Sommet des chefs d'État de la CEDEAO à Abuja : les questions sécuritaires au menu

Les drapeaux des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) sont exposés à la session extraordinaire des chefs d'État à Abuja, au Nigéria, le 24 février 2024 (Photo, AFP)
Les drapeaux des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) sont exposés à la session extraordinaire des chefs d'État à Abuja, au Nigéria, le 24 février 2024 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 15 décembre 2024

Sommet des chefs d'État de la CEDEAO à Abuja : les questions sécuritaires au menu

  • Les régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont réaffirmé leur décision « irréversible » de quitter la Cedeao, accusant cette organisation ouest-africaine d'être instrumentalisée par la France.
  • Le départ de ces trois pays, qui forment l'Alliance des États du Sahel (AES), pourrait avoir des répercussions économiques et politiques importantes.

ABUJA, NIGERIA : Les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) se réunissent dimanche pour un sommet ordinaire à Abuja, avec à l'ordre du jour les questions sécuritaires et le départ des junte militaires de l'organisation.

Mais deux jours seulement avant le sommet, les régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont réaffirmé leur décision « irréversible » de quitter la Cedeao, accusant cette organisation ouest-africaine d'être instrumentalisée par la France.

Le départ de ces trois pays, qui forment l'Alliance des États du Sahel (AES), pourrait avoir des répercussions économiques et politiques importantes, notamment en ce qui concerne la libre circulation des personnes et des biens dans la région, où les groupes djihadistes gagnent du terrain.

« Bien que le départ imminent du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO soit décourageant, nous saluons les efforts de médiation en cours », a déclaré Omar Touray, président de la Commission de la CEDEAO, lors de l'ouverture du sommet dimanche.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui a été désigné médiateur entre les pays de l'AES et la Cedeao afin de plaider leur maintien dans l'organisation, participe au sommet d'Abuja, capitale du Nigeria.

La semaine dernière, le président Faye a indiqué qu'il « faisait des progrès » dans les négociations avec les trois pays, affirmant qu'il n'y avait aucune raison pour qu'ils ne maintiennent pas leurs relations avec la Cedeao, surtout compte tenu de la situation sécuritaire.

Selon les textes de la Cedeao, le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger sera effectif un an après l'annonce, soit en janvier 2025.

La rupture entre l'AES et la CEDEAO est intervenue après le coup d'État au Niger, en juillet 2023, qui constitue le sixième dans la région en trois ans (deux au Mali, deux au Burkina et un en Guinée).

L'organisation ouest-africaine avait menacé d'intervenir militairement et imposé de lourdes sanctions économiques à Niamey, qui ont depuis été levées.

Pour tenter d'apaiser les tensions, le président togolais Faure Gnassingbé a tenté de jouer un rôle de médiateur entre l'AES et la CEDEAO.

Fin août, le chef d'état-major de l'armée du Nigeria, le général Christopher Musa, a rencontré son homologue nigérien, le général Moussa Salaou Barmou, afin de renforcer la coopération en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne la communication entre les deux armées et la participation à une force commune le long de leur zone frontalière.

Depuis un coup d'État en 2021, la Guinée, membre de la CEDEAO, est également dirigée par un chef militaire, le général Mamady Doumbouya, qui a depuis été investi président.

Sous la pression de la CEDEAO, les autorités militaires guinéennes avaient accepté d'organiser des élections d'ici la fin de l'année 2024. Cependant, elles ont reconnu depuis qu'elles ne tiendraient pas cet engagement.


Israël ferme son ambassade à Dublin après des initiatives « anti-israéliennes »

Les bâtiments du gouvernement à Dublin sont photographiés le 10 octobre 2023. (Photo d'archives AFP)
Les bâtiments du gouvernement à Dublin sont photographiés le 10 octobre 2023. (Photo d'archives AFP)
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  • L'Irlande a franchi toutes les lignes rouges dans ses relations avec Israël », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, selon ce communiqué.
  • Les relations diplomatiques entre l'Irlande et Israël se sont détériorées à la suite d'une série d'initiatives, notamment la reconnaissance par Dublin d'un État de Palestine et le soutien à une procédure intentée par l'Afrique du Sud devant la CPI.

JERUSALEM : Dans un communiqué publié dimanche, le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé avoir ordonné la fermeture de son ambassade à Dublin, après des initiatives « anti-israéliennes », estimant que l'Irlande avait « franchi toutes les lignes rouges ».

« Les actions et la rhétorique antisémites de l'Irlande contre Israël s'inscrivent dans la délégitimation et la diabolisation de l'État juif, ainsi que dans la politique du deux poids deux mesures. L'Irlande a franchi toutes les lignes rouges dans ses relations avec Israël », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, selon ce communiqué.

Les relations diplomatiques entre l'Irlande et Israël se sont détériorées à la suite d'une série d'initiatives, notamment la reconnaissance par Dublin d'un État de Palestine et le soutien à une procédure intentée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël de « génocide » dans la bande de Gaza où le pays est en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre 2023, jour de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

Au printemps, l'Irlande avait annoncé, aux côtés de la Norvège et de l'Espagne, sa reconnaissance d'un État de Palestine, provoquant l'ire d'Israël.

« La décision de fermer l'ambassade d'Israël à Dublin a été prise à la lumière des actions anti-israéliennes extrêmes du gouvernement irlandais », a ajouté le ministère israélien.

L'Irlande a réagi en déplorant « une décision profondément regrettable de la part du gouvernement (du Premier ministre Benjamin) Netanyahu ». Je rejette totalement l'affirmation selon laquelle l'Irlande est anti-israélienne », a écrit le Premier ministre irlandais, Simon Harris, sur son compte X.

En novembre, il avait déclaré que les autorités de son pays placeraient M. Netanyahu en détention s'il se rendait en Irlande, après l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) d'un mandat d'arrêt à son encontre.

La CPI a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour « crimes contre l'humanité et crimes de guerre » commis du 8 octobre 2023 au 20 mai de cette année dans la bande de Gaza.

Un mandat d'arrêt pour les mêmes motifs avait aussi été émis à l'encontre du chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, que l'armée israélienne a annoncé avoir tué, information jamais confirmée par le mouvement islamiste.

Dans le communiqué du ministère israélien, M. Saar a également annoncé l'ouverture d'une nouvelle ambassade israélienne en Moldavie, mettant en exergue les relations « amicales » entre les deux pays ainsi que la nécessité de les « développer et approfondir ».

« Nous allons ajuster le réseau de missions diplomatiques d'Israël en tenant compte, entre autres, des positions et des actions des différents pays à l'égard d'Israël dans la sphère diplomatique », a-t-il ajouté.


Des milliers de personnes manifestent pour la libération des otages à Gaza

Des manifestants brandissent des pancartes et des drapeaux israéliens lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des Israéliens retenus en otage devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv le 14 décembre 2024.  (Photo AFP)
Des manifestants brandissent des pancartes et des drapeaux israéliens lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des Israéliens retenus en otage devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv le 14 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir dans plusieurs villes d'Israël pour maintenir la pression sur le gouvernement et obtenir la libération des otages retenus dans la bande de Gaza depuis plus d'un an.
  • Les signaux se multiplient d'une possible reprise des négociations en vue d'aboutir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à un accord de libération des otages ; le principal médiateur, le Qatar, ayant évoqué récemment un nouvel « élan ».

JERUSALEM : Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir dans plusieurs villes d'Israël pour maintenir la pression sur le gouvernement et obtenir la libération des otages retenus dans la bande de Gaza depuis plus d'un an, après plus d'un an de guerre avec le mouvement islamiste palestinien Hamas.

« Nous sommes tous d'accord pour dire que nous avons échoué jusqu'à présent et que nous pouvons parvenir à un accord maintenant », a lancé l'acteur Lior Ashkenazi devant la foule rassemblée à Tel-Aviv, deuxième ville du pays.

« Mettez fin à la guerre, c'est le moment d'agir et de ramener tout le monde à la maison », a renchéri Itzik Horn, dont les deux fils, Eitan et Iair, sont toujours retenus en otage dans le territoire palestinien.

Les signaux se multiplient d'une possible reprise des négociations en vue d'aboutir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à un accord de libération des otages ; le principal médiateur, le Qatar, ayant évoqué récemment un nouvel « élan ».

Autre pays médiateur, les États-Unis ont indiqué samedi par la voix du secrétaire d'État, Antony Blinken, que le Hamas semblait avoir assoupli sa position : « C'est le moment de conclure enfin cet accord de cessez-le-feu et de libération des otages », a déclaré M. Blinken à des journalistes, lors d'une visite en Jordanie.

En Égypte, troisième pays médiateur, le président Abdel Fattah al-Sissi a rencontré samedi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et le coordinateur américain pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Brett McGurk, afin de discuter des efforts visant à négocier un accord de cessez-le-feu à Gaza.

« La réunion a porté sur les efforts visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers à Gaza », a indiqué la présidence égyptienne.

Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, une seule et unique trêve d'une semaine est entrée en vigueur en novembre de la même année, permettant la libération de 105 otages dans le cadre d'un accord qui a aussi permis la libération de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Depuis cette trêve, l'armée israélienne a libéré sept otages, tandis que les négociations pour une trêve sont restées au point mort pendant des mois.

Le 7 octobre 2023, lors de l'attaque du Hamas, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien. Au total, 96 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.


Inquiétudes, agacement : les saillies de Trump font des vagues

Justin Trudeau, Premier ministre canadien (Photo Fournie)
Justin Trudeau, Premier ministre canadien (Photo Fournie)
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  • La plupart des Canadiens prennent cette petite phrase de Donald Trump comme une boutade, elle n'en finit pas de faire parler, inquiétant certains et agaçant d'autres.
  • L'ancien Premier ministre du Québec, Jean Charest, a ainsi sèchement prévenu Donald Trump de « réfléchir à deux fois avant d'envahir le Canada ».

RORONTO : Après tout, pourquoi le Canada ne deviendrait-il pas le 51^e État américain ? Si la plupart des Canadiens prennent cette petite phrase de Donald Trump comme une boutade, elle n'en finit pas de faire parler, inquiétant certains et agaçant d'autres.

Plus tôt dans la semaine, le président élu américain avait moqué le Premier ministre canadien en le qualifiant de « gouverneur » sur son réseau Truth Social, un titre désignant aux États-Unis le chef de l'exécutif d'un État fédéré.

Cette moquerie fait suite aux propos de Donald Trump selon lesquels le Canada pourrait devenir le 51e État américain afin d'éviter l'imposition de droits de douane plus élevés, selon la chaîne conservatrice Fox News.

En 1973, le roman à succès Ultimatum, écrit par Richard Rohmer, racontait une tentative américaine d'annexer le Canada après l'annonce de hausses des droits de douane.

Dans cette dystopie, tout comme dans la vraie vie, le président américain était alors Richard Nixon, tandis que le Premier ministre canadien était Pierre Elliott Trudeau, le père du dirigeant actuel, Justin Trudeau.

Si les deux hommes politiques sont décédés depuis longtemps, Richard Rohmer estime que les remarques de Donald Trump, insinuant que le Canada pourrait être absorbé par les États-Unis, ne doivent pas être considérées à la légère.

« Il faut prendre ces propos au sérieux », estime auprès de l'AFP l'écrivain de 101 ans, vétéran du débarquement. « C'est un homme plein d'imagination qui sait ce qu'il fait à propos du Canada. »

Des remarques « humiliantes »

Depuis, au nord de la frontière, on s'interroge sur ces piques à répétition. Si certains estiment que « Trump fait du Trump », cela a toutefois touché une corde sensible.

Le Premier ministre canadien, préoccupé par une possible hausse drastique des droits de douane, n'a pas répondu publiquement aux moqueries de l'Américain.

Mais certains responsables politiques n'ont pas hésité à répliquer. L'ancien Premier ministre du Québec, Jean Charest, a ainsi sèchement prévenu Donald Trump de « réfléchir à deux fois avant d'envahir le Canada ».

Ce dernier a même fait allusion à la guerre de 1812, lorsque les avancées américaines sur le territoire canadien se sont soldées par une défaite et l'incendie de la Maison Blanche.

Toutefois, un sondage réalisé cette semaine par l'institut Leger au Canada montre que 13 % des Canadiens souhaiteraient que leur pays devienne un État des États-Unis.

Pour Laura Stephenson, professeure de sciences politiques à l'université Western, les réflexions de Trump représentent une escalade par rapport à sa menace d'augmenter les taxes douanières.

« C'est un autre monde. Parler d'annexion n'est pas la même chose que de menacer une industrie », affirme la chercheuse.

Si une confrontation directe avec les États-Unis lui semble impensable, elle estime toutefois que de telles moqueries sont « humiliantes » pour les Canadiens.

D'autant plus que, selon elle, de nombreux Canadiens se définissent par opposition aux Américains et que les piques de Donald Trump ont « toutes sortes d'implications pour l'identité canadienne ».

- Patriotisme -

À l'inverse, pour son collègue de l'université de Toronto, Renan Levine, les saillies de Donald Trump pourraient être un « bon signe » pour les Canadiens, soulignant une connivence avec Justin Trudeau.

« Il envoie essentiellement le message suivant : +J'ai un certain niveau de familiarité avec toi, et nous pouvons plaisanter ensemble+, explique-t-il à l'AFP.

Richard Rohmer espère que cette confrontation réveillera le patriotisme des Canadiens. Selon lui, c'est l'une des clés du succès de son livre. Le roman avait touché la fierté nationale des Canadiens, un sentiment très rarement exprimé.

La vice-Première ministre Chrystia Freeland a répondu aux moqueries de M. Trump en expliquant que le Canada était « le meilleur pays du monde ».

Est-ce l'occasion pour le pays de relever la tête face à son puissant voisin ? Richard Rohmer le pense : « Nous devrions le faire, mais je ne sais pas comment. »