent ensevelies.

L'onde de choc révèle l'ampleur du logement indigne dans une ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis. Les associations accusent la mairie d'avoir ignoré les alertes. Dans la foulée, des milliers de personnes sont évacuées de logements déclarés en "péril imminent".

"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", avait confié à l'AFP Jean-Claude Gaudin.

«Sa trace restera»

Deux ans plus tard, alors que ses héritiers potentiels à droite étaient divisés, certains ayant rejoint Emmanuel Macron, une coalition gauche-écologistes-société civile remportait la mairie après des élections municipales à rebondissements.

L'actuel maire divers gauche, Benoît Payan, qui ne ménageait pas ses critiques dans l'opposition et a souvent assuré avoir récupéré avec ses équipes une ville dans un état "lamentable", lui a rendu hommage sur X: "Jean-Claude Gaudin paraissait insubmersible. Son départ me peine infiniment. A celui qui aimait tellement Marseille, son histoire et ses habitants, je veux rendre un hommage ému et sincère. Il manquera à cette ville. Sa trace restera."

"Jean-Claude Gaudin était comme un père pour moi, tout le monde le sait mais je veux l'écrire. Un grand homme d'État, un inoubliable maire de Marseille dans notre Histoire bimillénaire, et surtout un homme avec un cœur énorme", a réagi de son côté sur X Martine Vassal, son "héritière" présomptive et malheureuse pour la mairie au 2020, aujourd'hui présidente de droite du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence.

"Il a servi cette ville et a su l'incarner, avec un talent exceptionnel. Il a aussi servi la France, son pays, et il fut un grand maire. Il laissera une trace indélébile," a réagi le président le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance), qui fut son premier adjoint pendant plus de 10 ans et avait un temps espéré lui succéder à la mairie.

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a salué, "derrière cette vie consacrée à la chose publique (...) l'homme de coeur et l'amoureux de sa chère ville de Marseille". Catholique affiché, Jean-Claude Gaudin avait assisté aux premières loges à la visite du pape François en septembre dans la cité phocéenne, souvent aux côtés de M. Payan et du cardinal Aveline, qui le qualifie dans son hommage "d'ami toujours fidèle".

Le président des LR Eric Ciotti a salué un homme qui "aimait Marseille plus que tout". "J'aimais sa gouaille. J'admirais son courage. J'écoutais ses conseils. Je suis fier d’avoir travaillé à ses côtés. Ma peine est immense, je perds un ami".


La Nouvelle-Calédonie toujours en proie aux blocages avant un Conseil de défense à Paris

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
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  • Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris
  • Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

NOUMEA: Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris par le président Emmanuel Macron.

Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

"La situation est vraiment préoccupante", a déclaré lundi le chef du gouvernement australien Anthony Albanese à la télévision ABC.

De même que la Nouvelle-Zélande, Canberra a demandé durant le week-end à pouvoir poser des avions afin de pouvoir rapatrier ses concitoyens, alors que l'aéroport est toujours fermé aux vols commerciaux.

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel.

Après une semaine d'émeutes et un bilan de six morts, aucune issue proche à la crise sécuritaire et politique ne semble se dessiner lundi, jour férié. En cause, une réforme du corps électoral contestée par les représentants du peuple autochtone kanak qui redoutent une réduction de leur poids.

Malgré une vaste opération des forces de l'ordre lancée dimanche, les voies de communication restent bloquées lundi là où les émeutiers ont installé leurs barrages, notamment dans l'agglomération de Nouméa et sur la route d'une cinquantaine de kilomètres qui mène à l'aéroport international.

« On a remis le barrage »

A la sortie de Nouméa, la chaussée du début de la voie express est impraticable, le bitume ayant fondu après l'incendie de nombreux véhicules, a constaté une journaliste de l'AFP. Ailleurs, la route reste encombrée à de nombreux endroits de carcasses de voitures brûlées, ferraille et bois entassés.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, s'est pourtant félicité lundi du "succès" du début d'une vaste opération de la gendarmerie contre les barrages sur cette route, lancée à l'aube dimanche, faisant état de "76 barrages neutralisés".

D'autres actions des unités d'élite de la police et de la gendarmerie ont été annoncées dans des zones considérées par les autorités comme des "points durs", dans les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta notamment.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des bruits de grenades de désencerclement, utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les émeutiers, ainsi que des cris évoquant des affrontements ont été entendus dans le quartier d'Auteuil à Dumbéa, dans l'agglomération de Nouméa, selon un correspondant de l'AFP.

Et dans la "capitale" calédonienne, des détonations importantes ont résonné dans les quartiers de Magenta et Tuband, selon une autre journaliste de l'AFP.

Lundi matin, la zone industrielle où se trouve la Société du nickel, dans le quartier de Montagne coupée à Nouméa, a vu l'incendie d'un entrepôt dont se dégageait une épaisse fumée noire.

Les gendarmes "sont passés, ils ont déblayé, et nous, on est restés sur le côté", a confié dimanche à l'AFP Jean-Charles, la cinquantaine, tête enturbannée d'un foulard et drapeau kanak à la main à La Tamoa, à quelques kilomètres de l'aéroport. "Une fois qu'ils sont passés, on a remis le barrage".

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne), dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois Kanak (autochtones), dans l'agglomération de Nouméa.

Risque d'«escalade»

Les forces de l'ordre estiment le nombre d'émeutiers entre 3.000 et 5.000.

"Nous restons dans une démarche pacifique", a indiqué dans un communiqué lundi la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), collectif indépendantiste accusé par les autorités d'attiser les violences.

La CCAT se défend en indiquant qu'elle a seulement appelé à des barrages "filtrants", qui laissent le passage à certains véhicules, y compris les pompiers ou ambulances à toute heure, et en arrêtent d'autres.

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde, a appelé lundi à la retenue. "Moi j'ai peur qu'on ne franchisse une escalade supplémentaire, parce que s'il commence à y avoir des tirs ça veut dire que les gens bien sûr, on le sait, sont armés", a-t-elle déclaré sur la chaîne BFMTV.

Pour le Haut-commissaire de la République, les dégâts contre les infrastructures (écoles, pharmacies, commerces...) pénalisent lourdement la population. "On commence à manquer de nourriture", a-t-il prévenu dimanche.

Couvre-feu 

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18h00 et 6h00, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et le bannissement de l'application TikTok.

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak", selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi.

Ce texte doit encore être voté par les parlementaires réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique des JO de Paris, prévu le 11 juin sur l'île, a été annulé.

Le territoire du Pacifique Sud est stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie-Pacifique et de par ses riches ressources en nickel, minerai indispensable à la fabrication des véhicules électriques notamment.


Vaste opération des forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie, après six morts dans des émeutes

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024.  (Photo Delphine Mayeur / AFP)
Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
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  • Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X
  • Sur la route vers l’aéroport, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient

NOUMÉA, France : L'Etat français a lancé dimanche une vaste opération des forces de l'ordre dans son archipel du Pacifique Sud de Nouvelle-Calédonie pour dégager la route vers l'aéroport, après six morts en six jours d'émeutes contre une réforme électorale.

Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X.

Une urgence pour les autorités, d'autant que la Nouvelle-Zélande a annoncé dimanche avoir demandé à la France de pouvoir poser des avions, afin de rapatrier ses ressortissants.

«Nous sommes prêts à décoller, et attendons l'autorisation des autorités françaises pour savoir quand ces vols pourront avoir lieu en toute sécurité», a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Winston Peters.

En l'absence de vols depuis et vers la Nouvelle-Calédonie, suspendus depuis mardi, le gouvernement de l'archipel estimait samedi que 3.200 personnes étaient bloquées, soit parce qu'elles ne pouvaient pas quitter l'archipel, soit parce qu'elles ne pouvaient pas le rejoindre.

- Plus de 3.000 personnes bloquées -

Pour déblayer la route vers l'aéroport, un convoi constitué notamment de blindés et d'engins de chantier à quitté Nouméa, dans un premier temps vers Païta.

Mais des journalistes de l'AFP ont constaté que dimanche à la mi-journée, à Nouméa et dans les communes avoisinantes, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient.

«On est prêt à aller jusqu’au bout, sinon à quoi bon?», a dit un manifestant à l'AFP sur un barrage à Tamoa.

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi après-midi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois civils kanaks, dans l'agglomération de Nouméa.

Dans un communiqué dimanche matin, le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a fait cependant état d'une nuit «plus calme», soulignant que l'Etat se mobilisait.

«Au total, 230 émeutiers ont été interpellés» en près d'une semaine, a-t-il précisé.

Reprendre le contrôle par la force devrait être un travail de longue haleine pour les forces de l'ordre. La violence dans certains quartiers chaque nuit montre que les émeutiers restent très déterminés.

«La réalité c'est qu'il y a (...) des zones de non-droit (...) qui sont tenues par des bandes armées, des bandes indépendantistes, de la CCAT. Et dans ces endroits, ils détruisent tout», affirmait samedi sur BFMTV le vice-président de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Blaise.

La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est une organisation indépendantiste radicale accusée d'inciter à la plus grande violence.

- «Ingérences» -

Nouvel exemple des troubles dans la nuit de samedi à dimanche: d'après la chaîne de télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, la médiathèque du quartier de Rivière salée à Nouméa a été incendiée.

Interrogée par l'AFP, la mairie de Nouméa a répondu dimanche matin n'avoir «aucun moyen pour le moment de le vérifier, le quartier étant inaccessible».

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), estimait samedi sur BFMTV que la situation était «loin d'un retour à l'apaisement». «Est-ce qu'on peut dire qu'on est dans une ville assiégée? Oui, je pense qu'on peut le dire», ajoutait-elle.

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18H00 et 6H00 (7H00 et 19H00 GMT), l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool, et le bannissement de l'application TikTok.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique en Nouvelle-Calédonie prévu le 11 juin a été annulé.

Pour la population, se déplacer, acheter des produits de première nécessité et se soigner devient plus difficile chaque jour. De moins en moins de commerces réussissent à ouvrir, et les nombreux obstacles à la circulation compliquent de plus en plus la logistique pour les approvisionner, surtout dans les quartiers les plus défavorisés.

Dimanche matin, la province Sud, qui regroupe près des deux tiers de la population, a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées dans la semaine.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak, qui redoutent une réduction de leur poids électoral.

Sans faire de lien direct avec les violences, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, Bakou dénonçant des accusations «infondées».

Le sénateur français Claude Malhuret, rapporteur d'une commission d'enquête sur TikTok, interdit sur l'archipel en raison des émeutes, a lui estimé qu'il fallait plus craindre «des ingérences de la Chine» qui «veut être dans son pré carré en mer de Chine mais également prépondérante dans le Pacifique». «Elle a besoin de nickel pour produire ses batteries», a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP, en référence au minerai brut dont l'archipel détient 20 à 30% des ressources mondiales.