Nader Abou Anas

Nationalité:

Française

Lieu de Résidence:

Seine Saint-Denis

Occupation:

Imam, conférencier et chef d’entreprise

Médias:

Internet, conférences

Bio

Nader Abou Anas est actuellement conférencier et président de l’association D’CLIC, créée en 2010. Il se présente comme imam et conférencier mais également comme « étudiant ». Depuis le début des années 2000, il consacre la majorité de son temps à l’apprentissage des sciences islamiques (talab el ‘ilm) et à la propagation du message de l’Islam (da’wah).

Durant six années, il suit les cours d’arabe et de sciences religieuses à la Madrassah de Cheikh Ayoub. Cette école, située au 50 rue de la Chapelle 75018 Paris, est connue dans les milieux salafistes pour dispenser des formations marquées par le radicalisme sur le sol français. Nader Abou Anas incarne cette deuxième génération émergente de guides salafistes.

À la différence de ses prédécesseurs, lui n'est pas allé étudier dans les pays du Golfe ou en Égypte. Il a suivi les enseignements d'un converti formé au Pakistan, Yves Leseur, surnommé « cheikh Ayoub », personnage célèbre et mystérieux du microcosme salafiste français.

Abou Anas est connu pour avoir fait des commentaires troublants sur le statut des femmes dans l’Islam et propage une idéologie salafiste très conservatrice parmi son jeune public.

Sur les femmes

En 2019, Abou Anas crée la polémique en signant la tribune anti-islamophobe lancée par le quotidien Libération le 1er novembre puis reprise par Mediapart le 3 novembre. Pointé du doigt par les autres signataires de la tribune qui ne veulent pas être associés à ce personnage trouble, il est invité à retirer sa signature de la liste.

A l’origine de la controverse, une vidéo datant de plusieurs années déjà dans laquelle Abou Anas justifie le viol conjugal. Il y déclare : « Le soir il [le mari] a un besoin, une envie, et elle lui dit "non" et elle ment en disant "je suis fatiguée", "je peux pas", "je suis ci", "je suis cela"... Et l’homme, il craque. Et donc là, elle a ouvert une porte de ch-char [le mal]. Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable. Et ce n’est pas ma parole, c’est la parole du Prophète ».

Des signataires, dont Caroline de Haas, militante féministe, demandent que leur nom soit retiré de la liste, tout en annonçant qu’ils seront toujours présents à la marche contre l’islamophobie. Après les vives réactions suscitées par la présence de son nom sur la liste, l’imam sulfureux prend la décision de se retirer de lui-même pour ne pas heurter les sensibilités et faire comprendre au public qu’il a changé et que ces propos anciens ne reflètent pas celui qu’il est désormais.

L’habileté de ce militant nouvelle génération se trouve dans sa capacité à se conformer à ce que la société attend de lui. Il s’est d’ailleurs exprimé au sujet de cette affaire sur Twitter, indiquant qu’il avait compris « l’émoi légitime » suscité par sa vidéo et qu’il avait « beaucoup évolué » depuis sur la question des violences faites aux femmes. Avant d’ajouter qu’il se retirait de la liste afin de « protéger la démarche unitaire » du 10 novembre. Véritable caméléon, Abou Anas sait s’adapter et modifier son discours de manière à présenter une apparence de modernité séduisante pour un public jeune, entretenant ainsi le doute sur son extrémisme religieux.

 

Sur le couple

Il a déclaré dans une vidéo consacrée au divorce et aux problèmes conjugaux : « Dans les statistiques, il est rapporté que ce sont les femmes qui demandent le plus le divorce […] Ça ne veut pas dire par là que parce qu’elles le demandent, elles ne sont pas pieuses ou qu’elles sont loin d’Allah. Malheureusement, ce sont elles [les femmes] qui subissent le plus d’injustices dans les couples. »

Malgré une accroche progressiste, Abou Anas délivre en réalité un message outrageusement conservateur qui reprend les poncifs de la tradition patriarcale quand il affirme notamment que « pour qu’une société s’améliore, ça commence par le foyer, par ces premières briques que sont les familles : l’homme, son épouse, ses enfants. C’est comme ça qu’une société devient saine, par les membres qui la constituent. »

 

 Sur le voile

Pour Abou Anas, le message du Coran est clair : une musulmane digne de ce nom se doit de se couvrir. Il a ainsi déclaré : « le port du voile est une obligation religieuse pour les femmes musulmanes. »

Abou Anas est sans conteste un maître de la manipulation. Il se contredit régulièrement dans ses déclarations, toujours afin de servir des intérêts autres que spirituels. Citons à ce propos l’un des divers business de l’imam. En effet, Abou Anas est également le fondateur d’un site de rencontre dédié aux musulmans, Mynsif.

A la question qui lui est posée de savoir qui peut s’inscrire sur ce site, il n’hésite pas à répondre : « Qui peut s’inscrire ? Toute personne musulmane sérieuse qui cherche du sérieux, qu’elle soit divorcée ou non, qu’elle soit voilée ou non, […] ce site est fait pour vous. »

Quand il s’agit de trouver des membres qui paient pour accéder à sa plateforme, Abou Anas ratisse large et soudainement le fait qu’une femme ne porte pas le voile ne pose plus problème.

Vidéo

Les documents qui suivent contiennent des informations qui peuvent être considérées comme étant inappropriées ; Arab News n’approuve pas ce contenu mais croit fermement qu’il est important d’être conscient de son influence destructrice.

Analyse

Nader Abou Anas: le business du salafisme français

Arab News

Nader Abou Anas représente le nouveau visage du salafisme « made in France ». Derrière son sourire enjôleur et sa gouaille de banlieusard, cet imam trentenaire véhicule des messages plus que problématiques auprès d’un public jeune dont la plupart est issue des banlieues.

Abou Anas lance son site, Dourous.net, en 2007. Trois ans plus tard, il fonde son propre centre de formation à Bobigny, l'institut D'Clic, qui offre des cours d'arabe ainsi qu'un enseignement du Coran et des « sciences islamiques » pour enfants et adultes. Il intervient aussi dans les mosquées de la Seine-Saint-Denis, du Bourget (avant qu'elle ne soit fermée, en mai 2016) ou du Pré-Saint-Gervais. 

A Bobigny, il partage avec l'école Iqra d'anciens bureaux du service départemental de la jeunesse et des sports - 500 mètres carrés répartis sur deux étages et une dizaine de classes. Ici s’opère une solidarité troublante fondée sur une certaine vision de la religion musulmane. En effet, les deux organisations n’auraient pas vu le jour l’une sans l’autre. On observe désormais une certaine convergence des radicaux dont les réseaux sont toujours plus organisés et plus vastes.