PARIS: La France est l'un des pays qui accordent le plus la protection aux Afghans, a affirmé mardi l'Elysée, en réponse aux critiques de la gauche sur les propos d'Emmanuel Macron s'inquiétant d'éventuels "flux migratoires irréguliers" en provenance d'Afghanistan.
"Nous n'avons pas du tout à rougir car nous sommes l'un des pays qui accueillent le plus d'Afghans et qui leur donnent le plus de protection", a souligné la présidence.
Dans le contexte de crise liée au retour des talibans au pouvoir, "la France est très attentive à la situation des Afghans" mais "cela n'empêche pas - ce qui serait faire preuve de naïveté et de manque de responsabilité - d'être très ferme face aux trafics et aux réseaux qui profitent de la misère et de la peur" de ceux qui souhaitent quitter le pays, a-t-elle ajouté.
Plusieurs responsables de gauche et d'associations ont dénoncé les propos tenus lundi soir par Emmanuel Macron, qui a assuré que la France faisait "son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés", tout en affirmant la nécessité de "nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants".
Macron indigne la gauche française sur l'immigration
Les propos du président français Emmanuel Macron sur les "flux migratoires irréguliers" en provenance d'Afghanistan ont suscité un tollé à gauche, tandis que droite et extrême droite appelaient à la fermeté sur ce thème sensible à huit mois de la présidentielle.
La gauche l'a accusé d'entretenir une "confusion entre asile et immigration irrégulière", selon les termes du député écologiste Matthieu Orphelin.
Même indignation chez les députés de La France Insoumise (LFI, gauche radicale), où Adrien Quatennens a accusé le chef de l'Etat de "rabougrir la France".
Une sénatrice socialiste, Laurence Rossignol, a elle parlé de "cynisme" et de "honte".
Devant le début de polémique, le chef de l'Etat a regretté dès lundi, peu avant minuit, "que certains veu(il)lent détourner" ses propos.
Le président de SOS Racisme Dominique Sopo a affirmé que "les personnes qui fuient la guerre, l'oppression et la mort" n'étaient pas "des flux migratoires irréguliers".
Mais, pour l'Elysée, "l'intérêt collectif" de la communauté internationale est "d'anticiper" en "coordination avec les pays voisins de l'Afghanistan et les pays de transit".
"La vigilance est nécessaire par rapport aux réseaux, aux trafics d'êtres humains et aux intentions malveillantes", a ajouté un conseiller présidentiel, en faisant allusion à d'éventuelles menaces terroristes. "Plus on anticipe, plus on peut faire notre devoir", a-t-il souligné, en précisant que la France prendrait "sa part dans le cadre d'un accord international".
Sur cette question, la chancelière allemande Angela Merkel et Emmanuel Macron "sont exactement sur la même ligne", affirme l'Elysée.
Angela Merkel s'est dite mardi ouverte à l'accueil "contrôlé" de réfugiés afghans "particulièrement vulnérables".
De nombreuses voix se sont élevées en Allemagne contre un scénario similaire à celui de septembre 2015 quand Mme Merkel avait ouvert les portes de son pays aux réfugiés, venus notamment de Syrie. L'Allemagne avait accueilli en 2015 et 2016 plus d'un million de demandeurs d'asile.
Depuis 2018, la France reçoit quelque 10 000 demandes d'asile d'Afghans pour un total d'environ 50 000 pour l'ensemble des pays de l'UE. L'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui a traité 8 200 dossiers depuis le début de l'année, accorde la demande de protection dans 64% des cas, un chiffre qui atteint 89,9% après examen des recours, contre une moyenne de 63% sur l'ensemble de l'UE, selon les chiffres donnés par l'Elysée.