AL-MUKALLA: Les Houthis ont poursuivi lundi leur offensive contre Marib, la ville yéménite contrôlée par le gouvernement, au milieu de condamnations et malgré une résistance militaire farouche.
Des centaines de Houthis se sont avancés vers Marib à partir de trois fronts. Ils ont affronté l'armée et les membres des tribus alliées, soutenus par la couverture aérienne des avions de combat de la coalition arabe, d’après des responsables yéménites.
L'offensive continue de la milice satellite de l'Iran a fait des dizaines de morts et de blessés dans les rangs des loyalistes et des miliciens, et ces derniers n’ont pas réussi à s’approcher de leurs cibles, affirment des sources militaires et tribales.
Les forces de l’ordre ont repoussé les attaques des Houthis et tué, blessé et capturé des dizaines de combattants, a déclaré le porte-parole de l'armée yéménite, le général Abdou Abdullah Majili.
Des vidéos et des images sur les réseaux sociaux montrent des pick-up de l'armée yéménite qui transportent des dizaines de combattants houthis, morts et blessés. Les cadavres abandonnés jonchaient le champ de bataille.
Les responsables houthis assurent que leurs forces sont sur le point de capturer Marib.
Mohammed Al-Bukhaiti, un responsable houthi, a déclaré que le mouvement a un «mandat divin» pour repousser les forces gouvernementales et celles de la coalition de Marib. Il décrit l'offensive comme une «bataille décisive» pour la milice.
Le ministère de la Défense du Yémen a déclaré que les Houthis ont concentré leurs attaques sur l’armée dans les zones montagneuses de Serwah et d’Al-Makhdra, les principales lignes de défense protégeant Marib. Les avions de guerre de la coalition ont effectué plusieurs sorties, ciblant les rassemblements houthis et les renforts militaires.
Selon l’agence de presse officielle Saba, le premier ministre Maïn AbdelMalik Saïd a appelé le gouverneur de Marib, Sultan Al-Arada, pour le féliciter de ses succès militaires et pour lui exprimer le soutien du gouvernement, des troupes, ainsi que des tribus qui combattent les Houthis.
Condamnation
Le Ministre des affaires étrangères du Yémen a fermement condamné l’incursion des Houthis dans Marib, un «défi flagrant» aux appels de la communauté internationale de mettre fin à la guerre au Yémen. Pour lui, c’est la preuve que la milice n’est pas sérieuse au sujet de la paix.
«Cette attaque terroriste est une escalade militaire évidente et confirme une fois de plus les avertissements répétés du gouvernement du Yémen selon lesquels les Houthis ne croient pas en la paix et ne carburent que sur le son des canons», affirme le ministère, avertissant qu'une potentielle occupation de Marib aggraverait la crise humanitaire au Yémen.
«Les Houthis exacerbent la crise humanitaire en préférant attiser la violence et cibler des civils innocents. On retrouve parmi ces derniers des réfugiés internes qui ont fui à Marib justement pour échapper à la cruauté indescriptible des miliciens», a ajouté le ministère.
L'ambassadeur britannique au Yémen, Michael Aron, a demandé aux Houthis d’interrompre leur offensive.
«Nous condamnons fermement les actions des Houthis qui ciblent Marib et Jouf», dit le diplomate britannique dans un tweet. «Ils doivent immédiatement mettre un terme à ces attaques et démontrer leur sincérité envers les efforts vers la paix, en soutenant les efforts de l'Envoyé spécial de l'ONU Martin Griffiths».
Le mois dernier, les Houthis ont frappé un campement militaire à Marib avec des missiles. Ils ont tué au moins 110 soldats, et blessé de nombreux autres. Ils ont profité de la confusion qui a suivi l’attaque pour lancer des attaques au sol contre les troupes gouvernementales dans le district de Nehim à Sanaa, Marib et Jouf.
Ils ont pris le contrôle de vastes terrains dans la ville de Nehim et Hazim, qui est la capitale de la province de Jouf. Mais alors qu’ils se dirigeaient vers Marib, les Houthis se sont heurtés à la résistance de l’armée et des membres des tribus locales.
La milice est coincée dans une impasse militaire depuis plus d'un an, incapable de prendre le contrôle de nouvelles zones à Marib malgré l'envoi de milliers de combattants.
Pétrole et gaz
Les experts affirment que Marib revêt une importance stratégique et financière pour le gouvernement et les Houthis, car elle contient des champs de pétrole et de gaz. C’est aussi la dernière grande ville du nord du Yémen sous le contrôle du gouvernement.
«Les Houthis ont cherché à prendre le contrôle de Marib depuis le premier jour de leur coup d'État», a déclaré Ali Al-Fakih, rédacteur en chef d'Al-Masdar Online, à Arab News. Si, ajoute-t-il, «les Houthis envahissent Marib, ils affirmeraient leur plein contrôle sur le nord du Yémen dans son intégralité».
Samuel Ramani, chercheur en relations internationales à l’Université d’Oxford, estime que les champs de pétrole et de gaz à Marib, et la tentative des Houthis pour se présenter comme les seuls décideurs au nord alimentent l’offensive actuelle.
«Les Houthis et le gouvernement yéménite se disputent âprement les champs pétroliers de Marib, car leur contrôle donnerait à l'une ou l'autre des parties un avantage dans les contrats de reconstruction et les futures recettes», explique Ramani à Arab News. «Les Houthis considèrent aussi que le contrôle de Marib est vital pour leur tentative de reconnaissance internationale en tant que parti au pouvoir de facto dans le nord du Yémen.
Il a ajouté que les Houthis se heurtent à des obstacles dans leur offensive de Marib en raison de considérations démographique et géostratégiques.
«Marib est principalement sunnite, ce qui signifie que les Houthis n'ont pas de base de soutien naturelle. Et les tribus locales collaborent étroitement avec le gouvernement Hadi et l'intervention militaire saoudienne pour expulser les Houthis».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com