Procès pour meurtre d'un avocat kurde: la police turque accusée de truquage

Tahir Elci a été assassiné (Photo, AFP)
Tahir Elci a été assassiné (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 22 octobre 2020

Procès pour meurtre d'un avocat kurde: la police turque accusée de truquage

  • La Turquie se classe 109e sur 126 pays, selon l'indice de World Justice Project pour 2019
  • Deux des policiers accusés sont toujours en service

ANKARA: Cinq ans se sont écoulés depuis que l'éminent avocat kurde et défenseur des droits de l'homme Tahir Elci a été assassiné, en plein jour, au milieu de la rue. Mais alors que le procès des trois policiers pour le meurtre non résolu a commencé mercredi dans la province du sud-est de Diyarbakir, à majorité kurde, les autorités sont accusées d'avoir tenté de détourner l'attention du public des vrais coupables.

Elci, président de l'Association du barreau de Diyarbakir, était l'une des rares «personnalités modérées» en Turquie qui cherchait à trouver un terrain d'entente entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit publiquement, et le gouvernement turc.

Cependant, des mois avant son meurtre de novembre 2015, de violents échanges entre l'armée turque et le PKK ont repris après l'effondrement d'un cessez-le-feu.

Elci a été abattu lors d'une conférence de presse à Diyarbakir au cours de laquelle il avait appelé à la fin des affrontements entre les forces de sécurité turques et la branche jeunesse du PKK. Sa mort a déclenché des manifestations dans tout le pays ainsi qu’une condamnation internationale.

L’intérêt professionnel d’Elci portait sur les violations des droits de l’homme par les forces de sécurité, et sur les disparitions forcées.  Il représentait souvent des victimes devant la Cour Européenne des droits de l’homme.

Cependant, l'inclusion d'un membre du PKK comme suspect avec les trois policiers dans l'affaire a été largement critiquée après que Forensic Architecture, un groupe de recherche indépendant basé à Londres, a analysé les images de la caméra de la fusillade et conclu que les trois policiers présents sur les lieux étaient les suspects les plus probables.

Les procureurs demandent jusqu'à neuf ans de prison pour les trois officiers.  Deux d’entre eux sont toujours en service.

Les policiers ont assisté aux procès par vidéoconférence.

Ahmet Ozmen, ancien chef de l’association du barreau de Diyarbakir, a accusé les enquêteurs de négligence, affirmant qu’une séquence de treize secondes montrant le meurtre d’Elci manquait à la vidéo du meurtre.

«Les autorités n'ont pas réussi à rassembler des preuves de manière efficace; la balle qui a tué Elci n’a pas encore été trouvée. Le procureur a été remplacé à plusieurs reprises», a-t-il déclaré à Arab News.

Elci a été durement critiqué après une interview télévisée en direct, organisée par le présentateur progouvernemental Ahmet Hakan en 2015, lorsqu'il a déclaré que «le PKK n'est pas un groupe terroriste mais une organisation politique armée». Cette déclaration a eu pour conséquence une série de menaces de mort et d'avertissements, en plus d’une potentielle peine de prison de sept ans pour soutien public d’un groupe terroriste.

«L'acte d'accusation pour l'assassinat n’était pas efficace», a déclaré Ozmen. «Cette affaire est censée créer le chaos et la peur en Turquie ».

Cependant, «en tant qu’avocats kurdes, ces attaques ne nous découragent pas. Nous poursuivrons notre lutte pour les droits, la justice et la liberté. C'est pour cette raison que le barreau de Diyarbakir est réputé, non seulement en Turquie, mais dans le monde entier», a-t-il ajouté.

Des dizaines de milliers de personnes en deuil avaient assisté aux funérailles d’Elci. Des groupes nationaux et internationaux de défense des droits de l’homme ont continué de demander justice, et que toutes les circonstances de son meurtre soient révélées.

«Il y a des raisons impérieuses de croire que l'accusation aurait dû être pour «meurtre intentionnel prévisible», accusation la plus grave, puisqu'en tirant dans une rue où se trouvaient des civils, la police a consciemment mis des vies en danger», a déclaré Human Rights Watch dans un communiqué.

La Turquie se classe 109e sur 126 pays, selon l'indice de World Justice Project pour 2019.

«L’audience n’a pas été satisfaisante car toutes nos demandes judiciaires ont été rejetées. Les suspects n’ont pas été entendus lors du procès. Ce tribunal a complètement perdu son impartialité et son indépendance», a déclaré Neset Girasun, directeur adjoint de la Fondation Tahir Elci pour les droits de l'homme, à Arab News.

Selon Girasun, de tels cas portent atteinte à la confiance du public, non seulement parmi la population kurde, mais dans la société en général aussi.

«Elci, avec ses vingt-trois ans d’efforts pour jeter la lumière sur les injustices auxquelles le peuple kurde est confronté, a beaucoup contribué à semer un sentiment de justice parmi eux. Il a toujours essayé de soutenir les gens de la région. Ce qui est resté derrière les portes closes doit voir la lumière du jour», a ajouté Girasun.

Le procès reprendra le 3 mars 2021.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza a sombré dans l'anarchie, estime l'ONU

La bande de Gaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l'ordre public s'est effondré, ont déclaré vendredi des responsables des Nations unies. (AFP)
La bande de Gaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l'ordre public s'est effondré, ont déclaré vendredi des responsables des Nations unies. (AFP)
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  • "J'ai été particulièrement alarmé par le niveau de la faim", a déclaré M. Sunghay lors d'un point de presse à Genève, en vidéoconférence depuis Amman.
  • "L'effondrement de l'ordre public et de la sécurité exacerbe la situation, avec des pillages généralisés et des luttes pour des ressources qui se sont raréfiées", a-t-il témoigné.

GENEVE: La bande de Gaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l'ordre public s'est effondré, ont déclaré vendredi des responsables des Nations unies.

L'ampleur de la souffrance des Palestiniens de Gaza "doit être vue pour être vraiment comprise", a déclaré Ajith Sunghay, chef du bureau des droits humains de l’ONU dans les Territoires palestiniens, après sa dernière visite à Gaza.

"J'ai été particulièrement alarmé par le niveau de la faim", a déclaré M. Sunghay lors d'un point de presse à Genève, en vidéoconférence depuis Amman.

"L'effondrement de l'ordre public et de la sécurité exacerbe la situation, avec des pillages généralisés et des luttes pour des ressources qui se sont raréfiées", a-t-il témoigné.

"L'anarchie à Gaza, au sujet de laquelle nous avions sonné l'alerte il y a des mois, est là", a-t-il dit, soulignant que la situation, prévisible, aurait tout à fait pu être évitée.

M. Sunghay a déclaré que de jeunes femmes, dont beaucoup ont été déplacées à plusieurs reprises, ont signalé le manque d'espaces sûrs et d'intimité dans leurs tentes de fortune.

"Certains affirment que les cas de violence sexiste et de viol, d'abus envers les enfants et d'autres formes de violence dans les camps de réfugiés ont augmenté, en raison de la guerre et du délitement de l'ordre public, a-t-il ajouté.

Récupération dans les décharges 

M. Sunghay a décrit la situation dans la ville de Gaza comme "horrible", avec des milliers de personnes déplacées qui se sont réfugiées dans des "conditions inhumaines, avec de graves pénuries alimentaires et des conditions sanitaires terribles".

Il a raconté avoir vu, pour la première fois, des dizaines de femmes et d'enfants gazaouis fouiller dans les déchets de décharges géantes.

Le niveau de destruction à Gaza "ne fait qu'empirer", a-t-il ajouté.

"Tous ceux que j'ai rencontrés demandent que mette fin à cette situation. Assez", a-t-il asséné.

Il a déclaré que l'aide que l'ONU devait apporter aux 70.000 personnes qui vivraient encore dans le nord de Gaza était entravée, en raison d'"obstacles répétés ou des rejets de convois humanitaires par les autorités israéliennes".

"Il est absolument évident qu'une aide humanitaire massive doit arriver – et ce n'est pas le cas", a-t-il déploré.

Le porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits humains, Jeremy Laurence, a appelé à un cessez-le-feu immédiat.

"Les tueries doivent cesser", a affirmé M. Laurence, "Les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition. Les personnes détenues arbitrairement doivent être libérées".

"Tous les efforts doivent être faits pour fournir d'urgence toute la nourriture, tous les médicaments et toute l'aide vitale dont Gaza a désespérément besoin", a-t-il insisté.

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.207 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le 7 octobre 2023, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

La guerre menée par Israël en représailles a tué 44.330 personnes à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


Israël construit un couloir militaire divisant le nord de la bande de Gaza : BBC

Des Palestiniens marchent à côté de bâtiments endommagés après le retrait des forces israéliennes d'une partie de Nuseirat, dans le centre de Gaza, le 29 novembre. (Reuters)
Des Palestiniens marchent à côté de bâtiments endommagés après le retrait des forces israéliennes d'une partie de Nuseirat, dans le centre de Gaza, le 29 novembre. (Reuters)
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  • Des photos satellites et des séquences vidéo montrent des bâtiments démolis et des positions de troupes établies
  • Un expert : "Je pense qu'ils vont installer des colons juifs dans le nord, probablement dans les 18 prochains mois"

LONDRES : Israël construit des infrastructures militaires séparant le nord de la bande de Gaza du reste de l'enclave palestinienne, a rapporté la BBC.

L'équipe Verify de la chaîne a déclaré avoir vu des images satellite montrant que des bâtiments ont été démolis le long d'une ligne allant de la frontière israélienne avec Gaza jusqu'à la Méditerranée par une série d'explosions contrôlées.

BBC Verify a ajouté que les images montrent des véhicules militaires israéliens et des soldats postés le long de la ligne, qui s'étend sur près de 9 km à travers l'enclave, coupant la ville de Gaza des villes de Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahia.

Des images ont également été diffusées en ligne montrant des soldats israéliens en train de détruire des bâtiments dans la zone depuis octobre, et du personnel conduisant des véhicules Humvee dans la zone.

Des images ont également été diffusées par des combattants du Hamas qui se trouvent toujours dans la zone et qui affrontent les forces terrestres et les chars israéliens autour de la nouvelle ligne de démarcation.

H. A. Hellyer, expert du Moyen-Orient au Royal United Services Institute, a déclaré à la BBC que ces images suggèrent qu'Israël empêchera des milliers de Palestiniens de rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza.

Cette nouvelle cloison n'est pas la première à être construite à Gaza depuis le début de la guerre en octobre 2023.

Le corridor de Netzarim, au sud, sépare la ville de Gaza en deux zones, tandis que le corridor de Philadelphie sépare le sud de l'enclave de sa frontière avec l'Égypte.

"Ils s'engagent sur le long terme", a déclaré M. Hellyer. "Je m'attends absolument à ce que la partition nord se développe exactement comme le corridor de Netzarim.

Il a ajouté : "Je pense qu'ils vont installer des colons juifs dans le nord, probablement au cours des 18 prochains mois. Ils ne les appelleront pas "colonies".

"Au début, ils les appelleront des avant-postes ou autres, mais c'est ce qu'ils seront et ils se développeront à partir de là.

Cette évolution a fait craindre qu'Israël ne mette en œuvre un plan conçu par l'ancien général Giora Elland pour forcer les civils à quitter le nord de Gaza en limitant les approvisionnements et en informant ceux qui restent qu'ils seront traités comme des combattants ennemis, dans le but de faire pression sur le Hamas pour qu'il libère les otages israéliens.

Selon la BBC, environ 90 % de la bande de Gaza a fait l'objet d'ordres d'évacuation à différents moments depuis le début du conflit, et des millions de personnes ont été déplacées à plusieurs reprises.

Les Nations unies estiment, avec l'aide des organisations humanitaires travaillant à Gaza, qu'environ 65 000 personnes pourraient encore être piégées au nord de la nouvelle ligne de démarcation, où elles risquent de mourir de faim.

Un porte-parole de l'ONU a déclaré mardi que "pratiquement aucune aide" n'entrait dans la zone et que les habitants étaient "confrontés à de graves pénuries de fournitures et de services, ainsi qu'à une forte surpopulation et à des conditions d'hygiène déplorables".

Le ministre des finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu'Israël devrait occuper Gaza et "encourager" les Palestiniens à partir.


Syrie: les forces jihadistes et rebelles entrent dans la ville d'Alep

Des avions russes et syriens ont mené vendredi des raids intensifs sur la ville d'Idleb et sa région, dernier bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Des avions russes et syriens ont mené vendredi des raids intensifs sur la ville d'Idleb et sa région, dernier bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Des avions russes et syriens ont mené vendredi des raids intensifs sur la ville d'Idleb et sa région
  • "L'aviation russe et syrienne a mené 23 raids sur la région d'Idleb", a indiqué l'OSDH

BEYROUTH: Des avions russes et syriens ont mené vendredi des raids intensifs sur la ville d'Idleb et sa région, dernier bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"L'aviation russe et syrienne a mené 23 raids sur la région d'Idleb", a indiqué l'OSDH. Ces raids interviennent alors que les jihadistes et leurs alliés, qui contrôlent Idleb, ont lancé une vaste offensive contre les zones tenues par le régime syrien, parvenant aux portes d'Alep, la grande ville du nord.

Les forces jihadistes et rebelles qui ont lancé une vaste offensive dans le nord de la Syrie sont ensuite parvenues à entrer vendredi dans la ville d'Alep, ont indiqué une ONG et des témoins.

"Ils sont entrés dans les quartiers ouest et sud-ouest", a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahman. Deux témoins ont confirmé à l'AFP avoir vu des hommes armés et fait état de panique dans la grande ville du nord de la Syrie.