TUNIS: Après avoir échangé au cours des douze derniers mois bien plus qu’avec leurs autres partenaires, les présidents tunisien et égyptien ont scellé une véritable alliance sacrée contre ces «dangers qui menacent l’unité des États et des sociétés».
Établir un canal de communication et de consultation «entre les directions des deux pays», et élaborer «des visions et des conceptions nouvelles renforçant la coopération exceptionnelle entre la Tunisie et l’Égypte afin de répondre aux aspirations légitimes des peuples frères à la stabilité et au développement». Tel était l’objectif de la visite officielle de trois jours (du 9 au 11 avril) du président Kaïs Saïed en Égypte. Mission accomplie, selon le bilan qu’ont dressé les deux dirigeants lors d’une conférence de presse.
Dans le domaine stratégique, les deux présidents sont sur la même longueur d’onde. Notamment au sujet du terrorisme et de l’islamisme. D’après le président Al-Sissi, les deux parties sont d’accord pour «faire face aux interventions régionales négatives dans la région, empêcher le travail de sape de l’État national, et lutter contre le terrorisme et la pensée extrémiste».
Convergence
Le président tunisien – qui, contrairement à son homologue, a improvisé son intervention – a mis en exergue la nécessité de «faire face à ces dangers (…) pour préserver les institutions et les infrastructures publiques et immuniser les sociétés contre les mouvements qui ne croient pas en l’unité de l’État et des sociétés».
Al-Sissi et Saïed ont également exprimé leur convergence sur la question libyenne. Le premier a indiqué: «Nous avons bien accueilli (…) la récente formation de l’autorité exécutive, et réaffirmé notre disposition à lui apporter toute forme de soutien lui permettant de jouer son rôle dans la conduite de la phase transitoire, organiser les élections à la fin de l’année en cours, mettre fin aux interventions étrangères et faire sortir de Libye toutes les forces étrangères, les mercenaires, les combattants et les terroristes, de manière à garantir le recouvrement par la Libye de la stabilité recherchée et préserver sa souveraineté et l’unité de son territoire».
Enfin, dans l’affaire du barrage de la Renaissance et du partage des eaux du Nil entre l’Égypte et l’Éthiopie, le chef de l’État tunisien a apporté un soutien total à la position égyptienne.
Ombre au tableau
Seule ombre au tableau, quelques problèmes bilatéraux demeurent. Kaïs Saïed a dévoilé qu’ils ont été évoqués par son homologue égyptien – sans dire lesquels –, mais qu’ils seront «facilement surmontés».
M. Al-Sissi a laissé percevoir une certaine frustration quant aux relations économiques tuniso-égyptiennes, assurant que son pays était disposé à les développer, notamment dans les domaines du commerce et des investissements, «pour les élever au niveau de nos relations politiques exceptionnelles».
Les deux hommes auront bientôt l’occasion de remettre l’ouvrage sur le métier. En effet, lors de la conférence de presse, Kaïs Saïed a lancé à son hôte une invitation – acceptée par M. Al-Sissi – à visiter la Tunisie «le plus tôt possible». Un «cadeau» que le défunt président Béji Caïd Essebsi n’avait pas pu faire au chef de l’État égyptien – avec lequel il avait pourtant noué des relations étroites –, probablement pour ménager son allié de l’époque, le mouvement islamiste Ennahdha. Qui, c’est un euphémisme, ne porte pas le régime égyptien dans son cœur.