Achoura, symbole de paix, de fraternité et de coexistence

Moment de recueillement à la mosquée du prophète à Médine le 5 août 2022 (Photo, SPA).
Moment de recueillement à la mosquée du prophète à Médine le 5 août 2022 (Photo, SPA).
Short Url
Publié le Lundi 08 août 2022

Achoura, symbole de paix, de fraternité et de coexistence

Achoura, symbole de paix, de fraternité et de coexistence
  • La plupart des mosquées du vendredi en Arabie saoudite, notamment les deux Saintes Mosquées, et le reste de la communauté musulmane, proposent chaque année des cérémonies de prédication pour ce mois afin de rappeler l’histoire inspirante d’Achoura
  • Les gens sages et bons écoutent-ils l’appel à la paix et à la coexistence à travers le monde afin que la justice et la paix fleurissent pour remplacer l’injustice, l’occupation, la violence, l’extrémisme et le terrorisme?

Les musulmans commémorent chaque année le jour de l’Achoura, suivant les enseignements du prophète Mohammed, pour glorifier et vénérer le jour où Allah a sauvé le Prophète Moïse, ainsi que son peuple, de la noyade. C’est un jour si important que nous devons le célébrer comme un jour béni par Allah.

Mettant en lumière les liens entre les religions, la cohésion des prophètes et l’intégration de leurs messages, le Hadith du prophète déclare que «les prophètes sont les fils d’un seul homme avec de nombreuses femmes et une seule foi». Cela signifie que les prophètes sont frères dans leur prophétie et non par des liens de sang, en ce sens qu’ils ont un seul père dans la prophétie; leur père est Adam et leurs lois sont différentes.

Ce qui est plus révélateur de ces interconnexions entre les religions et leurs prophètes, c’est l’arrivée du prophète Mohammed à Médine alors que les juifs jeûnaient parce que Moïse avait été sauvé. Cela ressort clairement dans la déclaration éternelle du Prophète Mohammed: «Nous sommes plus proches de Moïse qu’eux.» En conséquence, le prophète Mohammed a jeûné ce jour-là et a ordonné que ce jour soit pour le jeûne.

Une vision méditative et contemplative des finalités de cette noble propagation prophétique met en valeur un résultat hautement significatif: une tolérance profondément enracinée dans la loi islamique et l’appel à la consolidation de la fraternité religieuse, non seulement dans la communauté musulmane mais au sein de l’humanité entière. Il y a par ailleurs une consolidation des espaces d’harmonie entre ces lois célestes, une gestion avisée des zones de divergence par le dialogue et des outils  solides de symétrie.

Promouvoir des méthodes de coexistence dans la paix, la sécurité et la sûreté pour améliorer la vie et consacrer la fraternité religieuse en particulier et la fraternité humaine en général; vouloir éviter d’éclipser et de marginaliser l’autre et viser à coexister avec l’autre et ses propres croyances indépendamment de son harmonie ou de sa disharmonie avec l'islam… sont des faits fondamentaux et la base de la coexistence avec l’autre dans la communauté musulmane.

L’islam accorde une grande importance au jour de l’Achoura qui se caractérise par des rituels d’adoration, comme le jeûne. La plupart des mosquées du vendredi en Arabie saoudite, notamment les deux Saintes Mosquées, et le reste de la communauté musulmane, proposent chaque année des cérémonies de prédication pour ce mois afin de rappeler l’histoire inspirante d’Achoura et du jeûne musulman. Au Royaume et dans le monde islamique au sens large, l’on jeûne dans presque chaque foyer. Cela est une preuve importante de la force et du développement des relations entre les musulmans et leur lien avec les prophètes et les messagers d’une part et les adeptes de religions et de cultures différentes de l’autre.

 «Nous devrions investir dans l’atmosphère de ce jour béni et nous inspirer des leçons grandioses de notre noble messager.»- Faiçal ben Abdelrahman ben Muaammar

Les documents juridictionnels n’ont ménagé aucun effort pour mettre en lumière les droits inaliénables des non-musulmans dans le monde islamique, qui incarne l’inspiration même de la Constitution de Médine. Il s’agit de la première Constitution de l’État civil, qui définit le cadre de l’État émergent de l’islam sans faire de distinction entre ses citoyens en termes de religion, de race, de genre ou de couleur de peau. Elle est basée sur la relation entre l’islam, les nations, les peuples et les adeptes d’autres religions et cultures, ainsi que sur les connaissances, le dialogue et la convergence, et non sur les différences, les conflits et la division.

Considérant cette connaissance comme une cause pour créer des peuples et en faire des nations et des tribus, Allah l’a choisie comme objectif de cette diversité dans la création. Comme le dit le Coran (49:13): «Ô hommes, en effet, nous vous avons créés à partir d’un mâle et d’une femelle et avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous entre-connaissiez», tandis que le contraire constitue une déviation du droit chemin, sur base des fondements de la compassion de l’humanité commune. Ainsi, ce jour historique s’accompagne de jeûne dans le cadre des méthodes de fraternité religieuse, indiquant que les musulmans apprécient la paix, la coexistence, le respect des religions, ainsi que l’inviolabilité et la sacralité des prophètes.

Si les musulmans sont ainsi, cette croyance divine en l’amour de Moïse et de Jésus, ainsi que de tous les prophètes et messagers, du fait que la foi leur est associée, signifie un respect total de leurs paroles et de leurs livres.

Lorsque l’islam protège les personnes et leur vie privée, il n’en fait pas le monopole des seuls musulmans; c’est plutôt pour eux et pour les autres parce que la paix est le droit de tous les citoyens, même si elle est contraire à la foi.

Dans la mesure où les prophètes rapprochent les êtres humains et que les démons de l’humanité les séparent, j’appelle – lors de la célébration de cette journée, qui rassemble les adeptes de ces deux religions et répand la justice, la tolérance, la paix et la coexistence – à débarrasser les occupants de leur injustice et de l’utilisation de la religion pour satisfaire leurs propres intérêts. De même, j'appelle les extrémistes de l’autre côté qui utilisent la religion pour justifier le terrorisme et commettre des crimes, alors que la religion s’oppose totalement à de tels actes, à renoncer à l’apparente contradiction entre l’adoption du principe de la violence et l’origine et la signification du message divin.

Par conséquent, il est préférable pour les adeptes de ces deux religions – ceux qui aiment la paix, la coexistence et la compassion – d’investir dans l’atmosphère de ce jour béni et de s’inspirer des leçons grandioses de notre noble messager.

Par ailleurs, il y a plus qu’une indication claire de la mise en place des valeurs de coexistence sur des bases religieuses, politiques, économiques, sociales et culturelles stables. Une telle liste est faite pour approfondir le partenariat humain et tenir compte de l’établissement de relations positives et de consolidation des liens, ainsi que l’affirmation de la bienveillance mutuelle où l’Achoura n’était pas une accusation ou une violation de la doctrine du monothéisme. C’est plutôt une véritable pratique du jeûne sur la base du consentement à la cause, une gratitude envers Allah – qui accorde les bénédictions – pour sa générosité, sa bienveillance et sa munificence aux peuples de la bonté et de l’humanité en ce jour béni.

J’adresse mes prières à Allah afin qu’il fasse de ce grand jour l’occasion d’inspirer l’esprit de l’Achoura à la lumière de ce que nous avons appris du prophète Mohammed en nous invitant à aimer Moïse, modèle et exemple pour l’humanité. Les gens sages et bons écoutent-ils l’appel à la paix et à la coexistence à travers le monde afin que la justice et la paix fleurissent pour remplacer l’injustice, l’occupation, la violence, l’extrémisme et le terrorisme?

• Faiçal ben Abdelrahman ben Muaammar est superviseur général du projet Salam pour les communications culturelles.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com