Sur les femmes
En 2019, Abou Anas crée la polémique en signant la tribune anti-islamophobe lancée par le quotidien Libération le 1er novembre puis reprise par Mediapart le 3 novembre. Pointé du doigt par les autres signataires de la tribune qui ne veulent pas être associés à ce personnage trouble, il est invité à retirer sa signature de la liste.
A l’origine de la controverse, une vidéo datant de plusieurs années déjà dans laquelle Abou Anas justifie le viol conjugal. Il y déclare : « Le soir il [le mari] a un besoin, une envie, et elle lui dit "non" et elle ment en disant "je suis fatiguée", "je peux pas", "je suis ci", "je suis cela"... Et l’homme, il craque. Et donc là, elle a ouvert une porte de ch-char [le mal]. Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable. Et ce n’est pas ma parole, c’est la parole du Prophète ».
Des signataires, dont Caroline de Haas, militante féministe, demandent que leur nom soit retiré de la liste, tout en annonçant qu’ils seront toujours présents à la marche contre l’islamophobie. Après les vives réactions suscitées par la présence de son nom sur la liste, l’imam sulfureux prend la décision de se retirer de lui-même pour ne pas heurter les sensibilités et faire comprendre au public qu’il a changé et que ces propos anciens ne reflètent pas celui qu’il est désormais.
L’habileté de ce militant nouvelle génération se trouve dans sa capacité à se conformer à ce que la société attend de lui. Il s’est d’ailleurs exprimé au sujet de cette affaire sur Twitter, indiquant qu’il avait compris « l’émoi légitime » suscité par sa vidéo et qu’il avait « beaucoup évolué » depuis sur la question des violences faites aux femmes. Avant d’ajouter qu’il se retirait de la liste afin de « protéger la démarche unitaire » du 10 novembre. Véritable caméléon, Abou Anas sait s’adapter et modifier son discours de manière à présenter une apparence de modernité séduisante pour un public jeune, entretenant ainsi le doute sur son extrémisme religieux.
Sur le couple
Il a déclaré dans une vidéo consacrée au divorce et aux problèmes conjugaux : « Dans les statistiques, il est rapporté que ce sont les femmes qui demandent le plus le divorce […] Ça ne veut pas dire par là que parce qu’elles le demandent, elles ne sont pas pieuses ou qu’elles sont loin d’Allah. Malheureusement, ce sont elles [les femmes] qui subissent le plus d’injustices dans les couples. »
Malgré une accroche progressiste, Abou Anas délivre en réalité un message outrageusement conservateur qui reprend les poncifs de la tradition patriarcale quand il affirme notamment que « pour qu’une société s’améliore, ça commence par le foyer, par ces premières briques que sont les familles : l’homme, son épouse, ses enfants. C’est comme ça qu’une société devient saine, par les membres qui la constituent. »
Sur le voile
Pour Abou Anas, le message du Coran est clair : une musulmane digne de ce nom se doit de se couvrir. Il a ainsi déclaré : « le port du voile est une obligation religieuse pour les femmes musulmanes. »
Abou Anas est sans conteste un maître de la manipulation. Il se contredit régulièrement dans ses déclarations, toujours afin de servir des intérêts autres que spirituels. Citons à ce propos l’un des divers business de l’imam. En effet, Abou Anas est également le fondateur d’un site de rencontre dédié aux musulmans, Mynsif.
A la question qui lui est posée de savoir qui peut s’inscrire sur ce site, il n’hésite pas à répondre : « Qui peut s’inscrire ? Toute personne musulmane sérieuse qui cherche du sérieux, qu’elle soit divorcée ou non, qu’elle soit voilée ou non, […] ce site est fait pour vous. »
Quand il s’agit de trouver des membres qui paient pour accéder à sa plateforme, Abou Anas ratisse large et soudainement le fait qu’une femme ne porte pas le voile ne pose plus problème.