La présence des réfugiés syriens au Liban, «un complot fomenté contre le pays», selon l’ancien président

Michel Aoun prononce un discours qui marque la fin de son mandat devant le palais présidentiel de Baabda, à l’est de Beyrouth, le 30 octobre 2022. (AFP/fichier)
Michel Aoun prononce un discours qui marque la fin de son mandat devant le palais présidentiel de Baabda, à l’est de Beyrouth, le 30 octobre 2022. (AFP/fichier)
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Publié le Lundi 01 mai 2023

La présence des réfugiés syriens au Liban, «un complot fomenté contre le pays», selon l’ancien président

  • «La plupart des pays européens nous contraignent à continuer de les accueillir dans notre pays», déclare M. Aoun lors d’un rassemblement organisé par le CPL
  • L’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie s’est dite prête à accueillir des réfugiés syriens qui vivent au Liban ou dans d’autres régions du monde

BEYROUTH: L’ancien président libanais Michel Aoun a dénoncé ce dimanche la présence des réfugiés syriens au Liban comme «un complot fomenté contre le pays». 

Il a précisé que ces réfugiés avaient fui la situation sécuritaire dans leur pays; ils ne peuvent donc être considérés, selon lui, comme des réfugiés politiques. Cette déclaration a été prononcée lors d’un rassemblement organisé par le Courant patriotique libre (CPL) dans la ville de Jezzine, dans le sud du pays. 

Il a également accusé de nombreux pays d’avoir exercé de fortes pressions sur Beyrouth pour faire entrer les réfugiés syriens dans le pays. «Je le dis ouvertement: la plupart des pays européens ne souhaitent pas accueillir les réfugiés et nous contraignent à les héberger chez nous», explique-t-il. «Le plus dangereux, c’est que des pays européens amis nous imposent des règles contraires à la loi. Ils veulent nous obliger à intégrer les réfugiés syriens dans la société libanaise.» 

En effet, la révolution syrienne de 2011 a été accueillie de manière contradictoire par les politiciens libanais. Le Liban a ainsi géré la crise des réfugiés syriens avec une forme de déni à travers ses institutions officielles. 

Le nombre de réfugiés syriens a explosé au Liban en raison de la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, en 2012. Ils viennent notamment des régions de Qousseir et de Qalamoun. Le rôle des organisations internationales qui aident les réfugiés a lui aussi progressé. 

Dans ce contexte, l’État libanais n’a pas voulu consacrer de camps spécifiques destinés aux réfugiés. Ces derniers se sont donc installés dans des zones qui offrent un environnement accueillant. 

Le nombre de réfugiés syriens qui vivent au Liban est estimé s’élève à près d’1,5 million, selon les estimations du gouvernement libanais. L’armée syrienne s’est retirée du Liban il y a dix-huit ans, ce qui a mis fin à une présence qui a duré trente ans. 

«Nous avons rapatrié cinq cent mille réfugiés syriens en coordination et en accord [avec la Syrie]», affirme M. Aoun. 

Au cours de son mandat, M. Aoun et le CPL ont fait campagne pour le retour des réfugiés syriens dans leur pays. Cette campagne s’est heurtée au refus des organisations internationales d’imposer aux réfugiés un «retour forcé et non sécurisé». 

Aux yeux de Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL), les réfugiés syriens n’ont aucune raison de rester au Liban. Il évoque un scénario comparable à celui qui a conduit à la naturalisation des réfugiés palestiniens.  

«En revanche, certaines organisations internationales [gouvernementales et non gouvernementales] tirent un grand profit de la présence des réfugiés au Liban, qui leur offre des avantages et des gains financiers», fustige M. Bassil. 

«Nous sommes confrontés à un stratagème qui cherche à provoquer un nouveau conflit entre les Libanais et les Syriens; cette manœuvre sert le projet de partition», poursuit-il. 

Les déclarations faites dimanche dernier par MM. Aoun et Bassil surviennent dans un contexte de paralysie politique qui s’accompagne d’une nouvelle campagne contre les réfugiés syriens au Liban. 

De nombreuses municipalités viennent de prendre de nouvelles décisions au sujet des déplacements des réfugiés pendant la nuit. 

Le mois dernier, quelque cinquante Syriens ont été renvoyés dans leur pays après avoir pénétré de manière illégale sur le territoire libanais. 

Des statistiques non vérifiées signalent par ailleurs que près de 40% des détenus dans les prisons libanaises sont des Syriens qui ont commis des vols, des meurtres et des enlèvements. 

Ali est un réfugié originaire d’Idlib. Il raconte qu’un membre de sa famille âgé de 20 ans est rentré en Syrie il y a un mois en empruntant des passages illégaux entre le Liban et la Syrie. 

Il a payé de grosses sommes d’argent – en dollars – à des courtiers libanais et syriens, selon Ali. Certains d’entre eux appartiennent aux services de sécurité. 

Ahmed est un autre réfugié syrien d’Idlib inscrit au registre du Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). Dans une déclaration faite à Arab News, il explique qu’il refuse de faire porter à l’ensemble des réfugiés la responsabilité des crimes commis par certains Syriens au Liban. 

Ahmed reconnaît que l’État libanais a le droit d’imposer ses règles auxquelles les réfugiés doivent se conformer. «Cependant, tout le monde profite des passages frontaliers illégaux, notamment les passeurs libanais et syriens», ajoute-t-il. 

En 2019, l’ancien ministre de la Défense Elias Bou Saab a fait savoir que «le nombre de points de passage illégaux répertoriés par les services de sécurité libanais s’élevait à 136 et que de nombreux autres points de passage étaient destinés à la circulation des piétons et des animaux». 

Le Conseil des ministres s’est réuni la semaine dernière pour examiner le dossier des réfugiés syriens. Il a ordonné aux services de sécurité de «poursuivre strictement les contrevenants et d’empêcher l’entrée illégale de Syriens». 

Sur fond de tensions liées au rapatriement des réfugiés syriens au Liban, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie s’est dite prête à accueillir des réfugiés syriens qui vivent au Liban ou dans d’autres régions du monde. Elle a exhorté les Nations unies à «leur fournir les environnements appropriés». 

Badran Chiya Kurd, coprésident de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, a fait savoir que «les réfugiés syriens au Liban vivent dans des conditions précaires». Il a exhorté les Nations unies à assumer leur «rôle» et à «ouvrir un corridor humanitaire entre le Liban et notre pays en vue de faciliter le retour des réfugiés, car il s’agit d’une cause humanitaire». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Irak: le Parlement échoue à élire son président

Une vue générale du parlement irakien à Bagdad, en Irak (Photo, Reuters).
Une vue générale du parlement irakien à Bagdad, en Irak (Photo, Reuters).
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  • Lors du vote de samedi, 311 des 329 députés étaient présents
  • De nombreux députés ne sont pas revenus pour un deuxième vote, les médias locaux partageant des vidéos d'une brève bagarre entre certains d'entre eux

BAGDAD: Les députés irakiens n'ont pas réussi à élire un président du Parlement samedi, aucun des deux principaux candidats n'ayant obtenu la majorité lors d'une séance tendue.

A la mi-novembre, la Cour suprême, plus haute instance judiciaire d'Irak, avait mis fin au mandat du précédent titulaire, l'influent politicien sunnite Mohamed al-Halboussi, après la plainte d'un député pour "falsification" de document.

Depuis, les parlementaires ont échoué à plusieurs reprises à élire un nouveau président en raison de querelles politiques et surtout de divisions entre les principaux partis sunnites.

Lors du vote de samedi, 311 des 329 députés étaient présents.

Le bureau parlementaire des médias a annoncé que 137 avaient choisi Mahmoud al-Mashhadani, le plus ancien membre du Parlement, et 158 avaient voté pour Salem al-Issawi, soit moins pour chacun des deux candidats que les 165 voix requises.

De nombreux députés ne sont pas revenus pour un deuxième vote, les médias locaux partageant des vidéos d'une brève bagarre entre certains d'entre eux et faisant état d'au moins un blessé.
 

Processus ardu 

La séance a ensuite été ajournée.

Dans ce pays majoritairement chiite, le Parlement est dominé par une coalition de partis chiites pro-iraniens.

La vie politique en Irak, pays multiethnique et multiconfessionnel, est régie par un partage du pouvoir entre les différentes communautés: le poste largement honorifique de président revient traditionnellement aux Kurdes, celui de Premier ministre aux chiites, tandis que la communauté sunnite est représentée par le président du Parlement.

Les élections et nominations de responsables aux plus hauts postes sont bien souvent des processus ardus qui peuvent durer plusieurs mois, compliqués par des tractations interminables et des accords âprement négociés.


Israël: Gantz menace de quitter le cabinet de guerre si pas de plan d'après-guerre à Gaza

 De gauche à droite, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du Cabinet Benny Gantz tiennent une conférence de presse sur la base militaire de Kirya à Tel-Aviv le 28 octobre 2023. (Photo Abir Sultan POOL AFP)
De gauche à droite, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du Cabinet Benny Gantz tiennent une conférence de presse sur la base militaire de Kirya à Tel-Aviv le 28 octobre 2023. (Photo Abir Sultan POOL AFP)
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  • «Le cabinet de guerre doit formuler et approuver d'ici le 8 juin, un plan d'action permettant de réaliser six objectifs stratégiques d'importance nationale», a déclaré M. Gantz, s'affirmant sinon «contraint de démissionner du gouvernement
  • L'un des «objectifs» du plan doit être «la mise en place d'une administration américano-européano-arabo-palestinienne qui gérera les affaires civiles» à Gaza «et posera les fondations d'une alternative future qui ne soit ni le Hamas ni (Mahmoud) Abbas»

JÉRUSALEM : Le principal rival de Benjamin Netanyahu, Benny Gantz, a donné trois semaines au Premier ministre israélien pour adopter un «plan d'action» stratégique notamment sur l'après-guerre dans la bande de Gaza, faute de quoi il démissionnera.

«Le cabinet de guerre doit formuler et approuver d'ici le 8 juin, un plan d'action permettant de réaliser six objectifs stratégiques d'importance nationale», a déclaré M. Gantz lors d'un discours télévisé, s'affirmant sinon «contraint de démissionner du gouvernement».

Chef du Parti de l'Union nationale (centre-droit) et ancien ministre de la Défense, M. Gantz a intégré le cabinet de guerre d'union nationale après l'attaque sans précédent menée le 7 octobre en Israël par le Hamas, qui a entraîné la mort de plus 1.170 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Le cabinet compte cinq membres, dont les trois principaux sont M. Netanyahu, M. Gantz et le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

L'un des «objectifs» du plan doit être «la mise en place d'une administration américano-européano-arabo-palestinienne qui gérera les affaires civiles» à Gaza «et posera les fondations d'une alternative future qui ne soit ni le Hamas ni (Mahmoud) Abbas», président de l'Autorité palestinienne, chassée de la bande de Gaza en 2007 par le Hamas, a expliqué M. Gantz.

Il a aussi appelé à une normalisation avec l'Arabie saoudite «dans le cadre plus large qui permettra une alliance entre le +monde libre+ et le monde arabe contre l'Iran et ses alliés».

«Si vous choisissez la voie des fanatiques et menez la Nation entière vers l'abîme, nous serons forcé de démissionner», a lancé M. Gantz - ministre sans portefeuille depuis le 7 octobre - à M. Netanyahu.

«Les conditions posées par Benny Gantz sont des propos rabâchés dont le sens est clair: la fin de la guerre et la défaite d'Israël», a réagi M. Netanyahu dans un communiqué, accusant son rival de «chercher une excuse pour renverser le gouvernement» et vouloir «la création d'un Etat palestinien».

Sans majorité parlementaire pour son parti, le Likoud, M. Netanyahu mène une coalition considérée comme la plus à droite de l'histoire d'Israël.

M. Gallant avait déjà sommé publiquement le 15 mai M. Netanyahu de «préparer immédiatement» une «alternative gouvernementale au Hamas» dans la bande de Gaza, où l'armée a indiqué intensifier ses opérations à Rafah, dans le sud, pour une bataille qualifiée de «décisive» par le Premier ministre.

Le ministre avait dit son opposition à une administration civile ou militaire de la bande de Gaza par Israël.

Lancée en riposte à l'attaque du 7 octobre, l'offensive d'Israël dans la bande de Gaza a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

 


Le Hezbollah dit recourir à de nouvelles armes dans ses attaques contre Israël

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
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  • Le Hezbollah, selon l'analyste militaire Khalil Helou, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars»
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël

BEYROUTH, Liban : Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d'exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l'Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d'Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

- Drones et missiles -

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d'exploser contre sa cible.

C'est la première fois que le mouvement annonce l'utilisation d'une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.

L'armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d'un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.

L'importance de cette arme, explique à l'AFP l'analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l'attaque depuis l'intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars».

- Missiles iraniens -

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des «drones d'attaque» contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d'Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C'est la première fois selon des experts qu'il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des «missiles guidés» et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Jihad Moughniyé, du nom d'un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d'utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichars russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.

- «Guerre d'usure» -

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d'atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n'avait «pas encore employé ses principales armes» dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d'attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais «ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s'agit d'une guerre d'usure» dans laquelle il tente de pousser l'armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de «lancer une attaque d'envergure au Liban».