Si en 2019, l'armée faisait tomber Omar el-Béchir conformément au souhait de centaines de milliers de manifestants pro-démocratie, aujourd'hui, la lune de miel entre militaires et civils est terminée
Et la fracture est même désormais actée au sein du camp civil. De quoi offrir une brèche à l'armée et au général Abdel Fattah al-Burhane, qui a dissous lundi les autorités de transition qu'il dirigeait
Le coup de force a suspendu de fait une transition inédite dans un pays resté sous la férule de l'armée quasiment en continu depuis son indépendance
Sous une nuée de drapeaux, des milliers de Soudanais campaient dans les rues de Khartoum, alors que le pays est coupé de l’internet et des services téléphoniques
«Les responsables militaires doivent libérer immédiatement tous les acteurs politiques et garantir leur sécurité», a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price
«À la lumière de ces développements, les Etats-Unis suspendent» une aide de 700 millions de dollars consacrée à la transition démocratique, a-t-il dit
Les manifestants ont brûlé des pneus, coupé des routes et des ponts alors que la ville connaît un déploiement militaire renforcé et que l'internet a été coupé
Avec le syndicat des médecins et des banques, ils appellent à la désobéissance civile à Khartoum déjà plongée dans le chaos
Le Premier ministre, son épouse, nombre de ses ministres et tous les membres civils du Conseil de souveraineté – plus haute autorité de la transition – ont été arrêtés par des militaires
Avant même que le général ne s'exprime, des milliers de Soudanais descendaient dans les rues conspuant l'armé
Les partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils se sont mobilisés jeudi par dizaines de milliers, prenant la rue dans une démonstration de force
Signe que les tensions ne sont pas retombées, une centaine de manifestants ont brûlé des pneus samedi devant l'agence officielle Suna qui accueillait la conférence de presse des FLC
Les nouvelles autorités de transition -le Conseil de souveraineté formé de civils et de militaires et le gouvernement- ne cessent de perdre en popularité dans un pays qui tente de se relever de 30 ans de dictature
Peu soutenu et profondément divisé, le camp civil au sein des autorités de transition laisse le champ libre aux militaires, qui continuent de dominer la politique comme l'économie
Dès mercredi, les appels au calme se sont multipliés tant la possibilité que les deux camps soient face à face fait redouter des tensions
« Le peuple a choisi les civils », proclament des centaines de marcheurs anti-armée dans différents quartiers de Khartoum et dans sa ville-jumelle, Oumdorman
Le FLC - canal historique - prévoit une "manifestation d'un million de personnes", à Khartoum et dans les autres villes du Soudan, afin de réclamer la poursuite de la transition censée mener à des élections fin 2023
Se détachant du canal historique, une faction mobilise depuis samedi ses partisans et organise un sit-in annoncé comme "illimité" devant le palais présidentiel de Khartoum