Qaïs Al-Khazali

Nationalité:

Irakienne

Lieu de Résidence:

Sadr City, Bagdad, Irak

Statut juridique:

Relâché par les États-Unis dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers en 2007

Occupation:

Secrétaire général de la milice Asa’ib Ahl al-Haq (AAH), membre du parlement irakien

Médias:

Twitter, interviews et sermons

Bio

Qaïs al-Khazali se présente comme un homme politique qui respecte et protège le système politique irakien, mais il évite toujours de révéler ses allégeances et ses mouvements. Interrogé sur l'Iran, il répond qu'il n'y va qu'une fois par an en qualité de touriste. Mais derrière son attitude fuyante est calculée pour masquer ses pratiques odieuses, Khazali est l'un des principaux promoteurs de la haine en Irak et dans la région.

« Écoutez-moi bien ... Si vous [les sunnites] ne mettez pas fin à vos projets malveillants, je jure que vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité », déclare-t-il dans un discours télévisé au début des années 2010.

Le 22 août 2014, la mosquée sunnite Moussab ben Oumair de Diyala est prise pour cible par des miliciens lors de la prière du vendredi dans une attaque qui fait 73 morts. L’AAH de Khazali est soupçonnée d’être à l’origine de l’attentat, bien qu’elle le condamne.

« L’attentat du 22 août suit le schéma d’autres attaques documentées par Human Rights Watch, dont des enlèvements et des exécutions sommaires par les milices chiites Asa'ib Ahl Al-Haq, les Brigades Badr et Kataëb Hezbollah dans les provinces de Bagdad, de Diyala et de Babel », déclare Human Rights Watch après l’attentat.

Des documents américains déclassifiés obtenus par le Wall Street Journal prouvent également que Khazali a participé à la planification de l'attentat du 20 janvier 2007 contre le Centre de coordination conjoint provincial de Karbala.

Khazali est arrêté et interrogé par les autorités américaines après le raid du Conseil provincial de Karbala qui, de son propre aveu, a été planifié par l’Iran pour kidnapper cinq soldats américains qui ont ensuite été tués. Il est remis aux autorités irakiennes fin 2009 après s’être engagé à ce que la milice qu'il dirige baisse les armes. Il est libéré peu de temps après.

Le Wall Street Journal rapporte en détail les enquêtes approfondies, après l'arrestation de Khazali par les autorités américaines, sur le rôle de l'Iran dans le soutien de ces milices terroristes. Les enquêtes se penchent sur les relations entre Moqtada Al-Sadr, le religieux chiite irakien, homme politique et chef de milice, et Téhéran et mettent ainsi au jour la volonté de Sadr de contrôler les flux financiers iraniens vers les groupes politiques en Irak. L’enquête révèle également les efforts de l’Iran dans la formation de la milice dirigée par Khazali, ainsi que les relations entre Téhéran et des personnalités politiques irakiennes telles que le président Jalal Talabani.

Les révélations de décembre 2018 surviennent à un moment où l'administration du président Donald Trump envisage d’inscrire Khazali et l'AAH sur les listes terroristes.

Les responsables américains disent que le véritable motif de l’ascension politique de Khazali est qu’il peut ainsi donner plus de pouvoir à la milice AAH, comme l’a fait Hassan Nasrallah pour le Hezbollah libanais.

Après avoir terminé ses études à l’Université de Bagdad en 1994, Khazali est séduit par les idées révolutionnaires du Grand Ayatollah Mohammad Sadeq Al-Sadr, qui s'oppose publiquement au régime baassiste de Saddam Hussein et critique ouvertement ses décisions dans ses sermons lors des prières du vendredi. Khazali se rend à Najaf pour s’inscrire dans l'une des écoles religieuses d'Al-Sadr afin d’y étudier les sciences religieuses et de se rapprocher de Sadr.

Lorsque Sadr et deux de ses fils, Moustafa et Mouammil, sont assassinés en 1999, son quatrième fils, Moqtada, confie à Khazali et à l'un de ses collègues la tâche de superviser les écoles et les bureaux de son père et d'obtenir des fonds provenant de l’aumône légale (zakat).

Khazali gagne la confiance et l'amitié du jeune Moqtada et lorsque ce dernier crée l'Armée du Mahdi, la première milice chiite formée pour combattre les troupes américaines en Irak après l'invasion de 2003 qui a renversé Saddam Hussein, Khazali est désigné pour être l'un de ses commandants sur le terrain et le porte-parole de son chef, Sadr.

Un an plus tard, Sadr décide de former une force d'élite appelée « Groupes spéciaux » pour mener des attentats contre les Américains à travers le pays ; il charge une fois de plus son proche ami Khazali de commander ces groupes aux côtés d'Akram Al-Kaabi, l'un des anciens élèves du père de Sadr qui dirige actuellement Harakat Hezbollah al-Nujaba.

Khazali est un soldat du projet de Velayet-e faqih, ou gouvernement du docte, et le chef de la milice Asa’ib Ahl al-Haq (AAH), qui comprend un grand nombre de combattants entraînés par des membres des Gardiens de la révolution iranienne et du Hezbollah libanais.

Le nombre de militants de l'AAH est estimé à environ 10 000 et la milice a revendiqué la responsabilité de 6 000 attaques contre les forces américaines et irakiennes.

L'AAH prête allégeance au gouvernement du docte et a participé à la guerre en Syrie en tant que milice extrémiste sous les noms de brigade al-Nujaba et de brigade Hassan al-Mujtaba. Elle est décrite par l'armée du Mahdi comme la « ligue du mensonge » et les « esclaves du dollar ».

On ne peut interpréter le masque politique que revêt Khazali après la libération de Mossoul en 2017 que comme une stratégie de recrutement, de formation et d'expansion en Irak, que ce soit parmi les Forces de mobilisation populaire, qui ont été adoptées comme organe officiel irakien en 2015, ou après que l'AAH – la Ligue des justes représentée par le bloc Al-Sadiqoun - a remporté 15 sièges au parlement irakien lors des élections de mai 2018. Khazali déclare que le bloc est un échec, mais il continue de le représenter avec son air de milicien, criant et gesticulant, déversant son fiel et proférant des accusations contre quiconque est différent ou ose s'opposer à ses convictions et à ses idées.

Un haut responsable américain a déclaré que sur les 15 sièges remportés par Khazali, seuls deux l’avaient été selon les règles, le reste ayant été obtenu par la corruption - affirmation niée par l’AAH.

Sur Ninive

Khazali accuse les habitants de Ninive (un gouvernorat du nord de l'Irak) de trahison, affirmant qu’ils soutiennent Daech parce qu'ils veulent changer la situation actuelle et dit que sa milice, l’AAH, a des objectifs différents.

« Les gens de Ninive, par leur position et leurs discours, sont la boîte à ordures de l'histoire », déclare-t-il.

Khazali menace les sunnites irakiens

Après l'enlèvement de son frère, Khazali déclare dans un discours télévisé : « Écoutez-moi bien … Si vous [les sunnites] ne mettez pas fin à vos projets malveillants, je jure que vous ne serez pas en sécurité… vous ne serez pas en sécurité… vous ne serez pas en sécurité. »

Sur les unités de mobilisation populaire

« Les unités de mobilisation populaire ont le dernier mot. Elles ont pu pénétrer dans toutes les zones détenues et violées par les séparatistes. Le même courage, la même capacité, la même vigilance, la même responsabilité dont nous avons fait preuve par le passé, nous pouvons les montrer maintenant. Ô Massoud Barzani, ô séparatistes, ne vous attendez pas à être en sécurité si vous continuez les souillures et les violations contre l'armée irakienne et les villes irakiennes ; nous vous rejoindrons à Erbil et vous demanderons des comptes à Erbil… Erbil la kurde n’est pas bien loin. »

Sur l'Iran et son guide suprême Ali Khamenei

Khazali et d'autres cadres de l'AAH ont souvent déclaré leur allégeance au guide suprême iranien Ali Khamenei. En novembre 2014, Jabir al-Rajabi, représentant de la milice AAH en Iran, promet la fidélité de son organisation au guide suprême Ali Khamenei dans un discours prononcé dans la ville iranienne de Qom lors d'une cérémonie en l'honneur des membres de l'AAH et des brigades irakiennes du Hezbollah tués en Syrie.

 

 

 

 

 

Photos

Les documents qui suivent contiennent des informations qui peuvent être considérées comme étant inappropriées ; Arab News n’approuve pas ce contenu mais croit fermement qu’il est important d’être conscient de son influence destructrice.

Analyse

Qaïs Al-Khazali: Sous le costume de l’homme politique, le militant

Arab News

  • Le fidèle soldat de la théocratie iranienne dispose d’une nouvelle plateforme puissante pour diffuser son message sectaire : le parlement irakien

Qaïs Al-Khazali se pose un homme politique qui comprend et défend l'intérêt national de son pays, l’Irak, mais en réalité il cache bien son jeu. Lorsqu'on le questionne sur ses relations avec l'Iran, il répond qu'il n'y va qu'une fois par an en qualité de touriste. Ses réponses évasives servent à camoufler un projet sectaire violent. Khazali est l'un des principaux prédicateurs de la haine en Irak et dans toute la région.

Il tire son influence démesurée de son statut de chef de l'Asa'ib Ahl Al-Haq (AAH), ou Ligue des justes, qui comprend un grand nombre de combattants formés par des membres des Gardiens de la révolution islamique (GRI) iraniens et du Hezbollah libanais. Le nombre de militants de l'AAH est actuellement estimé à environ 10 000. Khazali est également considéré comme un fidèle soldat de la théocratie chiite iranienne.

« Écoutez-moi bien ... Si vous [les sunnites] ne mettez pas fin à vos projets malveillants, je jure que vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité », menace-t-il dans un discours télévisé en 2010.

Le 22 août 2014, la mosquée sunnite Moussab ben Oumair de Diyala est prise pour cible par des miliciens lors de la prière du vendredi dans un attentat qui fait 73 morts. La milice AAH de Khazali est soupçonnée d’être à l’origine de l’attaque, bien qu’elle condamne cette atrocité.

« L'attaque du 22 août suit le schéma d’autres attaques documentées par Human Rights Watch (HRW), dont des enlèvements et des exécutions sommaires par les milices chiites Asa'ib Ahl Al-Haq, les Brigades Badr et Kataëb Hezbollah dans les provinces de Bagdad, de Diyala et de Babel », déclare HRW après l’attentat de 2014.

Les documents déclassifiés du Commandement central américain publiés par le Wall Street Journal en 2018 indiquent que Khazali a participé à la planification de l'attentat du 20 janvier 2007 contre le Centre de coordination conjoint provincial de Karbala.

Il est arrêté par les forces de la coalition américano-britannique en mars 2007 et interrogé par les autorités américaines après le raid qui, selon ses documents d’aveu, a été planifié par l’Iran pour kidnapper cinq soldats américains, qui ont ensuite été tués.

Khazali est remis aux autorités irakiennes fin 2009 après s’être engagé à ce que la milice qu'il dirige baisse les armes. Il est libéré en janvier 2010 en échange, semble-t-il, de la libération de Peter Moore, un consultant en informatique enlevé par l’AAH avec quatre gardes de sécurité en mai 2007.

Le Wall Street Journal rapporte en détail des enquêtes approfondies - après l'arrestation de Khazali par les autorités américaines - sur le rôle de l'Iran dans le soutien de ces milices terroristes. Un examen minutieux des relations entre Moqtada Al-Sadr, le religieux chiite irakien, homme politique et chef de milice, et Téhéran met au jour la volonté de Sadr de contrôler les flux financiers iraniens vers les groupes politiques en Irak.

L’enquête révèle la participation de l’Iran dans la formation de la milice dirigée par Khazali, ainsi que les relations entre Téhéran et des personnalités politiques irakiennes, dont l’homme politique kurde Jalal Talabani, alors président irakien et aujourd’hui décédé.

Ces reportages d'août 2018 surviennent à un moment où l'administration du président Donald Trump envisage d’inscrire Khazali et l'AAH parmi d'autres individus et groupes sur la liste des organisations terroristes pour leur imposer des sanctions. Le groupe revendique la responsabilité de 6 000 attaques contre des soldats américains et des forces gouvernementales irakiennes.

Rien ne laissait présager que Khazali deviendrait chef de milice chiite. Après avoir terminé ses études à l'Université de Bagdad en 1994, il est séduit par les idées révolutionnaires du Grand Ayatollah Mohammad Sadeq Al-Sadr, qui s'oppose publiquement au régime baassiste de Saddam Hussein et critique ouvertement ses décisions dans ses sermons lors des prières du vendredi.

Khazali se rend à Najaf pour s’inscrire dans l'une des écoles religieuses de Sadr afin d’y étudier les sciences religieuses et de se rapprocher du grand ayatollah. Lorsque Sadr et deux de ses fils, Moustafa et Mouammil, sont assassinés en 1999, son quatrième fils, Moqtada, confie à Khazali et à l'un de ses collègues la tâche de superviser les écoles et les bureaux de son père et d'obtenir des fonds provenant de l’aumône légale (zakat).

Khazali gagne la confiance et l'amitié du jeune Moqtada et lorsque ce dernier crée l'Armée du Mahdi, la première milice chiite formée pour combattre les troupes américaines en Irak après l'invasion de 2003 qui a renversé Saddam Hussein, Khazali est choisi pour être l'un de ses commandants de premier plan sur le terrain et le porte-parole de son chef, Sadr.

Un an plus tard, Sadr décide de former une force d'élite appelée « Groupes spéciaux » pour mener des attaques meurtrières contre les forces américaines à travers le pays. Une fois de plus, il ordonne à Khazali de commander ces groupes aux côtés d'Akram Al-Kaabi, l'un des anciens élèves du père de Sadr qui dirige actuellement les Brigades Al-Nujaba, groupe chiite radical sanctionné par l'administration Trump en 2018.

Adepte du système politique iranien Velayet-e Faqih (le gouvernement du docte), l'AAH participe ces dernières années à la guerre civile syrienne en qualité de légion étrangère iranienne aux côtés d'Al-Nujaba et d'autres groupes armés. L'armée du Mahdi, où Khazali s'est fait les dents en tant que commandant de milice avant son départ en 2004, condamne ces groupes, les appelant « Ligue du mensonge » et « esclaves du dollar. »

Khazali ne commence ses activités d'homme politique qu'après la libération de Mossoul, la deuxième plus grande ville d'Irak, reprise à Daech en 2017 par l'armée irakienne et les groupes paramilitaires chiites qui constituent la Force de mobilisation populaire. Celle-ci, qui reçoit le statut d'organisme de sécurité officiel irakien en 2015, attire des combattants venus de diverses forces et ethnies, mais ses chefs - ceux qui dirigent les opérations et prennent les décisions politiques - se composent majoritairement de groupes chiites ayant des liens étroits avec l'Iran.

Selon la revue War on the Rocks, « des groupes comme Kataëb Hezbollah, l'Organisation Badr, l’AAH, les Brigades Al-Nujaba et les Brigades Khorassani ont reçu une formation, des armes et des directives substantielles de l'Iran, dont certains depuis des décennies. L'Iran continue sans aucun doute à soutenir ces forces ... ces forces et figures de premier plan des Forces de mobilisation populaire ne cachent pas leur attachement à l'Iran et leur haine pour les États-Unis. »

De nombreuses personnes en Irak considèrent que Khazali, qui peut désormais se cacher sous le masque de la respectabilité politique - l'AAH, représentée par le bloc Al-Sadiqoun, remporte 15 sièges au parlement lors des élections de mai 2018 - est bien placé pour renforcer le recrutement, la formation et l'expansion de l'AAH.

Les responsables américains estiment que le véritable motif de la participation de Khazali aux élections est de donner encore plus de pouvoir à la milice, suivant la stratégie réussie par Hassan Nasrallah et le Hezbollah pour établir la domination de l’Iran au Liban. Un haut responsable américain déclare que sur les 15 sièges de l'AAH, seuls deux ont été remportés dans les règles tandis que les autres ont été obtenus par corruption - accusation niée par l'AAH.

Khazali a déclaré que la présence parlementaire d’Al-Sadiqoun était un échec, mais sa grandiloquence, sa démagogie et le dynamisme avec lequel il livre bataille contre quiconque ose contester les discours clivants et le sectarisme religieux du bloc lui permettent de rester une personnalité notoire.