PARIS : Une centaine de personnes ont défilé mercredi à Paris pour rendre hommage à trois militantes kurdes, assassinées il y a huit ans, et réclamer à la France de faire la lumière sur cette affaire jamais jugée.
Rassemblés derrière des banderoles réclamant «la justice», les manifestants se sont rendus devant le centre d'information du Kurdistan, en plein Paris, où les trois femmes avaient été abattues.
Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été tuées le 9 janvier 2013 de plusieurs balles dans la tête.
Les manifestants accusent les services secrets turcs du MIT et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet assassinat.
«Nous connaissons l'assassin mais nous connaissons aussi les commanditaires. De ce fait, nous demandons le jugement d'Erdogan et de tous ceux qui sont responsables dans cet assassinat, mais aussi nous demandons à la France de faire toute la lumière sur les manquements qui ont amené à ce triple assassinat», a déclaré à l'AFP Berivan Firat, porte-parole du Conseil démocratique kurde de France.
«Vous vous rendez compte, vous tuez trois personnes en plein Paris et on n'arrive pas à trouver par qui ces gens ont été tués, tout en sachant réellement qui sont les commanditaires...», a renchéri Cemile Renklicay, une manifestante.
Les enquêteurs français avaient pointé «l'implication» de membres des services secrets turcs dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires.
Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme un «ordre de mission» du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, cet homme de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action publique à son encontre.
Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de reprendre l'enquête sur des complicités dans l'assassinat.
Une information judiciaire a été ouverte pour «complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle».
Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.