BEYROUTH: Avec l’échéance de l’initiative française qui approche à grands pas, le président libanais, Michel Aoun, a engagé mardi des concertations de crise avec les factions parlementaires rivales, dans une dernière tentative de former un nouveau gouvernement.
Cette initiative intervient après que le mouvement Amal et le Hezbollah ont refusé la rotation du portefeuille des Finances, un élément crucial dans l'initiative du président français, Emmanuel Macron, visant à former un « gouvernement de mission » dans un délai de quinze jours.
Le non-respect de l'échéance de mardi constituera un coup dur pour les efforts français qui incitent les dirigeants libanais à conclure un accord sur les réformes anticorruption.
M. Macron a pourtant été clair. Les réformes de grande envergure sont indispensables en contrepartie de l'aide étrangère d'urgence dont le pays a besoin pour contrer la montée en flèche du chômage et la pire crise économique que le pays ait connue depuis des décennies.
En outre, le ministère français des Affaires étrangères a bien précisé que les politiciens libanais devaient tenir leur promesse et s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement.
Un porte-parole affirme que « c'est à eux de traduire cet engagement en action sans tarder ».
Cependant, il semble que les discussions sur la crise, entretenues par M. Aoun, se sont achevées sans qu'aucun progrès n'ait été fait pour sortir de l'impasse.
En effet, le palais présidentiel n'a toujours pas fixé de rendez-vous au Premier ministre désigné, Mustapha Adib, afin de discuter, avec le président, la composition du cabinet.
Mardi, le député du Hezbollah Mohammed Raad et celui du mouvement Amal Ali Hassan Khalil ont informé M. Aoun que les deux factions sont attachées au portefeuille des Finances.
De son côté, le bloc des Forces libanaises et du Parti socialiste progressiste dirigé par Walid Joumblatt n’a pas réussi à participer aux négociations.
Mustapha Allouche, membre du Futur, a décrit les discussions menées par le président comme une violation de la Constitution du pays.
« Le plus important maintenant est de former un gouvernement pour parvenir à une trêve interne en attendant les échéances importantes dans la région, comme l’élection présidentielle américaine », confie-t-il à Arab News.
Réformes gouvernementales
« Tous doivent se réconcilier et faire avancer l'initiative française. C’est la seule alternative », poursuit-il.
Les efforts de la France pour imposer de vastes réformes gouvernementales interviennent dans le sillage de l'explosion survenue dans le port de Beyrouth qui a dévasté la capitale, tuant près de 200 personnes et en blessant des milliers d’autres.
Les dirigeants des partis qui ont rencontré M. Macron à Beyrouth après l'explosion se sont engagés à former un gouvernement de spécialistes et de ministres non politiques pour mettre en œuvre les réformes exigées par la communauté internationale et pour sortir le Liban de la crise économique.
Au milieu de cette agitation politique, des tensions entre le Courant patriotique libre (CPL) et les partisans des Forces libanaises ont éclaté dans la capitale ce mardi . Des coups de feu ont été tirés en l'air, forçant l'armée à intervenir pour apaiser la violence.
Selon le commandement de l'armée libanaise, « des affrontements se sont déroulés et des coups de feu ont été tirés en l'air après que des partisans des Forces libanaises se sont rassemblés près du quartier général du CPL, ont lancé des pierres et ont crié des slogans provocateurs ».
L'armée a appelé les Libanais à « exprimer leurs opinions de manière pacifique, et à s'abstenir de tout ce qui pourrait perturber la stabilité et la sécurité ».
Les partisans des Forces libanaises avaient commémoré l’assassinat de Bachir Gemayel, fondateur du groupe et ancien président du pays, avec un convoi dans les rues.
Selon l'ancien député des Forces libanaises Fadi Karam, « les relations du FPM sont fragiles avec toutes les composantes politiques, et pas seulement avec les Forces libanaises. Les relations du CPL sont rompues et sans avenir ».
Il ajoute que « les affrontements entre les jeunes enthousiastes sont certes possibles, mais il est impératif de mener une enquête pour que ceux qui ont tiré les coups de feu soient reconnus responsables ».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com