« Écoutez-moi bien ... Si vous [les sunnites] ne mettez pas fin à vos projets malveillants, je jure que vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité ... vous ne serez pas en sécurité », déclare-t-il dans un discours télévisé au début des années 2010.
Le 22 août 2014, la mosquée sunnite Moussab ben Oumair de Diyala est prise pour cible par des miliciens lors de la prière du vendredi dans une attaque qui fait 73 morts. L’AAH de Khazali est soupçonnée d’être à l’origine de l’attentat, bien qu’elle le condamne.
« L’attentat du 22 août suit le schéma d’autres attaques documentées par Human Rights Watch, dont des enlèvements et des exécutions sommaires par les milices chiites Asa'ib Ahl Al-Haq, les Brigades Badr et Kataëb Hezbollah dans les provinces de Bagdad, de Diyala et de Babel », déclare Human Rights Watch après l’attentat.
Des documents américains déclassifiés obtenus par le Wall Street Journal prouvent également que Khazali a participé à la planification de l'attentat du 20 janvier 2007 contre le Centre de coordination conjoint provincial de Karbala.
Khazali est arrêté et interrogé par les autorités américaines après le raid du Conseil provincial de Karbala qui, de son propre aveu, a été planifié par l’Iran pour kidnapper cinq soldats américains qui ont ensuite été tués. Il est remis aux autorités irakiennes fin 2009 après s’être engagé à ce que la milice qu'il dirige baisse les armes. Il est libéré peu de temps après.
Le Wall Street Journal rapporte en détail les enquêtes approfondies, après l'arrestation de Khazali par les autorités américaines, sur le rôle de l'Iran dans le soutien de ces milices terroristes. Les enquêtes se penchent sur les relations entre Moqtada Al-Sadr, le religieux chiite irakien, homme politique et chef de milice, et Téhéran et mettent ainsi au jour la volonté de Sadr de contrôler les flux financiers iraniens vers les groupes politiques en Irak. L’enquête révèle également les efforts de l’Iran dans la formation de la milice dirigée par Khazali, ainsi que les relations entre Téhéran et des personnalités politiques irakiennes telles que le président Jalal Talabani.
Les révélations de décembre 2018 surviennent à un moment où l'administration du président Donald Trump envisage d’inscrire Khazali et l'AAH sur les listes terroristes.
Les responsables américains disent que le véritable motif de l’ascension politique de Khazali est qu’il peut ainsi donner plus de pouvoir à la milice AAH, comme l’a fait Hassan Nasrallah pour le Hezbollah libanais.
Après avoir terminé ses études à l’Université de Bagdad en 1994, Khazali est séduit par les idées révolutionnaires du Grand Ayatollah Mohammad Sadeq Al-Sadr, qui s'oppose publiquement au régime baassiste de Saddam Hussein et critique ouvertement ses décisions dans ses sermons lors des prières du vendredi. Khazali se rend à Najaf pour s’inscrire dans l'une des écoles religieuses d'Al-Sadr afin d’y étudier les sciences religieuses et de se rapprocher de Sadr.
Lorsque Sadr et deux de ses fils, Moustafa et Mouammil, sont assassinés en 1999, son quatrième fils, Moqtada, confie à Khazali et à l'un de ses collègues la tâche de superviser les écoles et les bureaux de son père et d'obtenir des fonds provenant de l’aumône légale (zakat).
Khazali gagne la confiance et l'amitié du jeune Moqtada et lorsque ce dernier crée l'Armée du Mahdi, la première milice chiite formée pour combattre les troupes américaines en Irak après l'invasion de 2003 qui a renversé Saddam Hussein, Khazali est désigné pour être l'un de ses commandants sur le terrain et le porte-parole de son chef, Sadr.
Un an plus tard, Sadr décide de former une force d'élite appelée « Groupes spéciaux » pour mener des attentats contre les Américains à travers le pays ; il charge une fois de plus son proche ami Khazali de commander ces groupes aux côtés d'Akram Al-Kaabi, l'un des anciens élèves du père de Sadr qui dirige actuellement Harakat Hezbollah al-Nujaba.
Khazali est un soldat du projet de Velayet-e faqih, ou gouvernement du docte, et le chef de la milice Asa’ib Ahl al-Haq (AAH), qui comprend un grand nombre de combattants entraînés par des membres des Gardiens de la révolution iranienne et du Hezbollah libanais.
Le nombre de militants de l'AAH est estimé à environ 10 000 et la milice a revendiqué la responsabilité de 6 000 attaques contre les forces américaines et irakiennes.
L'AAH prête allégeance au gouvernement du docte et a participé à la guerre en Syrie en tant que milice extrémiste sous les noms de brigade al-Nujaba et de brigade Hassan al-Mujtaba. Elle est décrite par l'armée du Mahdi comme la « ligue du mensonge » et les « esclaves du dollar ».
On ne peut interpréter le masque politique que revêt Khazali après la libération de Mossoul en 2017 que comme une stratégie de recrutement, de formation et d'expansion en Irak, que ce soit parmi les Forces de mobilisation populaire, qui ont été adoptées comme organe officiel irakien en 2015, ou après que l'AAH – la Ligue des justes représentée par le bloc Al-Sadiqoun - a remporté 15 sièges au parlement irakien lors des élections de mai 2018. Khazali déclare que le bloc est un échec, mais il continue de le représenter avec son air de milicien, criant et gesticulant, déversant son fiel et proférant des accusations contre quiconque est différent ou ose s'opposer à ses convictions et à ses idées.
Un haut responsable américain a déclaré que sur les 15 sièges remportés par Khazali, seuls deux l’avaient été selon les règles, le reste ayant été obtenu par la corruption - affirmation niée par l’AAH.