Jérôme Baku, le styliste qui «redonne de la dignité» aux migrants

Un campement de migrants en passe d’être évacué à Aubervilliers, en région parisienne (Photo, Christophe ARCHAMBAULT/AFP).
Un campement de migrants en passe d’être évacué à Aubervilliers, en région parisienne (Photo, Christophe ARCHAMBAULT/AFP).
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Publié le Dimanche 20 septembre 2020

Jérôme Baku, le styliste qui «redonne de la dignité» aux migrants

  • Depuis quelques mois, c'est à la halte humanitaire, un accueil de jour parisien, que le couturier a posé sa machine à coudre et marche sur le fil de ce fragile équilibre
  • « Le style, l'apparence, c'est important. Ici, ils peuvent choisir. Je leur dis qu'il ne faut pas montrer que tu es sans-papiers, parce que ça va t'isoler. Il faut marcher fièrement » dit-il

PARIS: Ils sont déguenillés et usés par la rue, lui les rhabille avec goût. Jérôme Baku, artiste et demandeur d'asile congolais, a revêtu à Paris le costume de styliste des migrants, auxquels il veut « redonner de la dignité ».

Son rire est communicatif mais le jeune homme de 29 ans, tiré à quatre épingles, l'étouffe toujours rapidement.

Une marque des deux faces de la vie qu'il mène depuis son arrivée en France en 2018. La galère liée à sa demande de statut de réfugié, dont il est toujours sans nouvelle, d'une part. La lumière de son activité artistique, entre défilés et aides aux exilés de l'autre.

Depuis quelques mois, c'est à la halte humanitaire, un accueil de jour parisien, que le couturier a posé sa machine à coudre et marche sur le fil de ce fragile équilibre.

Ce mardi de septembre, épidémie de Covid oblige, une quinzaine d'exilés, pour la plupart Afghans, le corps et les habits marqués par les stigmates d'une vie en camp insalubre, sont venus dénicher auprès de lui ce qu'ils ne trouvent dans aucune autre distribution de vêtements : du beau.

« Le style, l'apparence, c'est important. Ici, ils peuvent choisir. Je leur dis qu'il ne faut pas montrer que tu es sans-papiers, parce que ça va t'isoler. Il faut marcher fièrement, pour ne pas être discriminé », raconte Jérôme Baku, béret gris, pull moutarde et banane portée en bandoulière.

Son offre est simple : les migrants prennent un T-shirt de couleur unie, puis un wax, un tissu africain, et sélectionnent un des vingt modèles dessinés par le natif de Kinshasa, qui leur confectionne ensuite, avec ou sans leur aide, un T-shirt sur mesure.

« Échanger du courage »

« Je veux leur redonner de la dignité. Changer la vision qu'on a des immigrés », insiste-t-il.

« C'est super que ce soit beau et, surtout, qu'on soit là avec lui pour apprendre », applaudit Mohammad Haroun, un Pakistanais de 21 ans venu après s'être fait voler toutes ses affaires dans un campement voisin.

« Je ne le vois pas comme un demandeur d'asile, mais comme une inspiration », explique-t-il, avant de repartir, comme les autres, sourire aux lèvres, pouces levés et T-shirt neuf sur le dos.

« On s'échange du courage, comme on est dans la même situation », confie Jérôme Baku, qui vit dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile de la banlieue parisienne.

Sa présence permet de « faire oublier un quotidien compliqué », apprécie Jérémy Barthez, chef de service à la halte humanitaire, gérée par l'Armée du Salut. C'est aussi l'occasion « pour les autres de voir que d'autres personnes dans la même situation administrative arrivent à s'en sortir, à développer leur passion, en faire leur métier », explique-t-il.

Le styliste improvisé n'est pas couturier de métier, une passion développée sur le tard.

Avant de fuir la République démocratique du Congo à cause de ses « opinions politiques » et de la « persécution », il était sculpteur, après des études aux Beaux-arts de la capitale Kinshasa. Puis il a fui vers l'Angola, avant de rejoindre la France.

« Juste un artiste »

« Quand on est demandeur d'asile, pour créer, c'est vraiment difficile. J'avance, mais intérieurement, je sais que je n'ai pas les papiers. Ça me limite », regrette Jérôme Baku, qui a trouvé une bouffée d'oxygène à l'Atelier des artistes en exil.

Judith Depaule, fondatrice de l'association, se souvient de l'avoir vu toquer à sa porte, fraîchement arrivé en France.

« Il a été tout de suite embarqué dans une énorme histoire », comme couturier pour un défilé présenté au Palais de la Porte Dorée à Paris, début 2019, rappelle-t-elle.

« Les artistes en exil sont les meilleurs médiateurs pour les migrants. Parce qu'ils ont le même vécu, la même histoire. On évite l'aspect compassionnel maladroit », juge Depaule dans les nouveaux locaux encore en travaux de l'association.

« Ici, on ne me considère pas comme un demandeur d'asile. Je suis un artiste, tout simplement », apprécie Jérôme Baku en faisant visiter l'atelier. Il y développe un nouveau projet : raconter, avec d'autres artistes, l'Afrique et « ceux qui n'y ont pas de voix ». 

Mais il n'oublie pas les migrants parisiens : dans son atelier, il dévoile ses dernières créations. De quoi faire un « défilé hiver », s'amuse-t-il.


Aya Nakamura aux JO? Pas "quand on a été condamné pour violences", tacle Bardella

Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
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  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny
  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny

PARIS : "Quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France", a estimé mercredi le patron du RN Jordan Bardella pour contester le projet de faire chanter Aya Nakamura lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.

La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny. Mme Nakamura n'a pas interjeté appel.

Le nom de la chanteuse revient avec insistance pour participer à la cérémonie d'ouverture des JO, notamment pour interpréter une chanson d'Edith Piaf, au grand dam de l'extrême droite et de l'ultra droite, qui fustigent cette idée.

"Ce n'est pas un beau symbole, honnêtement, c'est une provocation supplémentaire d'Emmanuel Macron qui doit tous les matins se lever en disant +Tiens, comment est-ce que je vais réussir à humilier le peuple français?+", avait notamment déclaré Marine Le Pen la semaine dernière sur France Inter.

Jordan Bardella, tête de liste aux européennes, a pour sa part considéré mercredi sur France 5 que, "quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France dans un événement sportif qui nécessite l'unité, l'apaisement et le rassemblement", en précisant qu'il s'agissait de sa "conviction personnelle".

"Je pense qu'on aurait peut-être pu, au regard de la vie des Français, choisir un artiste plus consensuel", a ajouté le président du Rassemblement national, en faisant valoir un sondage Odoxa réalisé il y a quinze jours dans lequel seules 35% des personnes interrogées considéraient que la participation de la chanteuse aux JO était une "bonne idée" (une "mauvaise idée" pour 63%), bien que 64% des sondés reconnaissaient qu'il s'agissait d'une artiste "populaire".

Chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, la star franco malienne née à Bamako il y a 28 ans qui avait grandi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a connu un premier succès planétaire avec son tube "Djadja" en 2018.

Aya Nakamura qui a sorti l'an passé son quatrième disque, "DNK", joue depuis dans la cour des très grands: elle a livré fin 2022 un show interactif dans "Fortnite", blockbuster du jeu vidéo friand de ce genre de collaborations, un type de passerelles réservé aux mégastars mondiales comme le rappeur américain Travis Scott ou la vedette brésilienne du foot Neymar.


JO-2024: les restaurateurs parisiens défendent leurs terrasses estivales

Les Français ont repris le chemin des cafés et préparé les visites tant attendues dans les cinémas et les musées, alors que le pays a assoupli ses restrictions pour revenir à la semi-normalité après plus de six mois de restrictions imposées par la loi Covid-19 à Paris, le 19 mai 2021 (AFP)
Les Français ont repris le chemin des cafés et préparé les visites tant attendues dans les cinémas et les musées, alors que le pays a assoupli ses restrictions pour revenir à la semi-normalité après plus de six mois de restrictions imposées par la loi Covid-19 à Paris, le 19 mai 2021 (AFP)
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  • 86% des Parisiens interrogés se déclarent attachés aux terrasses et 92% considèrent qu'elles constituent "un atout important pour le rayonnement de Paris".
  • la semaine dernière, trois associations de riverains ont dénoncé un "mépris de la santé des riverains", claquant la porte du Conseil de la nuit, une instance de concertation qui accompagne la mairie dans sa régulation du secteur.

PARIS : Le syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration en Ile-de-France a défendu mercredi l'attachement des Parisiens aux terrasses, alors que des associations de riverains s'élèvent contre l'extension des horaires d'ouverture des terrasses estivales pendant les JO.

Selon un sondage de l'Ifop commandé par le GHR-Paris Ile-de-France, 86% des Parisiens interrogés se déclarent attachés aux terrasses et 92% considèrent qu'elles constituent "un atout important pour le rayonnement de Paris".

"Pour les Parisiens, la terrasse est bien un élément du patrimoine touristique", a commenté Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, qui présentait les résultats de ce sondage mené début mars auprès d’un échantillon représentatif de 1.001 personnes majeures habitant à Paris.

"On en a eu assez de subir les foudres des associations de riverains sans avoir de données chiffrées, donc nous avons commandé ce sondage pour objectiver le débat", a expliqué Pascal Mousset, président du GHR Paris/IDF.

Les terrasses estivales de la capitale ont été réglementées en 2021 après la crise sanitaire du Covid-19, pendant laquelle les bars parisiens pouvaient étendre leur terrasse sur les trottoirs ou places de stationnement sur simple déclaration afin de compenser les pertes liées au confinement.

Elles ouvriront du 1er avril à fin octobre avec une autorisation jusqu'à 22h, étendue à minuit par la mairie de Paris à l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques, pour une période courant du 1er juillet au 8 septembre.

Si les professionnels du GHR se sont montrés satisfaits de cette extension des horaires d'ouverture, la semaine dernière, trois associations de riverains ont dénoncé un "mépris de la santé des riverains", claquant la porte du Conseil de la nuit, une instance de concertation qui accompagne la mairie dans sa régulation du secteur.

"Paris doit continuer à lutter contre son image de ville-musée en même temps qu’elle fait face à quelques associations de riverains vocales mais peu nombreuses, sur les nuisances nocturnes", rétorque le GHR francilien.

"Aujourd'hui les terrasses estivales font partie du paysage, il y a eu très peu de verbalisation", assure M. Mousset, indiquant avoir identifié "quelques rues problématiques".

Si l'extension à minuit se passe bien cet été, le GHR souhaiterait qu'elle soit pérennisée, jugeant que la fermeture à 22 heures est compliquée, particulièrement pour les restaurateurs.

Sur les 15.000 débits de boisson de la capitale, seuls 3.000 bénéficient d'une autorisation pour une terrasse estivale, selon la mairie.

Les terrasses historiques, qui préexistaient au covid, peuvent rester ouvertes jusqu'à 2 heures du matin.


Le patronat satisfait des engagements sur les impôts, prudent sur l'assurance-chômage

Le président du Mouvement patronal des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin (Photo, AFP).
Le président du Mouvement patronal des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin (Photo, AFP).
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  • La CPME, deuxième organisation patronale, a également jugé positive la volonté de ne pas augmenter les impôts
  • «Lorsque la France compte plus de trois millions de demandeurs d’emploi indemnisés et que, dans le même temps, les chefs d’entreprise ont le plus grand mal à recruter, il est indispensable d’agir pour favoriser le retour à l’emploi»

PARIS: Le patronat s'est montré satisfait jeudi de l'engagement du Premier ministre Gabriel Attal de ne pas augmenter les impôts sur les entreprises, tout en soulignant que c'est aux partenaires sociaux d'élaborer les contours d'une future réforme de l'assurance-chômage.

Le président du Medef a "bien entendu" la "ligne rouge" de M. Attal, mercredi soir sur TF1, de ne pas augmenter les impôts sur les entreprises, "parmi les plus taxées au monde et qui créent les emplois", a souligné Patrick Martin dans un communiqué.

"C’est aussi notre ligne rouge et nous serons vigilants à ce qu’elle ne soit pas franchie", a-t-il insisté.

M. Martin, à la tête de la première organisation représentative du patronat, a souligné que "les partenaires sociaux s'empareront, le moment venu, d'un projet de nouvelle réforme de l'assurance-chômage", ainsi que l'a souhaité le Premier ministre.

"Cette réforme est envisageable", a-t-il concédé, sans réagir directement aux mesures que semble souhaiter M. Attal, "mais l’objectif de plein emploi que nous partageons" sera d'abord atteint "si l’activité économique retrouve un niveau satisfaisant".

La CPME, deuxième organisation patronale, a également jugé "positive" la volonté de ne pas augmenter les impôts, et espéré que serait tenu l'engagement de supprimer complètement l'impôt de production CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, NDLR) d'ici la fin du quinquennat.

3 millions de demandeurs d’emploi indemnisés

"Lorsque la France compte plus de trois millions de demandeurs d’emploi indemnisés et que, dans le même temps, les chefs d’entreprise ont le plus grand mal à recruter, il est indispensable d’agir pour favoriser le retour à l’emploi", poursuit la CPME.

Mais elle souligne également que c'est aux partenaires sociaux de "prendre les mesures qui s’imposent". Même si, a concédé sur Sud Radio son président François Asselin, "quand bien même nous arrivons à signer un accord, l'Etat reprendra la main pour mettre en place les curseurs qu'il a en tête".

La CPME est "favorable à ce que l’on revienne sur la durée minimale d’affiliation pour bénéficier de l’indemnisation" - actuellement six mois de travail au cours des deux dernières années - mais "ne souhaite pas diminuer le montant" de celle-ci.

M. Asselin s'est en revanche dit favorable à l'abaissement envisagé, de 18 à douze mois, de la durée d'indemnisation, car après une perte d'emploi, "il faut raccrocher le plus rapidement possible au marché du travail", selon lui.

M. Asselin a critiqué l'idée de M. Attal d'instaurer la semaine de travail en quatre jours. "Je veux rester le garant de l'organisation de mon entreprise", a-t-il dit.

La CPME déplore que M. Attal n'ait pas évoqué la dette publique ou "la réforme de l'action publique" et des effectifs de fonctionnaires, mercredi. "Ne se préoccuper que des seules dépenses des régimes sociaux ne suffira pas" à rétablir les finances publiques, estime-t-elle.

Marc Sanchez enfin, secrétaire général du SDI (Syndicat des indépendants et des TPE), qui représente 25.000 très petites entreprises, a estimé aussi que ces petits patrons étaient "soulagés" par la confirmation qu'il n'y aurait pas de hausse d'impôts.

"Pour autant, combler les déficits par le plein emploi relève de la méthode Coué déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois", a-t-il relevé dans un communiqué.

Selon lui, les TPE "sont loin d’être en capacité de recruter en masse dans un contexte économique dégradé sans changement drastique du poids des charges qui pèsent sur les salaires".

Pour le SDI, il faut une "remise à plat d’un système structurellement défaillant", solution "qui nécessite du courage politique", selon lui.