Le Royaume contre
les mines terrestres

400 Yéménites ont été tués par des mines depuis 2019, une initiative dirigée par l'Arabie saoudite s'efforce d'y mettre fin

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Le bus a roulé sur une mine terrestre, projetant des lambeaux de corps d’enfants par les fenêtres et transformant le mariage du village en funérailles.

Le 13 septembre 2023
| District d’Al-Khawkhah, au sud de Hodeidah

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Sur le chemin de la clinique voisine, une mine terrestre plantée par les Houthis a réduit leurs corps en morceaux, arrachant la jambe du petit garçon.

Le 30 octobre 2022 | Taiz

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Mon fils gisait sur le sol et saignait, sa jambe coupée, suspendue à son corps par rien d’autre que de la peau.

2021 | District de Dhubab, Taiz

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Sameera, 9 ans, a perdu son pied droit après avoir marché sur une mine terrestre en poursuivant son ballon.

District d’Al-Durayhimi | Sud de Hodeidah

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Muhannad, 8 ans, a perdu une jambe et une main lors d’un voyage au marché hebdomadaire de Zangal, truffé de mines terrestres Houthi.

Le 25 novembre 2015 | District d’Al-Turbah, gouvernorat de Taiz

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Les parents de Sadek se sont évanouis à la vue du sang jaillissant du corps de leur fils, après qu’il s’est éloigné pour chercher de l’eau.

Le 15 septembre 2021 | Le village d’Al-Qataba dans le district d’Al-Khawkhah, au sud de Hodeidah

Dans l'espoir de trouver la robe idéale, Amal s'est rendue à Taiz avant le jour de son mariage tant attendu. Cependant, la vue d'un groupe d’enfants jouant avec un «objet suspect» à la porte de la ville lui a rappelé un vif souvenir toujours présent dans sa mémoire.

«Cela m’a rappelé ce que mon père nous disait il y a peu de temps», confie-t-elle. «Il nous avait mis en garde contre le fait de toucher les objets bizarres que nous pourrions voir dans les rues.»

Anxieuse, Amal a saisi énergiquement l'objet des enfants «pour éviter qu'il n'explose et ne les blesse».

Innocemment espiègle, l'un des enfants a récupéré l’objet en question. Celui-ci est tombé et a cogné le sol.

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Amel a été victime d’intimidation à l’université et dans les lieux publics en raison de ses blessures, mais cela ne l’a pas empêchée de décrocher son diplôme et de trouver un emploi.

Amel a été victime d’intimidation à l’université et dans les lieux publics en raison de ses blessures, mais cela ne l’a pas empêchée de décrocher son diplôme et de trouver un emploi.

«Je n'ai plus rien senti jusqu'à ce que je me réveille dans un hôpital, où j'ai réalisé que j’avais des blessures au bras et à l’œil», raconte-t-elle.

Aujourd'hui, Amal a une prothèse oculaire.

«Mon fiancé a coupé le contact avec nous, et mon mariage n'a jamais eu lieu», indique-t-elle. «Après quelque temps, nous avons appris qu'il s'était fiancé à une autre fille.»

Amal n'est pas la seule – et ne sera pas la dernière – victime d'un engin mutilateur diabolique qui se tapit sous les pieds des gens.

Un «legs meurtrier» qui prélève des vies, des membres et des moyens de subsistance

Depuis le début de la guerre en 2014, les miliciens houthis ont posé des milliers de mines terrestres sur de vastes étendues de terre, mettant en danger la vie et les moyens de subsistance des civils, même pendant le cessez-le-feu.

«Dans tout le Yémen, les mines et autres engins explosifs représentent un legs meurtrier du conflit», affirme Cherry Franklin, conseillère en politique humanitaire auprès du Conseil danois pour les réfugiés au Yémen.

Hadeel Mohammed Abdel Wase, survivante d'une attaque de missile, qui a perdu ses deux bras après qu'un raid houthi a frappé sa maison à Kedha, à l'ouest de Taiz, rappelle comment «la plupart des gens ont perdu un bras ou une jambe, tandis que d'autres ont trouvé la mort, ont perdu la vue ou d'autres membres de leur corps».

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Après avoir été amputée des deux bras, Hadeel avait du mal à accomplir les tâches quotidiennes difficiles, mais elle a réussi ensuite à s’adapter à sa nouvelle vie.

Après avoir été amputée des deux bras, Hadeel avait du mal à accomplir les tâches quotidiennes difficiles, mais elle a réussi ensuite à s’adapter à sa nouvelle vie.

Condamnant les milices houthies, Hadeel affirme: «Au lieu de planter des graines d'espoir sur notre terre, ils plantent des graines de cruauté et de mal.»

«Ils choisissent les chemins que les gens empruntent comme emplacements pour installer des champs de mines au lieu d'un seul engin explosif», souligne-t-elle. «Ils sont impitoyables et sans cœur. Tout ce qu'ils veulent, c'est mettre à terre le pays, ainsi que le personnel militaire et les citoyens.»

«Les graines de l'échec sont plantées dans notre pays. Plantez de l'espoir et des graines au lieu de ces mines destructrices. Il n'y aura pas d'avenir au Yémen tant que les mines ne seront pas complètement retirées de notre terre.»

De vastes étendues arides de terres désertiques se trouvent entre les villes yéménites, des terres fertiles pour planter des APl et d'autres mines sournoises sous les pieds de gens qui se déplacent sans méfiance... dont un grand nombre sont des agriculteurs, des commerçants et même des enfants.

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Tout au long de la trêve négociée par l'Organisation des nations unies (ONU), qui s'est étendue d'avril à octobre 2022, quarante personnes au moins ont été tuées chaque mois par des mines terrestres, des engins explosifs n’ayant pas explosé, et des engins explosifs improvisés, selon le Center for Strategic and International Studies basé à Washington.

«Les mines (au Yémen) font des victimes civiles presque quotidiennement, en particulier dans les régions où se trouvent des engins explosifs en nombre important, comme Hodeidah sur la mer Rouge, de même que dans d'autres gouvernorats, notamment Taiz, Al-Bayda, Marib, Shabwa, Jouf et Hajjah», affirme Fares al-Hemyari, directeur exécutif de Yemeni Landmine Records, composé d'un groupe de volontaires qui rapportent les faits liés aux victimes des mines terrestres à travers le pays.

Il indique qu'au cours des deux premiers mois de 2023, son initiative «a enregistré quarante-trois civils morts et soixante-dix-huit blessés par des mines terrestres, dont la plupart étaient des femmes et des enfants».

Les enfants et les personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) sont «particulièrement vulnérables», selon un rapport de Save the Children publié en mars, soulignant le fait que «sur cent quatre-vingt-quatorze victimes d'engins explosifs aidés par Save the Children entre janvier 2020 et novembre 2022, près d’un sur 4 étaient des PDI, dont 80% étaient des femmes et des enfants».

Le rapport Watching Our Every Step a révélé qu'en 2022, plus de la moitié des enfants victimes au Yémen l’ont été en raison de mines terrestres.

«J'ai failli perdre la raison quand j'ai vu la jambe de mon fils, sectionnée et reliée au reste de son corps par rien d'autre qu'une fine bande de chair, tandis que du sang jaillissait de plusieurs autres blessures sur son corps décharné», déclare le père de Radwan, âgé de 15 ans, qui en 2021 a marché sur une mine cachée alors qu'il gardait les moutons de la famille.

Bien que Radwan ait survécu, il vit avec un handicap physique permanent.

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À Thabab, la ville de Radwan, des dizaines d’enfants ont perdu la vie après que les milices houthies ont planté des mines partout.

À Thabab, la ville de Radwan, des dizaines d’enfants ont perdu la vie après que les milices houthies ont planté des mines partout.

Médecins sans frontières (MSF) a prévu cette augmentation du nombre de victimes de mines terrestres à l'hôpital général d'Abs dans le gouvernorat de Hajjah. Cela était «en grande partie dû à la mobilité accrue de la communauté (PDI et communauté d'accueil) pour accéder à leurs terres agricoles abandonnées, qui étaient autrefois proches des lignes de front, ou à la recherche de pâturages ou de lieux de pêche alors que les gens ont véritablement besoin de survivre», affirme à Arab News la cheffe de mission de MSF au Yémen, Caroline Ducarme.

«Le nombre élevé de personnes cherchant à se faire soigner à l'hôpital Abs fait que le personnel et les services essentiels sont débordés», précise-t-elle. «Nos équipes travaillent à l'hôpital depuis 2015, mais nous sommes aujourd'hui à la limite de nos capacités.»

Les mines et autres engins explosifs ont également empêché les PDI de rentrer chez elles, d'accéder à des services vitaux et de retrouver leurs moyens de subsistance, indique Cherry Franklin, du Conseil danois pour les réfugiés au Yémen.

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Les déplacés internes sont «particulièrement vulnérables» à la menace que constituent les mines terrestres, les engins explosifs et les munitions non explosées, indique l’ONG Save the Children. (AFP)

Les déplacés internes sont «particulièrement vulnérables» à la menace que constituent les mines terrestres, les engins explosifs et les munitions non explosées, indique l’ONG Save the Children. (AFP)

Les personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) touchées par des mines terrestres ont également été privées de l'aide humanitaire dont elles ont tant besoin, tout en étant incapables d’assurer leur survie, selon un rapport de 2019 de Human Rights Watch, intitulé «Yémen: les mines terrestres des Houthis tuent des civils et bloquent l'aide humanitaire», qui indique que les mines terrestres posées par les Houthis avaient, depuis mi-2017, «empêché les groupes de secours d'atteindre les communautés vulnérables».

La situation difficile des PDI est aggravée par un manque de financement pour les organisations humanitaires qui fournissent de l'aide au Yémen, ainsi que par les risques environnementaux, tels que les inondations et les tempêtes de sable, qui peuvent également entraîner un changement d'emplacement des dispositifs, souligne Save the Children dans son rapport.

«Il est vital que tout le Yémen ait accès au déminage, conformément aux normes internationales, et que la communauté internationale fournisse le soutien nécessaire pour que cela ait lieu rapidement et efficacement», soutient Cherry Franklin, du Conseil danois pour les réfugiés.

Mme Franklin affirme que «même si le conflit au Yémen prenait fin, sans une augmentation de l'action humanitaire contre les mines pour éliminer leur propagation, la vie des habitants du Yémen continuerait d'être mise en danger».

«Les agriculteurs ne pourront pas accéder à leurs terres, les enfants seront contraints de traverser des champs de mines pour se rendre à l'école, et de nombreuses personnes déplacées par le conflit ne pourront pas rentrer chez elles ou reconstruire leur vie.»

Caroline Ducarme, de MSF, explique que les mines terrestres aggravaient la malnutrition en posant un autre «obstacle à la sécurité alimentaire», non seulement parce qu'elles entravaient l'acheminement de l'aide, mais aussi parce que les gens «étaient confrontés au risque de mines terrestres en se déplaçant pour rechercher des moyens de subsistance nécessaires afin de pouvoir répondre à leurs besoins essentiels».

«L'année dernière, nous avons été confrontés à un pic de malnutrition avec un nombre élevé d'enfants souffrant de malnutrition sévère nécessitant d'être admis pour des soins, ce qui a submergé les structures soutenues par MSF», indique-t-elle, soulignant le fait que parmi les «nombreuses causes profondes de la malnutrition au Yémen se trouvait le prix élevé de la nourriture».

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Une enquête menée en 2022 par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU révèle qu’environ un tiers des familles au Yémen souffrent de malnutrition. (AFP)

Une enquête menée en 2022 par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU révèle qu’environ un tiers des familles au Yémen souffrent de malnutrition. (AFP)

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Selon le PAM, 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë. (AFP)

Selon le PAM, 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë. (AFP)

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L’une des principales causes de la malnutrition au Yémen est le prix élevé des denrées alimentaires, explique l’ONG Médecins sans frontières. (AFP)

L’une des principales causes de la malnutrition au Yémen est le prix élevé des denrées alimentaires, explique l’ONG Médecins sans frontières. (AFP)

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Six ONG ont décidé d’unir leurs efforts en 1992 pour mettre fin à l’utilisation des mines terrestres. (AFP) 

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Une enquête menée en 2022 par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU révèle qu’environ un tiers des familles au Yémen souffrent de malnutrition. (AFP)

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Selon le PAM, 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë. (AFP)

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L’une des principales causes de la malnutrition au Yémen est le prix élevé des denrées alimentaires, explique l’ONG Médecins sans frontières. (AFP)

L’une des principales causes de la malnutrition au Yémen est le prix élevé des denrées alimentaires, explique l’ONG Médecins sans frontières. (AFP)

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Six ONG ont décidé d’unir leurs efforts en 1992 pour mettre fin à l’utilisation des mines terrestres. (AFP) 

Six ONG ont décidé d’unir leurs efforts en 1992 pour mettre fin à l’utilisation des mines terrestres. (AFP) 

Actions de déminage dans un pays envahi par les mines

Depuis son lancement mi-2018, Masam – le projet saoudien de déminage au Yémen – a procédé au déminage de 390 586 mines dans les régions d'où les miliciens houthis se sont retirés.

Cependant, en raison de la présence de grandes quantités de mines ainsi que d'un manque de cartes pour identifier avec précision les zones minées, il faudra des années pour enlever et détruire toutes les mines terrestres posées à travers le pays, souligne le directeur général du projet, Ousama al-Gosaibi.

Les engins explosifs retirés et neutralisés au cours de cette période comprenaient 6 065 mines antipersonnel, 137 197 mines antichar, 7 741 engins explosifs et 239 583 engins explosifs non explosés.

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Quelque 44 635 millions de mètres carrés ont été déminés, selon les données de Masam – qui est supervisé par le Centre d'aide humanitaire et de secours du roi Salmane – avec des zones déminées couvrant principalement des fermes, des routes, des écoles, des hôpitaux et des puits d'eau.

M. Al-Gosaibi affirme qu'«outre le fait de retirer les mines, le projet travaille également à les détruire pour s'assurer qu'elles ne seront plus utilisées», ajoutant que les équipes d'ingénieurs de Masam s'occupaient de toutes les mines terrestres reconnaissables, en sus des dispositifs similaires fabriqués localement dans les laboratoires houthis.

 

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Pour Masam, les mines terrestres fabriquées localement sont une préoccupation majeure.

«Imaginez-vous tomber sur une mine terrestre antichar qui a été transformée en mine antipersonnel en revenant de chez vous. Imaginez cibler une salle de classe avec des explosifs. C'est la dure réalité de la vie au Yémen aujourd'hui; chaque pas peut vous tuer», souligne Ousama al-Gosaibi.

«Ce qui est triste, c'est que ces explosifs ne font pas la différence entre les gens. Des milliers de Yéménites meurent ou perdent des membres chaque année, et c'est la raison pour laquelle le projet Masam travaille sans relâche pour éradiquer la menace des mines terrestres au Yémen. Afin d'assurer la capacité du Yémen à se reconstruire en toute sécurité, nous formons et supervisons des démineurs locaux, qui risquent leur vie pour aider les autres.»

En plus de travailler avec 550 experts, démineurs et autres employés, Masam a formé et équipé 32 équipes techniques.

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Les efforts de déminage au Yémen nécessitent plusieurs années en raison du grand nombre d’engins posés et du manque de cartes qui indiquent leur emplacement.

Les efforts de déminage au Yémen nécessitent plusieurs années en raison du grand nombre d’engins posés et du manque de cartes qui indiquent leur emplacement.

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Le projet Masam du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSRelief) a enlevé 390 586 mines depuis le milieu de l’année 2018 dans les régions yéménites libérées. 

Le projet Masam du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSRelief) a enlevé 390 586 mines depuis le milieu de l’année 2018 dans les régions yéménites libérées. 

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Les mines fabriquées localement sont une préoccupation majeure pour Masam.

Les mines fabriquées localement sont une préoccupation majeure pour Masam.

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Les membres de l'équipe de Masam sont tous de jeunes ressortissants yéménites, explique le directeur des opérations Zawbaa Al-Rawi.

Les membres de l'équipe de Masam sont tous de jeunes ressortissants yéménites, explique le directeur des opérations Zawbaa Al-Rawi.

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Les efforts de déminage au Yémen nécessitent plusieurs années en raison du grand nombre d’engins posés et du manque de cartes qui indiquent leur emplacement.

Les efforts de déminage au Yémen nécessitent plusieurs années en raison du grand nombre d’engins posés et du manque de cartes qui indiquent leur emplacement.

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Le projet Masam du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSRelief) a enlevé 390 586 mines depuis le milieu de l’année 2018 dans les régions yéménites libérées. 

Le projet Masam du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSRelief) a enlevé 390 586 mines depuis le milieu de l’année 2018 dans les régions yéménites libérées. 

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Les mines fabriquées localement sont une préoccupation majeure pour Masam.

Les mines fabriquées localement sont une préoccupation majeure pour Masam.

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Les membres de l'équipe de Masam sont tous de jeunes ressortissants yéménites, explique le directeur des opérations Zawbaa Al-Rawi.

Les membres de l'équipe de Masam sont tous de jeunes ressortissants yéménites, explique le directeur des opérations Zawbaa Al-Rawi.

Le Yémen a été le premier pays arabe à détruire ses stocks après l'adoption du Traité d'interdiction des mines

Bien qu'historiquement ravagé par les mines terrestres en raison de conflits répétés, notamment entre les années 1960 et 1990, le Yémen «a été le premier pays arabe à détruire complètement son stock de mines antipersonnel» après avoir signé le Traité d'interdiction des mines en 1997 et l'avoir ratifié l'année suivante, selon Carnegie Endowment for International Peace.

«Le Yémen était sur le point de se déclarer officiellement comme zone exempte de mines au début de l’année 2014, après des années de mesures pour nettoyer les zones touchées», déclare M. Al-Hemyari du Yemeni Landmine Records, «mais le retour de la violence à la fin de cette année a renvoyé le pays au point zéro».

«Aujourd'hui, le Yémen est l'une des régions les plus touchées au monde.»

Malgré les rapports d'utilisation de mines terrestres pendant la guerre civile américaine, ces tueurs silencieux n'ont pas été reconnus comme un problème sérieux jusqu'à ce qu'ils soient largement déployés pendant la Seconde Guerre mondiale. Un article de 1993, The Cowards’ War: Landmines and Civilians («La Guerre des lâches: mines terrestres et civils»), affirmait que «l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et la France ont posé entre 5 et 19 millions de mines pour la seule Afrique du Nord».

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Six ONG ont décidé d’unir leurs efforts en 1992 pour mettre fin à l’utilisation des mines terrestres. (AFP)

Six ONG ont décidé d’unir leurs efforts en 1992 pour mettre fin à l’utilisation des mines terrestres. (AFP)

Les représentants de 122 pays se sont réunis en 1997 à Ottawa, au Canada, pour établir un traité qui vise à éradiquer les mines terrestres, protégeant ainsi la vie des civils. Le Traité d'interdiction des mines, officiellement appelé la «Convention sur l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction», a été ratifié ou mis en application par 167 pays en août 2022.

Ce traité est entré en vigueur le 1er mars 1999, interdisant l'utilisation, la production, le stockage et le transfert de mines antipersonnel, et obligeant les pays à nettoyer les zones touchées, à détruire les stocks et à soutenir les victimes.

Jared Bloch, responsable de la communication auprès de la Campagne internationale pour interdire les mines terrestres-Coalition contre les armes à sous-munitions, déclare que la Convention d'Ottawa «a déplacé le discours du désarmement vers la sécurité humaine, a placé les victimes au centre du débat et a fourni un modèle pour les traités de désarmement ultérieurs».

Depuis l'adoption du traité en 1997, «le nombre de personnes tuées et blessées par les mines terrestres a considérablement diminué», indique-t-il.

Néanmoins, la sécurité des civils n'était pas garantie, car des groupes militants non étatiques, tels que les Houthis, continuaient de poser des mines terrestres.

Depuis, les organisations de la société civile, avec le soutien des organisations non gouvernementales (ONG) concernées, militent sans relâche pour l'élimination des mines et des engins explosifs.

«Un bon exemple de la façon dont les organisations de la société civile contribuent à éliminer l'utilisation des mines terrestres par des acteurs non étatiques est le travail de Geneva Call (Appel de Genève – organisation humanitaire internationale)», affirme M. Bloch. «L'organisation a ouvert la voie au dialogue et à la négociation avec des groupes non étatiques, permettant à ces derniers d’affirmer leur attachement aux principes du droit international humanitaire et de renoncer publiquement à l'utilisation des mines comme armes aveugles.»

«Le Traité d'interdiction des mines continue d'être incroyablement nécessaire aujourd'hui», souligne-t-il.

«L'utilisation intensive de mines par un petit nombre de pays hors du traité, dont le Myanmar, la Russie et la Syrie, et des groupes armés non étatiques dans des conflits en Colombie, au Yémen et ailleurs, signifie une prolongation de ce terrible legs de meurtres et de mutilations de civils; filles, garçons, femmes et hommes.»

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Un noble objectif qui coûte des vies

 «La milice terroriste houthie est arrivée jusqu’à nous… et elle a posé des mines sur les routes et dans les maisons, les fermes, les écoles, les puits d'eau et les hôpitaux», raconte Mohamed Saleh Maraani, habitant du quartier de Moussa à Taiz.

«Nous ne pouvions pas retourner dans nos maisons, dans nos mosquées et dans nos écoles. Nos modes de vie ont été détruits.»

Les actions de Masam pour déminer les zones touchées ont un coût important, car de nombreux membres de l’équipe ont perdu la vie.

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Masam ne se contente pas d'enlever les mines mais aussi de les détruire, explique le directeur général Ousama Al-Gosaibi.

Masam ne se contente pas d'enlever les mines mais aussi de les détruire, explique le directeur général Ousama Al-Gosaibi.

M. Al-Mahmoud, directeur des relations publiques et des médias du projet, précise que le processus de déminage avait causé la mort de 30 travailleurs, dont 5 experts étrangers, et blessé au moins 52 autres.

«Ils ont sacrifié leur vie en faisant un excellent travail humanitaire pour rétablir la paix au Yémen», avait alors déclaré le ministre yéménite des Droits humains, Mohammed Mohsen Askar, à Arab News.

Ces événements tragiques n'ont cependant pas dissuadé l'équipe de Masam de persévérer dans ses efforts de déminage.

Zawbaa al-Rawi, responsable des opérations de Masam à Aden et sur la côte Ouest du Yémen, indique que les membres de l'équipe de Masam étaient tous de jeunes ressortissants yéménites qui, armés de fierté et de respect nationaux, ont volontairement rejoint la cause.

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Le déminage a coûté à Masam 30 membres de l'équipe qui sont morts dans le processus.

Le déminage a coûté à Masam 30 membres de l'équipe qui sont morts dans le processus.

 

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Chris Clark, directeur des projets spéciaux auprès de SafeLane Global Ltd, une société basée au Royaume-Uni spécialisée dans l’élimination des engins explosifs et le déminage humanitaire, explique que le déminage terrestre a été réalisé «grâce au déploiement de 32 équipes de déminage yéménites… dirigées, coordonnées, équipées, soutenues, formées et assurées par Masam».

Il affirme que le travail de Masam avait non seulement sauvé des vies civiles, mais qu’il avait également ouvert la voie à un avenir meilleur dans tout le pays.

«Notre travail ne sauve pas seulement des vies dans l'immédiat, sachant que chaque mine et chaque mètre carré qu'ils déminent sont un morceau de terre qui n'aura pas besoin d'être traité lorsque le pays sera enfin en paix», précise-t-il.

«Il s'agit donc d'un investissement dans la reconstruction et la réhabilitation futures du Yémen en tant que pays et en tant que peuple.»

Crédits

Recherche et rédaction: Mohammed Al-Sulami, Anan Tello
Éditrice version française: Zeina Zbibo
Directeurs créatifs: Omar Nashashibi
Designer: Douglas Okasaki, Omar Nashashibi
Producteur vidéo: Hasenin Fadhel
Éditor vidéo:  Ali Noori
Séquences vidéo: Masam 
Recherche d'images: Sheila Mayo
Traduction: Arab News en franҫais
Éditeur version anglaise: Tarek Ali Ahmad
Éditrices version japonaise: Diana Farah, Akiko Iwata
Producteur: Arkan Aladnani
Rédacteur en chef: Faisal J. Abbas

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