Des milliers de délégués d'Etats et d'ONG ont rendez-vous de mercredi à vendredi à Paris et en ligne pour une réunion sur l'égalité des sexes, avec l'objectif de déboucher sur des "engagements concrets" pour faire progresser la cause des femmes, mise à mal par la pandémie de Covid-19.
Ce "Forum Génération Égalité" est la plus importante convention de l'ONU sur ce sujet depuis la Conférence de Pékin de 1995.
Il doit contribuer à faire "progresser les droits des femmes et des jeunes filles partout dans le monde" et répondre ainsi à une situation "très préoccupante", a résumé Emmanuel Macron, qui doit lancer lui-même l'événement mercredi après-midi lors d'une cérémonie au Carrousel du Louvre, à Paris.
L'égalité entre les sexes a été "fragilisée" par la pandémie de Covid-19, a souligné le président français dans un message vidéo publié la semaine dernière sur son compte Twitter. En outre, "nous voyons dans beaucoup de sociétés, y compris en Europe, monter une nouvelle période conservatrice (...) qui remet en cause des droits fondamentaux" des femmes, a-t-il déploré.
L'événement, coprésidé par la France et le Mexique sous l'égide d'ONU femmes, doit accueillir des personnalités comme la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris (à distance) ou l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton (à Paris).
Il doit déboucher sur un "plan mondial d'accélération" vers l'égalité, autour de plusieurs thématiques comme les violences envers les femmes, le droit à disposer de son corps, ou encore l'égalité économique.
Chaque thème sera abordé par des "coalitions d'action" associant États, organisations internationales, société civile et secteur privé pour élaborer une "feuille de route" dont la mise en oeuvre doit être évaluée dans les cinq ans.
Tous les États du monde ont été invités mais à la condition qu'ils s'engagent réellement à faire progresser l'égalité entre les sexes, a expliqué Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du forum.
"Chaque État, institution ou entreprise devra faire une annonce très concrète, qu'elle soit politique, législative ou financière. Nous avons travaillé en amont pour que ces annonces soient nouvelles et substantielles", a-t-elle précisé.
Aide au développement fléchée
Dans le cadre de sa "diplomatie féministe", la France devrait ainsi annoncer une hausse "significative" de sa contribution au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), afin de faciliter l'accès des femmes à la contraception et à l'avortement. Elle devrait également annoncer des fonds en faveur de l'éducation des filles, et une initiative pour "contribuer à la protection des défenseurs des droits" des femmes, selon l'Elysée.
L'un des enjeux de la conférence sera également de faire en sorte que les acteurs de l'aide au développement augmentent la part de leurs financements spécifiquement dévolue à l'égalité de genre, a expliqué à l'AFP Mar Merita Blat, en charge de ce dossier à l'Agence française de développement (AFD). Actuellement, 1% de l'aide publique au développement au niveau mondial est fléchée vers cette thématique, selon elle.
L'AFD, pour sa part, oriente les deux tiers de ses financements vers des projets comportant un objectif d'égalité des sexes, ou entièrement dévolus à cette fin. Dans le premier cas, l'agence française, en aidant à la construction d'un métro à Cochin en Inde, a prévu un plan de formation pour inciter des femmes à devenir conductrices des nouvelles rames. Dans le deuxième cas, elle a financé au Tchad des actions de prévention des mariages précoces ou de l'excision, a détaillé Mme Merita Blat.
Plusieurs ONG féministes ont prévu de se faire entendre à l'occasion de cette conférence onusienne. Oxfam France, la Fondation des femmes et le Collectif Générations féministes doivent ainsi tenir une conférence de presse mardi, veille de l'ouverture du forum, pour réclamer au gouvernement français un "plan de relance féministe".
Le sommet de Paris "devra être un moment important de remobilisation générale de la communauté internationale et de la société civile pour atteindre l'égalité de genre d'ici 2030", estiment ces associations, qui appellent à des "financements publics" pour que "le combat pour l'égalité accélère".