KIRKOUK: L'ancien gouverneur en fuite, Najm Eddine Karim, qui avait organisé le référendum d'indépendance kurde dans sa province de Kirkouk (nord), en territoire fédéral, et appelé les Kurdes à prendre les armes contre Bagdad, est mort samedi aux Etats-Unis, a annoncé sa famille.
Recherché pour corruption, l'homme, mort à 71 ans, avait été brièvement arrêté par Interpol à l'aéroport de Beyrouth en mai 2019 avant de parvenir à rejoindre les Etats-Unis où il est décédé à l'aube dans un hôpital, a indiqué sa famille dans un communiqué.
Il sera enterré au Kurdistan, a annoncé l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), l'un des principaux partis kurdes auquel il a un temps appartenu.
Karim, un Kurde possédant les nationalités irakienne et américaine, est devenu en 2011 gouverneur de Kirkouk, ville peuplée de Kurdes, d'Arabes et de Turkmènes, et dont Erbil, capitale du Kurdistan irakien, dispute le contrôle à Bagdad.
Il a été limogé avec fracas en septembre 2017 quelques jours avant la tenue du référendum d'indépendance au Kurdistan organisé, contre l'avis de Bagdad et de la communauté internationale, par le leader kurde Massoud Barzani.
Refusant de quitter son poste, Karim, qui avait hissé le drapeau kurde sur les bâtiments officiels de Kirkouk, avait tenu ce référendum dans sa province, pourtant hors des frontières du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak.
Un mois plus tard, il appelait les habitants de Kirkouk à prendre les armes face aux troupes envoyées par Bagdad pour reprendre les positions accaparées par les combattants kurdes à la faveur du chaos de la percée jihadiste de 2014, avant de prendre la fuite après la reprise de Kirkouk en octobre 2017.
L'Irak est l'un des pays les plus corrompus au monde mais la plupart des responsables recherchés pour détournement de fonds parviennent à s'échapper avant d'être appréhendés.
Le pays, deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a déjà perdu plus de 400 milliards d'euros d'argent public depuis 2003, soit plus de trois fois le budget de l'Etat et deux fois le produit intérieur brut national.
Lors des rares coups de filet, dénoncent les militants anticorruption, les responsables arrêtés ne sont obligés que de rendre l'argent détourné, et non les profits générés avec ces deniers, pourtant bien plus importants et qui n'auraient jamais existé sans la corruption.