Présidentielle 2022 : participation en baisse de trois points au premier tour à midi

Des citoyens français arrivent pour voter à l'école franco-américaine de Burbank, en Californie, le 9 avril 2022 (Photo, AFP).
Des citoyens français arrivent pour voter à l'école franco-américaine de Burbank, en Californie, le 9 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 10 avril 2022

Présidentielle 2022 : participation en baisse de trois points au premier tour à midi

  • Le sortant centriste Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen sont favoris pour le second tour du 24 avril
  • Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon

PARIS : L'heure du choix est venue, dimanche matin, pour 48,7 millions d'électeurs convoqués au premier tour de l'élection présidentielle, après des mois d'une campagne étrange, qui n'aura pas passionné et fait craindre une forte abstention confirmée dès midi. 

La participation au premier tour de l'élection présidentielle dimanche s'est établi à 25,48% à 12h00, soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%) et qu'en 2012 (28,3%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

La participation à 12H00 est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l'abstention à un premier tour d'élection présidentielle.

Les cinq départements ayant le plus voté à midi sont la Saône-et-Loire (39,05%), le Gers (37,71%), l'Ardèche (35,55%), la Dordogne (34,63%) et le Vaucluse (32,64%).

Les cinq départements qui se sont le moins mobilisé sont la Seine-Saint-Denis (14,71%) , Paris (15,34%), le Val d'Oise (18,82%), l'Essonne (18,89%) et les Hauts-de-Seine (19,13%).

La participation aux élections régionales de juin 2021, historiquement basse, s'était élevée à 12,22% à 12H00. Au premier tour des élections municipales de 2020, organisé alors qu'explosait la première vague de Covid-19 en France, elle avait atteint 18,38%.

Après une partie de l'outre-mer samedi, l'ouverture des bureaux de vote a eu lieu à 08H00 en métropole. Le verdict des urnes est attendu à 20H00, avec les premières estimations des instituts de sondage.

D'ici-là, les caméras captureront le vote des candidats dans leurs fiefs respectifs, dans le silence auquel la loi les astreint depuis vendredi soir. La plupart feront leur devoir civique tôt dans la matinée avant de regagner leurs QG de campagne à Paris.

Le sortant centriste Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen sont, comme il y a cinq ans, les favoris pour se qualifier pour le second tour du 24 avril, avec l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon en embuscade dans le rôle du 3e homme.

Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon -ces deux derniers ayant été en progression continue dans la fin de campagne.

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Les électeurs plus indécis que jamais

Les dix autres prétendants semblent relégués, et notamment les candidates des deux partis qui ont dominé pendant des décennies la vie politique en France, Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti socialiste). 

L'incertitude demeure notamment car, prévient le politologue Pascal Perrineau, "c'est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d'opinion, à peu près un Français sur deux".

Les politologues n'excluent pas, ainsi, qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.

Nombre d'analystes redoutent aussi que le record d'abstention de 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, puisse être battu. Avec 22,2% d'abstention, 2017 n'était déjà pas un bon millésime.

Avant même l'issue du premier tour, plusieurs candidats se sont projetés dans la perspective d'un duel Macron-Le Pen au second tour, faisant apparaître des fissures dans le "front républicain" face à l'extrême droite - un "front" qu'Emmanuel Macron n'avait d'ailleurs pas invoqué en 2017.

Commencée alors que le pays subissait une vague de Covid-19, la campagne s'est poursuivie avec la toile de fond angoissante de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, aussitôt suivie d'une forte hausse des prix de certains produits, en particulier l'énergie.

 

 

 

Élection présidentielle: forte abstention en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie

Le taux de participation au premier tour de la présidentielle a fortement chuté dans plusieurs territoires d'outre-mer, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, qui votaient en avance, mais il est en légère augmentation en Guadeloupe et à la Martinique. 

Le vote a commencé dès samedi dans les Antilles françaises, en Guyane (Amérique du Sud), à Saint-Pierre et Miquelon (archipel français d'Amérique du Nord) et en Polynésie française (Pacifique Sud). Il est également achevé en Nouvelle-Calédonie qui a 10 heures d'avance avec l'Hexagone.

Les plus forts taux d'abstention se retrouvent dans le Pacifique: en Polynésie française, seuls 23,78% de votants s'étaient déplacés à 17H00, selon l'estimation du Haut-commissariat. Ils étaient 43,97% à s'être déplacés en 2017, à la même heure.

En Nouvelle-Calédonie, le taux de participation à 17H00, deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, était de 33,04% contre 41,80% cinq ans auparavant, selon le haut-commissariat de la République. A Wallis et Futuna, il était de 44,92% à 17H00, contre 49,15% en 2017. 

À la même heure, Saint-Pierre et Miquelon enregistrait un taux de participation de 44,40%. 

En Guadeloupe en revanche, le taux de participation à 17H00 samedi atteignait 37,08%, contre 34,17% lors de la présidentielle de 2017, à la même heure. Ce taux était également en légère hausse en Martinique avec 35,1% de participation à 17H00, contre 34,82% en 2017.

A la Réunion, île de l'océan indien qui a commencé à voter deux heures avant l'Hexagone, le taux de participation était de 20,65% à 12H00, contre 18,94% en 2017. 

A Mayotte également le taux de participation était en légère hausse à 12H00, à 16,98% contre 14,66% en 2017 à la mi-journée.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.

Pour conjurer l'indécision et l'abstention, les candidats se sont démultipliés la dernière semaine de campagne: derniers grands meetings, exposition médiatique, ultimes déplacements sur le terrain. 

Présidentielle: les Français aux urnes, la participation en baisse à midi

Entre doutes et abstention, et après des mois d'une campagne atypique, les Français votent dimanche au premier tour de l'élection présidentielle, où la participation s'annonce à la mi-journée en retrait par rapport à 2017.

Au bureau de vote 607 de Marseille, certains ont longtemps hésité sur le bulletin à glisser dans l’enveloppe : "Sur les 12, j’en avais sélectionné 4 hier soir, et je me suis décidée ce matin", explique Françoise Reynaud, 55 ans.

La participation à midi s'établit à 25,48%, soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%) et qu'en 2012 (28,3%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur

En ce dimanche ensoleillé partout dans le pays, quelque 48,7 millions d'électeurs départagent les douze candidats à l'Elysée. Le verdict des urnes est attendu à 20H00, avec les premières estimations des instituts de sondage.

Elle est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l'abstention à un premier tour d'élection présidentielle.

Le sortant centriste Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN) sont, comme il y a cinq ans, les favoris pour se qualifier au  second tour le 24 avril, avec Jean-Luc Mélenchon (LFI) en embuscade dans le rôle du 3e homme. 

Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettaient entre 25 et 28% des voix à M. Macron, 21,5 à 24% à Mme Le Pen, et de 16 à 18% à M. Mélenchon -ces deux derniers ayant été en progression continue dans la fin de campagne.

La forte indécision des électeurs fait que les politologues n'excluent pas qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.

A Libourne, 25 000 habitants dans la banlieue viticole de Bordeaux, vers 8h30, "on voit qu'il y a du monde, il y a de la mobilisation, par rapport aux autres élections comme les européennes ou les régionales", constate Laurence Rouède, 1ere adjointe au maire qui préside le bureau de l'hôtel de ville. "Et on a eu 24 procurations, ce qui est la fourchette haute". 

A Marseille, les yeux pétillants de fierté, Ali Msaidie sort du bureau de vote de l’école élémentaire Saint-Charles 2, à proximité de la gare du même nom, dans un quartier populaire. 

Il vient juste de déposer son bulletin dans l’urne, disposée dans une salle de classe décorée de dessins d’enfants puis de passer le hall où est accrochée une grande carte de France. 

A 53 ans, c’est la première fois que cet accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) a le droit de voter pour une élection présidentielle en France, pays où il vit depuis 21 ans. 

"Je me suis battu tellement d’années pour être naturalisé, avoir la nationalité française. C’est la première fois que je peux voter pour une présidentielle, c’est tellement important pour moi de pouvoir faire partie de ceux qui choisissent !", dit à l’AFP, cet homme né aux Comores.   

Les électeurs plus indécis que jamais

Parmi les prétendants semblant loin du second tour figurent les candidates des deux partis qui ont dominé pendant des décennies la vie politique en France, Valérie Pécresse (Les Républicains) et Anne Hidalgo (Parti socialiste). 

L'incertitude demeure car, prévient le politologue Pascal Perrineau, "c'est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d'opinion, à peu près un Français sur deux".

Commencée alors que le pays subissait une vague de Covid-19, la campagne s'est poursuivie avec en toile de fond angoissante l'invasion de l'Ukraine par la Russie, suivie d'une forte hausse des prix de certains produits, en particulier l'énergie.

Le président sortant, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais lui aussi a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une courte visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.

Marine Le Pen, qui a effectué son dernier déplacement vendredi dans l'Aude, a enclenché une dynamique ascendante après avoir été inquiétée par son rival d'extrême droite Eric Zemmour, se consolidant à la seconde place puis resserrant progressivement l'écart avec Emmanuel Macron. 

De petits duels plutôt qu'un grand débat

A aucun moment, un grand thème d'avenir n'a été débattu par l'ensemble des candidats. 

"Nous avons une sorte d'archipélisation des débats avec de petits duels", relève le sondeur Frédéric Dabi (Ifp), notamment entre le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour et la candidate LR Valérie Pécresse ou entre l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon et les autres candidats d'une gauche fragmentée, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo ou les trotskistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.

Le président sortant, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

Il a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une courte visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.

Marine Le Pen a elle aussi a mené une campagne atypique, s'évertuant à lisser son image et mettant au second plan, dans ses discours, ses propositions sur l'immigration et sur l'Europe, qui restent pourtant aussi radicales que par le passé.


Décès de Jean-Claude Gaudin, longtemps maire et incarnation de Marseille

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
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  • S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées
  • Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues

MARSEILLE: Jean-Claude Gaudin, ancien maire de Marseille, la deuxième ville de France qu'il a incarnée et dirigée pendant 25 ans, et longtemps figure de la vie politique à droite, est décédé dimanche à l'âge de 84 ans.

"Jean-Claude Gaudin n'est plus. Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l'accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues (quartier du sud de Marseille, ndlr) s'était hissé aux plus hauts postes de la République qu'il a servie. Je pense à ses proches et aux Marseillais", a écrit le président Emmanuel Macron sur le réseau social X.

L'ancien maire a été victime d'un arrêt cardiaque dans la matinée dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie et n'a pu être ranimé par les pompiers, a indiqué à l'AFP une source de son entourage, précisant que Jean-Claude Gaudin était "fatigué" mais que "rien ne laissait présager" son décès soudain.

Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues, a précisé cette source.

Les drapeaux de la mairie centrale de Marseille, sur l'emblématique Vieux-Port, ont été mis en berne, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ancien sénateur, député et ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration sous Jacques Chirac entre 1995 et 1997, Jean-Claude Gaudin a surtout été maire de Marseille, la ville où il est né, de 1995 à 2020.

S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées pour leur "immobilisme" par ses adversaires, et même certains alliés, et marquées par la tragédie de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres d'un quartier populaire du centre - dont un propriété de la Ville - s'effondrent. Huit personnes meurent ensevelies.

L'onde de choc révèle l'ampleur du logement indigne dans une ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis. Les associations accusent la mairie d'avoir ignoré les alertes. Dans la foulée, des milliers de personnes sont évacuées de logements déclarés en "péril imminent".

"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", avait confié à l'AFP Jean-Claude Gaudin.

«Sa trace restera»

Deux ans plus tard, alors que ses héritiers potentiels à droite étaient divisés, certains ayant rejoint Emmanuel Macron, une coalition gauche-écologistes-société civile remportait la mairie après des élections municipales à rebondissements.

L'actuel maire divers gauche, Benoît Payan, qui ne ménageait pas ses critiques dans l'opposition et a souvent assuré avoir récupéré avec ses équipes une ville dans un état "lamentable", lui a rendu hommage sur X: "Jean-Claude Gaudin paraissait insubmersible. Son départ me peine infiniment. A celui qui aimait tellement Marseille, son histoire et ses habitants, je veux rendre un hommage ému et sincère. Il manquera à cette ville. Sa trace restera."

"Jean-Claude Gaudin était comme un père pour moi, tout le monde le sait mais je veux l'écrire. Un grand homme d'État, un inoubliable maire de Marseille dans notre Histoire bimillénaire, et surtout un homme avec un cœur énorme", a réagi de son côté sur X Martine Vassal, son "héritière" présomptive et malheureuse pour la mairie au 2020, aujourd'hui présidente de droite du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence.

"Il a servi cette ville et a su l'incarner, avec un talent exceptionnel. Il a aussi servi la France, son pays, et il fut un grand maire. Il laissera une trace indélébile," a réagi le président le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance), qui fut son premier adjoint pendant plus de 10 ans et avait un temps espéré lui succéder à la mairie.

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a salué, "derrière cette vie consacrée à la chose publique (...) l'homme de coeur et l'amoureux de sa chère ville de Marseille". Catholique affiché, Jean-Claude Gaudin avait assisté aux premières loges à la visite du pape François en septembre dans la cité phocéenne, souvent aux côtés de M. Payan et du cardinal Aveline, qui le qualifie dans son hommage "d'ami toujours fidèle".

Le président des LR Eric Ciotti a salué un homme qui "aimait Marseille plus que tout". "J'aimais sa gouaille. J'admirais son courage. J'écoutais ses conseils. Je suis fier d’avoir travaillé à ses côtés. Ma peine est immense, je perds un ami".


La Nouvelle-Calédonie toujours en proie aux blocages avant un Conseil de défense à Paris

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
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  • Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris
  • Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

NOUMEA: Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris par le président Emmanuel Macron.

Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

"La situation est vraiment préoccupante", a déclaré lundi le chef du gouvernement australien Anthony Albanese à la télévision ABC.

De même que la Nouvelle-Zélande, Canberra a demandé durant le week-end à pouvoir poser des avions afin de pouvoir rapatrier ses concitoyens, alors que l'aéroport est toujours fermé aux vols commerciaux.

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel.

Après une semaine d'émeutes et un bilan de six morts, aucune issue proche à la crise sécuritaire et politique ne semble se dessiner lundi, jour férié. En cause, une réforme du corps électoral contestée par les représentants du peuple autochtone kanak qui redoutent une réduction de leur poids.

Malgré une vaste opération des forces de l'ordre lancée dimanche, les voies de communication restent bloquées lundi là où les émeutiers ont installé leurs barrages, notamment dans l'agglomération de Nouméa et sur la route d'une cinquantaine de kilomètres qui mène à l'aéroport international.

« On a remis le barrage »

A la sortie de Nouméa, la chaussée du début de la voie express est impraticable, le bitume ayant fondu après l'incendie de nombreux véhicules, a constaté une journaliste de l'AFP. Ailleurs, la route reste encombrée à de nombreux endroits de carcasses de voitures brûlées, ferraille et bois entassés.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, s'est pourtant félicité lundi du "succès" du début d'une vaste opération de la gendarmerie contre les barrages sur cette route, lancée à l'aube dimanche, faisant état de "76 barrages neutralisés".

D'autres actions des unités d'élite de la police et de la gendarmerie ont été annoncées dans des zones considérées par les autorités comme des "points durs", dans les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta notamment.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des bruits de grenades de désencerclement, utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les émeutiers, ainsi que des cris évoquant des affrontements ont été entendus dans le quartier d'Auteuil à Dumbéa, dans l'agglomération de Nouméa, selon un correspondant de l'AFP.

Et dans la "capitale" calédonienne, des détonations importantes ont résonné dans les quartiers de Magenta et Tuband, selon une autre journaliste de l'AFP.

Lundi matin, la zone industrielle où se trouve la Société du nickel, dans le quartier de Montagne coupée à Nouméa, a vu l'incendie d'un entrepôt dont se dégageait une épaisse fumée noire.

Les gendarmes "sont passés, ils ont déblayé, et nous, on est restés sur le côté", a confié dimanche à l'AFP Jean-Charles, la cinquantaine, tête enturbannée d'un foulard et drapeau kanak à la main à La Tamoa, à quelques kilomètres de l'aéroport. "Une fois qu'ils sont passés, on a remis le barrage".

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne), dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois Kanak (autochtones), dans l'agglomération de Nouméa.

Risque d'«escalade»

Les forces de l'ordre estiment le nombre d'émeutiers entre 3.000 et 5.000.

"Nous restons dans une démarche pacifique", a indiqué dans un communiqué lundi la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), collectif indépendantiste accusé par les autorités d'attiser les violences.

La CCAT se défend en indiquant qu'elle a seulement appelé à des barrages "filtrants", qui laissent le passage à certains véhicules, y compris les pompiers ou ambulances à toute heure, et en arrêtent d'autres.

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde, a appelé lundi à la retenue. "Moi j'ai peur qu'on ne franchisse une escalade supplémentaire, parce que s'il commence à y avoir des tirs ça veut dire que les gens bien sûr, on le sait, sont armés", a-t-elle déclaré sur la chaîne BFMTV.

Pour le Haut-commissaire de la République, les dégâts contre les infrastructures (écoles, pharmacies, commerces...) pénalisent lourdement la population. "On commence à manquer de nourriture", a-t-il prévenu dimanche.

Couvre-feu 

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18h00 et 6h00, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et le bannissement de l'application TikTok.

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak", selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi.

Ce texte doit encore être voté par les parlementaires réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique des JO de Paris, prévu le 11 juin sur l'île, a été annulé.

Le territoire du Pacifique Sud est stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie-Pacifique et de par ses riches ressources en nickel, minerai indispensable à la fabrication des véhicules électriques notamment.


Vaste opération des forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie, après six morts dans des émeutes

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024.  (Photo Delphine Mayeur / AFP)
Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
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  • Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X
  • Sur la route vers l’aéroport, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient

NOUMÉA, France : L'Etat français a lancé dimanche une vaste opération des forces de l'ordre dans son archipel du Pacifique Sud de Nouvelle-Calédonie pour dégager la route vers l'aéroport, après six morts en six jours d'émeutes contre une réforme électorale.

Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X.

Une urgence pour les autorités, d'autant que la Nouvelle-Zélande a annoncé dimanche avoir demandé à la France de pouvoir poser des avions, afin de rapatrier ses ressortissants.

«Nous sommes prêts à décoller, et attendons l'autorisation des autorités françaises pour savoir quand ces vols pourront avoir lieu en toute sécurité», a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Winston Peters.

En l'absence de vols depuis et vers la Nouvelle-Calédonie, suspendus depuis mardi, le gouvernement de l'archipel estimait samedi que 3.200 personnes étaient bloquées, soit parce qu'elles ne pouvaient pas quitter l'archipel, soit parce qu'elles ne pouvaient pas le rejoindre.

- Plus de 3.000 personnes bloquées -

Pour déblayer la route vers l'aéroport, un convoi constitué notamment de blindés et d'engins de chantier à quitté Nouméa, dans un premier temps vers Païta.

Mais des journalistes de l'AFP ont constaté que dimanche à la mi-journée, à Nouméa et dans les communes avoisinantes, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient.

«On est prêt à aller jusqu’au bout, sinon à quoi bon?», a dit un manifestant à l'AFP sur un barrage à Tamoa.

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi après-midi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois civils kanaks, dans l'agglomération de Nouméa.

Dans un communiqué dimanche matin, le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a fait cependant état d'une nuit «plus calme», soulignant que l'Etat se mobilisait.

«Au total, 230 émeutiers ont été interpellés» en près d'une semaine, a-t-il précisé.

Reprendre le contrôle par la force devrait être un travail de longue haleine pour les forces de l'ordre. La violence dans certains quartiers chaque nuit montre que les émeutiers restent très déterminés.

«La réalité c'est qu'il y a (...) des zones de non-droit (...) qui sont tenues par des bandes armées, des bandes indépendantistes, de la CCAT. Et dans ces endroits, ils détruisent tout», affirmait samedi sur BFMTV le vice-président de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Blaise.

La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est une organisation indépendantiste radicale accusée d'inciter à la plus grande violence.

- «Ingérences» -

Nouvel exemple des troubles dans la nuit de samedi à dimanche: d'après la chaîne de télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, la médiathèque du quartier de Rivière salée à Nouméa a été incendiée.

Interrogée par l'AFP, la mairie de Nouméa a répondu dimanche matin n'avoir «aucun moyen pour le moment de le vérifier, le quartier étant inaccessible».

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), estimait samedi sur BFMTV que la situation était «loin d'un retour à l'apaisement». «Est-ce qu'on peut dire qu'on est dans une ville assiégée? Oui, je pense qu'on peut le dire», ajoutait-elle.

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18H00 et 6H00 (7H00 et 19H00 GMT), l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool, et le bannissement de l'application TikTok.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique en Nouvelle-Calédonie prévu le 11 juin a été annulé.

Pour la population, se déplacer, acheter des produits de première nécessité et se soigner devient plus difficile chaque jour. De moins en moins de commerces réussissent à ouvrir, et les nombreux obstacles à la circulation compliquent de plus en plus la logistique pour les approvisionner, surtout dans les quartiers les plus défavorisés.

Dimanche matin, la province Sud, qui regroupe près des deux tiers de la population, a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées dans la semaine.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak, qui redoutent une réduction de leur poids électoral.

Sans faire de lien direct avec les violences, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, Bakou dénonçant des accusations «infondées».

Le sénateur français Claude Malhuret, rapporteur d'une commission d'enquête sur TikTok, interdit sur l'archipel en raison des émeutes, a lui estimé qu'il fallait plus craindre «des ingérences de la Chine» qui «veut être dans son pré carré en mer de Chine mais également prépondérante dans le Pacifique». «Elle a besoin de nickel pour produire ses batteries», a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP, en référence au minerai brut dont l'archipel détient 20 à 30% des ressources mondiales.