Retour à l’état sauvage

Le retour du léopard d’Arabie est au cœur de plans ambitieux de régénération et de protection des paysages et de la faune en Arabie saoudite

Le léopard d’Arabie (Panthera pardus nimr) est l’un des animaux les plus beaux, les plus mystérieux et les plus symboliques des paysages sauvages d’Arabie saoudite. S’il parcourt la terre depuis la nuit des temps, il est désormais classé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme «en danger critique d’extinction» – l’étape qui précède l’espèce éteinte à l’état sauvage.

On pense qu’il existe moins de deux cents animaux qui survivent dans toute la péninsule Arabique. La plus grande population sauvage confirmée se trouve dans les montagnes du Dhofar, à Oman.

En Arabie saoudite, on craint que l’animal ait pratiquement disparu, poussé au bord de l’extinction par des siècles d’une chasse incontrôlée, de l’animal lui-même et de ses proies. En outre, l’expansion humaine lui fournit de moins en moins d’habitats appropriés.

Heureusement, tout cela commence à changer: un programme de reproduction en captivité d'une ampleur mondiale devrait ramener dans la nature ce magnifique animal.

Le Centre de recherche sur la faune de Taïf a, jusqu’à présent, réussi à élever seize léopards dans le cadre d’un programme sur le léopard d’Arabie géré par la Commission royale pour AlUla. La dernière naissance d’un bébé léopard a eu lieu au mois d’avril dernier.

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

Le but principal de la Commission royale pour AlUla est d’améliorer le statut du léopard d’Arabie sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Pour cela, elle travaille en partenariat avec Panthera, une organisation mondiale de conservation qui se consacre à la préservation des sept grandes espèces de félins sauvages du monde et au rôle essentiel qu’elles jouent dans les écosystèmes mondiaux.

Les léopards seront relâchés dans la réserve naturelle de Charaan, créée par la Commission royale pour AlUla au cœur des paysages spectaculaires du canyon situé à l’est de Hégra, l’ancienne ville nabatéenne sculptée dans la roche. La région a servi d’habitat naturel à cet animal pendant des millénaires.

«Nous pensons que le fait de sauver des espèces menacées comme le léopard d’Arabie est essentiel à la protection de notre planète et à l’équilibre naturel de notre écosystème», déclare Ahmed Mohammed al-Malki, directeur général des réserves naturelles de la Commission royale pour AlUla.

«Notre objectif est de restaurer le pouvoir de l’équilibre de la nature», poursuit-il.

En février 2022, cet engagement a été reconnu lorsque la RCU a reçu le statut de membre gouvernemental de l'UICN - un statut normalement accordé au niveau de l'État, mais étendu à l'organisation "en reconnaissance de son engagement en faveur de la conservation".

L'annonce, a déclaré Amr AlMadani, PDG de la RCU, "démontre la reconnaissance internationale croissante que la RCU, entreprenant un projet à grande échelle, est un acteur clé de la conservation mondiale".

La RCU sera désormais en mesure non seulement de s'appuyer sur les connaissances spécialisées de 18 000 experts de l'UICN, mais aussi de partager les résultats de son travail à AlUla avec un public mondial d'écologistes.

Le docteur Bruno Oberle, directeur général de l'UICN, a déclaré que l'adhésion à la RCU "renforcera la présence de l'UICN dans la région et renforcera encore la capacité de l'Union à promouvoir la bonne gouvernance des ressources naturelles et de l'environnement mondiaux".

Le programme pour les léopards est le projet phare d’une série d’initiatives vertes conçues pour restaurer et protéger l’équilibre de la nature à travers le Royaume. Elles s’appuient sur des succès antérieurs, notamment sur la réintroduction d’autres espèces menacées et la désignation de vastes étendues du pays comme aires protégées.

L’Initiative verte saoudienne a été annoncée au mois de mars 2021 et d’autres projets de réintroduction dans la nature sont en cours dans tout le Royaume, notamment l’inversion de la désertification sur de vastes zones, la restauration d’habitats dégradés par le surpâturage du bétail et une augmentation considérable du nombre et de la portée des aires protégées.

La première zone protégée du pays a été mise en place en 1986. Il s’agissait d’une réserve d’une superficie de 13 775 kilomètres carrés à Harrat al-Harrah, dans le nord du Royaume. Aujourd’hui, elle abrite une variété impressionnante d’animaux importants, comme la gazelle leptocère (Gazella leptoceros), le loup d’Arabie, le renard roux, le renard du Tibet, la hyène rayée, le lièvre du Cap, la gerboise, l’outarde houbara et l’aigle royal.

Depuis la désignation de Harrat al-Harrah, quatre autres zones, sur plus de 82 000 kilomètres carrés, ont été protégées. Sous les auspices de l’Initiative verte saoudienne, il est prévu de porter la superficie des terres protégées à 600 000 kilomètres carrés environ, soit plus de 30% de la superficie totale du Royaume.

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La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

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La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

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La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

La naissance de ce petit, né en avril 2021, et photographié à l’âge de cinq mois, est le dernier succès du programme «Léopard d’Arabie». (Commission royale pour AlUla)

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Les projets établis dans le cadre de l’Initiative verte saoudienne prévoient également la plantation de dix milliards d’arbres au cours des prochaines décennies, ce qui multipliera par douze la couverture arborée – soit la remise en état d’environ quarante millions d’hectares de terres dégradées.

«Mettre en place un monde plus vert» – le prince héritier Mohammed ben Salmane lors du lancement de l’Initiative verte saoudienne en octobre 2021. (AFP/Palais royal d’Arabie saoudite)

Comme l’a déclaré le prince héritier, Mohammed ben Salmane, lorsqu’il a fait part de ce projet et de l’Initiative pour un Moyen-Orient vert, cette écologisation du pays jouera un rôle vital dans les plans qui ont pour ambition de «guider le royaume d’Arabie saoudite et la région sur le chemin de la protection de la planète en définissant clairement une feuille de route ambitieuse qui mobilise la région et contribue de manière significative à atteindre des objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique».

En tant que premier producteur mondial de pétrole, ajoute-t-il, «le Royaume reconnaît pleinement sa part de responsabilité dans l’accélération de la lutte contre la crise climatique. Tout comme le Royaume a soutenu les marchés de l’énergie à l’ère du pétrole et du gaz, il deviendra également un leader mondial dans la mise en place d’un monde plus vert».

Dans ce monde plus vert, le léopard d’Arabie et d’autres espèces indigènes ressuscitées et protégées pourront à nouveau errer librement.

La preuve la plus récente du succès du programme saoudien de reproduction de léopards a vu le jour le 23 avril 2021 sous la forme d’un adorable bébé léopard femelle né au Centre de recherche sur la faune du prince Saoud al-Faisal, à Taïf.

Cette naissance, déclare M. Al-Malki, «revêt une grande importance, puisqu’il s’agit d’un pas de plus vers la renaissance du léopard d’Arabie».

Les membres du personnel du centre étaient tout à fait enthousiastes et particulièrement soulagés en voyant naître ce bébé léopard en bonne santé.

«Je ne peux vous décrire ce que j’ai ressenti quand elle est née», déclare Abdelaziz Alenzy, le directeur du service vétérinaire de la Commission royale pour AlUla. «Nous nous attendions à la naissance d’un petit ce jour-là, mais quand j’ai reçu l’appel des gardiens, j’ai été très agréablement surpris. Je me suis levé, je me suis habillé et je me suis précipité vers le centre.»

Il y a actuellement seize léopards au centre «et nous espérons augmenter le nombre de 20 à 50% au cours des deux prochaines années», précise M. Alenzy, qui reconnaît toutefois que le processus de reproduction n’est pas facile.

«Lorsque vous mettez les couples ensemble, il arrive qu’ils se battent et qu’ils se fassent mal. Nous devons donc les séparer et répéter le processus», explique-t-il.

Lorsque l’équipe est sûre de la grossesse d’un léopard femelle, cette dernière se voit attribuer un gardien spécifique qui est chargé de veiller en permanence sur sa santé, son comportement et son alimentation jusqu’au moment de l’accouchement. La période de gestation est comprise entre quatre-vingt-quinze et cent jours, et un léopard donne généralement naissance à un, deux ou trois petits.

«Les douze premières semaines de la vie du bébé sont critiques. Nous essayons de ne pas déranger la maman et de la laisser s’occuper de son petit», confie M. Alenzy.

Au cours de la treizième semaine, l’équipe a enfin pu procéder à un examen médical pour confirmer le sexe du petit et lui administrer une série de vaccins.

«Nous avons eu la chance d’avoir un bébé femelle, ce qui est une excellente nouvelle pour notre programme. Le bébé et la maman se portent à merveille», affirme-t-il.

Selon Thomas Kaplan, le fondateur de Panthera, la naissance du bébé est «un moment de pur bonheur».

«La nouvelle nous a permis de véhiculer un élément essentiel à toute stratégie: l’espoir», poursuit-il.

«Quand vous vous rendez compte que la stratégie fonctionne et que vous permettez à ces belles espèces emblématiques de se reproduire afin que la prochaine génération puisse survivre à l’état sauvage, cela prouve que nous pouvons accomplir exactement ce que nous avons prévu de faire», se réjouit-il.

Le retour des léopards dans la nature fait partie des ambitions de l’Arabie saoudite: protéger et revitaliser l’ensemble de l’écosystème du pays», souligne-t-il.

«Toute la beauté qu’il y a à sauver ces grands félins réside dans leur place au sommet de la pyramide en matière de chaîne alimentaire. Considérez-les comme l’espèce parapluie ou le grand prédateur, la mégafaune emblématique de son écosystème», insiste-t-il.

«C’est la représentation d’un paysage sain – un guichet unique pour la conservation de la faune. En d’autres termes, si l’on veut sauver de grands paysages, il faut mettre l’accent sur le sommet de la chaîne alimentaire, l’espèce parapluie. En Arabie saoudite, il s’agit du léopard.»

Grâce à la désignation de plusieurs aires protégées, l’Arabie saoudite a déjà connu un grand succès avec la reproduction en captivité et la réintroduction dans la nature d’autres espèces indigènes menacées, notamment l’outarde houbara, le bouquetin de Nubie, l’autruche à cou rouge, la gazelle Edmi et, de manière plus spectaculaire, l’oryx d’Arabie. Pour M. Kaplan, le rétablissement de la population d’oryx constitue un excellent exemple de ce qui peut être réalisé.

Le rétablissement spectaculaire de l’oryx, qui était au bord de l’extinction dans la péninsule Arabique, a inspiré les défenseurs de l'environnement qui œuvrent pour le retour du léopard à l’état sauvage en Arabie saoudite. (Shutterstock)

«Si vous souhaitez comprendre où nous voulons en arriver avec l’initiative du léopard d’Arabie, il suffit de voir ce que les écologistes ont déjà réalisé dans la péninsule Arabique», indique-t-il.

«Le rétablissement de l’oryx d’Arabie est l’une des études de cas les plus inspirantes en matière de reproduction en captivité et de réintroduction de toute espèce à travers le monde. C’est l’un des modèles les plus puissants dont nous disposons pour une réintroduction réussie du léopard d’Arabie dans la nature», conclut M. Kaplan.

«Toutes les personnes impliquées dans ce programme se souviennent de la naissance en captivité du premier oryx d'Arabie. Elles n'avaient aucune idée du succès que cela représenterait. Mais nous croyons fermement qu'avec les naissances des petits à Taïf, nous posons les premiers jalons du succès de l'initiative du léopard d'Arabie.»

En 1972, l’Oryx leucoryx, une espèce d'antilope autrefois répandue dans la péninsule Arabique et connue en arabe sous le nom «Al-Maha», avait été chassée jusqu'à son extinction.

Après avoir été élevée à partir de spécimens captifs, en 1982, l'espèce a été réintroduite dans la nature à Oman, puis en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU). En 2011, le statut de l'espèce sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) était passé de «disparue» à «vulnérable» – la première fois qu'une espèce faisait un retour aussi spectaculaire.

Aujourd’hui, les défenseurs de la nature sont sur la bonne voie pour réintroduire le léopard d'Arabie de manière tout aussi spectaculaire.

Ces dernières années, des chercheurs armés de pièges photographiques ont tenté en vain de capturer des preuves de l’existence de léopards à l'état sauvage en Arabie saoudite. La preuve que les animaux y ont prospéré pendant des milliers d'années peut être trouvée sur d'anciennes gravures rupestres, ou pétroglyphes, dispersées à travers le paysage.

En 2001, un enseignant local est tombé sur des centaines de pétroglyphes qui se trouvaient sur un escarpement surplombant un oued recouvert de sable dans une région éloignée, à environ 40 km à l'ouest du village de Shouwaymis, dans la région de Haïl en Arabie saoudite. Une découverte historique. 

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Un pétroglyphe d’un léopard, gravé dans un rocher à Shuwaymis, en Arabie saoudite, il y a des milliers d’années. (Richard Bryant)

Un pétroglyphe d’un léopard, gravé dans un rocher à Shuwaymis, en Arabie saoudite, il y a des milliers d’années. (Richard Bryant)

En 2015, le site a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco dans le cadre de la plus grande et de la plus importante collection d'art rupestre d'Arabie saoudite et de la région au sens large.

Et parmi des centaines d'illustrations d'animaux sauvages remontant à dix mille ans se trouvaient des représentations claires de léopards, de lions et de guépards rôdant dans ce qui était à l'époque le paysage verdoyant de la péninsule Arabique.

Une telle indication du long règne du léopard en Arabie fournit également la preuve de l'abondance de nombreuses autres espèces d'animaux sauvages qui ont prospéré dans les temps anciens. Avant que les lacs et les rivières ne s'assèchent et que les savanes luxuriantes de l'Arabie centrale ne se transforment en déserts qui couvrent aujourd'hui une grande partie de l'intérieur du pays, la terre regorgeait de proies abondantes, notamment des gazelles, des bouquetins, des oryx et des onagres, un type d'âne sauvage.

En 2013, des chercheurs du projet Palaeodeserts, une collaboration entre l'université d'Oxford et la Commission saoudienne du tourisme et du patrimoine national, ont cartographié et analysé de nombreux panneaux d'art rupestre à Shouwaymis.

Ils ont conclu que nourrir environ 13 lions aurait nécessité un troupeau de plus de 160 onagres, pour permettre à la proie de se reproduire et de se maintenir en vie. Plus de 70 gazelles de montagne, ont-ils conclu, auraient été nécessaires pour permettre durablement à un seul léopard de vivre.

Comme l'atteste l'art rupestre, les grands félins d'Arabie étaient encore présents en grand nombre jusqu'à il y a environ deux mille ans, mais le temps était compté pour le lion, le guépard et le léopard.

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Sur le côté gauche de cette frise du Yémen, réalisée entre le Ve et le IIIe siècle avant J.-C., un lion attaque une gazelle, tandis qu’à droite, un léopard saute sur le dos d’un bouquetin. (Walters Art Museum)

Sur le côté gauche de cette frise du Yémen, réalisée entre le Ve et le IIIe siècle avant J.-C., un lion attaque une gazelle, tandis qu’à droite, un léopard saute sur le dos d’un bouquetin. (Walters Art Museum)

Le lion asiatique, le panthera leo leo, a depuis longtemps disparu de la péninsule Arabique et n’est plus présent que dans l'État indien du Goujarat. Autrefois commun dans toute l'Arabie et la Mésopotamie, il avait été chassé en Arabie saoudite jusqu’à son extinction à la fin du XIXᵉ siècle.

Deux des derniers lions connus enregistrés dans la région ont été abattus en 1914 par un responsable ottoman près de Mossoul. Ils ont été tués dans des circonstances dramatiques, près de l'ancienne ville de Ninive, où des reliefs sculptés il y a plus de deux mille cinq cents ans représentent des lions chassés par le roi Assurbanipal, qui a gouverné l'empire assyrien de 668 à 631 av. J.-C.

Un panneau mural de la capitale assyrienne de Ninive, près de Mossoul en Irak, représente le roi Assurbanipal chassant un lion depuis son char vers 645-635 avant J.-C. (Images Getty)

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Le guépard, prisé comme trophée exotique pendant des siècles et adopté comme symbole de la maison florentine de Lucca, apparaît sur ce panneau du XVe siècle de la chapelle des Mages de Florence, en Italie. Il représente les trois sages se rendant à Bethléem. (Images Getty)

Le guépard, prisé comme trophée exotique pendant des siècles et adopté comme symbole de la maison florentine de Lucca, apparaît sur ce panneau du XVe siècle de la chapelle des Mages de Florence, en Italie. Il représente les trois sages se rendant à Bethléem. (Images Getty)

Le guépard acinonyx jubatus a réussi à survivre un peu plus longtemps dans la région, mais il n'existe plus maintenant à l'état sauvage, poussé à l'extinction dans toute la péninsule Arabique par la chasse incontrôlée de l'animal et de ses proies. Son sort permet de motiver ceux qui sont désormais chargés de réintroduire le léopard.

Il existe des traces de guépards en Arabie saoudite et au Koweït jusqu'à la fin des années 1950 au moins. En 1959, il a été signalé que quatre des animaux avaient été tués dans le nord du Royaume, près des frontières avec l'Irak et la Jordanie.

Un guépard solitaire a été repéré à Wadi Mitan dans l'est du Yémen, près de la frontière avec Oman, en 1963. Un autre aurait été abattu près de Jibjat dans le sud d'Oman en 1977. Il s'agit de la dernière observation connue de l'animal dans la péninsule Arabique.

Le léopard s'est avéré un peu plus résistant. Il s'est adapté avec succès pendant des milliers d'années au changement climatique et aux conditions de plus en plus arides de l'Arabie saoudite, survivant au grand processus de désertification qui, il y a deux mille ans, s'était achevé dans toute l'Arabie.

Mais comme le lion et le guépard avant lui, le léopard n'a pas pu s'adapter à l'évolution et à l'expansion de l'ultime espèce de prédateur: l'Homo sapiens.

Historiquement, le léopard d'Arabie occupait une grande partie du Royaume. Son territoire s’étendait dans les montagnes qui bordent la côte de la mer Rouge, de la Jordanie au nord au Yémen au sud. On pouvait également le trouver plus à l'est, comme en témoignent les gravures rupestres de la région de Haïl.

En 1888, l’explorateur britannique Charles Doughty écrit qu’il a rencontré des animaux en Arabie saoudite, notamment des hyènes et «le nimr, un léopard, noir, brun et tacheté». (Images Getty)

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L’aventurière anglaise, Lady Anne Blunt, s’est rendue au cœur de l’Arabie pour acheter des chevaux arabes et a rencontré des léopards dans le désert du Néfoud. (Alamy)

L’aventurière anglaise, Lady Anne Blunt, s’est rendue au cœur de l’Arabie pour acheter des chevaux arabes et a rencontré des léopards dans le désert du Néfoud. (Alamy)

Selon les récits des premiers voyageurs occidentaux, dont les explorateurs anglais Lady Anne Blunt et Charles Doughty, à la fin du XIXᵉ siècle, le léopard pouvait encore être trouvé  à l'intérieur des terres, aussi loin à l'est que les provinces de Haïl et de Riyad.

Dans son livre de 1881, A Pilgrimage to Nejd, Lady Anne raconte ses observations. «Parmi les animaux sauvages, j'ai constaté l'existence de l'autruche, du léopard, du loup, du renard, de la hyène, du lièvre, de la gerboise, de l'antilope et la gazelle dans le Nefoud». Le Nefoud est le grand désert de la région de Haïl au nord de l'Arabie saoudite.

Dans Travels in Arabia Deserta, publié en 1888, Doughty rapporte que parmi les grands animaux prédateurs, le plus commun est le thubba, la hyène et le nimr, un léopard, tacheté noir et brun.

Au cours des siècles passés, jusqu'à quatre sous-espèces de léopards auraient parcouru la péninsule Arabique. Il n'en reste qu'un, le panthera pardus nimr, le léopard d'Arabie, et l’on pas certain qu’il existe encore dans le Royaume.

Les observations signalées de l'animal étaient déjà rares dans les années 1960. Sur 19 observations documentées par des chercheurs entre 1998 et 2003, seules quatre sont considérées comme confirmées.

À Jibal Shada en 1999, une chèvre morte dont les caractéristiques indique qu’elle a été attaquée et partiellement dévorée par un léopard a été découverte. À Al-Atifa la même année, et à Wadi Khatayn en 2002, des traces et d’autres signes révélateurs de l'activité des léopards ont été identifiés.

Ces deux léopards ont été abattus par un agriculteur à Lawdar, dans le sud du Yémen, en juillet 2021.

En juillet 2021, l'indignation internationale a suivi la diffusion sur les réseaux sociaux de photographies de deux léopards abattus à Lawdar, dans le sud du Yémen. Un agriculteur a affirmé que les animaux tuaient ses moutons. Bien que tuer les animaux soit illégal au Yémen, les responsables ont admis qu'il serait difficile de traduire l'homme en justice dans ce pays déchiré par la guerre. Un porte-parole de l'Autorité de protection de l'environnement a déclaré aux médias: «Malheureusement, la protection des animaux n'est tout simplement pas une priorité compte tenu du chaos qui règne actuellement dans la région.»

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La dernière mention d’un léopard en Arabie saoudite, empoisonné par un berger dans le village de Bawadi al-Numan, à La Mecque, en 2014.

La dernière mention d’un léopard en Arabie saoudite, empoisonné par un berger dans le village de Bawadi al-Numan, à La Mecque, en 2014.

L'observation avérée la plus récente dans le Royaume était une autre parenthèse malheureuse. Juste au moment où il semblait que le léopard avait disparu pour toujours d'Arabie saoudite, une vidéo d'un animal mort a été publiée sur YouTube en 2014. Il avait été tué involontairement dans la région de Wadi Nouman à La Mecque par un fermier qui avait mis du poison pour tuer des chiens sauvages qui attaquaient son bétail.

"Personne n'a le droit d'empoisonner un animal, en voie de disparition ou non", a déclaré Ahmed Al-Bouq, directeur général de la Commission nationale de la faune (the National Wildlife Commission) à l'époque. "Les gens doivent nous contacter ou toute autre autorité et nous prendrons les mesures nécessaires pour protéger les deux côtés.

Depuis lors, le léopard n'a pas été vu dans le Royaume, mort ou vivant, malgré des efforts déterminés pour saisir avec l’objectif de la caméra des preuves de l’existence de l'animal.

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On pense que le dernier bastion du léopard en Arabie se trouve dans les montagnes du Dhofar à Oman, où les animaux ont été observés au moyen de pièges photographiques. (Land Rover Our Planet)

On pense que le dernier bastion du léopard en Arabie se trouve dans les montagnes du Dhofar à Oman, où les animaux ont été observés au moyen de pièges photographiques. (Land Rover Our Planet)

«Je ne pense pas que nous puissions dire avec certitude que le léopard a disparu en Arabie saoudite», assure le biologiste David Mallon, professeur invité au Département des sciences naturelles de l'université métropolitaine de Manchester et membre du Comité de la liste rouge de l'UICN.

«Ces dernières années, de nombreux pièges photographiques ont été posés. Cela s’est beaucoup intensifié avec le peuple Panthera, qui travaille avec AlUla sur une douzaine de sites depuis deux ans, mais aucune photographie du léopard n’a pu être prise», poursuit-il.

«Pour le moment, il est presque certain que cette espèce a disparu, bien qu'il puisse encore y avoir un ou deux animaux perdus quelque part.»

Il y a, dit-il, une quantité de raisons pour lesquelles le léopard ne doit absolument pas disparaître, «que ce soit l'esthétique, la question morale dont nous avons héritée, et que nous devons transmettre aux générations futures – ou la santé de l'écosystème dans son ensemble».

«Car pour conserver des écosystèmes pleinement fonctionnels, naturels et dynamiques, il faut que tous les maillons de la chaîne alimentaire soient présents, et le prédateur au sommet est celui qui régule les suivants, et ainsi de suite», affirme-t-il.

«Chaque animal contribue à un écosystème et dès que celui-ci est perturbé d'une manière ou d'une autre, on ne peut pas prédire comment les services qu'il fournit peuvent être bouleversés.»

Mallon, qui a cotravaillé en 2011 sur l'évaluation de la liste rouge de l'UICN des carnivores de la péninsule Arabique, a depuis réalisé une évaluation régionale de tous les mammifères de la péninsule qui n'a pas encore été publiée.

Dans l'ensemble, dit-il, «le tableau n’est pas entièrement sombre, tout dépend des espèces. Si pour les quatre grands carnivores, la situation est alarmante, avec le guépard qui est éteint et le léopard, le loup et la hyène qui sont en grande difficulté, le constat n’est pas si mauvais pour les ongulés, mammifères à sabots comme l'oryx, la gazelle des montagnes, la gazelle des sables et le bouquetin», soutient-il.

«Il y a une grande amélioration pour l'oryx et les deux gazelles, on en compte des milliers à travers la péninsule, et bien que les bouquetins soient toujours répertoriés comme une espèce vulnérable, ils sont bien présents.»

En plus des carnivores et de ces autres grands mammifères, il existe des mammifères moyens et petits, dont trois types de renards, «qui, dans une large mesure, souffrent d’un manque de données, car ils n’ont pas été assez étudiés», précise Mallon.

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

Ce que l'on sait, cependant, c'est que tenter de comprendre et d'équilibrer les écosystèmes est une entreprise complexe. Par exemple, le succès du renard roux commun qui peut facilement s’adapter et prospère partout, des villes d'Angleterre aux déserts d'Arabie, pourrait marginaliser le plus petit renard de Ruppell. En effet, ce dernier en Arabie saoudite se retire de plus en plus vers des régions très arides qui lui conviennent mieux qu’à son rival.

Autre démonstration du fragile équilibre des écosystèmes, la population de caracal semble augmenter en Arabie saoudite. À première vue, ce qui semble être positif  se produit à la suite d'un phénomène problématique connu sous le nom de «libération de mésoprédateur».

«Une fois que les grands prédateurs comme les léopards et les guépards sont partis, les prédateurs de taille moyenne peuvent se développer car ils ne sont plus la proie», explique Mallon.

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

«Ainsi, le caracal profite peut-être du moins grand nombre de léopards, comme les renards car il y a moins en moins de loups et de hyènes», ajoute-t-il. Lorsque ce phénomène se produit, au final, personne n'en profite.

«Si vous perdez un animal comme le léopard, cela signifie qu’un élément a disparu de votre environnement naturel au cours de centaines de milliers d'années. Vous perdez une partie de votre patrimoine», poursuit Mallon.

Certes, dit Al-Malki, responsable des réserves naturelles de la Commission royale pour AlUla (RCU), le léopard d'Arabie «est un animal très emblématique pour nous et crucial dans la culture arabe». Cela seul rend «essentiel de préserver cette espèce comme l’une des plus sauvages et des plus importantes du Royaume», assure-t-il.

Le programme d'élevage supervisé par la RCU au Centre de recherche sur la faune du prince Saoud al-Faisal à Taïf, qui était à l'origine géré par le Centre national de la faune, sera finalement transféré à un nouveau centre de léopard arabe en cours de construction dans le cadre du Sharaan Nature Reserve, un habitat protégé couvrant 925 km², où les léopards seront éventuellement relâchés.

Al-Malki estime qu’il est tout à fait approprié que le retour du léopard commence à AlUla, qui a été soigneusement choisi comme lieu idéal après une étude approfondie de la région..

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Les paysages spectaculaires de grès d’AlUla ont servi d’abri au léopard d’Arabie pendant des milliers d’années et le seront bientôt à nouveau. (Commission royale pour AlUla)

Les paysages spectaculaires de grès d’AlUla ont servi d’abri au léopard d’Arabie pendant des milliers d’années et le seront bientôt à nouveau. (Commission royale pour AlUla)

«Le léopard d'Arabie était auparavant présent dans la zone d'AlUla», précise-t-il. «L'écosystème de cette région a commencé à se rétablir de manière très importante. De plus, en coopération avec nos partenaires du Centre national de la faune, nous avons relâché certaines espèces sauvages importantes qui seront des proies potentielles pour le léopard d'Arabie à l'avenir.»

Une fois que les léopards seront replacés avec succès dans la réserve de Sharaan, il est prévu de les réintroduire dans d'autres parties d'AlUla, puis dans diverses régions du pays où ils se trouvaient autrefois, notamment les chaînes de montagnes Assir, le Hijaz et Madian à l'ouest du pays.

L’organisation Panthera joue un rôle de partenariat essentiel pour aider la RCU à atteindre cet objectif.

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Partenaires: le prince Badr al-Saoud, gouverneur de la Commission royale pour AlUla, a signé un accord avec Thomas Kaplan de l’organisation de conservation des grands félins, Panthera, au cœur d’AlUla en juin 2019. (Commission royale pour AlUla)

Partenaires: le prince Badr al-Saoud, gouverneur de la Commission royale pour AlUla, a signé un accord avec Thomas Kaplan de l’organisation de conservation des grands félins, Panthera, au cœur d’AlUla en juin 2019. (Commission royale pour AlUla)

En juin 2016, lors d'une cérémonie en plein air au milieu du magnifique paysage d'AlUla, le prince Badr ben Abdallah al-Saoud, ministre saoudien de la Culture et gouverneur de la RCU, a signé un accord avec le président de Panthera, Kaplan, dans lequel la Commission s'est engagée à investir 20 millions de dollars (environ 17,6 millions d’euros) sur dix ans pour soutenir les efforts mondiaux de conservation des léopards et redynamiser la population de léopards d'Arabie.

L'Arabie saoudite est également désormais membre de l'Alliance mondiale pour les félins sauvages, une coalition internationale de philanthropes environnementaux, fondée par Kaplan et dédiée à la protection des grands félins du monde.

Formée en 2014 par Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le prince héritier d'Abu Dhabi, en plus de représentants des EAU et d'Arabie saoudite, l'Alliance comprend désormais également des membres de Chine, d'Inde et des États-Unis, qui ont chacun promis 20 millions de dollars (un euro = 0, 88 euros), pierre angulaire d'une campagne mondiale de 200 millions de dollars pour sauver les félins sauvages.

Après la cérémonie de 2016, le prince Badr a déclaré que le partenariat représentait «une étape majeure dans leurs ambitions communes de réintroduire la population de léopards d'Arabie dans la région et de rejoindre des partenaires mondiaux pour soutenir la préservation de ces populations de félins sauvages dans le monde».

Il est, a-t-il ajouté, «de notre devoir de protéger, de conserver et d'accroître la population  afin d'éviter que l'espèce ne devienne une référence passée de l'histoire».

Le partenariat de la RCU avec Panthera «aidera à garantir que les populations d'autres pays du monde soient préservées avant qu'elles n'atteignent les niveaux de danger auxquels sont confrontés aujourd'hui nos précieux grands félins indigènes», a déclaré le prince.

En 2019, la RCU a créé à cette fin le Fonds mondial pour le léopard d'Arabie. Avec une dotation initiale de 25 millions de dollars, il s'agit du plus grand fonds au monde entièrement dédié à la sauvegarde de l'espèce.

Le léopard d'Arabie est la plus petite des neuf sous-espèces de léopard. Autrefois largement répartis en Afrique et en Asie, ces animaux diminuent dans le monde entier en raison de menaces comme l’impact de l'homme, la diminution de l'habitat et des proies, le commerce illégal d'espèces sauvages et la chasse à des fins d’usage cérémoniel des peaux.

À l'échelle mondiale, le léopard est classé comme «vulnérable» sur la liste rouge de l'UICN, avec ses effectifs en déclin. En Arabie, cependant, il est considéré comme «en danger critique d'extinction». Il est deux fois plus mal loti qu'ailleurs dans le monde.

D'autres mammifères carnivores en Arabie saoudite, notamment le caracal, le chat des sables et le chacal doré, sont également considérés comme vulnérables à un degré ou à un autre, mais devraient bénéficier de l'attention renouvelée accordée à la protection des paysages et des habitats essentiels.

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«Mettre en place un monde plus vert» – le prince héritier Mohammed ben Salmane lors du lancement de l’Initiative verte saoudienne en octobre 2021. (AFP/Palais royal d’Arabie saoudite)

«Mettre en place un monde plus vert» – le prince héritier Mohammed ben Salmane lors du lancement de l’Initiative verte saoudienne en octobre 2021. (AFP/Palais royal d’Arabie saoudite)

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Le rétablissement spectaculaire de l’oryx, qui était au bord de l’extinction dans la péninsule Arabique, a inspiré les défenseurs de l'environnement qui œuvrent pour le retour du léopard à l’état sauvage en Arabie saoudite. (Shutterstock)

Le rétablissement spectaculaire de l’oryx, qui était au bord de l’extinction dans la péninsule Arabique, a inspiré les défenseurs de l'environnement qui œuvrent pour le retour du léopard à l’état sauvage en Arabie saoudite. (Shutterstock)

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Un panneau mural de la capitale assyrienne de Ninive, près de Mossoul en Irak, représente le roi Assurbanipal chassant un lion depuis son char vers 645-635 avant J.-C. (Images Getty)

Un panneau mural de la capitale assyrienne de Ninive, près de Mossoul en Irak, représente le roi Assurbanipal chassant un lion depuis son char vers 645-635 avant J.-C. (Images Getty)

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En 1888, l’explorateur britannique Charles Doughty écrit qu’il a rencontré des animaux en Arabie saoudite, notamment des hyènes et «le nimr, un léopard, noir, brun et tacheté». (Images Getty)

En 1888, l’explorateur britannique Charles Doughty écrit qu’il a rencontré des animaux en Arabie saoudite, notamment des hyènes et «le nimr, un léopard, noir, brun et tacheté». (Images Getty)

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Ces deux léopards ont été abattus par un agriculteur à Lawdar, dans le sud du Yémen, en juillet 2021.

Ces deux léopards ont été abattus par un agriculteur à Lawdar, dans le sud du Yémen, en juillet 2021.

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La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

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La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

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La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

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La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

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La faune diversifiée de l’Arabie saoudite comprend le renard roux, le renard de Rüppell, le caracal, le loup d’Arabie et la hyène rayée. (Shutterstock)

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En Arabie saoudite, les chercheurs de Panthera continuent de travailler sur le terrain pour tenter de déterminer exactement ce qui reste, le cas échéant, de la population de léopards sauvages du Royaume et d'identifier les plus grandes menaces à son existence. Ils établissent également la «capacité de charge» de la réserve naturelle proposée de Sharaan, autrement dit, le nombre de léopards que la zone protégée pourra accueillir.

«En établissant un programme de surveillance, de conservation et d'élevage à long terme du léopard d'Arabie – qui permettra la réintroduction réussie des léopards et de leurs proies dans la réserve naturelle d'Al-Sharaan à AlUla – nous serons en mesure de sauvegarder l'espèce dans le Royaume, mais aussi dans les régions dans lesquelles il vivait auparavant, au Yémen, à Oman, aux EAU, en Jordanie et même en Israël», prédit Kaplan.

Travailler avec les animaux, cependant, n'est qu'une partie du défi.

«Il est juste de dire qu'environ 80% du travail que font les défenseurs de la faune concerne les habitants de la région, pas seulement les animaux», explique Kaplan.

«Le plus important est de s'assurer de l'adhésion des communautés locales et nous concentrerons nos efforts pour qu’elles soient prêtes au retour du léopard», poursuit-il.

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Pour y parvenir, la RCU a lancé un programme de sensibilisation qui a débuté le 10 février avec la première Journée du léopard d'Arabie, au cours de laquelle des monuments de la région ont été illuminés et un concours a été lancé pour nommer le dernier petit né dans le cadre du programme.

Le léopard d'Arabie, déclare Kaplan, n'est pas un animal particulièrement dangereux pour l'homme. Comme la plupart des grands félins, il a beaucoup plus peur des humains que l'inverse. Les léopards veulent garder une distance de sécurité, pouvoir protéger leurs petits. Cela signifie éviter les créatures avec lesquelles ils ne sont pas particulièrement familiers en tant qu'espèce, et les êtres humains en font partie.

Néanmoins, inévitablement, il y aura des moments où les chemins des animaux et des humains se croiseront.

«La plupart du temps, ces cas seront entièrement bénins», précise cependant Kaplan. «Par exemple, les léopards viendront chercher du bétail – le léopard n'est pas très familier avec le concept de propriété privée, ni capable de faire la distinction entre ce qui est domestiqué et ce qui est sauvage.»

«Nous devrons donc nous assurer que les communautés locales qui vivent avec ces animaux sont soutenues autant que la faune elle-même, et qu'elles comprennent qu'il existe une solution s'il y a un problème», souligne-t-il.

Les agriculteurs seront indemnisés pour tout bétail perdu en raison des léopards, tant qu'ils ne tuent pas ou ne blessent pas les félins sauvages. «En d'autres termes, ils doivent comprendre qu'il n'y a aucun inconvénient à ce que le léopard revienne vivre dans leur habitat», poursuit Kaplan.

Panthera aidera également les communautés à prendre conscience qu’«il existe un lien direct entre leur prospérité, leur avenir et la réintroduction du léopard», ajoute-t-il.

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

L'opportunité de voir à nouveau des léopards prospérer à l'état sauvage jouera sans aucun doute un rôle important dans le développement de la région d'AlUla comme destination de tourisme culturel riche en archéologie, en patrimoine et en paysages époustouflants. Cela créera également des emplois pour les populations locales. La RCU a déclaré qu'elle travaillait «main dans la main avec la communauté locale» et investissait dans «l'éducation et l'apprentissage de la prochaine génération d'AlUla, afin de générer des opportunités de formation et d'emploi».

Panthera en a fait l'expérience. Dans le cadre d'un projet de réintroduction du jaguar dans la région du Pantanal au Brésil, l'organisation a acheté des ranchs qui reliaient les parcs nationaux de la région, contribuant à améliorer la vie des éleveurs.

«Nous les avons retiré des dortoirs dans lesquels ils vivaient et leur avons fourni des maisons individuelles pour que leurs familles, qui devaient auparavant vivre hors du ranch, puissent désormais loger avec eux à l’intérieur», raconte Kaplan.

«Nous avons fait venir des médecins du Mount Sinai Medical Center qui, dans le cadre de leur résidence, ont fourni des soins médicaux aux communautés qui ne recevaient pas le niveau de soins dont ils auraient pu bénéficier dans des zones plus urbaines», précise-t-il.

«Peut-être plus important encore, nous avons créé des écoles. En fait, nous avons pu montrer aux communautés locales qu'il existait un lien direct entre notre présence pour préserver les félins et une vie meilleure pour eux et leurs enfants, tant sur le plan éducatif que sanitaire.»

«Notre intention est de faire de même en Arabie saoudite avec le programme d'initiative du léopard d'Arabie», assure Kaplan.

La législation jouera également un rôle dans la protection des animaux. L’amende pour la chasse aux léopards dans le Royaume s’élève à 400 000 riyals saoudiens (un RS = 0,23 euros), et peut atteindre 30 millions de RS en cas de récidive et jusqu'à dix ans de prison. Mais en fin de compte, la forme de protection la plus efficace est de gagner le cœur et l'esprit des communautés locales.

C’est ce qui a été la clé du succès du programme au Brésil, précise Kaplan. «Nous avons une blague, qui dit que s’il n’est pas toujours possible d’éviter qu'un braconnier fasse irruption, quand la communauté locale considère que le jaguar fait partie de son avenir, le braconnier apparaît rarement. Et ça nous suffit.»

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Cependant, il faudra encore attendre pour voir des léopards traverser le paysage majestueux d'AlUla. «Nous prévoyons de mettre en œuvre le premier programme de réinstallation des léopards dans la réserve naturelle de Sharaan d'ici à 2030», déclare Al-Malki.

Si cet objectif est atteint, le timing sera parfait. Le projet AlUla dans son intégralité - en tant que destination touristique mondiale riche en histoire naturelle et humaine - est l'une des pierres angulaires du plan Vision 2030 du Royaume pour la diversification économique, l'autonomisation des communautés locales et la préservation du patrimoine national.

«Il suffit de le dire», s’enthousiasme Kaplan. «Nous sommes très confiants concernant la réintroduction des léopards à leur capacité de charge maximale et nous sommes déjà engagés dans la restauration de l'habitat qui a été victime de décennies de surpâturage et d'autres problèmes de développement.»

«Nous travaillons également avec les communautés locales et œuvrons à redynamiser les populations de bouquetins et de gazelles dont nous avons besoin pour pouvoir maintenir pleinement le cycle alimentaire du léopard d'Arabie», poursuit-il.

«De la même manière que la restauration culturelle à AlUla va prendre un certain nombre d'années, la restauration environnementale sera un processus au long cours. On ne peut pas prendre de raccourcis en matière d'élevage en captivité. Il faut le faire correctement, et ce, dès le départ. Ce que nous pouvons dire avec certitude, c'est que le Royaume agit comme il le faut», conclut-il.

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Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

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Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

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Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Lors de la première Journée du léopard d’Arabie, organisée le 10 février 2022, des images de l’animal ont illuminé des bâtiments et des sites importants, notamment la King’s Road Tower à Djeddah, le Burj Khalifa à Dubaï et l’Elephant Rock à AlUla.

Crédits

Scénaristes et recherches: Jonathan Gornall, Lama Alhamawi
Éditrice version franҫaise: Zeina Zbibo
Directeur créatif: Simon Khalil
Designer: Omar Nashashibi
Graphisme: Douglas Okasaki, Waleed Rabin
Producteur vidéo: Mohammed Qenan
Vidéographes: Abdullah Aljaber, Mohammed Alqahwi
Monteurs vidéo: Ali Noori
Recherche d'images: Sheila Mayo
Traduction: Arab News en franҫais
Éditeur version anglaise: Tarek Ali Ahmad
Réseaux sociaux: Jad Bitar
Producteur: Arkan Aladnani
Rédacteur en chef: Faisal J. Abbas

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